Le Parlement approuvera aujourd'hui des dépenses de fonctionnement de 64 millions de dollars pour le Centre canadien des armes à feu, dans le cadre de l'exercice se terminant le 31 mars 2006. Le Parti conservateur a déposé deux motions s'opposant à ces allocations de fonds, mais il faut s'attendre à ce que le Bloc et le NPD votent avec le gouvernement. Soixante-quatre millions de dollars additionnels jetés par la fenêtre.... le délire se poursuit dans l'indifférence générale.
Tout le monde est familier avec le rapport de la Vérificatrice générale de décembre 2002. Ce rapport confirmait que le coût de la mise en place de la Loi sur les armes à feu avait atteint le milliard de dollars. Ce n'était une surprise pour personne, pas même pour les partisans du registre. Dès février 2001, Pierrette Venne, alors députée du Bloc Québécois et défenderesse du registre devant l'éternel, exprimait dans Le Devoir son inquiétude face aux dépassements de coûts. Elle évoquait même les chiffres du critique de l'Alliance canadienne en matière de contrôle des armes, qui avait documenté la facture à coup de demandes d'accès à l'information.
Ce que peu de gens savent, par contre, c'est que le Véricateur général s'était intéressé dès 1993 aux programmes de contrôle des armes existants à cette époque. Il avait conclu que l'efficacité des lois de 1977 et de 1991 n'avait jamais été établie (eh oui, il y avait un contrôle des armes au Canada avant l'adoption de la dernière loi). En 1995, soit deux ans après ce rapport du Vérificateur, le gouvernement libéral adoptait la loi qui devait donner naissance au registre. On connaît la suite, et on ajoutera sans doute aujourd'hui un nouveau chapitre de 64 millions de dollars à ce roman trop kafkaïen pour Kafka. Allô? Il y a quelqu'un?
Claire Joly