La publication de René Lévesque: l'homme brisé, une biographie du fondateur du Parti québécois écrite par Pierre Godin, a provoqué une forte réaction médiatique à cause des allégations qui y sont contenues quant à la santé mentale de l'ancien premier ministre dans les dernières années de son règne. La biographie nous en apprend beaucoup sur la vie de René Lévesque dans les années 1984-1985 :
-il buvait de façon abusive et pour éviter de faire face à ses élans de colère, certaines personnes de son entourage mettaient des tranquillisants dans son café et ses boisson alcooliques;
-il eut une aventure avec la syndicaliste Francine Lalonde (par solidarité?), qu'il nomma plus tard ministre déléguée à la Condition féminine;
-lors d'un voyage à la Barbade en 1985, Lévesque aurait frappé sa femme Corinne, lui donnant un œil au beurre noir. (André Boisclair doit se demander comment de telles histoires ont pu rester à l'abri du public pendant si longtemps!)
Ces aspects peu reluisants de la vie de René Lévesque n'ont évidemment pas réjoui ses partisans, qui voient en lui un saint dont la réputation ne devrait jamais être ternie. À l'émission Le Point du 28 octobre à Radio-Canada, Yves Michaud, ami de Lévesque et grand pourfendeur du «néolibéralisme triomphant», s'est insurgé devant l'attitude des médias face aux révélations de Pierre Godin. Avec leurs propos «dégueulasses», les médias «désacralisaient un héros national» et portaient atteinte à la mémoire d'un «bâtisseur de rêves». Héros national? Bâtisseur de rêves? I beg to differ!
La carrière politique de René Lévesque aura été marquée, comme celle de la plupart des politiciens provinciaux, par une foi inébranlable en l'État comme sauveur des Québécois. Que ce soit en promulguant la nationalisation de l'électricité alors qu'il était ministre libéral dans le cabinet de Jean Lesage, ou en parrainant la loi 101, une loi restreignant l'accès à l'éducation anglaise et imposant l'affichage public uniquement en français, René Lévesque a toujours privilégié une philosophie étatiste qui niait l'importance des droits individuels. En prétendant lutter pour un Québec libre, il a continué la marche du Québec sur la route de la servitude, une marche qui avait été entamée dès les années 1960 avec la Révolution tranquille. Le fait que des gens tels Yves Michaud voient en lui un héros national et un bâtisseur de rêves démontre que le socialisme et l'interventionnisme étatique sont toujours aussi populaires parmi les membres de l'intelligentsia québécoise.