Combien de fois un artiste vous a-t-il demandé, le coeur sur la main, d'assister à son prochain concert bénéfique afin de faire pression sur le gouvernement pour qu'il double ou triple son aide internationale aux pays pauvres? Ces événements sont peut-être empreints de bonne volonté, mais ne donnent aucun résultat tangible à long terme. Vous l'avez sans doute déjà constaté par vous-mêmes. On fait appel davantage à vos émotions qu'à votre raison. Comme le dit si bien un vieux proverbe africain: «La main qui reçoit est toujours sous celle qui donne».
Les pays en développement n'ont pas besoin de votre charité ou de votre pitié. L'une des causes de leur stagnation économique est le protectionnisme éhonté des États industrialisés qui persistent à maintenir en place toutes sortes de quotas, de taxes et de restrictions à l'importation qui empêchent plusieurs petits marchés de se développer et de générer des profits. Or, les dernières réunions sur le commerce international n'ont pas cessé de tourner en rond et les concessions faites par les pays développés sont plutôt timides.
La meilleure façon de voir tout le ridicule du protectionnisme est d'oublier nos frontières géopolitiques. Ces lignes invisibles n'ont aucune raison d'être en économie. Chaque individu, chaque groupe, chaque région du monde devraient être libre d'échanger, de vendre ses produits et services à d'autres, sans embûche, ni restriction.
Or, même à l’intérieur d’un pays comme le Canada, la liberté des échanges est compromise, puisque certains secteurs sont protégés par les gouvernements provinciaux. Pensons simplement à l’interdiction de vendre de la margarine colorée au Québec. Ou encore aux restrictions sur la vente de produits laitiers. Allons-nous voir dans quelques années une ville canadienne se fermer complètement aux importations pour protéger ses industries ou encore exiger de ses citoyens qu'ils consomment uniquement des produits locaux? Si les conséquences de telles politiques peuvent être désastreuses ici, pourquoi en serait-il autrement au niveau international?
Le protectionnisme n'est ni plus ni moins qu'un refus de faire face à la concurrence pour protéger les intérêts de petits groupes. Il est une nuisance au pouvoir d'achat des consommateurs et au développement de la prospérité.
Les gouvernements du Canada, des États-Unis, de l'Union européenne et du Japon font preuve d'hypocrisie lorsqu'il est question de libre-échange. S'ils acceptent volontiers certains produits en provenance de l'Afrique ou encore de l'Amérique latine, ils n'hésitent pas à voter des clauses d'exception pour mettre des bâtons dans les roues aux entrepreneurs étrangers qui veulent nous vendre des produits de meilleure qualité et à moindre coût.
L'un des exemples les plus frappants est celui de la culture du coton. Les États-Unis versent des milliards de dollars annuellement en subventions à leurs producteurs, ce qui fausse le jeu de la concurrence et prive les populations de pays comme la Bénin, le Burkina Faso, le Niger, le Mali et le Tchad de revenus substantiels. Les surplus de production qui sont écoulés – également à l'aide de subventions à l'exportation – compliquent davantage les choses et ne laissent aucune chance aux pays pauvres.
L'Union européenne applique coup sur coup des taxes sur les produits alimentaires, réglemente férocement son industrie laitière, subventionne ses producteurs de betteraves, ce qui a pour effet de rendre le marché hermétique et inaccessible à des pays comme la Bolivie ou encore l'Inde.
Les pays qui vivent encore dans la misère ne veulent pas être réduits à attendre les prochains chèques d'aide internationale; ils veulent qu'on leur laisse les moyens de se développer et d'accéder à nos marchés. Pour ce faire, nous devons leur donner la liberté d'entreprendre en éliminant le protectionnisme.