par Martin Masse
La Caisse de dépôt a besoin de presque cinq fois plus de gestionnaires que l'Ontario Teachers' Pension Plan pour investir notre argent. C'est ce qu'a découvert la journaliste Hélène Baril de La Presse. Avec ses 143 milliards $ d'actif à gérer, la Caisse emploie 880 gestionnaires; Teachers arrive de son côté à gérer 106 milliards $ avec seulement 180 employés.
Cette abondance de spécialistes financiers n'a pas permis à la Caisse de battre des records d'efficacité. «L'an dernier, la Caisse a fait mieux que Teachers', avec un rendement global 14,6% comparativement à 13,2%, mais c'était exceptionnel. Au cours des 10 dernières années, la petite équipe de gestionnaires Teachers' a systématiquement battu la grosse équipe de la Caisse.»
En calculant les dépenses en fonction de la valeur ajoutée par les gestionnaires par rapport aux indices de référence, Mme Baril en arrive à un résultat «assez désastreux pour la Caisse de dépôt. En 2006, qui a pourtant été une excellent année quant au rendement, le coût d'exploitation de la Caisse divisé par la valeur ajoutée produite par ses placements a été deux fois plus élevé que le même calcul pour Teachers'. Autrement dit, la Caisse a dépensé 13 cents pour chaque dollar de profit net qu'elle a obtenu tandis que Teachers' dépensait seulement 6 cents.»
On se souviendra que la construction du bureau principal de notre «bas de laine national» à Montréal avait occasionné des dépassements de coûts énormes - au lieu des 102 millions prévus, l'édifice du Quartier international a coûté au-delà de 360 millions.
On observe encore une fois ici les caractéristiques habituelles du fameux modèle québécois: on étatise, on engage cinq fois plus d'employés qu'il en faut, on dépense trois plus que prévu pour se payer des locaux luxueux, et on justifie son inefficacité au nom de la nécessité de «contrôler nos leviers économiques nationaux».
S'il s'agissait simplement d'un autre fonds privé qui gère mal l'argent de ses clients, cela n'aurait évidemment aucune importance. La concurrence ferait son œuvre et la Caisse baisserait ses coûts d'exploitation ou finirait par faire faillite. Sauf que nous sommes la clientèle captive d'une organisation qui a reçu de l'État le privilège de nous voler presque 10% de notre salaire (jusqu'à un revenu de 44 900 $). Et quel recours avons-nous pour contrôler ce qu'elle fait avec notre argent? Aucun, à part celui de voter pour un parti ou un autre une fois tous les quatre ans.
Je pense que j'ai fait AU MOINS autant de gains (en pourcentage, mon investissement etait relativement "petit") que la Caisse de dépôt en m'achetant quelques pièces d'argent et autres métaux voilà 3 ans..
Et je suis juste un "ti-coune", pas d'études supérieures en économie ou quoi que ce soit en ce genre!
Rédigé par : Mattiew | 08 mars 2008 à 23h06
C'est le cas de toutes les administrations publiques au Québec. Serait-ce la preuve que nous sommes moins compétents que les anglophones? Le maire de Québec veut s'attaquer à ce problème en diminuant le nombre de conseillers, vous allez voir la montée de bouclier.
Rédigé par : Gilles Laplante | 09 mars 2008 à 00h25
Et dans la même série d'articles dans la section "Affaires" de La Presse d'hier, les journalistes Vincent Brousseau-Pouliot et Stéphane Paquet se demandent très pertinemment si Loto-Québec et Hydro-Québec sont bien gérés.
Les articles sont très révélateurs lorsque l'on compare les rendements de notre Loto-Québec "nationale" aux sociétés de loterie de certaines autres provinces qui se trouvent pourtant dans le même Canada que la nôtre...
Quant à Hydro-Québec, un autre monopole "national", on y apprend que l'embauche de personnel ne cesse d'augmenter (il y a 3,500 employés de PLUS qu'il y a 10 ans malgré la technologie qui est censée nous rendre plus productifs...) et que ces employés nous coûtent un petite fortune par année (le coût moyen d'un simple employé de bureau à Hydro-Québec est de $66 284 par année! Imaginez les autres...). Dans un récent exercice de balisage pour les activités comparées, notre pachyderme "national" se classait 17e sur 19!!!
