par Gilles Guénette
On apprend ce matin que malgré des subventions totalisant maintenant près de 150 000 $ du Conseil des arts du Canada (CAC) et du Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ), le projet d'un «artiste» montréalais de faire voler une banane géante dans le ciel du Texas cet été semble compromis, par manque de fonds. Le type, un certain César Saëz, n’a pas réussi à amasser les 1,5 M$ dont il avait besoin pour le mener à terme. Toutefois, lui et son équipe assurent que les internautes qui ont contribué au projet seront remboursés. Pour ce qui est du CALQ et du CAC, il en irait autrement: «Ces bourses ont été remises dans le cadre d'un programme de recherche et de création», explique le directeur des relations publiques du CALQ, Carl Allen. «Nous comprenons que, parfois, pour toutes sortes de raisons, il n'y ait pas de création au bout.» Même chose au fédéral. «C'est de l'argent pour la recherche, pas pour le résultat», indique la porte-parole du CAC, Carole Breton. Vive l’argent public! Je crois que je vais soumettre un projet de recherche et de «création» pour l'implantation d'un navet sous-terrain dans le Grand-Nord canadien.
Pour la Ligue des contribuables du Québec, l'échec potentiel du projet «prouve qu'il s'agissait d'une mauvaise idée, ce que les contribuables savaient déjà». «Je crois que le problème est que ces bourses sont accordées par des jurys d'artistes», juge sa directrice générale, Claire Joly. Les projets acceptés plaisent à une petite clique, pas nécessairement au public ou même aux collectionneurs.» Pour ceux qui se demandent pourquoi le ciel du Texas? César Saëz avait confié en janvier 2007 au Journal de Montréal que «c'est un peu difficile à expliquer». «C'est comme un poème. Différentes personnes qui le lisent y voient différentes interprétations. Il y a plusieurs symboliques associées à la banane: l'humour, l'image phallique, etc.» Selon les journalistes du Journal - qui avaient réussi à déchiffrer l'hermétique bla-bla artistique -, il avait justifié son choix du Texas vu l'importance géopolitique de cet État, d'où est originaire George W. Bush. Wow. On s'en doutait pas.
Bon. Si on construit un avion en tôle disons, avec des beaux drapeaux du Québec, et qu'on projette de le faire voler par surprise au-dessus de Washington avec une banderole "Les artistes du Québec contre les États-Unis", quelles sont les probabilités pour que ces imbéciles des conseils des arts ne voient pas le problème avec ce projet et nous accordent une subvention de 150 000 $ ?
Rédigé par : Planète Québec | 20 juin 2008 à 19h06
Pour moi, plus il y a de l'argent public gaspillé pour l'art, plus un gouvernement domine son peuple. Par exemple, les tyrans de l'Antiquité faisaient construire des palais somptueux lorsque leurs populations étaient bien assujetties et particulièrement, lorsque les guerriers avaient été bien cstrés par le luxe et le confort : Grèce et Rome. Est-ce notre cas ?..
Rédigé par : WaltA | 20 juin 2008 à 19h08
A WaltA. Je ne suis pas d'accord avec vous. Certes, les subventions pharaoniques attribuées aujourd'hui par les gouvernants, que ce soit au niveau national ou ou local, me choquent comme vous, d'autant qu'elles sont en général investies dans l'escroquerie de l'"art contemporain". Certes, les tyrans mégalomanes - exemple Ceaucescu ou Staline - aiment bâtir des choses folles, mais toutes les constructions grandioses ne sont pas nécessairement liées à la tyrannie.
Dans le cas de la Grèce ou de Rome, en particulier, vous ne pouvez absolument pas faire de corrélation entre la gloire des monuments et l'assujettissement des populations, ou la "castration" des soldats. Certains des plus beaux monuments de la Rome antique ont été bâtis bien avant que le peuple soit vautré dans les jeux et le cirque, à une époque de grandes conquêtes. Idem pour la Grèce, où l'Athènes du siècle de Périclès était une démocratie qui sert encore de modèle idéal. Au contraire, on pourrait même dire qu'il y a des moments privilégiés dans l'histoire des peuples où tout est au plus haut.
