par Martin Masse
J'écoutais récemment une conversation rassemblant des gens de Montréal, Québec et d'une autre région où quelqu'un se plaignait que les prix étaient plus élevés dans sa région, et un autre présumait que les prix plus bas dans la sienne étaient la preuve d'un complot pour éliminer la compétition. Si les prix avaient été les mêmes, ils en auraient sans doute conclu que les compagnies s'entendaient entre elles pour limiter la concurrence.
Quelle que soit la situation dans un marché, il y aura toujours des illettrés économiques pour se plaindre — et des politiciens et bureaucrates pour intervenir en se servant de la loi complètement incohérente et arbitraire sur la concurrence (les «lois antitrust»). Cette loi nie le caractère dynamique du marché, la multiplicité des conditions qui expliquent les différences ou similarités de prix, et permet à l'État de réglementer ou d'imposer des sanctions pour toutes sortes de situations qui ne correspondent pas aux attentes ou aux conditions idéales de certaines groupes d'intérêt.
On en entend peu parler, on en débat peu dans les médias (sauf, la plupart du temps, pour répéter des sophismes), et la plupart des gens n'y comprennent pas grand-chose. Pourtant, le «droit de la concurrence» a un impact majeur sur de nombreux secteurs de l'économie. Dans le domaine des télécommunications où j'ai été récemment impliqué à Ottawa par exemple, toute la logique d'intervention des fonctionnaires d'Industrie Canada et du CRTC est fondée sur une interprétation quelconque de l'un des trois grands «crimes» de la concurrence tels qu'illustrés par cette courte bande dessinée: des prix trop bas, des prix trop élevés ou des prix semblables à ceux de ses concurrents.
Lire aussi à ce sujet l'excellent article de Jean-Louis Caccomo dans le QL, «Réflexion autour du concept de droit à la concurrence».
Haha ouais j'adore la BD, elle illustre très bien pourquoi les loi anti-trust et tout ce qui est "protection de la concurrence" est inutile et souvent contre-productif.
Rédigé par : Kevin | 07 août 2008 à 16h43
Pourquoi faut-il une loi sur la concurrence ?
Le rationnel de cette loi est pricipalement d'empêcher la collusion, d'empêcher la formation de trusts où des entreprises se regroupent en oligopole afin de contrôler le marché et de fixer les prix.
Or, dans un libre marché, quand s'établit un trust et que les prix montent, d'autres compétiteurs se joignent à l'offre et font baisser les prix et grugent des parts de marché au trust qui finit par se dissoudre.
Le consommateur libre d'acheter ou non ce qu'il veut et où il le veut est la meilleure ligne de défense contre les trusts.
Rédigé par : Ludwig Von Mises | 08 août 2008 à 10h08
Le prix de l'assurance médicaments n'a jamais cessé d'augmenter depuis que le gouvernement OBLIGE les travailleurs à acheter de l'assurance médicaments privée et à prendre la police privée "offerte" (obligée) par la compagnie qui les embauchent.
Desjardins Sécurité Financière est une entreprise privée qui se voit amenée une clientèle captive et obligée par le gouvernement. C'est du vol, c'est un crime économique perpétré par le gouvernement du Québec.
C'est un scandale financier pire que Vincent Lacroix que d'obliger un travailleur à acheter des assurances privées, d'une compagnie privée comme Desjardins.
Et c'est un scandale qu'une compagnie privée comme Desjardins accepte de jouer les percepteurs de fonds pour le gouvernement.
La clientèle de Desjardins Sécurité Financière est une clientèle CAPTIVE et je suis fort dégoûté des formulaires de "CONSENTEMENT" aux assurances Desjardins.
Comment est-ce que ça peut être un CONSENTEMENT alors que la loi m'y oblige. Et comment la loi peut-elle moralement m'y obliger alors que je ne commets aucun crime ni ne fait aucune victime en refusant l'assurance médicaments.
La libre concurrence voudrait qu'on laisse le choix aux travailleurs de prendre ou non une assurance privée, publique ou pas d'assurances du tout et d'en assûmer les conséquences personnelles.
