L'Institut économique de Montréal a lancé FreeMarketSeries.com, une plateforme Web qui présente les entrevues de fond réalisées avec quelques-uns des plus influents penseurs qui défendent la liberté économique au Canada et aux États-Unis. Animée par Robert Guy Scully, la série a été diffusée l'année dernière sur les ondes des stations affiliées de PBS et met notamment en vedette Steve Forbes, John Allison et Michel Kelly-Gagnon.
La récente crise économique mondiale a été l'occasion pour plusieurs de pointer du doigt le capitalisme comme responsable des dérives financières. Les invités de la série n'ont pas hésité à répondre à ces critiques et à partager leurs profondes convictions à l'endroit des vertus du libre marché. Le nouveau site offre la possibilité de commenter et de partager les vidéos par le biais des réseaux sociaux, vous donnant, à votre tour, l'occasion de contribuer à la diffusion de ces idées.
Dans sa rubrique «Le Devoir de philo», le quotidien Le Devoir publie aujourd'hui mon article sur ce que Milton Friedman aurait pensé des plans de relance de type keynésien qui ont été mis en oeuvre un peu partout depuis trois ans. Friedman s'opposait clairement aux programmes de dépenses budgétaires mais aurait sans doute appuyé, avec les keynésiens, les programmes de création monétaire des banques centrales. L'article se conclut sur la position critique envers Friedman des économistes de l'École autrichienne.
Milton Friedman aurait eu 100 ans cette année. À cette occasion, l'Institut économique de Montréal publiait il y a quelques jours un livret intitulé Milton Friedman : un économiste qui a changé le monde (que je tiens dans mes mains dans la photo ci-contre publiée dans le journal). Il s'agit d'une traduction partielle d'un livre sur l'oeuvre de Friedman rédigé par l'auteur britannique Eamonn Butler.
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Le Devoir de philo - Milton Friedman aurait-il eu les bons réflexes face à la crise économique ?
Deux fois par mois, Le Devoir lance à des passionnés de philosophie, d'histoire et d'histoire des idées le défi de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un penseur marquant.
par Martin Masse
Les répercussions de la crise financière commencée en 2007 continuent de se faire sentir. Aux États-Unis et en Europe, la crise a entraîné le retour en force d'une théorie, le keynésianisme, qui semblait discréditée depuis les années 1970. L'un des principaux opposants à la conception étatiste et interventionniste de l'économie défendue par John Maynard Keynes, Milton Friedman, mort en 2006, aurait eu 100 ans cette année. Friedman était un farouche partisan du libre marché et il est considéré comme l'un des économistes les plus influents du dernier siècle.
Que penserait Friedman des politiques keynésiennes de relance adoptées presque partout à partir de 2008, à savoir les programmes de dépenses des gouvernements et les mesures de création monétaire des banques centrales? Y aurait-il été systématiquement opposé? La réponse n'est pas aussi évidente qu'on pourrait le croire.
La logique des plans de relance
Pour les keynésiens, le capitalisme est un système économique foncièrement instable qui se retrouve inévitablement en crise à intervalles réguliers.
Il suffit d'un choc imprévu pour bouleverser le comportement des acteurs et faire dérailler la croissance économique. Les investisseurs, mus non pas par une évaluation rationnelle des risques et des opportunités mais par un «esprit animal», passent soudainement d'un optimisme aveugle à un pessimisme tout aussi arbitraire.
Ce changement d'attitude entraîne un ralentissement de la production, une hausse du chômage et une diminution du revenu des ménages. Les consommateurs perdent confiance à leur tour, épargnent davantage et achètent moins, ce qui fait baisser d'autant la production.
L'économie capitaliste ne possédant pas, selon Keynes, de mécanisme pour s'auto-équilibrer, cette spirale peut se poursuivre sans fin, jusqu'à l'effondrement total de l'économie. Seul l'État, qui a les moyens de se substituer aux acteurs privés en soutenant la demande globale, peut renverser la situation.
En dépensant sur divers programmes et travaux publics, l'État remet en marche les facteurs de production inutilisés. Par ailleurs, en abaissant les taux d'intérêt et en augmentant la quantité de monnaie en circulation, la Banque centrale incite les consommateurs à dépenser et les entreprises à investir. Pour Keynes, l'endettement et l'inflation qui pourraient résulter de ces politiques ne sont pas des menaces préoccupantes.
