Le défunt Robert Bourassa, dont la statue a été dévoilée récemment sur le terrain de l’Assemblée nationale, était un membre en règle de la nomenklatura québécoise. Comme ses petits amis de l’establishment, il appréciait se rendre en villégiature chez nos voisins du Sud le temps d’un traitement médical privé à la fine pointe de la technologie. Les listes d’attentes, les quotas, et les installations sanitaires douteuses ont toujours été l’affaire du petit peuple. En plein mois de janvier 1988, alors que le navire public prend l’eau, Bourassa donne le mot d’ordre à son conseil des ministres: la situation sera régler, dit-il, après l’injection de fonds supplémentaires et une réorganisation des ressources. Presque deux décennies plus tard, quel discours utilisent nos politiciens? Eh oui, exactement le même! Grâce à cette dose quotidienne de valiums, l’opinion publique demeure aussi gelée que le réseau.
Le monopole de la santé est une pure aberration. On vante bien naïvement sa gratuité comme s’il s’autofinançait lui-même à partir d’une manne divine tombée du ciel. On oublie bien trop souvent de dire où les fonctionnaires vont puiser l’argent pour payer les factures. La science économique nous enseigne que lorsqu’un produit a une valeur nulle, la demande augmente de façon excessive, la disponibilité de la ressource diminue et les pénuries se succèdent. Depuis 1970, date à laquelle l’assurance-maladie a été mise sur pied, les dépenses pour les services médicaux ont connu une croissance soutenue. Aujourd’hui, c’est plus de 10% du PIB que le Québec consacre à ses dépenses en santé. Ajouter à tout ça, le gaspillage de millions de dollars pour soutenir toutes sortes de projets bidon destinés à protéger le citoyen contre lui-même. Nationalisation oblige, nos propres corps ne nous appartiennent plus…
Dans le système socialiste de santé, l’allocation des ressources se fait au compte-gouttes, selon les règles et les directives du pouvoir central. Les hôpitaux doivent composer avec des déficits permanents, ce qui mène à des coupures de services et à l’utilisation d’un équipement désuet. Les spécialistes n’ayant pas accès à la dernière technologie ne peuvent garantir l’exactitude de leurs diagnostics. Et ce, au détriment des patients. Ces derniers doivent attendre parfois plus de 18 semaines avant de recevoir le traitement ou de subir l’opération désirée. Lorsque l’un d’entre eux meurt en attente de chirurgie, doit-on le considérer comme un dommage collatéral?
Sur le plan professionnel, on pénalise ceux qui souhaitent en faire davantage. Le ministère de la Santé impose des plafonds salariaux. Cette politique, dès la fin des années 1970, fit diminuer la productivité. Elle fut à l’origine de l’exode de plusieurs spécialistes vers d’autres pays.
Comme les hôpitaux ne sont soumis à aucune logique de marché, on ne tient pas compte d’une panoplie de paramètres indispensable à une saine gestion. Sans un système de prix, qui reflète l’abondance ou la rareté d’une ressource, il est difficile de s’ajuster au changement de l’offre et de la demande. Il est impossible de répartir efficacement les ressources vers un secteur ayant des besoins spécifiques. D'ailleurs, ne vous demandez pas pourquoi le réseau public est constamment engorgé. L’administrateur a les mains liées et ne possède aucune latitude dans la gestion de son établissement.
La population doit absolument sortir de son illusion collective. Le monopole de la santé publique doit être brisé.
Malheureusement ce monopole d'état est la plus grande "fierté" des Québécois. La plupart des gens croient qu'aux États-Unis par exemple, que les gens meurent par milliers et que seuls les riches survivent. Il y en a même qui vont croire que la puissance économique des States vient du fait que les pauvres sont morts.
