Vous les connaissez sans doute, ce sont eux qui utilisent de grandes toiles de couleur pour créer des oeuvres éphémères (inutiles, mais tellement belles) en «empaquetant» des monuments, des lieux, ou des paysages. Christo Javacheff et Jeanne-Claude Denat étaient de passage à Montréal hier à l'invitation de l'Association étudiante de Concordia. Dans La Presse de ce matin, Nathalie Petrowski parle de sa rencontre avec le tandem devenu célèbre dans le monde entier pour avoir emballé le Pont-Neuf à Paris et le Reichstag à Berlin. Cet extrait en dit long sur ce que sont réellement des artistes libres:
Qualifiés de génies et de visionnaires par les uns, d'ingénieurs et d'arpenteurs par les autres, Christo et Jeanne-Claude ont une façon absolument unique de procéder. D'abord, ils n'acceptent aucune commande et aucune subvention. «Toutes nos idées sortent de notre tête et de notre coeur. À ceux qui voudraient nous attirer dans leur ville, nous répondons que la meilleure façon de tuer une bonne idée c'est de nous la proposer. Nous voulons faire ce que nous voulons, comment nous le voulons. Le seul élément sur lequel nous n'avons aucun contrôle c'est quand. Pour le reste nous demeurons entièrement et totalement libres», affirme Jeanne-Claude. Le couple autofinance tous ses projets grâce aux dessins, croquis et maquettes que Christo dessine en quantités industrielles et qui sont achetés à prix forts par les collectionneurs et les musées. Le Musée des beaux-arts de Montréal possède d'ailleurs un de ces dessins. Parfois les projets avortent et tombent à l'eau. Parfois au bout de plusieurs années sinon d'un siècle de négociations, de tractations et de transformations, les projets finissent par voir le jour. Mais paradoxalement, ces projets qui coûtent plusieurs millions et nécessitent une armée d'ouvriers, ne durent que le temps... d'une chanson ou pour être plus exact: 14 jours. Après quoi, tout est défait, démonté, recyclé et récupéré.
Imaginez. Ces deux artistes font ce qu’ils veulent sans pour autant faire payer leurs factures par l’ensemble des contribuables. Ils réussissent à créer des oeuvres qui coûtent souvent plusieurs millions de dollars et ils s’autofinancent. C’est extraordinaire! Et on ne parle pas ici de produit culturel facile à vendre – comme des disques de musique pop ou des spectacles d’humoristes –, on parle d’art visuel. Tous ceux qui nous répètent ad nauseam que sans l’État et ses subventions il n’y aurait pas d’art peuvent aller se rhabiller. Si deux artistes en art visuel peuvent trouver un marché pour des oeuvres aussi pointues et vivre de leur art, tous nos chanteurs, nos romanciers, nos danseurs, nos peintres, nos sculpteurs, nos poètes, nos comédiens, nos réalisateurs, etc., le peuvent aussi.
"Le couple autofinance tous ses projets grâce aux dessins, croquis et maquettes que Christo dessine en quantités industrielles et qui sont achetés à prix forts par les collectionneurs et les musées. "
Les musées ne sont-ils pas aussi financés d'une façon importante par les gouvernements?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 06 février 2008 à 14h49
Certains, oui.
Rédigé par : Gilles Guénette | 06 février 2008 à 15h09
Mais au moins ces artistes ne sont pas subventionnés pour la création de leurs oeuvres.
Rédigé par : David | 06 février 2008 à 15h56
Si j'ai bien compris, ce n'est pas le projet lui-même qui est vendu, mais les plans préliminaires sous diverse formes, contrairement, par exemple, à un artiste-peintre ou un sculpteur qui doit vendre son oeuvre une fois finie pour entrer dans ses frais et peut-être faire un profit: est-ce bien cela?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 06 février 2008 à 19h03
Extrait de la section FAQ du site du couple:
Christo and Jeanne-Claude pay the entire cost of the artworks themselves. They earn all of the money through the sale of the preparatory studies, early works from the 50s and 60s and original lithographs on other subjects.
