Par Gilles Guénette
Qui a dit que sans subventions à la culture, il ne se produirait plus rien au Québec? (Je sais, plein de monde…) On apprend ce matin que le cinéaste québécois Denis Villeneuve (Un 32 août sur terre, Maelström) vient de tourner un court métrage sans dialogues entièrement avec des fonds privés. Next Floor, qui sera présenté en première mondiale le mois prochain dans le cadre de la Semaine de la critique, une section parallèle du Festival de Cannes, a été produit par la mécène Phoebe Greenberg, la femme derrière la Fondation d'art Contemporain DHC/ART, par l’entremise de sa boîte de production PHI Group.
C’est pour rendre hommage à l'histoire d’un vieil édifice qu'elle possède, et dont l'intérieur devait être entièrement reconstruit, que Mme Greenberg a donné carte blanche à Villeneuve - assortie d'un budget qui demeure secret - en lui suggérant l'idée d'un court métrage dont l'intrigue serait orchestrée autour d'un banquet. Le court métrage est «une commande, dans le sens romantique du terme», estime Denis Villeneuve. C'est un ovni! Un court initié par une mécène, avec quelques paramètres: un rapport au théâtre, au grotesque et un banquet. […] J'ai eu un fun noir, je ne me suis jamais senti aussi respecté en création.»
Il est intéressant de voir que le cinéaste prenne la peine de mentionner qu'il ne s'est jamais senti aussi respecté en création. Intéressant, mais pas surprenant. Parce qu'on peut facilement imaginer que lorsque les «créateurs» font affaire avec les fonctionnaires du secteur public, ils ne sont que des numéros, des projets à financer en partie, et qu'aucun lien ne s'installe nécessairement entre les deux parties. Tandis que lorsqu'ils font affaire avec le secteur privé, comme c'est le cas ici, de véritables relations semblent se créer - Next Floor est de Denis Villeneuve, d'après une idée originale de Phoebe Greenberg, créée par Phoebe Greenberg et Caroline Binet et scénarisée par Jacques Davidts.
Chez PHI Group, on promet que cette incursion dans le 7e art ne sera pas la dernière. Espérons que d’autres imiteront la mécène.
:D Amusant parce que ça me rapelle mon domaine d'art préféré qui est lui-même complètement libre de l'incursion d'intellectuels auto-proclamés qui se font de la masturbation intellectuelle ensemble. Ce domaine artistique c'est l'art corporel (tatouage, piercing, scarification) : puisqu'il est encore un peu en marge, il n'y a encore aucune réglementation sanitaire gouvernementale, les artistes ne font pas parti d'un groupe protégé et il n'y a pas de subvention qui avantage des artistes par rapport à d'autres.
C'est un domaine para-médical au même titre qu'un dentiste : c'est carrément une opération et les risques sanitaires sont présent. L'absence de réglementation pourrait faire peur mais en fait le marché s'ajuste très bien, les meilleurs perceurs/tatoueurs sont reconnus par un association américaine (APP, association of professionnal piercers) et jouent beaucoup sur leur réputation. Les nombreuses conventions internationales permettent l'échange de technique et de matériel ainsi que des compagnies qui offrent des produits aux normes très strictes (aiguilles, gants, etc.).
Par exemple les tatoueurs que je fréquente utilisent des gants de nitrile au lieu du latex (même si beaucoup plus cher) puisqu'on utilise toujours de la gelée de pétrole (vaseline) et que le latex devient micro-porreux à son contact. Les artistes d'une région se connaissent tous et savent qui est peu recommendable. La preuve que la sélection est efficace, il y a de moins en moins de gars qui travaillent dans leur appart en raison de la salubrité.