Cette abbération est totalement ridicule, les gens là bas ne meurent pas sur des listes d'attente. Par contre, on peut souligner le fait qu'une personne ayant de très mauvaises habitudes de vie verra son assurance maladie augmenter (tout comme pour l'assurance vie d'ailleur, qui est privée). J'ai l'impression que la société moderne voit la médecine comme un droit, qu'un médecin est un outil qui leur est dû pour traiter un problème.
Au niveau des listes d'attentes... le scénario est horrible et j'en sais quelque chose. Avant de commencer, permettez moi de spécifier que je crois être tout de même totalement impartial dans mes idées. En 2003 (j'avais 17 ans), ma mère avait des mal de tête horribles. Elle en a toujours eu mais cette fois ci c'était à en pleurer. Au bout de 5 rencontres avec 5 médecins, le dernier a proposé de lui faire passer un test d'imagerie cérébrale par résonnance magnétique. Par contre, la liste d'attente était alors de 6 mois. Vous devinez le scénario; elle est décédée le 17 avril 2003, environs 4 mois avant de passer les test, à 43 ans. Elle n'est même pas décédée sans avoir de traitement, elle est décédée sans avoir de.. diagnostic...
Peu importe notre niveau de vie (mon père est trucker et ma mère travaillait chez desjardin comme chef d'équipe aux affaires juridiques)(basic), nous aurions volontié payé les frais d'hospitalisation aux states pour la soigner si nous avions eu le diagnostic (et nous n'aurions pas eu à payer si nous étions déjà là bas puisque nous aurions une assurance). Je ris maintenant en pleine face de tous ceux qui me disent que notre système de santé est le meilleur au monde. C'est pourquoi je meurs d'envie de terminer mon contrat de travail d'un an ici pour m'enfuir d'abord du Québec, puis du Canada. Je recherche une société où je pourrai prendre mes propres responsabilités et ne pas me faire aliéner par l'état. Si quelqu'un a une suggestion à laquelle je n'ai pas pensé, elle est la bienvenue.
Rédigé par : Kevin Pouliot | 26 octobre 2006 à 18h28
Monsieur Pouliot,
Votre histoire est triste, mais je vous encourage à demeurer au Québec. En choisissant un travail où vous excellez, vous chances de vous faire entendre et de faire une différence sont d'autant plus grandes. Le Québec a besoin de gens qui sortent du moule collectiviste. Osez confronter les difficultés et les préjugés de la majorité.
Rédigé par : André Dorais | 26 octobre 2006 à 19h55
Bonjour,
J'aimerais juste dire que la France qui est certainement un des pays les plus syndiques et socialiste que je connaisse, possede un systeme de sante melant les hopitaux (public) et les cliniques (prive). Evidemment cela fonctionne avec des mutuelles (assurance collective privee) souvent associes a des corporations professionnelles (Profs, etudiants,..).
Tres drole il existe une mutuelle etudiante (la MNEF je crois) qui est tres proche des partis de gauche... comme quoi...
Ca marche d'apres ce que je comprends avec la securite sociale + des mutuelles.
Rédigé par : Jerome Fillon | 26 octobre 2006 à 22h52
M. Pouliot
Merci pour votre témoignage, malheureusement la mentalité québécoise vous dira que votre mère n'avait qu'à attendre son tour, qu'on ne passe pas devant les autres parce qu'on a de l'argent.
Je vous conseillerais de regarder du côté du New Hampshire. Beaucoup de personnes de mentalité libertarienne y ont déjà déménagé dans le cadre du Free State Project, un projet visant à ammener 20000 personnes qui croient en la liberté et la responsabilité personnelle. Le New Hampshire est l'État avec le moins de gouvernement, il n'y a pas d'impots sur le revenu ni de taxes de vente, seulement une taxe de propriété assez haute, mais que les activistes visent à abolir.
Et puis c'est pas loin le New Hampshire
http://www.freestateproject.org
http://www.freetalklive.com est un podcast diffusé de Keene, NH animé par 2 activistes libertariens.
