Dans le fil de discussion précédent, un lecteur me demande:
Je me demandais quelle serait l'opinion de Martin Masse dans le cas du bar de Longueuil qui avait refusé de servir deux noirs sous prétexte que cela faisait fuir la clientèle. On aura appris que le bar a finalement été condamné à verser une indemnité aux plaignants.
Si on suit la logique de l'établissement privé, le proprio était en droit d'agir ainsi. Cependant, grâce aux lois anti-discrimination, le juge a tranché que le proprio était dans l'erreur de faire ce qu'il a fait. Qu'en pensez-vous? Est-ce un bon parallèle?
Tout à fait, le principe est le même. Il ne devrait y avoir aucune loi antidiscrimination, puisque cela brime la liberté et la propriété des individus, qui sont les principes fondamentaux qui doivent prévaloir sur tout.
Un propriétaire de bar devrait pouvoir exclure les noirs. Un autre qui s'adresse uniquement aux noirs devrait pouvoir refuser l'entrée aux non-noirs. Je trouve également absurde qu'un imprimeur ontarien ait été condamné il y a quelques années pour avoir refusé de faire des affaires avec un groupe gai. Qu'il déteste ou non les gais est son affaire, son imprimerie est à lui, et les groupes gais n'ont qu'à aller voir ailleurs ou à mettre sur pied leur propre imprimerie. La loi doit protéger la liberté et la propriété de chacun, pas forcer les uns à partager leur propriété avec d'autres contre leur gré, pour quelque raison que ce soit.
Il ne s'agit pas d'approuver ou non moralement ce genre de discrimination, mais d'accepter que dans une société libre, certains feront des choses avec leur corps et leur propriété que nous n'approuveront pas, mais comme c'est à eux, ça ne nous regarde pas.
Le véritable problème, c'est quand c'est l'État qui discrimine ou appuie la discrimination, en utilisant la force. Historiquement, les femmes, les noirs, les juifs, les gais et d'autres groupes n'ont pu être discriminés à grande échelle et persécuté que parce que leurs oppresseurs utilisaient l'État pour le faire. S'ils avaient joui des mêmes droits fondamentaux que les autres, ce ne serait pas arrivé. Il existerait évidemment une certaine discrimination sur le plan des échanges commerciaux et autres, mais elle serait bénigne et pourrait facilement être contournée. Ce qui n'était pas le cas quand l'État imposait à tous de discriminer contre certains groupes.
On trouve spontanément plus répugnant que des gens puissent discriminer contre les noirs et les juifs, à cause des réalités historiques que l'on sait (esclavage et lois «Jim Crow» aux États-Unis, et Holocauste, deux tragédies engendrées par la violence étatique). Mais il faut aller au-delà des réflexes historiques et comprendre le principe pour rétablir un équilibre, sinon on ne fait que passer d'une discrimination officielle à une autre.
Lisez par exemple cet article de La Presse d'hier sur l'intronisation de Jean Béliveau au Panthéon juif des sports de Montréal. Comme l'explique le chroniqueur,
Jean Béliveau est le premier non-Juif admis dans le petit musée du Centre communautaire Ben Weider. Catégorie Yakeir, il faut préciser, pour «les personnes de qualité, sans égard à la race ni à la religion, qui font des gestes pour changer des choses dans notre société».
Dans la grande salle, près de 500 personnes jouaient des coudes pour serrer la main des invités vedettes. Des gens bien mis, hommes d'affaires et professionnels de l'élite juive montréalaise, avec leur élégante et chic épouse. Les enfants, nombreux, qui portaient souvent la kippa. Mais aucun hassidim en vue. Pas la même mouvance, comme on dit.
Vous en voulez de la discrimination, en voilà! Jusqu'à l'intronisation de Béliveau, M. Weider a discriminé contre les gentils. Imaginez le contraire: je fonde le Centre d'excellence des Canadiens français blancs. Il y a bien un «mois des noirs» et des prix spécifiques pour les gens de la communauté noire, pourquoi pas pour les blancs de souche? On crierait certainement au racisme. En réaction, je crée une catégorie de prix «sans égard à la race», c'est-à-dire basé sur la race mais spécifiquement pour tous ceux qui ne sont pas des blancs Canadiens français. On crierait encore plus au racisme et personne ne voudrait s'y associer.
