Un sondage CROP portant sur la popularité relative des différents métiers et professions, publié par le journal La Presse d'aujourd'hui, révèle que les politiciens sont les «éternels mal aimés de la société». En effet, la cote de popularité des politiciens auprès du public figurait au bas de la liste en 1995 et y est toujours dix ans plus tard: seulement 5% des répondants admettent leur faire confiance. Cette faible cote de confiance envers les élus semble donc être constante et non pas conjoncturelle. Elle traîne par ailleurs loin derrière celle des médecins (76%) qui obtiennent la première place.
Je ne crois pas que ce résultat étonne qui que ce soit. Par contre, ce qui peut être plus étonnant a priori, c'est de constater qu'en dépit de la faible confiance de la population envers les politiciens, la taille de l'État soit devenue au fil des ans aussi imposante qu'elle l'est aujourd'hui. Faut-il rappeler que près d'un dollar sur deux est dépensé par les gouvernements canadiens en 2005?
Toutefois, lorsqu'on s'attarde à la question plus longuement, on s'aperçoit que cette évolution, sans être logique, est tout à fait compréhensible. De nos jours, le système d'imposition à taux progressif fait en sorte qu'environ 40% de la population au Québec ne paie pas ou à peu près pas d'impôts sur le revenu et la grande majorité n'en paie pas suffisamment pour réclamer qu'on les baisse. Dans ces circonstances, aucun parti politique qui promet des baisses d'impôts aux contribuables n'a de réelles chances d'être élu sur la base de cette promesse puisque cela n'intéresse qu'une minorité de l'électorat - celle qui paie la majeure partie des recettes totales de l'impôt. Tous les partis misent donc sur la promotion de nouveaux programmes de dépenses comme stratégie pour se faire élire.
Mais pourquoi diable une cote de popularité si basse si une majorité de la population bénéficie d'une panoplie de services publics sans rien ou à peu près rien payer en retour? La réponse est simple. L'État a fait naître (et continue de faire naître) une multitude de groupes d'intérêt de tout acabit qui n'ont, tels de vrais parasites, d'autre objectif que de vivre aux dépens de tous les autres. Les regroupements comme le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ou le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) sont d'ailleurs tous insatisfaits avec la part qu'ils reçoivent et en redemandent toujours plus. Voilà pourquoi tant de gens sont insatisfaits des politiciens: ceux qui paient des impôts trouvent qu'ils en donnent trop et ceux qui n'en paient pas trouvent qu'ils n'en reçoivent pas assez.
Yanick Labrie
Montréal