Rédigé par : R. David | 26 octobre 2006 à 23h37
M. Bréard,
Personnellement je crois qu'il ne faut pas simplement abolir le monopole. Un système a deux vitesses est inacceptable.
Seule la médecine privée doit être tolérée car toute présence du public limitera la compétition et la qualité des soins. Pourquoi toujours vouloir faire à moitié? Il est certain que l'opinion publique actuelle peut être réticente à ce genre de propos mais ce sont pour de fausses raisons. Ce virage à 180 degrés pourra enfin changer quelque chose de façon perceptible plutôt que de faire semblant avec une version timide de privatisation.
Il est certain qu'il y a plusieurs embuches à l'horizon d'un système privé (pourrait-on vraiment continuer d'appeler ça un système?). Notamment, il faut combiner cette privatisation avec l'abolition des pouvoirs du Collège des médecins et autres organismes corporatistes qui minent l'efficacité de la médecine plus qu'ils ne l'aide.
Et les pauvres direz-vous? Je répond: ça n'a rien à voir! Ou plutôt... comment pouvez vous souhaiter la médiocrité aux plus pauvres? Pourquoi eux aussi ne pourraient-ils pas profiter des innovations et du meilleur de la médecine. N'est-il pas souhaitable de pouvoir soigner plus de gens avec le même montant d'argent? Alors si on souhaite le meilleur aux pauvres, pourquoi bloquer la seule organisation légitime et efficace de la médecine: l'échange de services dans un marché libre.
L'accès à la médecine aux plus pauvres de la société est un autre débat. Il ne faut pas le mélanger avec l'efficacité de la médecine.
Rédigé par : Sylvain Falardeau | 27 octobre 2006 à 09h34
Effectivement, le Québec dépense moins que les autres provinces en santé. Toutes les études ont démontré que la raison est essentiellement que les médecins Québécois ont une rémunération de 40% inférieure aux médecins des autres provinces. Si la rémunération des médecins québécois atteignait, disons la moyenne Canadienne, les coûts de la santé au Québec serait au moins égale et possiblement supérieure à la moyenne Canadienne.
La situation va se corser d'ici peu:
-1700 médecins spécialistes (ou 22% de l’ensemble des médecins spécialistes)
vont quitter la profession au cours des prochaines années, car ils ont aujourd’hui
60 ans ou plus.
-Dans 14 spécialités, ces départs vont représenter entre 25% et 33% des effectifs.
Sans compter qu'un bon nombre vont quitter pour aller pratiquer ailleurs et que nous n'attirons pas beaucoup de médecins.
Rédigé par : Bruno Laplante | 27 octobre 2006 à 12h50
Monsieur Dorais,
Malgré que je crois votre intervention sincère, elle ne pourrait convaincre une personne comme moi. Je travaille présentement activement à l'obtention de mon diplome universitaire pour quitter le Québec à jamais. Déjà, 7 de mes amis ont fait la même chose (dont 3 diplomés en médecine et 3 en biologie et truques du genre).En attendant le jours de ma libération, je tente chaques jours de faire comprendre le bon sens économique aux gens que je cotois. La plupart du temps je passe pour un sans coeur et une personne antisociale (puisque ne pas être en accord avec le socialisme est automatique un manque de compétence sociale).
Le Québec n'est pas encore mort, c'est vrai. Cependant je ne me fais pas d'illusions et je ne veux pas finir en martir pour la bonne cause: je quitte le Titanic. Le Québec ne changera pas avant une crise économique extrème où le choix entre l'imposition 100% ou l'arrêt des dépenses "sociales" devra être sélectionné. J'ai moi-même hâte à ce jour puisque je rigolerai assez bien de voir mes "amis" socialistes souffir de leurs choix et se tordre de douleur intellectuelle de ne pas pouvoir comprendre la raison de la faillite du Québec.
Rédigé par : Yan | 27 octobre 2006 à 17h39