par Gilles Guénette
C’est bien de donner des cadeaux, surtout lorsque ce n’est pas nous qui les payons. On apprenait en fin de semaine que les gens de Québec pourront dorénavant profiter d’un cadeau que leur ont fait les Montréalais (tiens, je n’ai jamais été consulté) à l'occasion du 400e anniversaire de fondation de leur ville: une enfilade de chaises en acier inoxydable que l'on a installées devant la Gare du Palais. Cette «pièce de mobilier urbain» a été inaugurée samedi par les maires Régis Labeaume de Québec et Gérald Tremblay de Montréal. C'est le sculpteur Michel Goulet qui a réalisé l’oeuvre qui regroupe 44 chaises fixées solidement au sol. Particularité des chaises, on retrouve sur chacune d’elle un poème d'écrivain québécois (Miron, Vigneault, Cohen, etc.) gravé dans le métal.
Intitulée Rêver le Nouveau Monde, cette pièce a coûté 200 000$ à la Ville de Montréal et a fait l'objet d'un concours public. Michel Goulet, qui remporte souvent de tels concours si on se fie au nombre d’oeuvres publiques à son portfolio –, utilise régulièrement la chaise dans ses oeuvres – Montréal en possède plusieurs... «Rêver le Nouveau Monde se veut le symbole du rapprochement entre la Métropole et la Capitale nationale, unies par le fleuve Saint-Laurent», de dire l’artiste. L'oeuvre, qui a été réalisée en un temps record, représente l'amitié et le dialogue que les deux villes entretiennent (c'est vrai que la vue d'une chaise inspire l'amitié et le dialogue... n'importe quoi!). Le principal intéressé espère qu’elle inspirera les citoyens de la Capitale qui viendront à la place de la Gare pour s'y promener ou simplement faire des rencontres.
Quarante chaises sont disposées le long d'une allée boisée. «Elles seront installées deux par deux, afin d'amener une communication, placées dos à dos, en angle, côte à côte, face à face. Deux chaises ouvriront le sentier et deux autres le fermeront, comme deux parenthèses, créant un lien entre Montréal et Québec», résumait-il en février. Hmm. Profond. Quarante-quatre chaises pour 200 000 dollars, ça fait 4545,45 $ de la chaise. Il aurait pu pousser l’audace un peu plus et donner une chaise en bonus – «Achetez-en 44, obtenez-en une gratis!» Ça aurait fait 45 chaises ayant coûté chacune 4545,45 $ aux contribuables montréalais. Ça aurait fait concept. Mais bon, ça aurait sans doute bousillé tout le message rassembleur qui venait avec l’oeuvre. Mieux vaut établir des liens (bidon) entre les citoyens des deux villes qu’entre le réel coût des choses…
Des chaises... un beau symbole pour un Québec qui reste assis sur son c...
Rédigé par : Pierre-Yves | 17 juin 2008 à 15h14
Tiens, cette histoire d'art payé par l'État nous rappelle soudainement une certaine banane volante...
Rédigé par : Planète Québec | 17 juin 2008 à 21h36
Je suis d'accord avec votre opinion en ce sens que la culture est "hypersubventionnée" au Québec. D'ailleurs, si la défense de cette dite culture québécoise-française était aussi importante aux yeux des Québécois qu'elle l'est aus yeux de nos z'artistes, ces derniers n'auraient absolument aucune difficulté à se trouver eux-mêmes, directement à même le "peuple-national", du financement pour leurs "oeuvres" et cesseraient de se pendre éternellement aux mamelles de l'État...tout en le dénonçant (ça fait plus "in").
Par ailleurs, vous affirmez "ne pas avoir été consulté sur ce dossier". Le maire de Montréal a été élu à la majorité des suffrages et vous comprendrez qu'il ne peut pratiquement consulter tous les montréalais sur chacune de ses décisions. On n'en finirait pas... Au demeurant, vous pourrez toujours voter contre aux prochaines élections municipales...si vous êtes un aggloméré montréalais, bien sûr.
Rédigé par : François 1 | 18 juin 2008 à 05h55
Intéressant, on pourra toujours aller péter sur nos écrivains.
On ne peut pas dire que la Ville de Montréal fait preuve de bon goût.
Rédigé par : Gilles Laplante | 18 juin 2008 à 17h58
Toujours dans les "arts", ce matin-même à LCN, une nouvelle commençait par :
"On apprend qu'un artiste a reçu 150 000 $ en subventions pour un projet de banane volante qui finalement ne volera pas"
Belle responsabilité dans la gestion des fonds publics!
Bravo pour avoir déniché le pot-aux-roses il y a de ça presqu'un an et demi... : http://www.leblogueduql.org/2007/01/65_000_pour_une.html
Rédigé par : Planète Québec | 20 juin 2008 à 08h26
S'asseoir dessus.
Et péter...
Finalement, la poésie subventionnée ne sert plus qu'à ça.
D'ailleurs, les « poètes de la chaise » sont, pour la plupart, des poseurs et des raseurs.
Allez-y voir si vous ne me croyez pas.
Se trouvera-t-il quelqu'un pour vandaliser les chaises ?
Bien sûr que non !
Les « anarchistes » et autres pseudo « rebelles » adorent l'art subventionné.
CQFD
Rédigé par : Déjà tanné du 400e ... | 28 juin 2008 à 14h37
Pour conclure à propos des « chaises », voici ce qu'en pense l'élite médiatique. Dans le très convenable quotidien Le Soleil, sous la plume du très convenable chroniqueur François Bourque (faut le lire pour le croire !), les ridicules chaises sont devenues une « magnifique sculpture offerte par Montréal pour la place de la Gare » (sic). Ainsi, la boucle est bouclée. Et le bon sens doit céder la place (comme c'est souvent le cas) à la prétention culturelle.
Par ailleurs, Bourque s'émerveille des nombreux « cadeaux » faits à la ville de Québec pour le 400e. Mais il en rajoute, en affirmant que « Les gouvernements ont souvent besoin d'un prétexte ou d'une justification pour mettre la main dans leurs poches : il n'est pas rare qu'ils les trouvent dans l'histoire. Une ville qui veut investir n'a cependant pas besoin de pareil prétexte. Elle n'a qu'à agir » (sic).
Et l'on devine bien que devant cette volonté supérieure, les contribuables n'ont évidemment rien à dire... Mieux : ils devraient remercier les gouvernements, quand ils mettent « la main dans leurs poches », pour leur faire de si beaux cadeaux. L'argent tombe du ciel, comme de raison.
Rédigé par : Vraiment tanné du 400e | 15 juillet 2008 à 21h32