Un lecteur, M. Joly, m'écrit :
Monsieur Masse,
À force de publier sur votre blogue les billets de M. Bouchard, qui est tout sauf un libertarien, comme bien d'autres de vos nombreux collaborateurs ces derniers temps, vous contribuez à entretenir la confusion, à savoir si le libertariarisme est bel et bien de droite ou non. Mais peut-être que tout ça n'est qu'un jeu de polémique, question d'avoir un auditoire.
J'ai déjà eu des échanges avec Gaétan Bouchard, je sais que nous sommes en désaccord sur plusieurs points et qu'il ne se considère en effet pas comme libertarien. Ça ne pose aucun problème dans la mesure où nous publions uniquement ses commentaires qui rejoignent les positions libertariennes. Le libertarianisme n'est ni de droite ni de gauche, mais il rejoint des positions partagées par la droite et la gauche. Si nous recevions d'un militant gauchiste un billet en faveur de la libéralisation des drogues, ou contre l'interventionnisme militaire, qui serait en accord avec la position libertarienne sur ces questions, il serait également publié.
Il est certain que nous voulons l'auditoire le plus large possible pour le Blogue, ainsi que le plus grand nombre de collaborateurs qui dénoncent l'étatisme et le collectivisme et qui appuient la liberté individuelle. C'est cela, et cela seulement, qui caractérise les textes que nous publions. Chacun le fait selon sa propre perspective. Le libertarianisme est d'ailleurs un mouvement très hétérogène, et les libertariens dénoncent non seulement les collectivistes de gauche et de droite, mais se disputent aussi fréquemment avec d'autres libertariens. Le QL n'aurait eu qu'une poignée de collaborateurs depuis ses débuts si je n'avais accueilli que ceux avec qui je suis en parfait accord sur tout.
Ma position a toujours été de ratisser le plus large possible et d'accueillir tous ceux qui cheminent vers la liberté. Je considère que sur certains sujets cruciaux, la guerre par exemple, il ne peut y avoir de compromis, et les quelques partisans de la guerre en Irak parmi les collaborateurs du QL (que, sur ce point, je considère comme des étatistes confus) ont dû exprimer leur position ailleurs. Pour le reste, le QL et le Blogue sont ouverts au débat, dans la mesure où la perspective défendue est globalement en faveur de la liberté. Dans le dernier numéro du QL par exemple, un nouveau collaborateur défend l'indépendance du Québec, un sujet qui n'a pas exactement été l'un de nos chevaux de bataille ces dernières années.
Nous recevons régulièrement des lettres qui dénoncent notre «extrémisme» et nos préjugés idéologiques, d'autres qui louent au contraire la grande variété de points de vue qui s'expriment dans le QL et le Blogue. Mais c'est bien la première fois qu'on nous accuse de ne pas avoir de ligne éditoriale suffisamment rigide. Je ne sais pas qui sont ces autres collaborateurs qui ne sont pas libertariens. De toute façon, je ne vois pas comment je pourrais faire passer un test de pureté idéologique à tous ceux qui écrivent pour nous. Je n'ai jamais rencontré en personne la plupart d'entre eux. La seule chose que je peux juger est la pertinence des textes qu'ils nous envoient.
Il faut sans doute un peu de flexibilité intellectuelle pour naviguer dans l'univers du QL. Mais je ne vois pas comment on peut prétendre comme M. Joly que nous entretenons la confusion.