Mieux!! Il y a eu depuis quelques années un mouvement organisé par de grands tatoueurs aux États-Unis : "The art fusion experiment". Le nom le dit, c'est la fusion de plusieurs artistes sur la même toile ou dans le tatouage sur le même corps pour partager la création. Le concept donne des résultats étonnants et j'espère faire ma manche par plusieurs artistes l'hivers prochain
Tout ça pour dire qu'un marché libre, que ce soit pour des produits de consommation ou des produits d'art est toujours bénéfique, pour l'innovation, pour les responsabilités sociales, pour suivre les besoins de la clientèle, un marché libre s'adapte.
Rédigé par : Kevin | 25 avril 2008 à 17h54
Kevin, le jour ou quelqu'un sera contaminé, que ce soit vrai ou truqué, vos aiguilles vous devrez les ranger parce que JAMAIS, les corporations médicales qui ont le monopole de l'aiguille dans la peau ne vont vous céder l'plancher.
Votre tour s'en vient. Profitez-en.
Rédigé par : décembre | 25 avril 2008 à 18h01
Hahaha c'est un peu pessimiste mais c'est vrai. En France, le regroupement officiel de médecin s'est déjà penché sur les arts corporels et a rapidement passé de la recommandation à la législation. Le dossier est vraiment aberrant et contient les plus grandes faussetées bien entretenues par les ignorants (par exemple les liens entre body art et homosexualité, précocité des rapports sexuels, problèmes de drogue, problèmes sociaux, etc.)(aussi le fait que le domaine ne soit pas assez safe, ce qui est totalement faux, mon perceur connaît très bien la dermatologie, s'en est impressionnant).
Il y a aussi des "cours officiels" qui s'en viennent.. c'est pitoyable parce que l'apprentissage en ce moment se fait seulement de perceur à perceur ou tatoueur à tatoueur. Un tatoueur prendra sous son aile un jeune qui commence, mais ils sont très difficile puisqu'ils tiennent à leur réputation et leurs secrets. L'apprentissage para-médical lui est complètement indépendant mais c'est très facile de s'informer rapidement et efficacement. Par exemple le perceur Pierre Black (Blacksun studio)(qui est fermé puisqu'il est sur un projet personnel) a rencontré des dizaines de médecins, de dentistes et de dermatologues pour connaître le effets à long terme et les divers problèmes qui peuvent survenir. De cette façon, on perce un labret à la lèvre (la petite boule juste en dessous de la lèvre inférieure) pas trop bas pour éviter d'effriter la gencive. On perce une langue le plus loin possible du frein de la langue mais pas trop près du bord pour éviter les complications.
Un amateur causera des complications et sa renommée vas en prendre un coup. C'est pourquoi aussi je guide mes amis qui veulent un nouveau body art puisque je connais bien les mesures de précautions et je sais choisir une bonne place. Le fait est que c'est une responsabilité personnelle de veiller au professionnalisme de celui avec qui ont fait affaire.
Je sais que le monopole étatique vas faire de la marde à mesure que ça prendra de l'ampleur et j'espère bien qu'on renversera la tendance.
Rédigé par : Kevin | 25 avril 2008 à 18h44
....j'espère bien qu'on renversera la tendance.....Kevin
Espérance et réalité ne font pas bon ménage !
J'ai oeuvré dans le merveilleux monde des médecines douces assez longtemps pour te dire que ton espoir est vain.
Il ne s'agit pas de protéger les gens, le public, mais bien de protéger un "territoire" de l'invasion par des gens qui ne sont pas passés par l'université donc, qui n'ont pas payé le prix.
Cé fou d'même mais cé la réalité, pas du pessimisme.
Bonne chance et comme je te le dis, profite de ces derniers moments de liberté artistique car bientôt les technocrates et autres sans talent vont envahir le "territoire". Bon WE.
Rédigé par : décembre | 26 avril 2008 à 09h39
Est-ce que les crédits d'impôts sont des subventions déguisés?
Rédigé par : Martin | 07 mai 2008 à 15h03
Est-ce que les crédits d'impôts sont des subventions déguisées?
Rédigé par : Martin | 07 mai 2008 à 15h03
Bah ça se répond tout seul :
Si je te dis je te prend 50$ mais je t'en remet 25$ c'est une subvention.
