La ministre de l'Agriculture du Manitoba, Rosann Wowchuk, a annoncé cette semaine la distribution postale de plus de 20 000 questionnaires à des fermiers de la province. Une démarche qui vise à connaître leur opinion sur la légitimité de la Commission canadienne du blé (CCB), cette organisation protectionniste qui en vertu de la loi achète tout le blé et l'orge produit dans l'Ouest pour ensuite le vendre sur le marché, en promettant des redevances. Membre du NPD, la ministre entend se servir de ce plébiscite non officiel pour forcer le gouvernement de Stephen Harper à être prudent dans ses intentions d'abolir la CCB. Or peu importe le résultat de cette consultation, il n'y a aucune justification morale au maintient en place d'un tel monopole et pas la moindre obligation d'écouter ceux qui se cachent derrière depuis trop longtemps.
La Commission canadienne du blé est un vieux vestige du passé qui devait être, à l'époque, une mesure temporaire adoptée dans le cadre de l'effort de guerre (tout comme l'impôt sur le revenu) et cela, pour maintenir les prix plus bas. Aujourd'hui, l'économie agricole est bien différente. Elle oblige à être compétitif et innovateur, ce que la Commission ne facilite pas. Quand un fermier est incapable de vendre sa propre récolte sans passer obligatoirement par une agence fédérale, il y a quelque chose qui cloche. En 1996, Dave Bryan a été accusé d'avoir exporté illégalement son blé vers les États-Unis. Deux ans plus tard, un jeune fermier du Manitoba a été poursuivi en justice pour avoir fait affaire avec des intermédiaires sans l'aval de la CCB. Refusant de se présenter devant le juge, Clayton Desrochers a été condamné à soixante jours de prison. Même sort pour une vingtaine de producteurs de l'Alberta, incarcérés pour avoir effectué des échanges avec le Montana. Si le gouvernement fédéral peut passer outre le droit d'un fermier sur sa propre production, imaginez ce qu'il peut faire avec les droits civils des autres citoyens.
S'il faut en croire la ministre Wowchuk, sans la protection de la CCB les fermiers de blé de l'Ouest sont condamnés à disparaître. Une déclaration à balayer du revers de la main. L'État n'a pas à maintenir en place cette bulle protectrice autour de producteurs qui jouissent de privilèges que les autres industries n'ont pas. Seul le marché doit récompenser ceux qui sont les plus efficaces et pénaliser ceux qui ne le sont pas. D'ailleurs depuis que les producteurs d'avoine se sont libérés du joug de la CCB (1989), loin de disparaître, ils sont devenus plus compétitifs sur le marché international. Ceci dit, si des groupes d'agriculteurs souhaitent absolument demeurer unis sous une bannière similaire à celle de la Commission, qu'ils le fassent sur une base volontaire en devenant actionnaires. En aucun cas, un producteur ne devrait être forcé de faire affaire avec ce type d'organisation contre son gré. Malheureusement, au sein du système actuel, on considère que le producteur de blé ne devrait jamais être aux commandes de son propre destin. Avoir le choix est un crime!
Il y a quelque chose de vraiment paradoxal derrière tout ça. Sur la scène internationale, le Canada a toujours été en faveur de l'élimination des barrières commerciales en convainquant même plusieurs pays de signer des accords multilatéraux, y compris dans le domaine de l'agriculture. Toutefois, les producteurs étrangers n'ont pas la tête dans le sable. Ils ont compris depuis longtemps que la Commission canadienne du blé fonctionne en dehors des grands principes fondamentaux du libre-échange. Il est plus que pathétique de voir nos députés, incluant le nouveau chef du Parti libéral, Stéphane Dion, jouer la carte de l'opportunisme en se portant à la défense des pratiques restrictives et monopolistiques de cet organisme.
Chaque fois que je vois des incarcérations ou des amendes du genre.. je pense au film V for vendetta, à l'Allemagne de 1930-1945, à la Russie... je suis dégoûté de voir à quel point certains sont prêt à tout pour imposer leurs choix aux autres. J'aurais presque peur de ceux qui prône plus d'intervention de l'état si ce n'était que je sais que c'est une marque d'ignorance seulement. C'est pourtant si simple d'écouter les deux côtés et de faire son choix. Allez vous promener sur les sites de groupes de femmes, sur les site de Québec solidaire ou autre groupe gauchiste... c'est pitoyable comme argumentation. Ce que j'aime du QL, c'est les arguments appuyés, les sources, les faits, la rigueur de ce qui est dit et de la vérité qui est incontestable. Il n'y a pas d'émotion, seulement des faits, ce qui les rends véritables sans être modifiés. Le protectionnisme est la meilleure méthode pour garder l'économie mondiale aussi disparitaire.
Rédigé par : Kevin Pouliot | 08 décembre 2006 à 20h27