Il serait peut-être temps d'envisager un traitement amaigrissant pour ces 3 ventripotentes structures.
Rédigé par : François 1 | 09 mars 2008 à 06h40
"Autrement dit, la Caisse a dépensé 13 cents pour chaque dollar de profit net qu'elle a obtenu tandis que Teachers' dépensait seulement 6 cents."
Mme Baril
Il n'est pas clair si ces dépenses ont été incluses dans le calcul des rendements de 14,6% et 13,2%.
Si elles ne l'ont pas été et qu'on les inclut, on obtient alors des rendements de 12,7% pour la Caisse et 12,4% pour Teachers.
La différence de 0,3%, ou 2½% en chiffres relatifs, n'est plus que de l'ordre d'une marge d'erreur (qu'on ne connaît pas dans ce cas-ci mais qui se trouve dans toute mesure).
Par conséquent, si c'est le cas, on ne peut départager qui est le meilleur des deux. En plus, il faudrait savoir si on a tenu compte de l'impôt à payer sur certains rendements.
Mais est-ce que ces institutions nous donnent les bons chiffres ou nous donnent-ils les chiffres qu'ils veulent bien nous donner ? Par qui ces chiffres ont-ils été audités ?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 09 mars 2008 à 10h28
Pas vraiment une nouvelle en ce qui me concerne, la Caisse est un genre de terrain de stationnement pour diplômés des HEC (et accessoirement tinamis de Québec Inc., aux postes de direction). Mais tout à fait exact, excellent billet Martin.
Dans le même ordre d'idée on pourrait aussi mentionner que le gouvernement du Québec compte davantage de ministère que celui de la République française, davantage de personnel que le gouvernement de Californie (plus de 20 millions d'habitants), et généralement deux fois plus de fonctionnaires par citoyen que les gouvernements de pays comparables comme la Suède ou la Nouvelle-Zélande.
Bon, au moins vous savez à quoi servent vos impôts, héhé.
Rédigé par : Pierre-Yves | 10 mars 2008 à 11h43
@Gilles Laplante
"Le maire de Québec veut s'attaquer à ce problème en diminuant le nombre de conseillers, vous allez voir la montée de bouclier."
D'accord, mais Kid Kodak Labeaume l'arrogant devrait attendre d'obtenir une majorité au Conseil à la prochaine élection avec cette orientation dans son programme électoral. Ce n'est pas une dictature quand même!
S'il procède ainsi, il n'y aura pas la grosse montée de bouclier tant attendue.
Rédigé par : David | 10 mars 2008 à 11h55
@David
S'il attend la prochaine élection, il sera pris dans une ligne de partie et ne pourra plus bouger. Les conseillers sont là pour protéger leur job, pas pour travailler. Comme le maire l'a dit avec justesse, et ça s'applique autant au provincial qu'au fédéral, "il y en a qui n'auraient pas de job s'ils n'étaient pas conseillers".
Rédigé par : Gilles Laplante | 10 mars 2008 à 13h02
Qu'il se fasse élire en majorité avec cette orientation dans son programme électoral. Et à ce que je sache, c'est le chef qui dicte la ligne de parti. Le gouvernement du Québec ne doit pas accepter sa demande unilatérale même si sur le fond des choses, il a raison. Bordel, même la mairesse Boucher n'aurait jamais fait cela.
D'un autre côté, peut-être que popompopom Simoneau va perdre sa job, ce qui serait une bonne chose. Mononc' Régis devait penser entre autres à lui quand il a dit: "il y en a qui n'auraient pas de job s'ils n'étaient pas conseillers", j'veux dire euh... HAN!
Rédigé par : David | 10 mars 2008 à 13h41
Tourlou,
Ce sujet et le suivant tombent justement dans ce que je suis en train de lire. J'avais dans l'idée de pondre un petit blogue là-dessus, pour vous le suggérer mais tant qu'à y être... Il s'agit du dernier bouquin de Jean-Luc Migué, "On n'a pas les gouvernements qu'on mérite, Regard d'économiste sur les choix publics.", aux éditions Carte Blanche, édité en 2007. (J.-L" Migué a déjà écrit plusieurs textes au QL régulier voici quelques années.) Il y aborde toute une série de problèmes que l'on soulève régulièrement au QL et montre la mécanique par laquelle les lobbies et politiciens sont amenés à dilapider la richesse des citoyens pour le profit de quelques individus et groupes de pression. Il y pond aussi quelques belles pages de plaidoyer en faveur du droit de propriété, et fournit aussi une douzaine de pages de références pour approfondir notre connaissance de la machine politique et de ses travers...