Les événements tragiques sont souvent une excuse utilisée par les gouvernements pour réduire nos libertés individuelles.
L'enlèvement de deux personnes par un groupuscule terroriste québécois en 1970 a permis à Ottawa d'imposer la Loi des mesures de guerre en temps de paix. Les attentats terroristes contre New York et Washington en 2001 sont en train de plonger les États-Unis dans le monde de 1984 de George Orwell, où le gouvernement se permet de mettre sous écoute les conversations de ses citoyens (j'ai vu quelques téléphones publics à New York nous en avertissant durant le temps des Fêtes).
La tuerie récente de Tucson en Arizona où plusieurs personnes, notamment une politicienne démocrate, ont été tuées et blessées, a aussi soulevé les passions. Avant même qu'on en sache un minimum sur les motifs du tueur Jared Loughner, plusieurs commentateurs ont tout de suite sauté aux conclusions: c'est la faute à la rhétorique haineuse de «la droite» (conservatives, en anglais), et particulièrement de Sarah Palin.
Les cibles que cette dernière avait mises sur une carte, montrant des représentants du Congrès qui avaient appuyé la réforme de la santé du président Obama - dont celle qui a été blessée, Gabrielle Giffords - ont rapidement été identifiées comme étant une source potentielle de motif pour le tireur. Le shérif du comté de Pima abonde dans ce sens, ajoutant que la rhétorique vitriolique contre le gouvernement a sans doute motivé M. Loughner.
Les partisans de l'étatisme monétaire vont devoir s'y faire: le débat sur les politiques inflationnistes désastreuses de la Réserve fédérale américaine et des autres bureaucraties bancaires de la planète ne cesse de prendre de l'ampleur et pourrait bientôt entrer dans une nouvelle phase.
Le principal critique de la Fed aux États-Unis depuis trois décennies, le congressman Ron Paul, deviendra en effet à compter de janvier président du sous-comité de la Chambre des représentants responsable des services financiers. C'est devant ce comité que le président de la Fed, Ben Bernanke, vient régulièrement faire rapport.
M. Paul y siège depuis déjà plusieurs années et aurait dû normalement en devenir président il y a longtemps selon les règles d'ancienneté, mais le leadership du Parti républicain - presque aussi pro-inflation que celui du Parti démocrate - s'était arrangé jusqu'ici pour l'empêcher d'obtenir ce poste.
Ron Paul a publié récemment l'essai End the Fed. C'est la décision du président Nixon en août 1971 de briser le dernier lien formel qui restait entre le dollar et l'or (soit la possibilité pour les banques centrales étrangères d'exiger de l'or en échange de leur réserves de dollars), qui l'a incité à se lancer en politique quelques années plus tard et à défendre un point de vue libertarien intransigeant inspiré de l'école d'économie autrichienne.
Cette décision de Nixon (un républicain étatiste), l'une des mesures ayant eu le plus de répercussions sur l'économie mondiale ces dernières décennies, a éliminé le peu de restriction qui subsistait à la capacité de la Fed de créer de l'argent à partir de rien. Elle a ouvert la période de turbulences monétaires intenses dans laquelle nous nous trouvons depuis 40 ans, celle de la stagflation des années 1970, des récessions de 1980-81 et 1990-91, des booms et des krachs qui se sont succédés depuis.
Si ces politiques inflationnistes se poursuivent, dans les livres d'histoire du 22e siècle, on parlera sans doute de la période actuelle comme celle où la civilisation décadente de l'Occident se sera suicidée en pensant pouvoir vivre à crédit indéfiniment. Cette folie inflationniste, enclenchée avec la décision de Nixon même si elle trouvait son origine au début du 20e siècle avec la fin de l'étalon-or classique, aura accéléré son déclin et permis l'émergence décisive d'une civilisation asiatique devenue dominante économiquement, culturellement et militairement à partir de 2050.
Selon un sondage publié cette semaine, 39% des Américains croient que la Fed devrait davantage rendre des comptes et 16% souhaiteraient qu'elle soit abolie. Un autre 37% des personnes sondées ne souhaitent aucun changement.
