On assiste depuis quelque temps à une montée spectaculaire du prix de l'essence (justifiée surtout par la demande croissante de l'Inde et de la Chine). Monsieur et madame Tout-le-monde se plaignent que l'essence est trop chère, que l'État doit intervenir pour contrer le cartel des grandes pétrolières en contrôlant les prix, etc.
Je suis bien d'accord que l'essence est chère (surtout quand on la taxe à outrance comme ici au Québec) mais l'autre jour, je suis allé acheter un deux litres de lait écrémé et j'ai constaté avec stupeur que ça coûtait 3,25$! Si on fait le calcul, c'est 1,62$ le litre, donc plus cher que l'essence... Le lait n'est pas taxé et je doute que les frais d'exploitation des agriculteurs soient plus élevés que ceux d'exploitation, de raffinage et de distribution des pétrolières. Pourquoi donc le prix est-il si élevé?
Les producteurs laitiers sont protégés par toutes de sortes de mesures dans le cadre du système de «gestion de l'offre» (quotas, tarifs, subventions). Le prix plancher du lait, déterminé par des agences bureaucratiques au fédéral et au provincial, augmente toujours plus vite que l'inflation. La Fédération des producteurs de lait du Québec est un véritable cartel corporatiste qui empêche un petit producteur d'écouler ses surplus de lait en les vendant moins cher.
Suis-je surpris de voir, aux nouvelles, les producteurs laitiers exiger que l'État impose des tarifs pour bloquer l'importation de poudres à base de lait moins dispendieuses? Où est le prof Lauzon pour crier au scandale devant ce cartel protégé par l'État? Le lait n'est-il pas un bien essentiel? La prochaine fois que vous remplirez le réservoir de votre voiture, consolez-vous en pensant au prix du lait.
Martin Gagné
Sherbrooke