par Gilles Guénette
J’ai passé un examen de la vue récemment – je commençais à avoir de la difficulté à regarder un film sous-titré sans m’arracher les yeux ou me taper un mal de tête. J’ai fait affaire avec un optométriste de mon quartier. Une fois la prescription en main, j’ai regardé les lunettes qu’on offrait sur place. Toutes des lunettes de marques (Adidas, Calvin Klein, Tommy Hilfiger, etc.) à 300$ et plus. Je ne sais pas pour vous, mais il me semble que c’est cher payer pour deux bouts de plastique et une monture. Un ami m’avait parlé d’une entreprise basée en Californie qui offrait des lunettes pour 10 fois moins cher. Plutôt que de payer 300$ + taxes, mes lunettes m’ont donc coûté 35.85$ (taxes et livraison de Hong Kong incluses). Vive l’Internet.
Comment expliquer un coût des verres aussi élevé au Québec? Dans un reportage de l’émission JE diffusé sur les ondes de TVA l’année dernière, un prof se contentait de répondre que: «toutes les lentilles produites [ici] doivent répondre à différentes normes qu’on appelle les normes du Québec.» Aux normes, il faut ajouter le coût du logo – une paire de CK coûte plus cher qu’une paire de «sans nom». Et aux normes, il faut ajouter les ordres: au Québec, les optométristes passent quatre ans à l’université avant de joindre leur Ordre tandis que les opticiens d’ordonnance étudient trois ans au niveau collégial avant de joindre le leur. Ces différents paliers d’ordres professionnels ne doivent sans doute pas aider à garder les prix bas…
Que pensent les ordres justement de l’arrivée de cette nouvelle concurrence. Ils n’en savaient rien avant que les gens de JE ne leur apprennent. Réaction de Lise-Anne Chassé, la présidente de l’Ordre des optométristes du Québec: «J’ai été abasourdie d’apprendre cette aventure que les consommateurs peuvent risquer d’aller acheter sur internet. […] Seuls les optométristes et les opticiens d’ordonnance peuvent poser, ajuster ou remplacer des lentilles ophtalmiques. Alors comme je vous dis, ça inquiète l’Ordre des optométristes du Québec grandement.» Mais pourquoi acheter ici si on peut acheter là-bas pour dix fois moins cher? Mme Chassé tranche ainsi: «[il faut que les consommateurs] soient conscients de ce qu’ils achètent dans la lunette qu’ils achètent au Québec. Ils achètent le service professionnel. S’ils ne sont pas contents de leurs lunettes, ils peuvent faire appel au syndic des ordres professionnels.» Hmm… Elle n’aura pas réussi à me convaincre.
Est-ce que ces lunettes bon marché sont sécuritaires? JE a fait tester une paire de lunettes achetées en ligne à la clinique de vision de l’Université de Montréal. Selon Nicolas Fontaine, responsable académique des services optiques à l’UdeM : «L’ordonnance est assez bien respectée. Ça rentre dans les normes du Bureau des normes du Québec. Le point majeur, c’est l’écart qui sépare les deux verres. […] Ça veut dire que les foyers sont écartés par rapport à vos yeux.» Est-ce qu’une personne qui porte de telles lunettes peut éprouver des problèmes de santé plus tard? « Non, répond-il. Il n’y a pas aucun danger de ce côté-là.»
Internet permet aux consommateurs de partout dans le monde de faire fi des marchés locaux – avec tout ce qu’ils comportent de privilèges, de réglementations et d’ordres professionnels. Je ne sais pas si les professionnels de la vue québécois – qui avaient un marché captif avant Internet – s’activent dans les coulisses du pouvoir pour que le gouvernement intervienne. Mais je ne serais pas surpris d’apprendre que, secrètement, la présidente de l’Ordre des optométristes du Québec souhaiterait qu’on interdise la pratique. Pour notre plus grand bien, évidemment. «Personne ne contrôle ce produit-là qui nous arrive du Pakistan, de Chine, ou des États-Unis, dit-elle. C’est plus qu’inquiétant. Ça n’a pas de bon sens. Il faut que les ordres professionnels de mettent ensemble, il faut que l’Office des professions nous aide, et il faut que le gouvernement nous aide.»
Fantastique! Je dois changer mes lunettes et je n'arrivais pas à me faire à l'idée de débourser encore les 900$ qu'elles m'ont coûtées la dernière fois.
Vive la mondiélisation et Internet.
