Réunis en congrès ce week-end, les délégués du Parti québécois ont procédé à l'adoption de différentes résolutions afin de mettre sur pied leur nouvelle plateforme politique. Au-delà de la nécessité de faire la souveraineté, Yves Michaud, de l'aile radicale, suggère d'obliger tous les francophones et allophones à fréquenter le Cégep en français. Le mot «obligé» ici ne devrait pas être pris à la légère et représente une violation directe de nos droits individuels. Cette mesure vise ni plus ni moins à empêcher un citoyen d'être libre de faire des choix en fonction de son cheminement et de ses aspirations. On souhaite lui imposer une politique nationaliste unilingue, un dogme idéologique.
Pourtant ce n'est plus un secret pour personne: apprendre une seconde langue est une richesse et une façon de s'ouvrir sur les autres cultures. C'est un atout non négligeable qui offre une plus grande mobilité en milieu de travail tout en facilitant les relations avec les autres. Dans quelques années, apprendre une troisième langue sera même nécessaire et exigé par certains employeurs pour répondre aux exigences d'une société de plus en plus globalisée. Aujourd'hui, de nombreux étudiants sont conscients de cette réalité et aimeraient évoluer dans un environnement capable de faire d'eux des citoyens parfaitement bilingues et autonomes. Nous savons également que plus la formation a lieu tôt plus elle demeure bénéfique pour l'assimilation des apprentissages. Où serait le mal de voir un jeune compléter ses études collégiales dans un établissement anglophone? Les spécialistes sont formels, l'immersion demeure le meilleur moyen de développer son vocabulaire et surtout sa spontanéité orale.
De son coté, l'immigrant qui débarque au Québec doit être libre de choisir la langue de son choix. Celle qui lui permettra d'évoluer convenablement a l'intérieur de son environnement social et professionnel. Yves Michaud qui trouve inacceptable de voir une minorité d'anglophones assimiler les nouveaux arrivants devrait se demander pourquoi il est en ainsi? Notre société n'est pas immobile, ou encore enracinée dans le passé, mais bien en transformation constante. Et si l'anglais est la langue de choix des nombreux immigrants, c'est surtout parce qu'ils sont conscients qu'elle ouvre davantage de portes. Par conséquent, lorsque l'État doit adopter désespérément des lois pour protéger une langue nous devons nous demander si elle ne refuse pas plutôt le changement et l'évolution des mentalités - qui sont le résultat direct de l'interaction des individus entre eux.
Derrière les belles paroles des extrémistes de la langue française, ne faut-il pas voir une campagne de peur destinée à enfermer les générations futures à l'intérieur des frontières? Ont-ils peur que les citoyens ne partagent pas leur conception idéologique de langue? Songez simplement que le PQ a encore de la difficulté à se prononcer sur l'enseignement de la langue anglaise en première année du primaire... La réalité est que le Québec de demain aura besoin d'une main-d'oeuvre spécialisée et ouverte sur le monde. Une main-d'oeuvre intégrée à la dynamique nord-américaine. En continuant de faire la propagande de cette politique linguistique unilatérale, le PQ ne fait que contribuer à l'isolement de la province.
Mathieu Bréard
Montréal