Hier, on apprenait que selon un rapport de l'Organisation mondiale pour l'agriculture et l'alimentation, l'élevage des bovins constitue l'un des plus grands fléaux environnementaux de la planète. Rien de moins. Par leurs pets et leurs rots, les vaches contribuent davantage au réchauffement climatique que l'ensemble des autos et des camions. Or, on apprend aujourd’hui que selon la Fédération des producteurs de lait du Québec, la situation est toute autre dans la Belle Province. «Nous ne contestons pas les conclusions du rapport pour l'ensemble de la production mondiale, mais il faut savoir que la dynamique au Québec est totalement différente», a indiqué François Dumontier, porte-parole. Ce n’est pas que nos vaches produisent moins de pets et de rots, non. Mais les bovins de la province, comme celles du pays, sont assujettis à… la gestion de l'offre! Eh oui, cette mesure gouvernementale qui oblige les producteurs laitiers d’ici à ne répondre qu'à la demande des Canadiens et qui, par le fait même, limite l'augmentation du cheptel bovin et maintient les prix élevés – mais ça, c’est pour le plus grand bien de tous, nous dit-on… «Globalement, la gestion de l'offre a permis une réduction du cheptel et, donc, des gaz à effet de serre, précise M. Dumontier. Entre 1990 et 2003, le secteur des bovins laitiers a ainsi diminué ses émissions de gaz à effet de serre de 12%, soit plus que l'objectif du protocole de Kyoto (moins 6%).»
Valentin Petkantchin, ex-directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal, a produit une Note économique l’année dernière sur les coûts de la gestion de l’offre. «Le modèle, écrit-il, a vu le jour en Australie dans les années 1920 pour protéger les revenus des agriculteurs contre les fluctuations économiques et les baisses de prix de leurs produits, et pour accroître leur pouvoir vis-à-vis des acheteurs. Présenté aujourd’hui comme un élément incontournable de la politique agricole canadienne, il est en réalité un système inutilement coûteux, en particulier dans le cas de la production laitière. […] La politique agricole de gestion de l’offre au Canada repose essentiellement sur deux types majeurs d’interventions de l’État dans le marché agricole. D’une part, elle implique la mise en place d’une planification et d’un contrôle administratif sur les prix, la commercialisation et les quantités offertes d’un produit agricole, notamment à travers l’imposition de quotas. D’autre part, elle repose sur l’existence de tarifs douaniers suffisamment élevés pour empêcher l’entrée des produits étrangers. Par de telles dispositions, l’État assure en bout de ligne une clientèle captive aux agriculteurs canadiens. Les prix domestiques artificiellement élevés correspondent en réalité à un "impôt" implicite que les agriculteurs ont été autorisés à prélever sur les consommateurs par les pouvoirs publics.»
De la même façon que nos agriculteurs ont recours aux standards environnementaux ou aux normes de travail pour faire en sorte que certains pays pauvres, incapables de les atteindre, soient exclus du marché canadien, nos producteurs de lait se cachent derrière la gestion de l’offre pour fermer les frontières aux producteurs étrangers et ainsi s’assurer une clientèle captive. En bout de ligne, c'est vous et moi qui faisons les frais de ces mesures protectionnistes en payant plus cher nos produits laitiers - pour vous en convaincre, allez faire un tour sur www.vachealait.ca, un site mis sur pied par l’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires qui vaut le déplacement. Heureusement, avec l’ouverture des marchés et la mondialisation, le protectionnisme sera de plus en plus difficile à défendre. Et cela, même pour un gouvernement «distinct» comme celui du Québec.
bonjour,
j'aurais une question concernant la production laitière. En fait j'ai quelques arguments en faveur du système actuel et j'aimerais bien qu'on me réponde "libertariennement". Je suis certaine que le système actuel (quotas) a ses défauts. Mais :
-personnellement je suis totalament contre l'idée d'une agriculture mondialisée. Que la nourriture que je mange vienne de l'autre côté de la terre me paraît une aberration. Premièrement parce que cela signifierait la fin de la "campagne" au Québec, il me semble que l'agriculture locale est la base de nos régions. Et aussi, parce que autant je suis contre la mise en place de taxes, autant je ne peux pas considérer que la concurrence avec la chine ou l'inde est une concurrence "correcte". Dans ces pays on saccage l'environnement et on paie les gens des salaires ridicules alors ce n'est pas un "libre-marché", c'est de l'exploitation de l'environnement et de l'esclavage. Et je ne parle pas du fait que le lait qu'on boirra contera moins de calories que ce qu'il aura fallu pour me l'amener : juste selon le gros bon sens ca ne marche pas! Alors selon moi ce "libre-marché" est tout aussi ridicule que les quotas.