Rédigé par : Gilles Laplante | 01 juillet 2008 à 11h52
Pareil en France, mais une entreprise de franchises optiques a cassé la baraque et propose des lunettes élégantes à des prix honkongais ! Ca devait arriver !
Rédigé par : Catoneo | 01 juillet 2008 à 12h44
Il n'y a pas plus anti-entreprenneur privé que JE. Selon eux, tous ce qui n'est pas reglementer est dangereux. Vive la propagande! Vive TVA!
Rédigé par : C.Bélanger | 01 juillet 2008 à 13h31
En fait la situation est un peu plus complexe, c'est un domaine paramédical et donc qui nécessite une expertise. Les professionnels ont raison de s'inquiéter de la qualité des lunettes mais celle-ci n'a pas besoin de norme gouvernementale pour être parfaitement convenable. Est-ce que vous croyez vraiment que l'office de protection du consommateur est votre seule défense contre le "capitalisme sauvage"?
Absolument pas, la réputation d'une compagnie est la meilleure des défense. J'ai un bon exemple ; je m'intéresse beaucoup aux arts corporels, je l'ai déjà mentionné (tatouage, body piercing, scarification). Malgré que ce ne soit absolument pas reconnu comme tel, c'est un domaine para-médical. Les interventions sont chirurgicales et les complications peuvent être nombreuses. Les outils qu'ils utilisent passent des aiguilles en cathéter au scalpels, passant par l'autoclave médical ainsi que des compresses stérilisées.
Il n'y a absolument aucun ordre professionnel officiel ni aucune normes sur le domaine (bien que en France, l'académie de médecine travaille pour faire un autre domaine de travail blindé avec une gang d'officiels). Ceux qui craignent le capitalisme sauvage et les méfais du privé devraient être terrifiés de savoir ça!! Les perceurs/tatoueurs doivent utiliser des morceaux de canette rouillée comme bijoux et des couteaux à steak comme scalpel!
Pourtant la réalité est à l'opposé, il y a bien des gars qui travaillent dans leur sous sol, avec un tapis (garde les germes) et s'installe sur sa table de cuisine pour travailler, mais c'est une infime minorité et ils travaillent sur leurs amis. Par contre, dans les vrai shop de tatouage, le matériel est fournis par des entreprises spécialisées, qui font aussi les instruments pour tous les domaines médicaux (dentiste, chirurgie esthétique, etc.). Les bijoux ont des normes très strictes (mais pas gouvernementales) pour la concentration de matériaux. Les perceurs sont très informé des risques et des techniques, connaissent à différents niveau la dermatologie.
En gros, le domaine est hyper sécuritaire (dès qu'on s'informe un peu et qu'on est prudent) et il y a pourtant une absence complète de législation. Les artistes travaillent sur leur réputation et les plus sécuritaires sont aussi les plus reconnu. La réputation joue beaucoup aussi entre tatoueurs, ils savent qui travaille bien et qui travaille mal. Tout ça pour dire que les ordres de professionnels et les normes gouvernementales... pfff..
Rédigé par : Kevin | 01 juillet 2008 à 15h49
Voyons, ce n'est pas le plastique et le verre qui sont onéreux sur une paire de lunettes. En effet, lorsque j'achète des binocles, je bénéficie de l'expertise d'une personne qui voue sa science et son savoir-faire à l'efficacité visuelle de ses patients. De plus, la secrétaire, la machinerie, les appareils d'examen, le cabinet, l'électricité... etc. coûtent cher.
J'aime bien acheter en ligne, toutefois, je n'achèterais jamais mes fonds-de-bouteilles sur le Net. Finalement, si vous voulez économiser sur l'achat de lunettes, faites comme moi : Ça fait dix ans que je conserve les mêmes montures... et je ne suis pas prêt pour les changer de si tôt...
Rédigé par : WaltA | 01 juillet 2008 à 16h46
Et ce que WaltA nous prouve c'est qu'il existe autant de manière de vivre que de consommateurs. Pour certain l'économie en vaut le risque (même si la compagnie qui vous les vend a des comptes à rendre à ses clients anyway), pour d'autres, la sécurité n'a pas de prix. La conclusion libertarienne reste la même : ce n'est pas la responsabilité de l'état de nous faire choisir ce que nous voulons acheter.