Rédigé par : Ludwig Von Mises | 08 août 2008 à 10h13
Les lois anti-trust sont effectivement un beau sapin que les politiciens passent à la plèbe moins connaissante économiquement parlant.
Des plus petites entreprises doivent pouvoir librement s'associer (et se dissocier) s'ils veulent détruire un monopole.
La plupart des poursuites anti-trust sont faites par des entreprises VS autres entreprises.
Pas "Gentil Gouvernement VS Méchante Grosse Entreprise"
Rédigé par : FrancisD | 08 août 2008 à 17h00
S'il y a une chose que j'ai appris et c'est grâce à vous Kevin et cie, c'est que la soit disante collusion des prix des pétrolière même si scandaleux en apparence pouvait entrer dans la liberté d'association.
Je suis libre d'aller voir qui que ce soit et l'inviter à s'associer à mon projet pour fixer les prix en autant que je n'utlise pas la force et les menaces pour se faire. Libre à mon concurrent d'accepter de fixer les prix.
Cet argument est également utilisé ad nauseam par la partie syndicale et ça leur sert bien. J'ai compris que si c'était vrai pour s'unir entre travailleurs d'une même entreprise que ce serait tout aussi valable pour des compagnies aussi grosses soient-elles. Libre à nous de le savoir également alors que les pétrolières ou les autres secteurs qui oeuvrent en collusion n'aient pas peur de le dire, ils devraient pouvoir le dire haut et fort si on les laisse manoeuvrer en toute légalité.
Rédigé par : Tym Machine | 08 août 2008 à 20h20
Pourquoi moi? Whatever... En effet, pourquoi empêcher qui que ce soit de s'associer avec n'importe qui. Dans le cadre d'une compagnie, une fois que les clients ont un doute sur les intentions du fournisseur, le bouche à oreille tue et favorise ceux qui entretiennent la confiance. Ce n'est pas utopique ou théorique, c'est la réalité.
Pour ce qui est des syndicats, il y a un bémol : c'est bien le droit de s'associer mais l'état a donné des privilèges à ceux ci. Par exemple, un syndicat peut exiger l'association à celui-ci, en temps de grève il peut interdire le recours à la sous-traitance et même agresser la propriété des autres impunément. Le syndicat, dans ce contexte, représente un rapport de force.
Dans une société libre, les syndicats ne seraient que des association de travailleurs qui défendent leurs membres devant la compagnie et s'entendent sur les négociations. Ils n'auraient pas le pouvoir qu'ils ont en ce moment et l'entreprise serait libre de congédier les employés indésirables (ma soeur est gérante dans une épicerie et n'en peut plus des incapables syndiqué).
À ce sujet, je lisais ce matin un article sur la situation du Wal Mart de Jonquière qui est rendu en cour supérieure pour savoir "pourquoi ils l'ont fermé". Si le syndicat n'avait pas autant de pouvoir, ils n'en auraient rien à faire d'un syndicat.
Rédigé par : Kevin | 08 août 2008 à 23h24
Parce que c'est bien d'un commentaire de vous très bien vulgarisé que j'ai compris cette importante distinction voilà tout. Et j'ai bien dit Kevin et cie ce qui fait que d'autres aussi ont pu contribuer à cette palpitante discussion.
Le rapport syndical est en effet une importante nuance à adresser dans cette comparaison mais comme toute comparaison est boiteuse, je m'attarde effectivement sur la vue d'ensemble et non sur les aspects qui ne fonctionne pas dans cette dernière.
Il est par ailleurs tout à fait normal compte tenu du modus operandis des syndicats que ce soit les employés les plus médiocres et les profiteurs qui s'incrustrent dans l'appareil syndical et deviennent des indécrottables de l'entreprise. Cette logique ne s'applique pas au secteur public où nous avons les deux faces de la même pièce ce qui explique la propension frénétique des chefs syndicaux à vouloir tout "nationaliser" et étatiser comme le très à gauche Léo-Paul Lauzon et sa dernière croisade opportuniste pour la "nationalisation" du pétrole.
D'ailleurs on aimerait bien entendre un jour dans un débat Martin Masse VS Léo-Paul Lauzon, il va y avoir du sport ;)...