-De plus il me semble qu'il y a un prix maximum pour le lait au Québec ce qui fait qu'on ne peut pas payer plus cher qu'un prix X... alors le consommateur s'en tire plutôt bien, non?
Bref, je sais que ce système de quotas mène à des aberrations (le fait que l'on puisse JETER du lait par exemple!!!), mais boire du lait de vache brésilienne, produit par des travailleurs exploités, qui ne se plient à aucune règle environnementale, qui sont de l'autre côté de la terre et ne font pas vivre les campagnes du Québec, ca me dégoûte au plus haut point! Je n'ai rien contre les brésiliens ou les chinois, mais je trouve que ce que nous faisons depuis 10000 ans a bien de l'allure : élever des vaches dans notre cour pour produire notre propre lait. Sans rentrer dans aucune théorie économique c'est simplement logique et ca marche depuis 500 ans qu'on est au Québec!
Rédigé par : delphine Q. | 08 décembre 2006 à 09h42
Il faudrait m expliquer comment le marche libre devient de l esclavage? Et si le travail n est pas libre sur place je ne vois pas comment arreter de commercer avec eux pourrait les sortir de la miseres?
Ensuite que le gouvernement s autorise a te dire quoi comsommer, ressemble plus a de l esclavage qu a autrechose...
Dans un marche libre tu pourras acheter du lait du Quebec - certainement plus cher - mais plus a ton gout - comme tous ceux qui pensent comme toi que permettre au pt gars du tiers monde de se developper par l echange est injuste et aussi par cette affirmation que les etrangers ne sont pas capable de faire aussi bien voir mieux que nous.
Et puis dans le tiers monde est en plein croissance. Nous avons une vision malheureuse du monde, mais celui-ci change, notamment dans les echanges et investissemnt Sud Sud. Mais tout serait plus facile pour eux si nous etions moins protectionnistes...
Apres pour la chimere climatique, il est navrant de voir une science tant politisee..
Tout cela devient vraiment ridicule
tres cordialement,
nicolas
Rédigé par : nicolas | 08 décembre 2006 à 10h16
Deplus, ca serait vraiment magnifique de pouvoir consommer du lait subventionné américain. Cela voudrait dire que les contribuables américains financeraient la consommation de lait des québecois.
On pourrait pas avoir un meilleur deal que ca
Rédigé par : Vincent | 08 décembre 2006 à 10h21
Wow merci pour vachealait.ca, moi qui voulais partir le site de l'Union des consommateurs agricoles pour protester contre le monopole de l'UPA sur les questions agricoles. Je vois que d'autres ont eu l'idée.
Delphine, personnellement j'adorerais ça que nos agriculteurs fassent banqueroute. Ça nous permettrait de planter des arbres et corriger l'aberration de la forêt publique. Et puis la diminution des travailleurs agricoles ne peut être bénéfique pour notre économie puisque des milliers de travailleurs pourraient se diriger vers des secteurs plus performants de notre économie. Pensons uniquement à l'aéronautique qui a un manque criant de main d'oeuvre.
De plus, je préfère payer des agriculteurs brésiliens pour leurs produits, plutôt que de subventionner nos agriculteurs ET EN PLUS subventionner les agriculteurs brésiliens parce qu’ils sont incapable de vendre leur produits sur le marché international, ça nous reviens beaucoup moins cher collectivement.
Je trouve ça vraiment ironique que des Québécois ou des Canadiens chialent contre les bas salaires de ces pays, quand c’est exactement les bas salaires du Canada vis-à-vis des États-Unis qui nous ont permis de nous développer.
Rédigé par : Rémi | 08 décembre 2006 à 11h02
Bonjour Delphine,
Voici comment je vois le problème que vous soulevez et qui est aussi la vision de UPA.
Premièrement, nous mangeons beaucoup d’aliments qui viennent de l’extérieur du pays ( oranges, bananes, dattes, café, thé, ananas, riz et j’en passe ) pour la bonne raison que nous n’en produisons pas.
Selon votre logique, il faudrait abandonner d’en consommer sous prétexte qu’ils consomment plus d’énergie pour nous parvenir que ce qu’ils nous apportent. De plus, les travailleurs qui produisent ces aliments ont aussi le droit de gagner leur vie ( même si leur condition n’est pas idéale et ça ne nous regarde pas ) et si nous fermons nos frontières à leurs produits nous contribuerons encore plus à leur misère.
L’agriculture locale est loin d’être en danger, il suffit d’écouter « La semaine verte» à la télé le dimanche pour voir qu’il y a de belles réussites dans le domaine, notamment chez certains producteurs maraîchers qui exportent la plus grande part de leur production aux Etats-Unis. Si nous voulons des frontières ouvertes pour nos produits, ouvrons les nôtres.
