Le chef du Parti québécois, Bernard Landry, a démissionné en fin de semaine à la suite d'un faible vote de confiance de 76%. À ce niveau, M. Landry juge qu'il n'a pas un appui assez fort pour mener son parti sans être constamment remis en question. On sait que Lucien Bouchard a eu un score semblable par le passé et cela ne l'a pas empêché de rester à la barre du PQ. Ce parti est aussi à l'origine de fusions municipales forcées. De plus, selon ce même PQ, on n'a besoin que de 50% +1 des votes pour avoir un mandat clair pour faire l'indépendance, dans un éventuel référendum. Bizzare n'est-ce pas? Il semble y avoir un élément subjectif dans cette question de pourcentage...
En fait, je crois que c'est justement la cause de l'indépendance du Québec qui sous-tend ces apparentes contradictions. Le but du PQ est de mener le Québec à la souveraineté, par la démocratie, mais cette même démocratie est presque toujours relativisée lorsque vient de le temps d'élire un chef de parti. M. Landry veut tellement l'indépendance, qu'il juge qu'il doit laisser sa place à quelqu'un de plus «populaire». M. Bouchard était tellement populaire que son parti l'a incité à demeurer en place, malgré son faible score, croyant qu'il pouvait gagner un référendum. Et 50%, c'est le minimum mathématique pour déclarer un vainqueur lors d'un vote. S'imposer une barre plus haute (et plus réaliste), de 76% par exemple, enlèverait tout espoir d'atteindre la souveraineté du Québec.
Les médias affirment que Gilles Duceppe serait le mieux placé pour succéder à Landry, selon certains sondages. Encore une fois, on voit que le but ici est de choisir un leader qui saura rassembler les Québécois, en tout cas, le plus grand nombre possible. Pour les purs et durs, la souveraineté est une question de principe, d'idéologie. Pas étonnant de voir toutes les entourloupettes possibles se réaliser pour ramasser le gâteau fraîchement sorti du four.
Donc, à ces gens qui font tout en leur pouvoir pour convaincre une faible majorité d'électeurs de provoquer des changements majeurs, qui ne font que jouer sur les mots, tourner leurs opposants en dérision par des arguments douteux et souvent sans valeur, qui n'ont pas fait la démonstration que nous serions mieux économiquement en étant un pays souverain et qui évitent la question en faisant appel aux sentiments, à ces gens qui plaident pour la démocratie, mais qui lui donnent une interprétation variable, qui profitent grassement du système politique actuel, à ces gens, vous voudriez leur donner plus de pouvoir?
Pensez-y bien avant de répondre «oui» à un référendum sur la souveraineté. Ces gens ne veulent que plus de pouvoir, et cela se fait au détriment de la population. Ils ne sont pas capables de l'obtenir dans le régime fédéral, alors ils veulent l'obtenir en se séparant. Est-ce bon pour nous que ces gens aient plus de pouvoir? Bien sûr que non! On n'a qu'à regarder ce qu'ils font avec les pouvoirs qu'ils ont déjà.
Raphaël Chassé
Rimouski