par Martin Masse
Ce matin, alors que je buvais mon café et regardais la photo d'un ours polaire mignon (mais sans nul doute menacé par quelque horreur du monde moderne) dans la page de propagande verte de Jean Lemire que publie chaque dimanche La Presse, une pause publicitaire à la radio de Radio-Canada me fait tirer l'oreille. Sur fond de musique apocalyptique et avec son ton de fin du monde habituel, Charles Tisseyre annonce son émission Découvertes de ce soir à la télé: nouvelle série, blablabla, la puissance d'une planète, blablabla, fonte des glaces, blabla, disparition des glaces. Bon, rien de neuf là non plus.
Quand donc nos médias vont-ils en parler? Ça devrait pourtant avoir déjà fait une manchette. Lemire aurait dû au moins déjà y avoir fait allusion, lui qui nous parlait pratiquement chaque semaine du retrait catastrophique de la banquise à l'été et à l'automne. Comment se fait-il que La Presse n'y ait pas encore consacré un dossier spécial de quatre pages? Vous ne savez pas de quoi je parle? Du retour de la glace, voyons!!!
Eh oui, pendant que tous nos grands experts environnementalistes continuent de pérorer sur la disparition du pôle nord, les glaces sont de retour dans l'hémisphère nord. On est en hiver évidemment, il fallait donc s'y attendre. Mais toute cette controverse tient à l'évolution des glaces d'une année à l'autre. L'été dernier, la superficie de la banquise avait diminué subitement à 3 millions de km2, contre 4 l'année d'avant et plus de 5 normalement il y a une vingtaine d'années. C'est cette diminution du quart de la surface glaciaire en un an qui nous a valu le bombardement médiatique des derniers mois.
Normalement, on s'attendrait à ce que ce recul se maintienne aussi en hiver, toutes proportions gardées. Au cours des dernières années, la banquise reculait aussi en hiver. Mais ce n'est pas ce qui se passe cette année. L'hiver n'est pas encore terminé, et la banquise a déjà légèrement dépassé sa superficie de l'an dernier à pareille date. En fait, on se rapproche des moyennes des années 1978-2000 (voir les graphiques tirés du site Cryosphere Today. Le National Snow and Ice Data Center, qui mettait ses données et graphiques à jour rapidement jusqu'à récemment, a bizarrement cessé de le faire ces derniers mois. Tout ce qu'on y retrouve, ce sont des données et images sur le déclin de l'été dernier).
Le phénomène est d'autant plus étonnant que la même chose se produit en Antarctique - où c'est l'été - mais avec une ampleur encore plus prononcée. Depuis septembre dernier, il y a en fait plus de glace dans l'hémisphère sud qu'il y en a eu en moyenne de 1979 à 2000. D'ailleurs, il est impossible de distinguer une diminution de la couverture glaciaire au cours des trente dernières années, comme le second graphique l'indique.
Cela signifie-t-il que le recul est terminé et que la banquise reviendra à sa taille normale l'été prochain dans le nord? Je n'en sais absolument rien. La glace est peut-être plus mince et fondra plus rapidement. Tout ce que je sais, c'est que les écocatastrophistes restent cois et que pratiquement aucun média ne mentionne ces données récentes qui semblent mettre un bémol à la version officielle de la disparition de la banquise. J'ai beau chercher, je ne trouve rien (sur le Web en tout cas) en français, et seulement deux articles en anglais: un de CBC et un autre du Telegraph. Contre des dizaines de milliers annonçant la disparition de la banquise depuis six mois, autant en français qu'en anglais!!!
Il sera intéressant de voir l'évolution de la situation au cours des mois qui viennent, ainsi que la réaction des «experts» et des médias. M'est avis que si la banquise revient à sa taille normale, c'est seulement ici que vous en aurez entendu parler.
Il ne faut pas nier qu'il y a un phénomène nouveau ces dernières années. Des scientifiques démontrent qu'il y a des perturbations (fonte des glaces aux deux pôles, hausse des températures, événements climatiques extraordinaires). Mais cette information est toujours liée avec des prédictions qui frisent souvent la catastrophe. Oui, une évolution du climat est en cours. Mais pourquoi l'évolution est-elle tant détestée? La stabilité amène un sentiment de sécurité alors que le changement, l'évolution amènent des craintes, des peurs, surtout lorsque nous n'avons pas de contrôle. Les prophètes de malheur exploitent cette peur pour des raisons qui leur sont propres. Cependant, je déplore le fait qu'il n'y a que ces artisans de la peur qui sont présents dans les médias.