Vous dites que le système de quotas mène à des aberrations, moi je dis que le système de quotas EST une aberration. Ça contrevient à tout système de libre entreprise. Même l’UPA essaie actuellement de corriger les problèmes qu’ont engendrés un tel système. Actuellement, un jeune qui veut se lancer dans la production laitière doit s’acheter des quotas. Si ses parents sont eux-même producteurs, il peux leur acheter leur quotas et ceux-ci, en général, le finance mais s’il n’a pas cette facilité, il lui en coûtera extrêmement cher pour démarrer et avoir une exploitation rentable. On rencontre aussi la situation ou un producteur veut augmenter sa production pour conserver sa rentabilité et constate que l’acquisition de nouveaux quotas n’est pas à sa portée ( il ne faut pas oublier qu’en plus du quotas il faut aussi payer les vaches ) ce qui l’amène à abandonner. Ces situations aussi favorisent l’abandon des terres agricoles.
Ce qui n’est pas ridicule dans le libre-marché c’est que quand ça ne marche pas ça tombe ce qui n’est pas le cas pour les systèmes imposés par certaines classes.
Évidemment ça pourrait être intéressant de vivre comme il y a 10000 ans, mais pas trop longtemps et je vous ferai remarquer que les quotas n’ont pas été instaurés il y a 500 ans et ma cour est trop petite pour y élever une vache. Pour ce qui est du prix maximum, je suis prêt à prendre le risque dans un vrai libre-marché.
Rédigé par : Gilles Laplante | 08 décembre 2006 à 11h04
L'industrie laitière est un gros racket qui mérite qu'on boycottent leurs produits le plus possibles.
Est-ce essentiel de boire du lait?Lisez ceci...
http://notmilk.com/kradjian.html
À quand un Penn and Teller: Bullshit sur le lait ;-)
Rédigé par : Martin Gagné | 08 décembre 2006 à 11h22
Même si ce n'était pas essentiel, j'en bois 2L par jour et ça me lève le coeur de voir le prix auquel je le paie.
C'est comme l'histoire du sirop d'érable, il y a les privilégiés d'un côté et les agriculteurs qui essaient de s'en sortir de l'autre.
Constat ? C'est toujours la population qui est prise en otage, et ce uniquement à cause de l'interventionnisme étatique.
Rédigé par : Valérie Jean | 09 décembre 2006 à 06h38
Ah! le sirop d'érable!
À cause de cette stupide gestion de l'offre, notre or brun ne peut pas être vendu à bas prix. Imaginez si les produits de l'érable étaient abordables, nous pourrions remplacer le sucre blanc et le fructose industriel (cochonerie faite à base de maïs subventionné) dans nos recettes.
En effet, le sirop d'érable contient plus de minéraux que la plupart des autres produits sucrants et il contient des substances possédant un potentiel antimutagène et antioxydant.
Encore une fois, nos gauchistes de la Fat Police n'en parlent pas et préfèrent taxer ou interdire le sucre et le gras...
Rédigé par : Martin Gagné | 09 décembre 2006 à 08h51
Un verre de lait c'est bien, deux c'est meuuh...!
Rédigé par : Carl-Stéphane Huot | 09 décembre 2006 à 15h49
Pardonnez mon ignorance sur le sujet, mais quelqu'un sait-il si les producteurs de lait québécois exportent leurs produits, soit ailleurs au Canada ou à l'étranger?
Il me semble que la logique de la gestion de l'offre doit nécessairement abolir les exportations en pratique, en gardant les prix sur le marché domestique artificiellement élevés.
Les producteurs ont-ils le choix de se soustraire au système des quotas (le prix d'un quota de lait est maintenant supérieur à 30 000$ le kilo de matière grasse par jour ) pour vendre leurs produits à un prix moindre, aux États-Unis par exemple?
Rédigé par : Francis St-Pierre | 10 décembre 2006 à 00h34
Là, les producteurs de lait sont sérieusement "in trouble". Ils vont avoir sur le dos toute la clique écolo-hystérique: imposer aux gens de devenir végétalien (même végétarien ce ne serait pas assez, car les produits laitiers supposent l'existence de vaches qui pètent et qui rotent) deviendra un choix possible de société pour stopper l'émission de CO2! (Tiens, je me demande s'il ne pourrait être possible d'ailleurs de conduire son char en émettant moins de CO2 qu'une vache, si on est végétalien?)
Il faudra aussi que les Etats mettent en place une taxe verte mondiale sur le pet (après tout il n'y a pas que les vaches qui pètent), avec un taux majoré bien sûr sur les haricots, les poireaux, le choux et autre aliments "péteurs"...
Enfin, plus sérieursement, quelques infos sur l'absurde gestion de l'offre. Les questions de Francis sont très intéressantes. Il se demandait si les producteurs canadiens exportaient aux US et ailleurs.
