Dans la «crise» qui secoue les téléséries dites lourdes, on apprenait récemment que Quebecor a demandé au CRTC une nouvelle licence de télévision payante baptisée Boom-Tv pour offrir des émissions et séries dramatiques en avant-première des services de télévision conventionnels. Les séries lourdes y passeraient en première puis seraient reprises par la suite à TVA. Quebecor aurait ainsi une nouvelle façon d’aller chercher des sous, via les abonnements à la chaîne, pour financer l’achat de séries lourdes. Une bonne nouvelle pour l’avenir de ces séries? Pas pour Nathalie Petrowski qui se demandait, ce matin dans La Presse, à qui va profiter tout ça? Sa réponse: à Pierre Karl Péladeau. Comme l’homme d’affaires est… un homme d’affaires (!) et qu’il n’est pas aussi bien vu que, disons, Luck Mervil dans le milieu artistique/intellectuel québécois (après tout, sa seule raison d’être est de faire des profits!), il s’agit d’une bien mauvaise nouvelle.
Les avantages pour l’entreprise de PKP seraient indéniables, souligne Mme Petrowski. «Mais quels avantages vont en retirer au juste les créateurs, les producteurs et la diversité du milieu de la télé d’ici? Quels avantages pour le téléspectateur, outre de payer ses émissions préférées à la fois de ses impôts et de sa poche?» Sans réellement répondre à ces questions, tout le texte de la chroniqueuse suggère qu’il n’y en aura aucun. Pourtant, les créateurs, les producteurs et la «diversité du milieu de la télé d’ici» vont profiter du fait qu’il se produirait des téléséries lourdes – alors qu’actuellement leur avenir est plutôt sombre. Les téléspectateurs vont aussi profiter du fait qu’il se produirait des téléséries lourdes – après tout, ils pourront les regarder!
Mais le hic, outre le fait que PKP s’en mettrait plein les poches, c’est que les téléspectateurs-contribuables québécois vont devoir payer «deux fois plutôt qu’une» pour regarder les émissions de télé. N’est-ce pas ce qui se produit dans tous les secteurs culturels au Québec? Le contribuable québécois ne paie-t-il pas «deux fois plutôt qu’une» pour ses livres, ses disques, ses films, ses pièces de théâtre, ses concerts de musique classique, etc.? On ne voit pas Mme Petrowski s’indigner de ça! Tout ce qui se produit de culture au Québec est en partie financé à même les impôts. Le contribuable québécois paye toujours deux fois pour tout. Pire encore. Il paye même s’il ne consomme pas ce qui se finance à même ses impôts. Voilà de quoi s’indigner!