Le seul politicien canadien qui s'intéresse aux questions monétaires et en parle publiquement, Maxime Bernier, a quant à lui posté ce message vidéo sur son blogue cette semaine, où il reprend la même critique que Ron Paul. Son patron illettré économique, l'étatiste de droite Stephen Harper, donnait quant à lui son appui aux politiques inflationnistes de la Fed il y a quelques semaines.
En novembre 2008, les Californiens ont adopté à une faible majorité la Proposition 8, qui définissait le mariage comme étant l'union d'un homme et d'une femme. Les mariages entre personnes de même sexe, qui n'étaient permis dans cet État que depuis quatre mois, redevenaient donc interdits. Le 4 août dernier, cet amendement à la constitution californienne a toutefois été jugé contraire à la constitution des États-Unis par un juge d'une cour fédérale. La cause est maintenant en appel.
Au début, je me réjouissais grandement de ce jugement rétablissant le droit au mariage entre homosexuels. L'égalité des gens ne doit pas être laissée aux caprices des électeurs. Imaginons un peu si, au lieu de donner une définition arbitraire du mariage, on avait décidé d'interdire les mariages interraciaux. Comme l'a dit Thomas Jefferson: tous les hommes naissent libres et égaux. Le renversement judiciaire de cette proposition est donc un pas vers l'égalité de tous.
Toutefois, avec le recul (et quelques lectures ici et là), je me suis questionné sur le mariage. Pourquoi l'État semble-t-il tellement intéressé à ce que deux personnes se marient?
Aux États-Unis, le système fiscal avantage indûment les couples mariés. Selon Wikipedia, pour l'année 2010, un couple marié remplissant une déclaration conjointe ou une personne veuve ont droit jusqu'au 3e palier d'imposition à deux fois plus d'exemptions de base que les couples qui font des déclarations séparées ou les personnes célibataires, et à 50 % plus de déductions que les heads of household (généralement mais pas exclusivement définis comme des chefs de famille monoparentale).
Au Canada, pour l'année fiscale 2009, on semblait s'intéresser plus à la vie de couple qu'au mariage, en permettant aux couples mariés ET à ceux vivant en «union libre» jusqu'à 9000 $ de déduction de base si l'un des conjoints ne travaille pas. Pas étonnant donc que d'autres personnes veuillent profiter de ce système.
Des tâches régaliennes et rien d'autre
En ce moment, le débat du mariage de conjoints de même sexe accapare trop d'attention. Chez les opposants, on utilise la dictature de la majorité (référendum) pour imposer sa vision. Chez les supporteurs, on utilise la voie politique (pour faire voter ses députés) ou judiciaire (pour contester la définition «traditionnelle» du mariage) pour faire triompher sa vision de la société. Tout cela alors que l'endettement public remonte à des niveaux alarmants...
Le Washington Post publie à compter d'aujourd'hui le premier volet d'une enquête sur l'ampleur qu'ont pris les services secrets américains depuis les attaques du 11 septembre. Celui d'aujourd'hui, baptisé «Un monde secret qui grandit sans contrôle», est consacré à l'organisation de ces services. Comme le rapporte l'AFP en français,
Le quotidien note que 1271 agences gouvernementales et 1931 compagnies privées, réparties sur 10 000 sites à travers les États-Unis, travaillent sur des programmes liés à la lutte contre le terrorisme ou au renseignement.
Le dispositif emploie près de 854 000 personnes, qui disposent d'accès à des informations secrètes, et 33 bâtiments ont été construits ou sont en cours de construction rien que dans l'agglomération de la capitale fédérale Washington.
Le Washington Post souligne que l'ampleur de cette bureaucratie entraîne des redondances administratives. Le journal observe par exemple que 51 organisations fédérales situées dans 15 villes différentes sont chargées de surveiller la circulation des fonds des réseaux terroristes.
L'énorme machine de renseignement américaine produit des rapports en si grand nombre - quelque 50 000 rapports par an - que «beaucoup d'entre eux sont tout simplement ignorés».
On peut lire l'article ici. Une page enrichie de vidéos et graphiques interactifs est également disponible.
Le 21 février dernier, la 37e édition du Conservative Political Action Conference (CPAC) s'est soldée par un coup d'éclat. Cette conférence, qui réunit annuellement des milliers de militants conservateurs (plus de 10 000 militants - une foule record - se sont pointés cette année), constitue un évènement incontournable pour tout politicien américain voulant prendre du galon au sein du mouvement conservateur.