Remarquez aussi le commentaire de La Presse: «aucun hassidim en vue». Au sein de la communauté juive «mainstream», les hassidim sont souvent vus comme des habitants d'une autre planète. On ne les invite pas à ces événements. Au fait, pour maintenir leur communauté tricotée serrée, vous pouvez être certains que ces hassidim doivent en faire de la discrimination à tous les niveaux... Racisme? Devrait-on les empêcher? Les forcer à intégrer des gens d'autres confessions et races dans leurs institutions? Pourquoi est-ce que des hassidim qui font d'immenses pressions sociales sur leurs membres pour éviter les contacts avec le monde extérieur, c'est acceptable, mais des gais ou des hommes ou des blancs qui veulent se retrouver entre eux, c'est du racisme et du sexisme criminel qui doit être réprimé par l'État?
La discrimination existe en réalité partout. Tout le monde discrimine constamment, mais certains peuvent le faire plus facilement que d'autres alors sont persécutés par les autorités lorsqu'ils le font. C'est ça le problème. Nos lois «anti-discrimination» ne sont qu'un système coercitif étatique fondamentalement hypocrite, inspiré et motivé non pas par un désir réel d'égalité formelle mais par la volonté de remodeler la société pour favoriser certains groupes et en défavoriser d'autres. C'est une réaction irrationnelle à des siècles pendant lesquels les hommes blancs hétérosexuels aristocrates ont en effet eu plus de droits que les autres. Une réalité qui a d'ailleurs, dès le 17e siècle, été contestée par les libéraux, les précurseurs des libertariens.
Aujourd'hui, on tente de résoudre le problème avec une nouvelle hiérarchie de droits, de la «discrimination positive» dans l'embauche et ailleurs (c'est pas de la discrimination, ça?!) et des programmes qui favorisent les membres de certains groupes. On ne considère pas les personnes comme des individus avec des mérites et qualités propres, mais plutôt comme des pions faisant partie de groupes. Tout le contraire d'une société colour blind où tous auraient les mêmes droits fondamentaux.
L'idéal libertarien, c'est qu'on aurait dû mettre fin à la discrimination formelle par l'État qui existait avant (persécution des non-blancs, des juifs, des homosexuels, femmes considérées légalement comme des mineures, etc.), et instaurer des droits individuels identiques pour tous. Pour la discrimination restante sur une base privée, il y a justement des moyens privés pour y remédier, boycott, etc. C'est tout le contraire de l'ingénierie sociale que l'on nous impose actuellement.
Et soit dit en passant, je pourrais vraisemblablement être condamné pour crime de la pensée par les bozos de la Commission des droits de la personne pour les propos tenus ci-dessus. En effet, non seulement n'a-t-on pas le droit de discriminer contre les groupes privilégiés, mais on n'a pas le droit de tenir des propos qui pourraient être interprétés comme étant une incitation à la discrimination. Voilà pourquoi ces questions sont si rarement débattues de façon franche et directe. Les lobbies fémifascistes, «antiracistes» et «antidiscrimination» (ou devrait-on dire en faveur de la discrimination qui fait leur affaire) et leur supporters au sein de l'élite politique, intellectuelle et médiatique bien-pensante, se sont en effet assurés non seulement de nous imposer ces lois, mais qu'il serait difficile de pouvoir en débattre et les contester par la suite.
Excellent billet!
Voici un autre exemple de discrimination positive au niveau de la Justice:
http://www.canoe.com/infos/chroniques/richardmartineau/archives/2008/05/20080501-102800.html
Rédigé par : Martin | 02 mai 2008 à 11h40
Un exemple : les bourses "Chapeau les filles" qui sont données au cégep à des étudiantes dans des domaines non-conventionnels (genre génie mécanique). Mais c'est seulement aux filles. Imaginez la même bourse pour les hommes... SEXISME!!
