par André Dorais
Crocs Inc. a fermé son usine du quartier Saint-Malo à Québec pour transférer sa production là où la main-d’oeuvre est moins dispendieuse. Il n’en fallait pas plus pour que le ministre du Développement économique du Québec, Raymond Bachand, montre ses propres crocs. Non pas les sandales, mais les dents! Du «capitalisme sauvage» a-t-il lancé la semaine dernière en conférence de presse. Pouvait-on s’attendre à une autre réaction du ministre, docteur en administration, plutôt moralisateur, et ex-dirigeant du Fonds de solidarité FTQ? Disons que ce n’est guère surprenant.
Si les travailleurs licenciés sont présentement en difficulté, on doit faire attention à la façon de leur venir en aide. En effet, les gouvernements ont cette fâcheuse habitude de promettre mer et monde aux victimes avec l’argent des contribuables. On ne qualifie pas cette façon d’agir de sauvage, on préfère réserver cette épithète au capitalisme. Pourtant, entre ces deux façons de faire, seule la démocratie, et l’imposition qui la sous-tend, utilise la force pour arriver à ses fins.
Les politiciens se prennent un peu pour des prêcheurs et des vedettes. Ils prétendent savoir différencier entre le bien du mal et ne manquent pas une occasion de rappeler à leurs ouailles les préceptes socialistes: le capitalisme est sauvage, tandis que le gouvernement est humain, ou civilisé; aidez les uns en détroussant les autres; la force du nombre représente la légitimité; etc. La morale démocratique est douteuse, inefficace, mais ô combien! envahissante.
Crocs compte poursuivre sa production de sandales, mais ailleurs qu’au Québec. Les consommateurs auront donc encore le choix de les acheter ou non en maintenant leur pouvoir d’achat. L’entreprise aurait pu s’y prendre autrement, seul le temps permettra de juger si la décision était bonne. Pour l’heure, à l’instar du ministre, les boursicoteurs n’ont pas apprécié le geste, le titre ayant perdu 40% de sa valeur suivant l’annonce. Qui a dit que le marché répondait toujours favorablement aux licenciements?
Le capitalisme concentre le «mal» sur quelques travailleurs qui ont choisi de travailler pour une entreprise plutôt que pour l’autre. De son côté, la social-démocratie prétend être plus civilisée en sauvant les travailleurs d’un licenciement, voire en leur donnant de généreuses subventions. Ces pratiques ne font que redistribuer le «mal» à l’ensemble des contribuables. Tout le monde s’en trouve plus pauvre, mais soi-disant plus solidaire. Faut-il rappeler que la solidarité, la vraie, ne peut être que volontaire? C’est le propre du politique de faire passer une chose pour son contraire, de dire que le blanc est noir, le haut est le bas, le vrai est le faux, le bien est le mal, etc. Or, ce n’est pas parce qu’on traite les autres de sauvages qu’on est soi-même civilisé. Au contraire, c’est assouvir ses bas instincts, justifier sans les légitimer ses croyances et ses pratiques.
De toute façon, tous les employés seront replacés facilement ailleurs dans d'autres entreprises. L'aide gouvernementale est donc encore moins "nécessaire" dans ce cas
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 21 avril 2008 à 09h35
Voici un lien qui aidera les visiteurs de ce site à mieux comprendre les raisons de cette fermeture:
http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/archives/2008/04/20080416-213911.html
Fermeture de l'usine de Québec
Crocs: tous ne parlent pas de capitalisme sauvage
Mise en ligne 17/04/2008 04h00
Yvon Laprade
Le Journal de Montréal
Un professeur de HEC Montréal spécialisé en stratégie d’entreprise n’est pas prêt à condamner le «capitalisme sauvage» de la société américaine Crocs inc., qui a décidé de fermer son usine de Québec sans aucune consultation.
«Il y a beaucoup de frustrations, et c’est choquant de voir l’usine de Québec écoper de la sorte.
«Mais pour comprendre ce qui arrive à Crocs, il faut voir la réalité économique en face», explique le professeur Louis Hébert.
Cette réalité, selon lui, c’est la montée en flèche du dollar canadien, qui a fait, dit-il, «doubler les coûts de production en cinq ans».
«On est partis d’un dollar à 60 ¢ US à un dollar à parité avec la devise américaine», observe-t-il.
Le professeur ne se porte pas pour autant à la défense de la société américaine du Colorado, bien qu’il ajoute que ses gestionnaires ont été «proactifs» dans leur façon de gérer la décroissance de l’entreprise.
Il ne croit pas non plus que Crocs aurait connu autant de succès si l’entreprise était demeurée de propriété québécoise.
Mais à Québec, la fermeture de cette usine - et la perte de plus de 500 emplois syndiqués - continue de susciter la colère.
À Québec, mardi, le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, a piqué une colère et évoqué le « capitalisme sauvage » dont auraient fait preuve les dirigeants de Crocs inc. au Colorado.
Feu de paille
Le professeur de HEC Montréal croit que Crocs est un peu victime de son succès.
«Ça arrive fréquemment avec des produits innovateurs. Il y a d’abord une exubérance irrationnelle, puis un retour à une certaine maturité», constate le professeur.
Il compare des entreprises comme Crocs à des «gazelles» qui «explosent littéralement» avec des produits qui font sensation auprès des consommateurs.
«C’est un peu ce qu’on a vu avec le phénomène des Têtes à claques. Il y a un essoufflement», dit-il.
Depuis quelque temps, les sandales Crocs n’avaient plus la cote. Des chaînes de magasins de détail avaient même réduit leurs achats de sandales.
