Le ministre Philippe Couillard fait la joie des organismes de santé publique par les temps qui courent. Son ministère est sur le point de déposer à l'Assemblée nationale le fameux projet de loi 112 dont l'objectif est d'interdire complètement l'utilisation du tabac dans les bars et restaurants de la province. Selon l'Association pour la protection des non-fumeurs, cette intervention de l'État est nécessaire car la cigarette rend malade et tue. Une information qui circule pourtant depuis des années auprès des consommateurs responsables et avertis. Or, devant une opposition aussi virulente, il est évident que la vente libre de tabac est menacée et que sans la recherche d'un compromis juste et équitable entre fumeurs et non-fumeurs nous nous dirigeons vers son interdiction complète. L'idée de la prohibition serait une lamentable erreur et la population aurait intérêt à réfléchir sérieusement avant de se laisser aller à ce genre de mesure extrême. D'ailleurs, nos médias se gardent bien d'en mesurer les conséquences jouant le jeu de nos gouvernements.
Demain, interdisez complètement le tabac et ses produits dérivés et le marché sera récupéré par le crime organisé qui en fera son nouvel Eldorado. À ceux qui désirent un avant-goût de ce que j'avance, je vous suggère de prendre votre voiture et de circuler sur la route 132 en direction de la réserve autochtone de Kahnawake où l'on commence déjà à construire de nombreux centres de production et de distribution de cigarettes. Il est déjà possible pour un client de passer sa commande par téléphone et de se faire livrer la marchandise directement à son domicile. Pas de question, pas de taxe, mais surtout un client satisfait. Grâce à Internet et aux nouveaux médiums de communication, il est déjà beaucoup plus facile de rejoindre une clientèle. Il y a fort a parier que ce commerce fort lucratif prendra de l'ampleur avec les durcissements de la législation antitabac. De plus, une criminalisation éventuelle aurait pour effet d'augmenter la criminalité et de supprimer tout cadre juridique dans la résolution de conflit entre le producteur, le distributeur et le consommateur.
Mais ne vous inquiétez surtout pas, nos bureaucrates essayeront sûrement de trouver des solutions aux problèmes qu'ils contribuent eux-mêmes a créer! Voyons comment pourraient-il justifier leur utilité dans ce cas-ci. Une police antitabac est peut-être déjà à l'ordre des priorités. Il me semble déjà voir ses nouveaux fonctionnaires en action distribuant des amendes (selon la loi 300 a 2000$ et 6000$ en cas de récidive) aux propriétaires de restaurants parce que quelques clients délinquants ont osé en griller une. J'imagine déjà les nombreuses poursuites en justice pour les contester et surtout la difficulté de présenter une preuve valable. Je vois également la création du Centre «national» des plaintes contre le tabac ainsi que la mise en place de son service d'écoute 24/24. Voilà une autre belle façon de grossir la taille d'un État déjà très paternaliste.
Soyons sérieux, le gouvernement n'a pas à faire la morale à un propriétaire sur la façon dont il doit gérer son établissement privé. Ce dernier doit conserver son autonomie et son droit de choisir s'il ouvre ses portes à une clientèle de fumeur ou non. Il est de sa responsabilité d'en assumer les conséquences sur le rendement de son entreprise. De mon côté, le non-fumeur que je suis assume pleinement son choix lorsqu'il pénètre dans un milieu de fumeurs au même titre que celui qui dépose sa candidature pour y travailler.
Voilà la véritable alternative pour une société libre qui se respecte.
Mathieu Bréard
Montréal