Le National Post publie ce matin mon article d'opinion sur l'encan de spectre dont les règles doivent bientôt être annoncées par le ministre fédéral de l'Industrie Jim Prentice. Le débat qui fait rage depuis plus d'un an concerne la pertinence ou non pour le gouvernement de favoriser l'entrée d'un quatrième joueur possédant son propre réseau sur le marché du téléphone cellulaire. Pour le moment, seuls Bell, Telus et Rogers possèdent un tel réseau.
Quebecor/Videotron, MTS et tous les partisans d'une règle favorisant les nouveaux joueurs prétendent que la compétition n'est pas assez forte dans ce secteur et que le gouvernement devrait l'encourager. Ils affirment également qu'il est nécessaire de réserver une partie des 105 Mhz mis à l'encan aux nouveaux joueurs, sinon ceux-ci ne réussiront jamais à faire des offres suffisamment élevées pour battre les compagnies titulaires.
L'article soutient au contraire que les règles devraient être les mêmes pour tous. On ne sait pas combien de réseaux devraient exister au Canada, ni si les avantages d'un réseau additionnel sur le plan d'une compétition accrue compenseraient les coûts élevés d'un tel investissement. La seule façon de le savoir est de laisser les joueurs confronter leurs différents plans d'affaires dans un marché ouvert. Une intervention du gouvernement pour réserver du spectre aux nouveaux joueurs serait toutefois l'équivalent d'une subvention et aurait pour effet de corrompre le processus de marché permettant une allocation optimale des ressources.
MISE À JOUR - 17H00 : Le ministre Prentice vient d'annoncer que 40 Mhz de spectre seront mis de côté pour les nouveaux joueurs. Le gouvernement forcera également les compagnies titulaires à partager leurs tours et leurs sites et à offrir des services d'«itinérance» (roaming) aux clients du ou des nouveaux qui verront le jour.
Cela signifie d'une certaine façon la nationalisation des installations des réseaux existants, pour en faire profiter les nouveaux joueurs. Le gouvernement a donc cédé à toutes les demandes de Quebecor, MTS et cie. Sous couvert de «favoriser la concurrence», il s'agit d'une intervention massive dans l'économie.
Rédigé par : Martin Masse | 28 novembre 2007 à 17h05
:(
Rédigé par : Francis St-Pierre | 28 novembre 2007 à 17h15
Haha, ca me fait rire (ou pleurer) après quand j'entends parler que la social-démocratie du Québec et du Canada est "modérée".
La seule chose qui la rend "modérée" est le nombre d'endroits ou elle intervient.
Mais quand elle le fait, elle le fait de manière on ne peut plus directe et non-subtile comme ceci le prouve.
Pensez-vous vraiment que Québécor a besoin d'une telle aide pour rentrer sur le marché du cellulaire ?
Rédigé par : FrancisD | 28 novembre 2007 à 18h02
Pour avoir de la concurrence, ce serait bien de laisser les cies étrangères bidder sur les nouvelles fréquences et ce, sans restrictions...
Rédigé par : Martin Gagné | 28 novembre 2007 à 20h40
@Martin Gagné,
En effet, ce serait la solution idéale pour avoir une réelle concurrence. Mais il faudrait pour cela changer la loi (en obtenant l'appui d'un parti d'opposition) qui restreint la propriété étrangère d'une compagnie de télécommunications possèdant un réseau. Pour le moment, seules les compagnies qui n'ont pas d'infrastructure de réseau (comme Virgin dans le cellulaire ou Vonage dans la téléphonie par Internet) peuvent être contrôlées par des intérêts étrangers.
Rédigé par : Martin Masse | 28 novembre 2007 à 21h59
L'intervention dans l'économie commence au moment où le gouvernement vend quelque chose qu'il n'a pas acheté mais sur lequel il s'est arrogé le droit de monopole.
Pour le reste, c'est juste une question de degré.
Rédigé par : Jean-François Hébert | 29 novembre 2007 à 12h39
@Jean-François Hébert
Oui, le problème part effectivement de là. Les encans de spectre ne sont qu'un moindre mal par rapport à la méthode en vigueur jusqu'à il y a dix ans, qui consistait à décider politiquement qui avait droit d'obtenir du spectre suite à un "concours de beauté" entre différents projet d'affaires.
Une note d'optimisme: des avancées technologiques en cours (notamment, sur le plan de la radio cognitive - http://en.wikipedia.org/wiki/Cognitive_radio ), qui permettraient une utilisation 100 fois plus efficace du spectre, pourraient mettre fin à la rareté des ondes et rendre ce contrôle étatique obsolète dans l'avenir.
Rédigé par : Martin Masse | 29 novembre 2007 à 15h07
En passant, la radio, télephonie et TV IP sonnera fort probablement le glas du contrôle étatique des ondes car elle n'aura plus de frontières.
En effet, quand les tours de transmission Wimax seront déployées, il se vendra des récepteurs pour installer sur les téléviseurs qui permettront de capter des chaines du monde entier tout ça sans-fils et à un prix modique. De plus, les cellulaires seront remplacés par des téléphones ip wireless qui se brancheront sur ces tours en question.
Le CRTC deviendra alors un dinosaure et la concurrence sera féroce...
Rédigé par : Martin Gagné | 29 novembre 2007 à 15h46
À moins que le CRTC, grâce à l'aide du reste du gouvernement, décide de bloquer la technologie de réguler sur le contenu dépendamment des régions.
Je ne m'en fais pas trop cependant, je quitte dans 2 ans.
Rédigé par : Yan | 29 novembre 2007 à 17h41
Après avoir lu l'article "The Value of Spectrum", j'ai eu un flash.
Si l'objectif est d'empêcher les compagnies existantes d'acheter le spectre pour "le mettre en friche" et augmenter la valeur de leurs services actuels, pourquoi ne pas simplement assortir la vente d'une clause qui oblige l'acheteur mettre les fréquences en service à défaut de quoi il doit les rendre au bout d'un an. Tant qu'à faire, on pourrait même assortir le tout d'une pénalité de 30%.
Rédigé par : Jean-François Hébert | 03 décembre 2007 à 19h33
@Jean-François Hébert
Il s'agit d'obligations relatives au déploiement, une méthode qui a effectivement été utilisée dans des encans ici et ailleurs. C'est une méthode moins draconienne qu'une mise de côté du spectre pour les nouveaux joueurs. Elle permet aux joueurs existants de participer à l'encan pour toutes les fréquences et de tenter d'obtenir toutes les fréquences qu'ils pensent pouvoir utiliser à court et moyen termes.
Ça ne répond pas aux objections que je soulève dans l'article concernant la pertinence de bloquer l'entrée d'un nouveau joueur. Et ça ne règle pas tous les problèmes non plus, même si on fait abstraction de ça. Le prochain encan de spectre n'aura lieu que dans trois ou quatre ans. Il faut planifier le déploiement de nouveaux services pendant cette période, sans savoir exactement que seront les nouvelles technologies dans quelques années et combien de bande passante sera nécessaire pour les offrir. De plus, la surveillance du déploiement est complexe et fondée sur des critères arbitraires: comment en effet juger si un investissement ou la construction d'infrastructures ont lieu assez ou pas assez rapidement? C'est plus compliqué que de dire qu'il faut "mettre les fréquences en service".
Rédigé par : Martin Masse | 03 décembre 2007 à 22h16