Comme à chaque année, les militants ont été appelés à voter pour leur politicien préféré dans le cadre du «CPAC straw poll». Les gagnants passés de ce sondage incluent plusieurs notables de l'establishment du Parti républicain, dont l'ancien gouverneur du Massachussets Mitt Romney, le président George W. Bush et Steve Forbes, le rédacteur en chef du magazine Forbes.
Cette année, les militants présents à CPAC ont fait un choix plus audacieux en jetant leur dévolu sur le représentant texan Ron Paul.
Les résultats du straw poll de cette année devraient réjouir les libertariens américains qui, particulièrement depuis les années Bush, dénoncent l'inaction de plusieurs politiciens et membres du mouvement conservateur américain face à l'augmentation de la taille de l'État. En effet, en plus d'avoir choisi Ron Paul comme leur porte-étendard favori des couleurs du Parti républicain pour l'élection présidentielle de 2012, 80% des 2500 militants ayant participé au straw poll ont identifié la réduction du rôle de l'État comme étant l'objectif premier de leur implication en politique, plutôt que la promotion des valeurs traditionnelles ou la sécurité nationale.
Bien que Paul ne suscite pas l'unanimité au sein des rangs conservateurs, particulièrement en raison de son hostilité envers une politique étrangère interventionniste, force est de constater que le mouvement qu'il a créé depuis sa dernière campagne à l'investiture républicaine a une influence grandissante dans les milieux conservateurs américains, dont une faction non-négligeable est désillusionnée du néoconservatisme ayant prévalu durant la présidence de George W. Bush.
Ron Paul, qui évoluait dans une relative obscurité au sein des rangs républicains il y a quelques années, est désormais l'une de ses têtes d'affiche. C'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui partagent ses idées, également de ce côté-ci de la frontière.
La National Inflation Association, un regroupement qui vise à sensibiliser les Américains aux dangers de l'inflation, vient de lancer cet excellent documentaire d'une demi-heure sur l'effondrement du dollar, l'explosion de la dette publique et les graves conséquences pour le citoyen moyen de la crise inflationniste qui s'en vient.
La république de banane américaine sombre non seulement à vive allure dans le marasme économique mais aussi dans l'ignominie à l'échelle internationale.
Aujourd'hui, le symbole de la puissance industrielle américaine, la plus grosse compagnie au monde dans les années 1950, General Motors, a déclaré faillite et est passée sous le contrôle du gouvernement fasciste de gauche des États-Unis.
Pendant ce temps, le secrétaire au Trésor de ce gouvernement a carrément faire rire de lui en Chine. L'autre nouvelle économique de ce jour qui marquera peut-être un jalon dans l'histoire économique étatsunienne est en effet la visite de Timothy Geithner chez les plus importants créanciers des Américains, ceux qui leur permettent de continuer temporairement à vivre au-dessus de leur moyen en achetant leurs dettes et en leur vendant des produits à bon prix.
Les Chinois sont très intéressés de savoir si les politiques du gouvernement Obama ne vont pas entraîner une flambée inflationniste et une chute du billet vert, ce qui compromettrait la valeur des centaines de milliards de dollars d'obligations américaines qu'ils détiennent.
Geithner, un ex-apparatchik de la Fed de New York qui a participé à l'élaboration du plan Paulson de 700 milliards $ pour «sauver» l'économie américaine l'automne dernier, s'adressait à un auditoire d'étudiants à l'Université de Pékin, où il a lui-même étudié le chinois dans les années 1980. Selon la dépêche, il a provoqué un fou rire dans la salle lorsqu'il a tenté de les rassurer sur la valeur des investissements chinois. «Chinese assets are very safe», a-t-il déclaré.
Les partisans de la monnaie de papier, ceux qui croient dans les vertus magiques d'un moyen d'échange dont la valeur peut indéfiniment se maintenir grâce à la «confiance» qu'on lui voue, doivent commencer à avoir des sueurs froides. Quand même des étudiants chinois s'esclaffent devant l'absurdité de propos bullshiteux de la sorte, c'est que les tours de passe-passe des prestidigitateurs étatiques ne convainquent vraiment plus personne.
Citations
« L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »