La semaine dernière, les Londoniens sont passés par toutes les gammes d'émotion. Après avoir été choisis pour accueillir les Jeux olympiques d'Été de 2012, ils ont été pris pour cibles par un groupe terroriste islamique lié à Al-Qaeda. Cette tragédie est encore une fois l'opportunité de faire une réflexion sur les conséquences désastreuses de toutes ces interventions militaires et politiques menées par les États occidentaux sur la scène internationale.
La guerre contre le terroriste nous entraîne dans un cercle vicieux que nos dirigeants refusent de reconnaître. Ils continuent de croire bien naïvement que les solutions résident dans les représailles et l'imposition par la force de valeurs qu'ils considèrent absolues et incontestables. L'ennui est que tous ces beaux discours s'opposent à la réalité de millions d'habitants qui ont des convictions différentes et qui n'acceptent pas de voir des étrangers débarquer sur leur territoire pour leur faire la morale. Cela ne cesse d'alimenter les confrontations et provoque de nombreux bains de sang. Oeil pour oeil, dent pour dent. Voilà le mot d'ordre de ce tout nouveau conflit. Un conflit qui semble sans issues où personne n'a l'intention de céder du terrain de peur de perdre la face. Lors de son discours sur l'État de l'Union en janvier 2004, le président américain George Bush s'exprimait dans ces termes plutôt révélateurs: «Tant que le Moyen-Orient sera en proie a la tyrannie, au désespoir, il continuera à produire des hommes et des mouvements, qui menacent la sécurité de l'Amérique et de nos amis, c'est pourquoi les États-Unis poursuivent une stratégie de liberté dans le grand Moyen-Orient.» Ces propos démontrent une grande incompréhension de la situation actuelle.
Le Moyen-Orient est un vaste territoire dont la superficie s'étend de l'Égypte à la Turquie en passant par l'Afghanistan et le Pakistan. Cet endroit renferme plusieurs ethnies dont l'histoire remonte à des millénaires. Notre piètre connaissance de toute cette mosaïque culturelle est notre première grande erreur. Nous refusons de respecter l'évolution de tous ces peuples dont les valeurs sont contraires à nos idéaux et surtout à notre conception de la modernité. Très tôt, nous leur avons fait comprendre que cette situation était intolérable et que nous allions leur inculquer le modèle de la liberté à l'occidentale. Nos chefs d'État en ont complètement oublié le droit à l'autodermination et continuent de voir l'interventionnisme militaire comme étant une démarche légitime. L'est-elle vraiment? N'ont-ils pas plutôt tendance à se mêler un peu trop de la politique intérieure des autres? En imposant les valeurs occidentales, il ne faut pas se surprendre des réactions parfois agressives, voire même extrémistes, de certains groupes qui ont le sentiment de vivre une véritable occupation.
Dans le futur, il faudra favoriser le désengagement de l'État sur la scène internationale et revenir progressivement à une politique plus isolationniste. Le rôle de l'État doit être réduit à son strict minimum, c'est-à-dire assurer la défense territoriale et les droits individuels de ses propres citoyens. Nous devons nous abstenir d'intervenir dans des conflits qui ne menacent pas notre propre sécurité. Il faut également renoncer à l'universalité de notre culture puisqu'il s'agit d'une croyance fausse et très dangereuse. Les peuples du Moyen-Orient ont le droit de déterminer son propre avenir, à condition que nous leur laissions le terrain pour le faire. Si certaines sociétés arabes en viennent à faire l'expérience de la démocratie, elles devront le faire à leur rythme, et ce, sans ingérence en provenance de l'extérieur. Nous devons nous garder de donner des leçons de morale et de vertu à des pays qui ont besoin de retrouver une certaine autonomie et surtout de penser davantage par eux-mêmes.
Malheureusement tant que les membres du G-8 continueront de faire de la provocation et de bafouer la souveraineté territoriale des autres, il y aura des attentats comme ceux de Londres. Il y en aura toujours davantage. D'ailleurs au lendemain de la tragédie, le premier ministre britannique Tony Blair commettait exactement la même erreur que ses homologues américain et français en affirmant: «Il s'agit d'une attaque contre le monde libre.» Et si c'était plutôt une réaction agressive face à ce manque flagrant de respect dont fait preuve l'Occident envers toutes ces cultures qui lui sont étrangères?
Mathieu Bréard
Montréal