Deux poid deux mesure, l'hypocrisie générale...
Rédigé par : Kevin | 02 mai 2008 à 12h36
Et comme si ce n'était pas assez, la Ville de Québec vient d'annoncer qu'elle devra, dans le cadre du programme d'égalité à l'emploi, engager plus d'une centaine de fonctionnaires et employés municipaux femmes, autochtones et autres groupes ethniques pour respecter un quotas d'employés provenant des minorités...
Et ce, sans égars à la compétence... Vous pouvez être plus compétent mais si vous n'êtes pas membre d'une minorité, vous n'aurez pas la job. (Et qu'on vienne me prouver le contraire...)
Nous, hommes, blancs, québécois de souche, sommes maintenant les victimes de discrimination positive...
Rédigé par : ClaudeB | 02 mai 2008 à 12h46
J'irai en prison avec toi, parce que j'ai exactement la même position. Dans ta maison/entreprise/whatever, tu fais ce que tu veux, que je sois d'accord ou pas ou qu'un fonctionnaire soit d'accord ou pas y change rien.
Rédigé par : Jean-François Grenier | 02 mai 2008 à 14h05
....Et ce, sans égars à la compétence....ClaudeB
Mais ça, on y est habitué. Depuis que les syndicats existent que cette niaiserie existe aussi. L'ancienneté passe toujours avant la compétence.
Rédigé par : décembre | 02 mai 2008 à 16h28
Même chose en France ou nous avons même un machin étatique, la HALDE (www.halde.fr), pour sanctionner les vilains pas beaux discriminateurs (que nous sommes tous).
Rédigé par : Le Champ Libre | 02 mai 2008 à 17h21
Si j'ai une entreprise et que je ne veux pas que le syndicat rentre, est-ce que mon droit de propriété a présence sur la liberté d'association? Quelle est la vison libertarienne la-dessus?
On nous casse constamment les oreilles sur le droit fondamental de se syndiquer, que plusieurs travailleurs sont morts par le passé pour nous permettre cette liberté, etc...
Rédigé par : Martin | 03 mai 2008 à 09h41
@ Martin
Les employés sont libres de se syndiquer, et l'employeur est libre de tous les congédier et en embaucher d'autres. Cela me semble logique avec le principe de non-agression.
Rédigé par : Bastiat | 03 mai 2008 à 09h51
Au fait, c'est bin rare que pour éviter qu'ils s'associent qu'un employeur les flush tous. Dans notre système par contre, le syndicat a un rapport de force reconnu par l'état et il y a des loi pour empêcher que l'employeur embauche temporairement pendant un lock-out. C'est sur que quand tu sais que la loi protège d'un bout à l'autre ton travailleur syndiqué et pas toi... bah quand il veut se syndiquer tu lui montre la porte.
Dans un système normal, il n'y aurait pas de loi du genre et les associations libres seraient plus acceptables puisqu'elles n'ont pas de rapport de force contre l'employeur.
Rédigé par : Kevin | 03 mai 2008 à 13h30
Si l'association syndicale était un regroupement volontaire, et non un truc forcé comme c'est maintenant, il n'y aurait pas de problème. Le syndicat aurait à justifier sa part sur la paye et offrir plus qu'il ne prend sinon il serait rapidement mis au rancart. Un syndicat problématique serait rapidement mis dehors par les employés et/ou les employeurs, soit par des cessassions de participation, soit par des mises-à-pied. Si la représentation d'employés étaient un marché libre, la concurrence te bouleverserait bien des choses.
Rédigé par : Jean-François Grenier | 03 mai 2008 à 14h04
Faites un retour dans le temps avec Martin, revenez à l'époque de l'apartheid et de la ségrégation.
Ce que vous suggérez Martin, ce n'est ni plus ni moins qu'une ligne d'autobus qui laisserait le plein droit à son proprio de faire asseoir les blancs devant et les noirs derrière.
Vous connaissez Rosa Park?
La société évolue, mais certains éléments sont à la traine.
Rédigé par : virtualfred | 07 mai 2008 à 09h34