Si au lieu d'en prendre 50$ j'en prend 25 (25$ de crédit d'impôt)... c'est pas une subvention?
Plus basic que ça...
Mais un crédit d'impôt c'est une vrai joke dans le cas d'une compagnie, c'est même pas une personne. À moins qu'une compagnie tombe enceinte ou puisse subir de la violence conjugale, se marier ou aller étudier?
Rédigé par : Kevin | 07 mai 2008 à 15h45
@Martin (sans nom de famille)
Croyez-vous que des crédits d'impôts sont en cause dans le cas de Next Floor?
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 07 mai 2008 à 15h53
Les crédits d'impôts sont utilisés majoritairement comme source de financement dans les productions culturelles suffit de regarder les génériques des films et émissions canadiennes pour s'en rendre compte.
J'aimerais avoir l'opinion de Martin Masse et cie la-dessus.
Personnellement, je considères que les crédits d'impôts sont des subventions déguisées mais je demande pas mieux qu'on me prouve le contraire...
Rédigé par : Martin | 07 mai 2008 à 15h57
Faut préciser tout de même que dans ce cas-ci, le financement de DHC/ART est entièrement privé, ce qui est quand même moins pire que des projets culturels entièrement financés par l'État, crédit d'impôts ou pas.
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 07 mai 2008 à 16h03
Malheureusement, la plupart des crédits d'impôt sont des subventions déguisées. Dans un cas comme celui de Morgan Stanley, il s'agit d'un crédit d'impôt REMBOURSABLE qui ne s'applique qu'à un type d'entreprise, et donc c'est une subvention déguisée.
Si une réduction d'impôt ou de taxe sur le capital ou un crédit d'impôt NON REMBOURSABLE étaient accessibles à toutes les entreprises, ce ne serait pas une subvention déguisée et on pourrait parler d'un pas dans la bonne direction.
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 07 mai 2008 à 16h10
Je suis d'accord avec Anarcho-pragmatiste. Les crédits d'impôt non remboursables sont les moins pires, surtout lorsqu'ils sont disponibles pour un grand nombre d’entreprises, parce qu'ils sont moins discriminatoires et engendrent moins de distorsions et d’inefficacité économiques que les autres types de subventions. Ils peuvent ainsi être considérés comme un moyen de réduire le fardeau fiscal global (et comme je l'ai écrit il y a quelques semaines, les entreprises ne devraient pas payer d'impôt - http://www.leblogueduql.org/2008/03/les-entreprises.html ).
Mais plus ces crédits non remboursables sont gouvernés par des règles non discriminatoires et plus des réductions générales d’impôt auraient justement le même effet.
Tous les autres types de subventions ont des effets pervers importants. Mais ils ont l'avantage d'être plus rentables politiquement pour les gouvernements qui cherchent à s'assurer des appuis dans des secteurs spécifiques.
Une Note économique que nous avions publiée à l'IEDM il y a deux ans fait bien le tour de la question: Les subventions aux entreprises sont-elles efficaces? http://www.iedm.org/uploaded/pdf/juin06_fr.pdf .
Rédigé par : Martin Masse | 07 mai 2008 à 17h32
Merde, j'avais déjà lu cette Note et j'avais oublié la partie sur les crédits d'impôts non-remboursables vs remboursables.
Mais Martin je ne suis pas surpris par le reste votre réponse: je me doutais bien qu'on était d'accord!
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 07 mai 2008 à 18h17
Crédits d'impôts remboursables ou non, en tant que contribuable je suis contre que l'État octroit des privilèges à des films ou artistes qui sont contre mes valeurs ie Les Bougons ou les films de Pierre Falardeau...
Rédigé par : Martin | 07 mai 2008 à 19h56
peu importe qu'il soit contre mes valeurs ou pas!
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 07 mai 2008 à 20h38
En effet!
Rédigé par : Martin | 07 mai 2008 à 20h47