Eh bien, le fait est qu'au lieu de développer effectivement des débouchés à l'étranger, les Canadiens ont été condamnés (à l'instigation de la Nouvelle-Zélande et des USA) auprès de l'OMC à cause de la gestion de l'offre. Celle-ci a été considérée comme un système de subventions, car les prix domestiques sont maintenus artificiellement élevés avec l'aide des pouvoirs publiques. Cela permet aux producteurs canadiens qui disposent d'une clientèle captive d'exporter à des prix plus bas.
La réponse à la deuxième question (peut-on exporter en dehors du système de quotas?) est plus difficile: il existait des producteurs qui étaient sortis complètement du système de gestion de l'offre et qui produisaient à des prix internationalement compétitifs. Leur production était destinée uniquement à l'exportation, surtout aux US (malgré l'interdiction de l'OMC, qui apparemment ne les concernait pas, car ils ne bénéficiaient pas des avantages de la gestion de l'offre et donc n'étaient pas considérés comme subventionnés).
Cependant, ils étaient la preuve vivante qu'il était possible de produire du lait au Canada à des prix bien plus bas que ceux imposés par la gestion de l'offre: l'UPA leur est tombé dessus et au Québec ils ont vite fermé, d'après ce que je sais. En Ontario, ils ont résisté et se sont vu traînés devant les Tribunaux par Dairy Farmers of Ontario. Pour un résumé de l'affaire datant de février 2005 (et selon mes dernières infos de février 2006, les affaires étaient encore devant les tribuanux), voir cet article dans le magazine de l'agriculture, Better Farming (http://www.betterfarming.com/2005/bf-feb05/dairy1.htm). Un vrai scandale cette affaire...
Il faut réaliser que la gestion de l'offre fournit non seulement une protection vis-à-vis des producteurs étrangers, mais détruit aussi toute concurrence au Canada, au détriment des consommateurs canadiens, mais aussi de toute l'industrie qui utilise le lait comme matière première.
PS. Delphine Q. a écrit: "-De plus il me semble qu'il y a un prix maximum pour le lait au Québec ce qui fait qu'on ne peut pas payer plus cher qu'un prix X... alors le consommateur s'en tire plutôt bien, non?"
En fait, il y a en effet un prix maximum au détail, mais cela ne sert absolument pas le consommateur et a peu de choses à voir avec la gestion de l'offre (les autres provinces n'ont pas cette réglementation supplémentaire, comme au Québec, et pourtant appliquent la gestion de l'offre).
D'une part, le prix imposé par la gestion de l'offre est à la sortie des fermes (le prix maximum, lui est décidé au détail et n'a donc aucune influence sur celui-ci, qui est en amont, à la sortie de la ferme).
D'autre part, en même temps qu'un prix maximum, il y a aussi un prix minimum imposé (donc le prix au consommateur au Québec doit se trouver dans une fourchette). Tout cela est censé protégér les petits détaillants contre les grands supermarchés (!?). En réalité, ces derniers veulent généralement vendre le lait moins cher que le prix minimum imposé (la soi-disante "guerre du prix du lait"). C'est encore une fois aux consommateurs d'en subir les conséquences!!
Rédigé par : valio | 10 décembre 2006 à 06h45
Delphine Q. a écrit: "-De plus il me semble qu'il y a un prix maximum pour le lait au Québec ce qui fait qu'on ne peut pas payer plus cher qu'un prix X... alors le consommateur s'en tire plutôt bien, non?"
J'ai habité l'Alberta dans les 2 dernières années et pour un 4 litres de lait, j'ai payé entre 3,59$ et 3,79$ donc je dirais que le consommateur québécois ne s'en tire pas bien non.
Rédigé par : Sébastien | 10 décembre 2006 à 17h16
Sébastien a écrit : «J'ai habité l'Alberta dans les 2 dernières années et pour un 4 litres de lait, j'ai payé entre 3,59$ et 3,79$ donc je dirais que le consommateur québécois ne s'en tire pas bien non.»
Ça pourrait être pire! Vous pourriez habiter au N.-B. et payer presque 6$ pour 4 litres de lait!
Rédigé par : Hugo | 11 décembre 2006 à 08h30
3.29$/4L en Saskatchewan.
Rédigé par : Daniel Paquet | 11 décembre 2006 à 10h55
De grâce, n'allez surtout pas dire aux "environnementeurs" que les pets et les rots des vaches polluent davantage que les véhicules! Premièrement, toute leur théorie anti-SUV viendrait de perdre toute crédibilité (tout le monde sait qu'ils aiment bien traiter les automobilistes d'ignobles pollueurs), et deuxièmement, ils pourraient forcer le gouvernement à voter une loi qui obligerait la population à devenir végétarienne!
Bon, d'accord, j'exagère. Si peu.
Rédigé par : Numero 3 | 21 décembre 2006 à 21h09