La baisse de popularité de ces chaussures - copiées par des concurrents en Chine - aurait fait perdre pied aux dirigeants américains, qui viennent de condamner l’usine de Québec.
«Il faudra voir comment Crocs va se comporter, mais la balloune semble se dégonfler», souligne Louis Hébert.
La vague de fermeture d'usines va se prolonger
La vague de fermetures d’usines au Québec va se prolonger pendant encore une année, selon le professeur Louis Hébert.
«Ce n’est pas terminé. Il y a un problème de compétitivité et de productivité», dit-il.
Il s’attend à ce que le secteur de la fabrication connaisse «des moments difficiles» et que le rôle de cette industrie au sein de l’économie (québécoise et canadienne) sera de moins en moins important.
«La fabrication a déjà compté pour 35 % des emplois (il y a environ 30 ans). Actuellement, c’est 25 % de tous les emplois, et ça va descendre à 20 % (comme dans bien des pays industrialisés)», dit le professeur de HEC Montréal.
«Le problème, c’est que les industriels se sont longtemps cachés derrière un dollar canadien faible (pour faire des profits de 40 %) sur les expéditions aux États-Unis. Ça ne tient plus», dit-il.
Rédigé par : François 1 | 21 avril 2008 à 14h31
Spas drôle quand on se plaint qu'on a pas une économie de tier monde...
Rédigé par : Kevin | 21 avril 2008 à 17h13
Et si la compagnie vendaient ses produits à un prix assurant un rendement moyen, les clients se plaindraient du prix abérant de leurs chaussures. La dernière possibilité étant tout bonnement la fermeture. C'est un catch-22 pour la compagnie, elle ne pouvait faire absolument aucun choix qui aurait été bien percu.
Rédigé par : Jean-François Grenier | 21 avril 2008 à 18h21
Bon, selon Wikipedia il s'agit d'un dilemme cornélien et non d'un catch-22, mon erreur.
Rédigé par : Jean-François Grenier | 21 avril 2008 à 18h25
Quand ils ont ouvert l'usine à Québec, il y a quelques années, c'était quoi: de l'anti-capitalisme sauvage?
Rédigé par : Philippe Texier | 21 avril 2008 à 20h00
Non, c'était de l'exploitation de travailleurs.
Rédigé par : Christian Fortin | 21 avril 2008 à 21h48
Le capitalisme sauvage m'inquiète beaucoup moins que l'étatisme sauvage: parce qu'en plus du pouvoir de taxation, l'État possède une autorité régalienne sur la législation, la police, et l'administration.
Du fait de ces pouvoirs énormes, la sauvagerie de l'État est absolue, alors que celle du capitaliste est relative. Elle ne devient dangereuse que lorsqu'elle infiltre les rouages de l'État et entre en collusion avec les intérêts politiques de celui-ci: rien n'est plus impitoyable que le capitalisme des ex-apparatchiks du système soviétique, car la symbiose entre l'argent et l'appareil répressif est parfaite.
Moins d'État, c'est moins d'occasions, pour des intérêts contraires à ceux de la collectivité, de détourner ce dernier à des fins éthiquement inacceptables, car la seule chose qui corrompe plus que l'argent, c'est le pouvoir.
La mésaventure des employés de l'usine Crocs à Québec, c'est une bête histoire de productivité qui traîne la patte, le résultat d'années de mauvaises allocation des ressources volées aux contribuables, particuliers et entreprises.
Souhaitons-en beaucoup d'autres, vite, afin que les Québécois finissent par comprendre à quel point le discours démagogique de leurs gouvernants les baise.
Rédigé par : Pierre-Yves | 22 avril 2008 à 06h46
Un article publié hier dans Le Soleil contredit totalement les dires des alarmistes:
"Si le plan de relance de leur entreprise devait frapper un mur, les 700 ex-employés du fabricant de sandales Crocs ne devraient pas avoir à se tourner les pouces bien longtemps avant de se décrocher un nouveau gagne-pain.
En l'espace de quelques jours à peine, 14 employeurs des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches ont cogné à la porte du service aux entreprises des centres locaux d'emploi (CLE) de Québec et de Lévis pour offrir plus de 120 emplois aux nouveaux chômeurs de Crocs.
Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, se réjouit de «l'élan de solidarité» démontré par les employeurs des régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches."
(...)
Rédigé par : François 1 | 24 avril 2008 à 04h56
À noter, la réaction débile typique du ministre Hamad, qui considère que les offres d'emplois sont motivées par un "élan de solidarité". Pour les illettrés économiques, les transactions sur le marché sont soit motivées par des émotions comme la solidarité et le partage, soit forcées par la main très visible de l'État lorsque les acteurs ne font pas suffisamment preuve des valeurs appropriées.
Il ne lui vient sans doute pas à l'esprit que ces entreprises se sont manifestées parce que le chômage est très bas dans la région de Québec et qu'elles ont besoin d'embaucher ces travailleurs pour accroître leur production, répondre à une demande et éventuellement faire plus de profits. Ouache!! Quelles motivations bassement matérialistes!
Rédigé par : Martin Masse | 24 avril 2008 à 08h41
@ Martin Masse: J'ai également sursauté en lisant cette réplique idiote du ministre Hamad et je me demandais si vous prendriez la peine d'y réagir. C'était mal vous connaître...
Rédigé par : François 1 | 25 avril 2008 à 08h36
Capitalisme sau....quoi?
http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/regional/archives/2008/05/20080501-173544.html
Rédigé par : Robert | 01 mai 2008 à 18h21