La façon actuelle de lutter contre la drogue est la plus inefficace qui soit parce que c'est le seul marché auto-régénérateur connu. En fait, ce marché est un peu comme le T1000 dans le film Terminator 2, c'est-à-dire que dès qu'une attaque est lancée sur l'offre, le marché revient comme à l'équilibre initial. On se souviendra que dans le film, Arnold pouvait tirer autant de fois sur le T1000 et celui-ci, composé de plasma liquide, absorbait la balle et retrouvait sa forme dans les secondes suivantes et le seul résultat était qu'Arnold perdait des munitions.
Et pourquoi le marché de la drogue est-il comme ça? Tout simplement parce que le profit est la principale incitation pour un producteur. Lorsque la police saisit des drogues, le profit augmente pour les dealers n'ayant pas été saisis. Ce qui fait en sorte que de nouveaux dealers entrent sur le marché, mais les dealers restant sont frustrés de perdre une partie de leurs profits. Résultat: des guerres entre bandes de rue rivales pour le contrôle de la drogue. Et dans tout ça, seule la police est en fait affaiblie parce que ça lui a coûté de l'argent et des effectifs pour un simple changement de producteurs et non une réduction de l'ampleur du marché.
De plus, nos prisons sont de véritables écoles du crime et bien souvent, le prisonnier libéré recommence ses crimes, sauf qu'il connaît plus de techniques, si bien qu'il est plus difficile pour la police de l'arrêter par la suite. D'ailleurs, George Jung, véritable caïd de l'importation de la drogue dans les années 1970, a décrit son séjour en prison comme ceci: «J'avais l'équivalent d'un diplôme d'études secondaires en trafic de marijuana avant mon arrestation, et après mon séjour en prison, c'est comme si j'avais obtenu un PHD en trafic de cocaïne».
La façon dont la police lutte actuellement contre la drogue est un peu comme si quelqu'un piétinait sur un feu pour l'éteindre, mais que celui-ci continuait d'être approvisionné en oxygène et en carburant. Le feu ne se cessera pas et seul son pied se fera brûlé. À savoir s'il y a des solutions pour contrer ce marché sans tomber dans un État policier totalitaire, je dirais que oui, mais que ceux-ci passent nécessairement par la diminution de la demande.
Dans le marché de la drogue, la demande agit comme l'oxygène et le pétrole dans un feu. Et comme on le sait tous, s'il n'y a plus de demande, il n'y aura plus d'offre. Or pour diminuer la demande, on peut utiliser plusieurs moyens comme l'éducation, ou la répression, qui ne marche pas du tout. Mais un moyen qu'on gagnerait à utiliser est tout simplement de faire payer par les gens qui ont un comportement dangereux le prix véritable de leurs actions s'il survient un pépin. Parce qu'à l'heure actuelle, notre système de santé public est dans l'obligation de payer pour tous les mauvais comportements (obésité, tabagisme et drogue). Mais je suis convaincu que si nous avions un système de santé libéré, les gens auraient moins tendance à se laisser aller à leurs mauvais comportements de façon à payer moins cher en assurance ou pour éviter de devoir recourir à des services aussi chers. Et les adolescents qui essaient des drogues pour le plaisir y penseraient deux fois avant de «faire du mosh entre amis».
Marc-André Brisson
Montréal