La seule chose qu'il faut préciser, c'est que les partisans d'un débat sur l'environnement sont bien souvent accusés de négationnistes, d'autruches niant la réalité. Parce que vous la savez la réalité? Environnement Canada a de la difficulté à prédire la météo demain, mais ces mêmes fonctionnaires peuvent savoir l’état de la météo mondiale dans 100 ans? Quelle absurdité!
Rédigé par : Jean-Reno Chéreau | 17 février 2008 à 15h53
La réapparition de la banquise au pôle nord s'est faite à un rythme record à la fin d'octobre et en novembre. En décembre, le phénomène était évident, comme l'atteste le lien ci-dessous. Que les médias n'en aient pas parlé, c'est vraiment un cas de censure: ils ne peuvent pas ne pas savoir.
http://www.thedailygreen.com/environmental-news/latest/arctic-sea-ice-47121205
Rédigé par : humain51 | 17 février 2008 à 16h20
Je suis en train de lire l'excellent "Léviathan" de Hobbes. Sans rire, un passage est particulièrement intéressant à citer surtout qu'il résume bien le discours apocalyptique des médias au sujet de l'environnement:
"L'anxiété de l'avenir dispose à s'enquérir des causes des choses: en effet cette connaissance rend l'homme d'autant plus apte à ordonner le présent en vue de son plus grand avantage."
Cause: l'impact de l'homme sur l'environnement. Conséquence: L'explosion(!) de la planète.
Les climatologues, météorologues et autres trouvent-ils un avantage à diffuser un message de catastrophe prochaine?
Rédigé par : Jean-Reno Chéreau | 17 février 2008 à 17h06
Oh, le débat sur la fonte des glaces... un joyeux cocktail de science, de statistiques, de politique et d'alarmisme.
Tout d'abord, pour rester objectifs, il faut constater que sur le premier graphique, la glace fait effectivement une remontée significative cette année, mais on observe tout de même clairement une tendance globale à la baisse. Mais attention ! Par "globale", j'entends globale par rapport à un échantillon de 30 ans, ce qui, par rapport à l'âge de la Terre, est insignifiant. Bref : on tire des conclusions sur des phénomènes que l'on comprend très mal parce qu'on ne les étudie vraiment que depuis quelques décennies, quoi qu'en disent certains experts et prétendus experts. Si la tendance à la hausse se maintient au cours des années qui viennent, on pourra alors véritablement remettre en doute ces conclusions : d'ici là, il s'agit malheureusement des seules données à notre disposition.
La météorologie n'est pas pour autant une science occulte, loin de là, mais comme dans toute science l'erreur y est possible. Les modèles mathématiques utilisés sont solides mais sur une période de quelques jours tout au plus. Les prédictions à plus long terme, quant à elles, viennent d'un ensemble de simulations utilisant différentes conditions de départ et duquel on tire des conclusions, bien entendu, approximatives.
L'autre problématique, plus sérieuse selon moi, dans le "débat" sur le réchauffement climatique - s'il y en a vraiment un ! - provient de l'ingérence du politique dans le domaine scientifique. Tous les scientifiques qui ont voulu faire un contre-examen des données du GIEC se sont vus refuser les fonds nécessaires. La raison ? Ce serait politiquement irresponsable de le faire, surtout considérant l'unanimité sur le sujet, qui est donc clos pour nos têtes dirigeantes. Lorsque la politique insère son nez dans les sciences, c'est trop souvent ce qui arrive - pensons à tous ces chercheurs en biologie, aux États-Unis, qui ne peuvent plus faire de recherche sur les cellules souches non-embryonnaires à cause du débat éthique (justifié, j'en conviens) sur les cellules souches d'origine embryonnaire. L'incompréhension, pardon, l'IGNORANCE des dirigeants politiques américains, et un peu partout dans le monde d'ailleurs, nous empêche de faire des pas de géant vers des remèdes extrêmement intéressants pour des maladies incurables, dans ce cas-ci. Dans le cas qui nous occupe ici, l'absence de fonds empêche les scientifiques dubitatifs d'offrir une véritable opposition scientifique et provoquer un véritable débat d'idées. Malgré l'unanimité des experts du GIEC sur le sujet et toute l'admiration que j'ai pour ces gens, ne pas donner une voix, aussi minime soit-elle, à leurs opposants transforme leur rapport en un simple pamphlet promotionnel pour vendeurs de camelote "verte", indigne même d'un publi-sac. L'histoire des sciences regorge d'exemple où les sommités d'un domaine refusaient même d'entendre les dissidents et de leur accorder un tant soit peu de crédibilité - nous n'avons qu'à penser à Galilée, Einstein ou Oersted.
