Je voudrais dénoncer un événement qui se semble hautement raciste et peu respectueux des droits individuels. Il s'agit des «jeudis de la langue» que la Société St-Jean-Baptiste de Montréal a inaugurés en décembre dernier. À coup d'études et de recherches dites scientifiques, la plupart des intervenants en concluent chaque fois que nous sommes vraiment en danger au Québec et que la population de langue française va disparaître de l'Amérique du Nord.
Un intervenant en particulier a attiré mon attention. Il s'agit d'un syndicaliste et ancien président de la FTQ, M. Fernand Daoust, qui a déclaré ce qui suit: «Nous avons parcouru la moitié du chemin. Il reste encore beaucoup à faire. Il faut que le français devienne réellement la langue de convergence au Québec. Le jour où deux Québécois non francophones se feront spontanément la conversation en français, nous pourrons dire que nous avons réussi à faire du français la langue commune de tous les Québécois.»
Comment est-il possible de ne pas être capable de dormir parce que deux personnes qui ne sont pas francophones se parlent dans leur langue maternelle? Où est le problème si pendant une pause au travail, où dans un restaurant lors d'un tête à tête romantique, où à la maison, ces gens se parlent dans une langue autre que le français? Ce monsieur Daoust n'est pas conscient qu'il nous parle d'assimilation et d'un manque de respect des autres cultures qui fleurissent et prospèrent au Québec. C'est inimaginable d'entendre pareil délire et les nationalistes et sécessionnistes du Québec tolèrent et acceptent ce genre de discours inacceptable.
Je suis extrêmement sensible à cela, puisque j'ai une multitude d'amis qui sont des immigrants ou bien des enfants de parents immigrants. Je trouve ces derniers merveilleux d'avoir su maintenir le respect de leur origine et leur langue maternelle, malgré les lois liberticides des gouvernements. Je n'arrive jamais à croire qu'il se trouve autant de gens qui puissent penser de cette façon et être aussi intolérants envers les autres cultures. Il faut croire que la fraternité humaine, le respect des autres cultures et opinions, ne font pas partie de leurs valeurs. Par contre, le dogmatisme est très répandu. Le pire c'est que ces gens proclament une chose et font le contraire, ils prétendent être tolérants, mais ils ne le sont pas, ils tolèrent les autres mais en autant qu'ils parlent français.
C'est certain que de nos jours on n'entend pas cela souvent, mais je suis soucieux des gens qui m'entourent. Je ne me considère pas comme un citoyen québécois ou canadien. De toute façon qu'est-ce que cela veut dire vraiment? Trop individualiste peut-être, je me considère avant tout comme un citoyen du monde dans lequel nous vivons, je suis un individu différent de la collectivité et j'ai des droits individuels. Comment une langue qui est un moyen de communication, et comment une nationalité décrétée par un État, peuvent-elles prévaloir sur les droits des individus?
Je crois sincèrement que la tolérance est la chose la plus noble et la plus merveilleuse. Elle nous ouvre au monde et nous empêche de nous replier sur nous-même. Il s'agit simplement de respecter qu'une personne soit différente de vous, soit par condition, par ses opinions ou son identité culturelle.
Frédérick Vautier
Montréal