Couche-Tard en faillite? En fait, pas exactement... Mais c'est tout comme, si on en croit son PDG. En réaction au projet de loi visant à permettre aux supermarchés d'avoir plus d'employés sur le plancher en fin de soirée et la fin de semaine en soirée, Alain Bouchard mentionne dans un article de la Presse canadienne: «Pour un consommateur qui une fois dans sa vie va aller acheter un steak à 3h00 du matin, on va bulldozer les petites surfaces. Ça n'a pas de sens.» Un argument quelque peu exagéré et fondamentalement erroné. Si le seul plan d'affaire viable pour les petites surfaces est de criminaliser toutes les alternatives à leurs commerces, il y a un léger problème.
M. Bouchard représente une coalition de détaillants de petites surfaces (dépanneurs, épiceries de quartier, etc.) selon laquelle «le ministre du Développement économique favoriserait uniquement les grandes chaînes d'alimentation au détriment de tous les autres. La coalition lui demande notamment d'instaurer des heures d'ouverture fixes en dehors desquelles les grandes surfaces devront fermer, d'abandonner complètement la règle des quatre employés et d'obliger la fermeture des supermarchés lors de certains jours fériés.» Quelle étrange façon de voir les choses. Permettre à tous d'opérer selon les mêmes règles équivaudrait à favoriser certains, alors qu'un règlement plus strict envers les supermarchés serait lui parfaitement juste!
En fait, les dépanneurs aiment bien être protégés de la concurrence des supermarchés, ça leur permet de continuer à vendre leurs marchandises beaucoup plus cher. Avec les mêmes règles s'appliquant à tous, les consommateurs vont bénéficier de prix plus bas, d'un service de meilleure qualité, et, pendant ce temps, les dépanneurs vont s'en tirer tant bien que mal en vendant de l'essence, des slushs aux petites filles et des bonbons aux adolescents gelés. A-t-on vraiment besoin de payer 4$ pour un pain vieux d'une semaine?
Couche-Tard a perdu plusieurs plumes dans mon estime avec cette histoire. Sans dire que la compagnie n'aurait pas connu de succès sans cette loi et celle sur le prix plancher de la bière, on voit clairement que la compagnie n'a rien d'une étoile et qu'elle mise elle aussi sur le protectionniste et le corporatisme pour faire de l'argent.
Rédigé par : Philippe | 12 décembre 2006 à 08h49
Mini-précisions qui ne changent en rien le contenu du messages
1- Les dépanneurs avec essence collectent un pourcentage généralement très réduit des ventes d'essences: les pétrolières ont une gestion serrée, ce qui en soi n'est pas un problème. C'est juste un peu compliqué pour le propriétaire de se faire une paye avec l'essence des clients
2- Et en tant que commis de dépanneur à temps partiel, je peux dire qu'en matière de service, je me donne comme pas un, et je suis sûr que je plante pas mal de caissières d'épicerie! Perso, je crois que les dépanneurs ont, et de loin, un meilleur service que bien des grandes surfaces impersonelles: la raison pourquoi des bons dépanneurs avec des commis qui n'ont pas des faces d'air bête pourront certainement tirer leur épingle du jeu... et non, notre pain ne date pas d'une semaine!
3- Ce n'est pas que la compagnie mise sur les lois pour subsister, mais elle protège ses avantages par la réglementation, c'est un réflexe naturel et financièrement justifiable car tout le monde veut tirer la couverte de son bord, c'est juste moralement injustifiable, à quelque part.
Bref, les dépanneurs vont survivre, ils se réajusteront simplement en conséquence: meilleur service, meilleurs produits, relation de proximité... manquerait plus que l'essence grimpe encore un peu pour décourager les gens d'aller à l'épicerie en auto et marcher au petit dépanneur d'à côté
Rédigé par : Louis-Benoit | 12 décembre 2006 à 12h31
En réalité, les produits d'épicerie que vendent les dépaneurs sont en vente justement parce qu'on réglemente les supermarchés. Le dépanneur est UN DÉPANNEUR. Il n'est là qu'en cas d'urgence. Anyway, les lois dans le domaine économique n'ont pas leur place. C'est parfaitement ridicule de jouer à l'autruche et se cacher derrière des lois du genre. Au fait, si un gars cruise ma blonde, c'est un reflexe naturel de le buter pour pas qu'il recommence (ou alors le frapper solidement) sauf que ça ne le justifie pas. Les depanneurs jouent les enfants gâtés et ça ne m'écoeurerais pas si le gouvernement n'irait pas s'en mêler. Whatever, au plus vite qu'on enlève ces bordel de loi stupides là!
Rédigé par : Kevin Pouliot | 12 décembre 2006 à 18h52
C'est un peu ce que je voulais dire en fait: un réflexe naturel des dépanneurs mais injustifiable sur bien des points.
Cela dit, les dépanneurs sont tenus de vendre certains produits, même chose pour des épiceries et dépanneurs sans le statut de pharmacie qui ne peuvent pas vendre de médicaments "extra-forts", et les stations-services qui théoriquement ne peuvent légalement pas donner d'alumettes... plein de lois douteuses comme ça, le monde du commerce semblent en être bourré. Vivement quelques dérèglementations pour libérer le commerce de détail.
Rédigé par : Louis-Benoit | 12 décembre 2006 à 19h36
Toute cette "crise" préfabriquée me fait penser à celle qui a eue lieu lors des négociations sur l'ouverture des commerces le dimanche au début des années quatre-vingt-dix et où ces mêmes dépanneurs nous annoncaient mille cataclysmes; or, rien de tout cela n'est arrivé...
Le gouvernement provincial n'a absolument rien à foutre dans les heures d'ouverture des commerces. Ces derniers savent bien mieux que nos "courageux fonctionnaires et politiciens" bien emmitouflés dans leurs privilèges, comment gérer leur propre business. D'ailleurs, les exemples de mauvaise gestion gouvernementale pullulent par les temps qui courent et ils n'ont de leçons à donner à personne...
Il faut complètement dérèglementer les heures d'ouverture des commerces et sortir le gouvernement de ce dossier et si certains dentre-eux décident de demeurer ouverts 24 heures par jour et qu'ils trouvent des employés disposés à travailler la nuit (comme le font déjà des milliers d'employés d'usine et de services publics), eh bien, qu'ils le fassent. J'ai rien contre, au contraire. Cela facilitera le magasinage des personnes qui, par leurs contraintes personnelles ou professionnelles n'ont d'autres choix que d'acheter leurs escalopes de veau à des heures autres que celles que veulent nous imposer les syndicats.
Rédigé par : François | 13 décembre 2006 à 04h29
@ Louis-Benoit
Parmi les lois douteuses, tu pourrais nous dire, toi qui travaille dans un dépanneur, si tu as déjà vu quelqu'un ouvrir une livre de beurre pour constater que c'est bien du beurre, et non de la margarine?
Pourtant, une loi québécoise interdit de vendre de la margarine qui a la même couleur que le beurre! Ça me fait penser aux royaumes des contes pour enfants, où il y a des lois qui obligent les gens à casser les oeufs par le petit bout. Absurde!
Mais comme je l'ai dit dans un autre thread, pour faire un véritable ménage, il faudrait des politiciens avec une colonne vertébrale, et pour paraphraser une certaine pub, "Si ça existait, on l'aurait!"
Rédigé par : Numero 3 | 18 décembre 2006 à 19h21