Les artistes et leurs porte-parole syndicaux répètent souvent la même chose lorsqu'il est question du soi-disant «désengagement» de l'État en culture: sans subvention, il n'y aurait pas de culture au Québec. Un point c'est tout. Télévision, musique, lecture, on ne consommerait que de l'américain. Et on disparaîtrait... C'est quasiment devenu leur leitmotiv. Plus un artiste est dépendant de l'État, plus il le crie fort. Comme si, du jour au lendemain, tout le marché culturel québécois s'évanouirait sans l'aide de l'État.
On apprenait ce matin que le compositeur et producteur Rick Allison a investi plus de 3 millions de sa poche, sans aucune subvention gouvernementale, pour lancer un nouveau lieu de création et de diffusion culturel à Montréal. Aménagé spécifiquement pour rassembler sous un même toit, une salle multidisciplinaire, un studio d'enregistrement et une salle de répétition, l'Espace Dell'Arte, qui ouvrait ses portes hier dans le secteur du marché Jean-Talon, se veut un lieu de rencontres entre artistes et créateurs de toutes les disciplines - musique, cinéma, arts visuels, humour, etc. On dit de la salle de 300 places qu'elle est magnifique et du studio qu'il est des plus modernes - et qu'il sera utilisé dès la semaine prochaine par la chanteuse Marie-Chantale Toupin.
D'accord, il ne s'agit pas d'un lieu consacré à la Très Haute Culture de type poésie, théâtre expérimental ou danse moderne - les intellos du Plateau en ont suffisamment de ceux-là! -, mais il s'agit tout de même d'un nouveau lieu culturel. Inauguré par le secteur privé. Il faut saluer de telles initiatives. Car elles démontrent qu'il est possible d'investir en culture au Québec sans avoir recours à cette sacro-sainte aide gouvernementale. Et que si des individus sont prêts à investir d'aussi importantes sommes de leur poche, c'est sans doute parce qu'ils y voient la possibilité de les faire fructifier. Qu'ils y voient un intérêt. Bravo.