Le réchauffement planétaire dû à l'Homme n'est en somme pour moi qu'une théorie. Elle vaut certainement la peine qu'on s'y attarde et qu'on l'étudie pour en déterminer les effets possibles à court et long terme, advenant sa validité lorsque l'ensemble de données sera plus significatif. D'ici là, cependant, je ne compte pas convertir ma maison à l'énergie éolienne ou solaire.
En terminant, je vous laisse ce lien vers un savoureux article du prestigieux Time magazine que j'affectionne particulièrement, publié le 24 juin 1974, qui traite de la glaciation prochaine de notre planète.
Another Ice Age ? http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,944914,00.html
Comme quoi ces lubies apocalyptiques ne datent pas d'hier et ont la vie dure, malgré qu'elles changent bien souvent de forme.
Rédigé par : David Lacerte | 17 février 2008 à 17h48
Il y a l'étendue de la glace aux pôles, mais il y a aussi l'épaisseur.
Y a-t-il des statistiques sur l'épaisseur?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 17 février 2008 à 18h16
Moi je vous fait le parie que si les glaces se rétablissent, au lieu d'en parler ils vont trouver autre chose, comme par exemple les algues bleues.
Rédigé par : Louis LeBrun | 17 février 2008 à 23h17
Ils vont bien trouver quelque chose, en effet Louis.
Vous rappelez-vous il y a 5-6 ans la grosse mode était de catastropher sur le "peak oil". Les alarmistes clamaient haut et fort qu'on allait manquer de pétrole dans quelques années, généralement 25-50 ans.
Quand plusieurs pays ont révalué leurs réserves bien à la hausse, comme par hasard l'idée du réchauffement climatique a commencé à être bombardée sur toutes les chaînes. Et hop, un autre raison pour des prix élevés du pétrole, la culpabilisation de la populace et des mesures interventionnistes musclées. C'est drôle la vie, hein!
Rédigé par : Francis St-Pierre | 17 février 2008 à 23h26
Pour ajouter à l'article apocalyptique du Time de David Lacerte, voici celui de Newsweek du 28 avril 1975 sur le "Global Cooling" qui nous menaçait. On parle de consensus scientifique, de famines, etc. La température avait chûté entre 1940 et 1975 alors que le monde produisait pourtant des tonnes de CO2 !
On dirait que l'on n'apprend jamais de nos erreurs. Dès que les températures ont recommencé à remonter, on est parti aussitôt dans l'hystérie du "Global Warming". Comme les températures n'ont pas augmenté depuis 1999 (1998 a été l'année la plus chaude), recommencera-t-on à parler de "Global Cooling" bientôt ?
http://denisdutton.com/newsweek_coolingworld.pdf
Rédigé par : humain51 | 18 février 2008 à 06h56
"Environnement Canada a de la difficulté à prédire la météo demain, mais ces mêmes fonctionnaires peuvent savoir l’état de la météo mondiale dans 100 ans?"
Monsieur Chéreau, si vous voulez être crédibles, ne confondez pas le CLIMAT (étude du comportement à long terme) et la MÉTÉO (prévision à court terme)
@humain51
Ce n'est pas parce que le refroidissement était faux que le réchauffement est nécessairement faux. Tout de même, cela nous appelle à une grande prudence.
Tout de même, ce billet est fort intéressant et les environnementeurs ne pourront pas toujours s'en tirer avec leur soi-disant "consensus scientifique"!
Rédigé par : David | 18 février 2008 à 16h33