par David Descôteaux
J’ai un projet: publier un livre. J’ai beaucoup de talent et je suis certain que ce sera un succès. Je demande aux 70 000 employés de Bombardier de me prêter 25$. Je vous rembourserai le montant total (1,7 million) dans 10 ans. Ce sera bien sûr un prêt sans intérêt. Et je vous rembourserai seulement si je vends mes livres. Si je ne vends rien, je ne vous rembourse rien.
Qu’en dites-vous? Vous refusez? Mais voyons, mon projet est structurant. Il génèrera des retombées économiques. La maison d’édition fera des profits, j’achèterai des logiciels de correction, j’engagerai des recherchistes, je ferai rouler l’industrie des pâtes et papiers, je mangerai dans les restaurants autour de chez moi, je me ferai construire un bureau décent… Avec l’argent perçu sur l’impôt de tous ces travailleurs, et les taxes générées par la vente des livres, le gouvernement va faire un coup d’argent incroyable! En plus, il est vital que notre industrie du livre brille et soit concurrentielle. D’autant plus qu’un auteur français, qui écrit sur le même sujet que moi, reçoit des subventions de son gouvernement. Ce serait vraiment injuste et suicidaire pour notre industrie de ne pas me subventionner aussi.
Vous ne voulez toujours pas? Vous préférez mettre votre 25$ dans un placement à faible risque qui vous rapportera des intérêts de 8% composé annuellement, et vous enrichira de 54$ au bout de dix ans au lieu du 25$ incertain que je vous propose? Vous dites qu’il est plus important pour vous de placer cet argent pour l’éducation de votre petite fille au lieu de l’utiliser pour fabriquer des avions que vous ne comptez pas utiliser? Je n’y comprends rien…
Mais peu importe votre décision. Vous n’avez pas le choix. Mon bon ami le ministre vous oblige à me prêter cette somme pour mon projet. Sinon, vous irez en prison. Lui, il croit que c’est un bon projet. Après tout, qui êtes-vous pour prétendre savoir quoi faire avec votre argent?
Très beau texte, il me fait penser a celui de Martin Masse sur le fait de construire des bâtiments de guerre pour ensuite les détruire en espérant que l'économie va rouler sans perte de vie humaine.
Je me demande ce que Léo-Paul Lauzon répondrait à celà :|
Rédigé par : Bobjack | 24 juillet 2008 à 17h03
J'ai le même genre de réflexion quand Dumont parle des bébés bonus et de toutes les conneries étatiques que le gouvernement nous impose.
Votre projet est emballant personnellement je l'achèterais être employé de Bombardier subventionné à coup de 140 000$ chacun annuellement.
À la différence près que vous n'emprisonnerez pas le pauvre employé de Bombardier à 140 000$ par année dans votre cave pendant 10 jours si celui-ci refuse de payer...ce que le gouvernement fera si vous refusez de payer vos impôts, vos taxes et vos amendes que vous jugez non-mérités évidemment.
En plus, contrairement à vous, le gouvernement n'a même pas eu la déscence de nous consulter pour ce projet alors je vous remercie de l'avoir fait.
Rédigé par : Tym Machine | 24 juillet 2008 à 20h37
Bravo pour l'appel d'offres obligatoire ! C'est tous les jours en France que nous lisons des histoires de "secours mutuel" à sens unique.
J'ai par contre mis un moment à comprendre l'image. J'y voyais un portique d'autoroute avec le dos de deux panneaux de présignalisation pendus dessous, surmontés de deux radars flashant par derrière.
Je dois être obsédé par la police de la route ...
Rédigé par : Kardaillac | 25 juillet 2008 à 08h12
Bravo monsieur Descôtaux pour ce billet et vos propos dans le précédent! Rien à ajouter!
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 25 juillet 2008 à 18h41
Très bon billet. Trop drôle ces Corporate Welfare Bums.
Rédigé par : décembre | 28 juillet 2008 à 14h30