Rédigé par : Carl-Stéphane Huot | 10 mars 2008 à 20h40
Ça faisait partie de ses promesses électorales et il a été élu avec 62% des votes. Comme il n'appartient à aucun partie, il ne peut pas s'appuyer sur une ligne de partie donc selon ton approche, il ne pourrait rien faire alors que les citoyens l'ont élu pour faire le ménage, et Dieu sait si après L'Allier ça en prend tout un.
Pour ce qui est de Simoneau, je suis bien d'accord avec toi mais il n'est pas le seul.
Rédigé par : Gilles Laplante | 11 mars 2008 à 10h19
La Caisse et la Teachers sont-elles assujetties aux mêmes critères et contraintes dans le choix des investissements qu'ils peuvent faire ?
Voici un extrait de l'article de la journaliste Hélène Baril:
"Les gestionnaires de la Caisse doivent suivre les politiques d'investissement différentes de ses principaux mandataires, que sont la Régie des rentes, la Société de l'assurance automobile, la CSST et les autres groupes qui lui confient leur épargne en prévision de la retraite. L'Ontario Teachers' Pension Plan, de son côté, a un seul déposant, ce qui peut expliquer une partie de la différence d'effectif."
... et aussi de la possibilité ou non d'avoir de meilleurs rendements.
Rédigé par : Gerry Flaychy | 11 mars 2008 à 11h29
@Gilles Laplante
"Ça faisait partie de ses promesses électorales et il a été élu avec 62% des votes."
Bon point qui devrait faire en sorte que le RMQ mette de l'eau dans son vin. Sauf qu'il devrait y avoir consentement et non pas une demande unilatérale.
"Comme il n'appartient à aucun partie, il ne peut pas s'appuyer sur une ligne de partie donc selon ton approche, il ne pourrait rien faire alors que les citoyens l'ont élu pour faire le ménage, et Dieu sait si après L'Allier ça en prend tout un."
Il peut faire une partie du ménage mais il ne peut pas faire ce qu'il veut et nommer des comités de non-élus à la place des conseillers.
En ce qui concerne l'Allier, je vous rappelle qu'il était MINORITAIRE lors de son dernier mandat, l'opposition de l'ACQ les ti-n'amis de la mairesse Boucher est en partie responsable de cette situation.
De plus, je vous rappelle que les fusions ont fait en sorte de réduire le nombre d'élus municipaux de 140 à 37 (ou disons 51 si on compte les maires et les conseillers de St-Augustin et de la dictature de Lorangerville) à Québec.
Je conviens qu'il y a un ménage à faire dans l'administration publique municipale à Québec mais ce n'est pas en remplaçant UNILATÉRALEMENT des conseillers par des comités occultes de non-élus et en jouant au missionnaire de l' "entrepreneurship avec un fusil" qu'on va régler ce problème.
http://www.rmq.qc.ca/sgc/lang/fr/cache/bypass/pid/290?entryId=3197
Et bien sûr que Simoneau n'est pas le seul!
Changement de propos, je suggère au QL de parler de la meilleure libertarienne du Québec, Ghislaine Lanctôt.
Elle mérite certainement un prix du Québécois Libre!
http://www.personocratia.com/fr/index.php
http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2008/03/05/005-ghislaine-lanctot-mandat.shtml
Rédigé par : David | 11 mars 2008 à 11h52
Avez-vous des études pour nous démontrer que le Québec est sûrement un des états où le prorata des fonctionnaires VS la population totale est un des plus élevés au monde?
No wonder que 40% de notre main d'oeuvre soit syndiquée, 30% des gens travaillent pour le gouvernement.
Parle-moi d'une place où l'entrepreneurship règne en roi et maître (sarcastiquement parlant évidemment).
Rédigé par : Tym Machine | 11 mars 2008 à 23h37
@David
Je vous concède que le maire Labeaume n'est pas sans reproche, mais tant qu'il fera du ménage, je m'en accomoderai, à charge de l'électorat de le juger en 2009. Je ne pense pas que de demander à des élus d'abolir leur job ait beaucoup de succès.