Rédigé par : marianne | 20 juin 2008 à 20h09
@Marianne, je vous donne raison, car Rome et sa brillante Civilisation a payé ses infrastructures, ses institutions, son art, ses services sociaux... etc. grâce à diverses sources des revenus : Taxes, impôts, pillages, travail des provinciaux, esclavage...etc. De plus, les portes de la Cité étaient ouvertes à tous. Bref, Rome était un État moderne...
En fin, pouvons-nous établir des parallèles entre "Du pain et des jeux" de Rome et les investissements de l'État dans les arts et les festivaux ? Car en fait, les deux philosophies (in)contemporaines ont comme but premier d'étouffer les idées de contestation...
Rédigé par : WaltA | 20 juin 2008 à 21h30
Allez, ajoutez quand même un peu de vraie création de richesse aussi à Rome, histoire de sortir du vieux schéma du pillage des colonies, et vous serez plus réaliste dans la description des revenus de Rome.
Toutefois, si cela peut vous amuser, sachez que certains empereurs romains exigeaient d'être co-héritiers dans toutes les sucessions et quand par malheur le mort avait oublié de les citer pour un certain pourcentage dans son testament, ils confiquaient le tout ... quand il ne coupait pas la tête aux vrais héritiers au passage pour se venger. Je suis sure que certains de nos états modernes en rêvent secrètement. D'ailleurs, si vous connaissez les droits de succession en France, on n'en est pas loin là-bas.
Rédigé par : marianne | 20 juin 2008 à 22h28
L'Art est trop important dans la vie d'un etre humain pour que l'Etat ne s'en pré-occupe pas. Laisser a lui-meme, l'Art pourrait donner aux gens de mauvaises idées. L'Etat a developé trois stratégies pour pallier a ce probleme:
1) Il le co-opte pour chanter ses louanges comme les allemands l'ont si bien fait avec leur propagande. L'hymne national de URSS en etait un exemple flagrant, je ne suis pas Russe mais j'en ai la chair de poule chaque fois que je l'entends
2) Il subventionne et laisse libre cours au formes d'art populaire. Le fameux "Pains et Jeux". Cette abondance d'expressions artistiques rassasie un peu le besoin que nous avons pour sans pour autant le laisser nous inspirer vers d'autres idées. On vas voir un bon film d'action et on retourne continuer notre train train quotidien.
3) Il corromp directement l'elite des Arts en les mettant directement sous sa tutelle (comme il le fait avec les intellectuels). Les Elites en retour transforment l'Art en une sorte de science incompréhensible aux non-initiés comme Keynes l'a fait avec l'économie.
Rédigé par : Jean-Bernard Théard | 23 juin 2008 à 00h40
George W. Bush est du Connecticut.
Rédigé par : Pierre | 23 juin 2008 à 14h42
Aaaaaaahhhhhhh...l'art!!!
J'en ai plein le c... de voir nos zartistes se pendre goluement aux mamelles de L'État pour ensuite mieux le trahir!
Si leur contribution à "l'épanouissement de la nation" était aussi importante qu'ils tentent de nous le laisser croire, ils n'auraient aucunement besoin de cette lamentable béquille et de jouer les sangsues car le "peuple" n'hésiterait pas à débourser l'argent nécessaire pour leur permettre de "continuer leur oeuvre bienfaitrice".
Mais la politique étant ce qu'elle est, il leur est beaucoup plus facile de se servir de la tribune qui leur est gracieusement offerte pour faire chanter un politicien qui tente de se faire réélire que d'essayer de convaincre leurs clients potentiels que leur travail vaut vraiment le prix exhorbitant qu'ils veulent en tirer (quand ce n'est pas le l'État lui-même qui le lui achète...).
Rédigé par : François 1 | 29 juin 2008 à 05h56