Dans l'édition d'août 2005 du Québécois Libre, M. Marc Grunert présente un article percutant intitulé «L'avortement est un crime». Je tenais, à cet effet, à souligner la qualité exceptionnelle de sa démonstration logique et de sa très pertinente absence de l'émotivité usuellement associée au débat tant par les partisans du mouvement pro-vie que du mouvement pro-avortement.
Si l'argument sur l'utérus synthétique est inusité et peut-être bizarre, il a au moins le mérite de soulever une solution originale au conflit entre le droit à la vie de l'enfant, d'une part, et d'autre part, la jouissance de la mère de la partie de son corps garantissant la vie de cet enfant. Solution, peut-être, qui invitera à faire sortir le débat de la sempiternelle et artificielle négation de l'humanité de l'enfant à naître. Comme le rappelle M. Grunert, il n'existe pas de frontière entre la pré-naissance et la naissance. Autant, donc, s'appliquer à trouver des solutions capables de réconcilier les droits et besoins des deux parties.
L'argumentaire de M. Grunert soulève indirectement le parallèle avec la façon dont nous traitons les personnes adultes incapables de prendre soin d'elles-mêmes. Or, comme l'humain est porté à avoir pitié de ce qu'il peut voir, le même acte de destruction porté contre un autiste profond serait accusé d'humanité alors même que le Québec l'inflige à 25 000 enfants par an - un record imbattu dans le monde occidental, comme nous le rappelait en 2005 la revue L'actualité.
Outre qu'il nous rappelle bien la complaisance hypocrite avec lequel nous traitons la vie ceux qui ne font pas entendre leurs voix, cet article démontre, en outre, qu'il n'existe pas une pensée unique en matière de morale chez les libéraux. Ce rappel est rafraîchissant, car trop souvent les philosophes des diverses idéologies convergent vers une pensée unique.
Félicitations, donc, à M. Grunert de briser le tabou en rappelant qu'une question n'est pas nécessairement «réglée» pour la seule raison qu'un même gouvernement l'applique depuis 15 ans. En démocratie, la liberté de parole laisse toujours la place au débat, surtout lorsque la question porte sur la nature de la vie humaine et le droit à la défense de celle-ci.
Erick N. Bouchard, M.A.P., B.A.
Québec, Canada