Pour ce qui est de L'Allier, il a été en poste comme principal maire de la région pendant 16 ans et c'est de cela dont nous avons hérité lors de la fusion. Il était majoritaire lors de sa dernière élection mais il a su acheter à coup de voyage assez d'opposant pour pouvoir gouverner à sa guise. À choisir entre un maire arogant et un maire manipulateur, je préfaire l'arrogant, question de goût.
En passant, c'est curieux comme à l'Ancienne-Lorette les gens apprécient leur dictateur.
Les comités occultes, c'est la norme aux différents paliers de gouvernement. On appelle ça des études de consultants. Vous devez certainement savoir comment ça fonctionne.
Rédigé par : Gilles Laplante | 12 mars 2008 à 11h01
Ça me surprend que le QL ne salut pas la courageuse Madame Ghislaine Lanctôt dans un billet.
Si quelqu'un à des liens d'articles de nouvelles sur son cas (en anglais) ce serait apprécié. Je veux les envoyer à Free Talk Live...
Rédigé par : Martin | 12 mars 2008 à 11h17
@Gilles Laplante
"Il était majoritaire lors de sa dernière élection mais il a su acheter à coup de voyage assez d'opposant pour pouvoir gouverner à sa guise."
Donc vous admettez que l'opposition de l'ACQ est en partie responsable. Et cela implique que Labeaume peut laisser de côté sa guéguerre personnelle contre Bourget et négocier avec ses ex-ti-n'amis du RMQ. Pourquoi ne pas négocier l'abolition les postes des conseillers qui ne voudront pas revenir de toute façon en 2009 pour en abolir d'autres par la suite?
"En passant, c'est curieux comme à l'Ancienne-Lorette les gens apprécient leur dictateur."
Avec la tutelle qui s'en vient si rien ne change et l'élection de Dupuis le refusionniste dans l'élection partielle de l'automne dernier, l'appréciation est à la baisse mais rien n'est perdu encore pour le dictateur lorettain, qui a déjà été un excellent maire mais un très mauvais ingénieur tabletté et alcoolique. (Oui, je le sais je fais du ad hominem mais j'utilise un langage très bien compris de l'autre côté, je m'adapte)
Je préfère le comportement plus collaborateur et plus démocratique de la part de Corriveau.
Mais comme le PQ A OSÉ ne pas élire Loranger lors d'une investiture péquiste dans La Peltrie, celui-ci est devenu fou et fédéraleux et il n'y a rien à faire!
Pour le reste, je suis d'accord avec vous.
Rédigé par : David | 12 mars 2008 à 13h00
Est-ce que l'entrevue de Ghislaine Lanctôt avec Denis Lévesque est dans YouTube?
Si oui, cela vaut la peine d'être entendu.
Rédigé par : David | 12 mars 2008 à 13h07
Il me semble qu'on est rendu pas mal loin du «modèle québécois dans la gestion des pensions étatiques», ne trouvez-vous pas ?
Rédigé par : Gerry Flaychy | 12 mars 2008 à 13h19
Voici l'entrevue:
http://www.dailymotion.com/relevance/search/ghislaine%2Blanctot/video/x4odcl_une-resistante-a-letatmaquereau-un_politics
Si je distille le message en écartant les références aux concepts de "contrat implicite"/compagnie crée automatiquement à la naissance/etc, je suis d'accord avec le fond. Est-ce que le public a réagit à l'entrevue? Je crois que les questions de l'animateur sont par contre un reflet de l'opinion générale. "Vous ne pouvez pas être solidaire puisque vous ne payez pas d'impôt". Incroyable la contorsion mentale qu'il faut pour ne pas voir la vérité.
Rédigé par : Sylvain Falardeau | 12 mars 2008 à 13h33
Bon d'accord, revenons au sujet.
@Gilles Laplante
"Serait-ce la preuve que nous sommes moins compétents que les anglophones?"
Je dirais plutôt que nous sommes plus "bureaucratistes" que les anglophones. Néanmoins, l'excès de bureucratie engendre une plus grande incompétence structurelle.
Ça me fait penser à ceci:
http://www.leblogueduql.org/2007/04/les_hpitaux_ang.html
Rédigé par : David | 12 mars 2008 à 14h06