Il semble que mon intervention du 7 juin aie suscitée de vives réactions sur différentes tribunes de la toile francophone. J'ai eu droit à quelques critiques intéressantes, des insultes, je me suis même fait comparer à Lord Durham. Au-delà de cette métaphore plutôt amusante, il faut comprendre que je me dissocie complètement des querelles stériles entre souverainistes et fédéraliste ou encore de ce sentiment de persécution que certains francophones ressentent à l'égard des Anglais. Là n'est pas mon point de vue, puisque je défends les droits individuels des citoyens. Je réitère que la langue et la culture sont deux éléments qui se développent grâce à l'interaction libre des individus. Ce sont eux qui transforment la société et qui modifient leurs comportements afin de faciliter leurs relations sociales et professionnelles.
Un gouvernement, peu importe son idéologie, n'a pas à imposer un dogme linguistique à la population. Car dans les faits, nous apprenons une ou plusieurs langues lorsque nous jugeons qu'elles nous seront utiles. Il en va de même pour une culture qui existe et se développe lorsqu'il y a un intérêt réel et soutenu à la faire vivre. Si cette dynamique est inexistante parmi les individus et qu'il faut absolument l'intervention de l'État pour réguler les choses, c'est que l'utilisation du terme «dictature» est de plus en plus de mise. La propagation ou encore la disparition d'une langue est un processus normal de l'histoire de l'humanité. Processus influencé par de nombreux facteurs, dont la migration, la mondialisation ou encore l'augmentation de la population. Aux États-Unis, dans certaines régions du sud, l'espagnol est une langue de plus en plus utilisée en raison d'une forte immigration en provenance du Mexique.
Le Québec est une province située sur un continent où la grande majorité des gens utilisent l'anglais. Un individu qui désire vivre uniquement en français - comme c'est le cas dans certaines régions - est dans son droit le plus légitime. Lui seul saura déterminer si son choix lui donne l'opportunité de s'épanouir en facilitant ses interactions avec les autres. Il en va de même pour ce jeune étudiant qui fréquente une institution anglophone afin de diversifier son bagage linguistique. Cette démarche répond avant tout à un besoin. Il ne sert à rien d'apprendre une langue si l'on n'y voit pas une utilité à long terme. D'ailleurs, il ne faut pas se surprendre si le bilinguisme est beaucoup plus répandu sur l'île de Montréal par rapport au reste du Québec.
Un immigrant qui arrive au pays doit pouvoir conserver la liberté de choisir l'environnement dans lequel il souhaite voir grandir sa famille. Même chose pour la langue. L'État n'a pas à imposer des lois linguistiques pour uniformiser les comportements ou encore modeler les attitudes. Les nouveaux arrivants sont eux-mêmes capables de choisir le chemin le plus favorable à leur intégration en fonction de leur terre d'accueil. Pour la grande majorité d'entre eux, l'objectif est de trouver rapidement un équilibre afin d'être confortable. Ainsi, avec le temps, ils deviendront des citoyens autonomes et productifs et ce peu importe la langue qu'ils auront choisie.
Mathieu Bréard
Montréal