They do not accept grants or sponsorships of any kind. They do not accept donated labor (volunteer help). They do not accept money for things like posters, postcards, books, films, T-shirt and mugs or any other products at all. None.
Art collectors who are interested in acquiring original preparatory works of art may contact Jok e-mail. Christo and Jeanne-Claude act as their own art dealers and present original preparatory work to collectors in their studio, by appointment.
All monies for projects come from these art sales.
http://christojeanneclaude.net/faq.shtml#pay
Rédigé par : Gilles Guénette | 06 février 2008 à 19h22
Beaucoup d'artistes se financent eux-mêmes en vendant ce qu'ils produisent ou ont produit, mais ils ne vivent pas nécessairement de cette activité. Ils ne demandent pas non plus de subventions.
A qui donc vont les subventions des gouvernements dans le domaine de l'art? Il y a les musées, mais à part ça?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 06 février 2008 à 19h31
J'ai eu le plaisir de marcher sur le Pont-Neuf à Paris quand Christo et son épouse l'ont emballé. J'étais un peu sceptique au départ, mais cela s'est révélé très simple et très agréable : le tissu était comme de la toile de parachute, et donnait une sensation extrêmement plaisante de douceur sous les pieds.
Je me réjouis que cette expérience inattendue ait en outre été d'essence libertarienne ! ...
Rédigé par : Marianne | 06 février 2008 à 20h56
Parlant du BS des artistes, l'ADISQ à mon humble avis, ce n'est qu'un lobby suceux de subventions des gouvernements. Bref, l'ADISQ, c'est la plate-forme du syndicat des artistes qui demandent toujours plus de BS dans leurs poches.
Vous vous rappelez de leur sortie contre les "tape à cassette" vierge à l'époque? En échnage, ils ont obtenus une taxe sur les cassettes vierges...shling shling dans la poche des artistes...Vous vous rappelez maintenant des CDs vierges, même chose, du piratage sur Internet (du coup monté du piratage du disque de Wilfred Leboutiller)? Encore une taxe, toujours des taxes, allouette.
Financer une culture minoritaire: le noble idéal.
Donner du BS aux artises en arnaquant le contribuable moyen: la véritable intention...
Rédigé par : Tym Machine | 06 février 2008 à 22h52
@ Gerry Flaychy
Les subventions vont d’abord aux fonctionnaires de la culture (!), puis aux artistes, aux regroupements et coops d'artistes, à la construction d'édifices culturels, aux entreprises culturelles (disque, livre, télé, radio, cinéma, etc.), aux programmes de promotion de la culture, aux établissements d'enseignement culturels (théâtre, cinéma, humour, etc.), à l'organisation d'événements culturels «gratuits» (festivals, Journées de la culture, concerts populaires, feux d'artifices, etc.), et j’en passe sûrement.
Il y a effectivement beaucoup d'artistes qui ne sont pas très connus et qui créent sans subvention. Par exemple, dans le domaine du disque, il s’est lancé pas moins de 480 albums faits au Québec, plus 45 mini-albums (les E.P.) et pas moins de 19 compilations l’année dernière selon le Recensement annuel des productions indépendantes québécoises 2007. Et la moitié de ces albums sont des autoproductions, faites souvent sans subventions! http://www.cyberpresse.ca/article/20080119/CPARTS03/801191233/5079/CPARTS03
Rédigé par : Gilles Guénette | 07 février 2008 à 08h58
Ce que l'ADISQ collecte, est-ce que ça va aux artistes, ou est-ce que ça va plutôt aux producteurs de disques et de spectacles i.e. ceux qui vivent du travail des artistes?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 07 février 2008 à 09h39
@ Gilles Guénette
Finalement, cela me donne l'impression qu'il y a peu de subventions qui s'en vont aux artistes eux-mêmes, du moins directement.
Il me semble que c'est plutôt l'industrie bâtie autour des artistes qui profite le plus de ces subventions.
Rédigé par : Gerry Flaychy | 07 février 2008 à 09h52
Vous devriez fouiller un peu le dossier de Normand L'Amour.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Normand_Lamour
Rédigé par : David | 07 février 2008 à 10h59