La Révolution tranquille fut pour la grande majorité des intellectuels le moment de notre histoire où nous avons réussi à prendre le contrôle sur les principaux leviers de notre économie. Malheureusement, nous avons commis l'erreur de nous en remettre uniquement à un État centralisateur et interventionniste au lieu de responsabiliser les individus face à leur propre développement. Pendant que la plupart des pays occidentaux favorisent la libre entreprise et le savoir-faire des entrepreneurs pour créer de la richesse, le Québec lui demeure très timide.
Une culture entrepreneuriale ne pourra jamais s'épanouir à l'intérieur d'une société où le gouvernement materne les citoyens et entretient le vice de la dépendance - surtout chez ceux qui sont aptes au travail. Un individu qui demeure inactif durant une trop longue période perd confiance en lui-même et surtout en ses capacités. Il se déresponsabilise face à ses engagements et tout projet qui nécessite un effort devient une insurmontable montagne. La fameuse expression «être née pour un petit pain» prend rapidement le dessus sur les initiatives. Il en vient à se convaincre que les riches et ceux qui ont réussi sur le plan professionnel sont les seuls responsables de son sort. Il trouve dans le discours infantilisant de la gauche une façon de nourrir sa croyance et son attitude défaitiste en vient même à contaminer le reste de son entourage.
On ne va jamais le répéter assez: créer la richesse, nécessite de se prendre en charge, se responsabiliser, travailler, persévérer et choisir l'action plutôt que l'immobilisme. Il s'agit de valeurs que partage une grande majorité de libertariens. Certes, il s'agit d'un chemin difficile, parsemé d'embûches, mais qui semble avoir réussi à tous ceux et celles que l'on se permet de critiquer jalousement. Quand ce n'est pas les dirigeants de Wal-Mart que l'on accuse à tort de détruire notre économie, on se permet même de critiquer les entrepreneurs dans notre propre court. Au lieu de s'inspirer de leur réalisation afin de façonner quelque chose de plus grand, on les crucifie sur la place publique. Le succès est-il si difficile à reconnaître pour une grande majorité de Québécois ou cela reflète-t-il tout simplement leur incapacité à réaliser de grandes choses? Pourtant, mettre sur pied une entreprise est une démarche bénéfique puisqu'elle permet non seulement de créer des emplois, mais dégage des ressources pouvant être utilisées par des milliers d'individus tout en faisant reculer la pauvreté.
Heureusement, nous avons encore l'opportunité de renverser la vapeur à condition de favoriser deux axes fondamentaux: les valeurs entrepreneuriales et le désengagement de l'État.
Nous devrions: 1) encourager les initiatives individuelles et la coopération volontaire, pour inciter les gens à relever de nouveaux défis et saisir les opportunités d'affaire; 2) valoriser le métier d'entrepreneur; 3) dénoncer la pensée magique et le mythe du succès instantané. Pour mener à terme un projet et en retirer les bénéfices, il faut de la patience et de la persévérance.
L'État , de son coté, devra cesser: 1) de subventionner les entreprises - incluant celles qui sont condamnée à disparaître en vertu de lois du marché et que l'on place trop souvent sur le respirateur artificiel (exemple 50 millions uniquement pour la Gaspésia); 2) de soutenir des politiques sociales qui maintiennent les citoyens dans la pauvreté et qui ne les encouragent pas à retourner sur le marche du travail - l'institutionnalisation de la dépendance est très néfaste; 3) de réglementer le marché par toutes sortes de législations liberticides qui découragent les investisseurs; 4) d'intervenir continuellement dans la vie des gens au point de les menotter dans leurs gestes et décisions.
Dans un contexte de mondialisation, il ne faut plus voir la culture entrepreneuriale comme quelque chose de négatif, mais bien comme un moyen intelligent de développer notre économie et accroître sa richesse. Il ne faut plus laisser la gauche étouffer ce potentiel et faire croire que la libre entreprise est une maladie pire que la peste. Au contraire, il s'agit d'un formidable outil de libération individuelle. Le Québec va-t-il continuer à être à la remorque de ses concurrents?
Mathieu Bréard