Si on considère la population comme une masse de bétail qu'il faut diriger, eh bien je serais pour avoir un ordre officiel et blindé (loi qui empêche de pratiquer sans faire partie de l'ordre), d'interdire toute importation de produit "médical non-vérifié", faire entrer des inspecteurs tous les jours dans tous les supermarché pour chaque produit pour les analyser et ce TOUS LES JOURS. Je dis supermarché mais ça inclut tous les commerce dont la qualité est nécessaire (.... euh... tout?)(par exemple c'est nécessaire que mon vélo soit solide, qui sais si mon fabricant n'est pas un capitaliste sauvage qui fait souder ses pièces de métal avec de l'étain)
Si au contraire on considère l'humain comme capable de faire des choix, prendre des responsabilités et vivre sa vie en les assumant. Si on considère qu'un politicien n'est pas supérieur à la population, que les décisions politiques du genre ont plus intérêt à satisfaire les demandes de groupes de pressions qui veulent des avantages pour créer leur cartel. Si on considère que tous les commerces travaillent d'abord pour leur survie et ont parfaitement à coeur leur réputation, que les normes les plus sévères sont celles prises spontanément par les fabricants, que toute compagnie qui a négligé ses clients est fermée. Alors là l'intervention est au mieux inutile et le gouvernement ne se mêlerais pas de ses affaires.
M. Guénette voulait montrer la tendance protectioniste et les arguments bidon de ceux qui veulent imposer l'achat local. Il y a deux positions qu'on peut prendre, dépendamment comment on considère les humains ainsi que la vie en société. À mon avis la deuxième position est plus réaliste, pour ceux qui croient en la première alors... suicidez vous dès maintenant puisque la vie n'a absolument rien à vous offrir à vos yeux, vous allez souffrir et subir chaque évènement de votre vie en bonne victime.
Rédigé par : Kevin | 01 juillet 2008 à 18h24
Kevin, pour l'achat de d'autres produit, je dirais qu'Internet et des sites de vente comme ebay, offrent un large éventail de produits. Ce qui est bien, c'est que les acheteurs comme les clients recoivent des cotes de fiabilité, ainsi que des commentaires "historiques"... À partir de là, libre à tous de risquer ou non des transactions.
Finalement, je dirais que si quelqu'un veut réussir des ventes et des achats, il doit se soumettre à une règle plusieurs fois millénaire régissant toutes les échanges entre humains : Confiance.
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Confiance : Cette règle implicite pourrait sûrement s'appliquer pour des lunettes achetées sur le Net, mais je ne prendrais jamais la chance...
Rédigé par : WaltA | 01 juillet 2008 à 19h23
Je suis d'accord ici avec le principe de payer le moins cher possible un produit donné, cependant, il est difficile d'essayer les différentes montures sur Internet. C'est le rapport qualité/prix qui importe!
Les commander, les recevoir, les essayer, les retourner, en commander d'autres, les essayer encore et encore jusqu'à ce que l'on trouve celles qui nous conviennent le mieux me semble une opération plutôt complexe. De plus, que faire si les lunettes ont besoin d'un ajustement comme c'est souvent le cas lorsqu'elles sont neuves et/ou lorsqu'elles subissent des dommages à la suite d'une mauvaise manoeuvre?
La différence de coût entre l'optitien québécois et Internet est à mon avis exhorbitante mais compte tenu des arguments ci-haut mentionné, je magasinerais plutôt mes montures localement car il existe des écarts de prix très intéressants ici même. Suffit de magasiner...
Rédigé par : François 1 | 02 juillet 2008 à 04h55
@Kevin,
"Est-ce que vous croyez vraiment que l'office de protection du consommateur est votre seule défense contre le "capitalisme sauvage"?"
L'OPC est un organisme bidon qui donne des jobs à du monde qui en aurait pas autrement.
Qui a besoin de cette bande d'entremetteurs.
Rédigé par : Tym Machine | 05 juillet 2008 à 01h32
@François: Si une première paire fait pas, même en les retournant pas, tu peux en acheter 8 pour le même prix qu'en magasin ici. Il va bien en avoir au moins une sur les 8 qui va faire.
J'achètes mes verres de contact par le net, même stock qu'en magasin mais un tier de moins sur l'étiquette de prix
Rédigé par : Jean-François Grenier | 07 juillet 2008 à 03h06
@ Jean-François Grenier: Je suis tout à fait d'accord avec vous, cependant, je me référais au côté pratique de l'entreprise: aller-retour incessant entre le fournisseur et le client jusqu'à ce que ce dernier trouve enfin une paire de lunettes qui lui saille bien. C'est tout...
Rédigé par : François 1 | 09 juillet 2008 à 05h39