La semaine dernière, le CRTC a accordé trois licences de radio satellite par abonnement à Sirius Canada, Canadian Satellite Radio et CHUM/Astral. Comme toutes les décisions prises par l'organisme gouvernemental vont dans le sens des objectifs de la Loi sur la radiodiffusion, celle-ci ne fait pas exception et concilie «les intérêts des consommateurs canadiens, de l'industrie de la radio et de l'industrie de la musique», comme le déclarait Charles Dalfen, le président du CRTC lors de l'annonce. En d'autres termes, ces licences sont délivrées accompagnées d'une série de conditions, de restrictions, de quotas.
Ainsi, le Conseil exige des entreprises titulaires qu'elles satisfassent aux conditions suivantes: 1) Elles doivent diffuser au moins huit canaux originaux produits au Canada. Pour chacun des canaux canadiens, les titulaires pourront distribuer un maximum de neuf canaux étrangers; 2) Au moins 85% des pièces musicales et des créations orales qui sont diffusées sur les canaux canadiens doivent être canadiennes; 3) Au moins 25% des canaux canadiens doivent être de langue française; 4) Au moins 25% des pièces musicales diffusées sur les canaux canadiens doivent être de nouvelles pièces musicales canadiennes; 5) Au moins 25% des pièces musicales doivent être des pièces d'artistes canadiens de la relève. Les titulaires doivent également verser au moins 5% de leurs recettes brutes annuelles à des projets de promotion des artistes canadiens […] qui contribuent au développement de nouveaux artistes du monde musical.
Vous pensez que c'est beaucoup? C'est trop peu! À preuve, plusieurs «intervenants culturels» se sont élevés contre la décision du CRTC. Au Canada anglais, la très à gauche Friends of Canadian Broadcasting dit craindre le raz-de-marée américain et songe à en appeler. Au Québec, l'UDA (le syndicat des artistes), l'ADISQ (le gérant des artistes) et la ministre de la Culture (la patronne des artistes) affirment que la décision constitue une menace pour la culture francophone (c'est à se demander qu'est-ce qui ne constitue pas une menace pour la culture francophone?!). La ministre Line Beauchamp exhorte Industrie Canada à ne pas autoriser immédiatement les radiodiffuseurs à utiliser les satellites américains, fer de lance de la radio satellite au Canada, pour offrir le service. «On doit disposer d'un peu plus de temps, dit-elle, […] afin que tous les acteurs, politiques et culturels, puissent être en mesure de mieux apprécier les répercussions de la décision du CRTC.»
Pour les intervenants de la culture et les politiciens, il n'y a que des «acteurs culturels et politiques». Le consommateur est accessoire. Après avoir fait de la radio conventionnelle une radio uniforme et insipide, ils s'attaquent maintenant à la radio par satellite, pour le plus grand bien de la nation! Au lieu d'approcher les propriétaires des éventuelles chaînes de radio numérique et tenter de leur vendre l'idée qu'il y a un marché pour de la musique francophone au Québec, ils préfèrent bloquer tout nouveau service - le temps qu'ils obtiennent ce qu'ils veulent. Typique! Plutôt que de tenter de vendre les mérites de la musique québécoise, ils vont faire ce qu'ils savent le mieux faire: ils vont l'imposer. La radio par abonnement verra-t-elle le jour au pays? Sera-t-elle différente? À suivre…