Dans la lignée du débat loufoque sur «qui est le plus libertarien», et étant un lecteur silencieux du QL depuis maintenant 5 ans, j'aimerais y ajouter mes très humbles impressions. En effet, comme le rappelle M. Masse, la guerre est bien souvent un exemple émotif où, pour certains, les compromis sont difficiles à atteindre. Dans tous les cas réels et la quasi-totalité des cas hypothétiques, je crois qu'approuver une guerre n'est jamais la position la plus libertarienne. Les positions divergentes sur ce plan rejoignent en partie le débat entre anarcho-capitalistes et minarchistes.
Cependant, étant donné, bien heureusement, que ce type de sujet n'occupe plus le premier plan de l'actualité, rien ne sert de jouer à l'inquisiteur et de cultiver l'amertume, surtout lorsqu'on considère notre nombre encore si faible. Et c'est cette considération qui me pousse à vouloir introduire un autre sujet sur le Blogue: comment amener le libertarianisme sur la place publique? Bien sûr, le QL a fait bien plus que quiconque n'aurait pu imaginer et les entrevues d'André Arthur avec M. Masse ont aussi un impact non négligeable dans la région de Québec. Mais nous sommes encore loin de l'importance que les libertariens occupent dans le débat public aux États-unis ou au Costa Rica.
Certains d'entre nous (souvent les plus jeunes) tentent de provoquer un peu de changement en militant pour les partis politiques étatistes qui ont le plus de considération pour la liberté individuelle. Bien entendu, je suis d'accord que l'État sera toujours le problème et qu'une solution ne viendra jamais de la sphère étatique. Cependant, on peut souligner les efforts du Republican Liberty Caucus, qui réussit à faire élire de plus en plus de promoteurs de la liberté sous la bannière républicaine aux États-Unis. Ensuite, il existe les partis libertariens, bien qu'on puisse se questionner sur la moralité d'être libertarien et politicien à la fois. Toutefois, le Parti libertarien donne à ses candidats aux États-Unis une certaine fenêtre médiatique et il n'est pas rare de voir le candidat à l'élection présidentielle pour ce parti apparaître à Fox News. En outre, les députés du Movimiento Libertario au Costa Rica comptent pour 10% de la législature nationale après seulement quelques années d'existence.
Finalement, les think tanks sont souvent le médium privilégié des libertariens. Ici au Québec, l'IEDM fait un excellent travail, mais leurs membres se présentent toujours comme des économistes et non pas comme des défenseurs de la liberté, ce qui ne fait que contribuer à les démoniser (à tort bien sûr) dans une province socialiste. Le Cato Institute aux États-Unis envoie des analystes très régulièrement sur tous les réseaux de télévision.
Alors que devons-nous faire maintenant, ici au Québec? Nous inscrire massivement dans un parti politique et contribuer à changer peu à peu ses positions? Fonder un nouveau parti? Créer un lobby libertarien peut-être? Le QL a accompli un miracle et ses créateurs peuvent en être extrêmement fiers, mais je rêve du jour où nous sortirons de l'ombre, où nous prendrons notre juste place dans le débat public et nous accomplirons des actions concrètes afin de nous libérer des chaînes de plus en plus lourdes de l'État. J'ose espérer que ce sujet fera boule de neige sur le Blogue du QL.
Steve Radermaker
Ste-foy