Rédigé par : Tym Machine | 10 août 2008 à 19h01
Contrairement aux idées reçues et à ce que la presse peut vous raconter, les capitalistes ne s’opposent pas à l’étatisme, bien au contraire. En fait, l’État est le meilleur ami du capitaliste — et le libre marché, son pire ennemi.
Un capitaliste veut vendre ses produits afin de réaliser le maximum de profit possible et d’accumuler du capital. Quel est son plus grand adversaire dans la réalisation du profit maximum ? Ses concurrents, qui ont exactement le même objectif. Dans un marché parfaitement libre où l’information est parfaite, aucun vendeur ne peut réussir à réaliser un profit substantiel puisque chaque acheteur peut passer de vendeur en vendeur en cherchant le prix le plus bas, jusqu’à ce qu’il trouve celui qui accepte de vendre pour le prix de production plus une grosse cenne noire. Dans ces conditions, l’accumulation est impossible et le capitalisme impraticable.
Donc, la prochaine fois qu’un idéologue libertarien se lancera dans une tirade lyrique sur les bienfaits du marché, je vous donne la permission de vous foutre gentiment de sa gueule parce que le marché est l’ennemi du profit. Évidemment, tout capitaliste a besoin d’un marché pour vendre et ne veut pas que l’État l’empêche de maximiser ses profits. Mais ça ne veut pas dire qu’il souhaite que le marché soit entièrement libre. Il veut plutôt se positionner dans un marché où il sera privilégié par rapport à ses concurrents.
Et qui peut lui offrir un tel marché ? Seulement l’État, en créant des quasi-monopoles pour certains capitalistes triés sur le volet. Comment ? Par son système des brevets, qui permet à une entreprise de garder les droits d’exploitations d’un produit pendant certain nombre d’années. Par sa législation réglementaire, dont l’effet est de favoriser la création de quasi-monopoles, puisque les coûts de la réglementation sont plus faciles à supporter pour les grandes entreprises que pour celles de taille petite et moyenne — fragilisant ainsi des concurrents déjà marginaux. Par ses opérations de renflouement, où il accepte de couvrir les pertes des grandes entreprises afin de les maintenir en activité, au nom de la sauvegarde des emplois – ce qui transforme le marché libre transforme en un système de socialisation des pertes et de privatisation des profits. Par son pouvoir d’achat, surtout dans les domaines militaires, où la préférence va aux grandes firmes, considérées comme plus sûres et plus fiables. D’ailleurs, ce n’est pas innocemment que les activités de l’État dépassent systématiquement les prévisions budgétaires : surpayer les fournisseurs, c’est octroyer d’énormes marges de profit et favoriser le fonctionnement du capitalisme sur le territoire national.
« Mais la mondialisation ? » me direz-vous. En effet, n’est-ce pas le désir des capitalistes de créer un marché mondial libre, hors de portée du pouvoir juridique des États nationaux ? Évidemment, il est sans grand intérêt de disposer d’un monopole parfait au niveau national si la concurrence extérieure est trop sévère. Mais il ne faut pas oublier que ce que l’on nomme mondialisation est un processus négocié non pas par les entreprises capitalistes, mais par les États eux-mêmes — selon les termes des États puissants et au détriment des États des pays pauvres. En vérité, les mécanismes fondamentaux du capitalisme international n’ont guère changé depuis cinq cent ans : un État puissant exerce toujours des pressions politiques, économiques et même militaires pour forcer l’entrée des marchés des pays pauvres, ce qui permet à ses industries bien rodées d’éliminer les concurrents indigènes faibles. On aboutit au monopole de fait de l’industrie forte du pays puissant. Un État peut aussi préserver un monopole sur le marché mondial en interdisant la vente de technologies avancées et stratégiques à l’extérieur (c’est d’ailleurs en ce sens qu’on doit comprendre l’obsession des gouvernements à freiner « l’exode des cerveaux »).
Bref, Le capitalisme n’aurait pu ni voir le jour ni se développer sans un constant soutien des États. Le problème, c’est que l’État fort, pilier du capitalisme, s’effrite. Et c’est encore la faute des pouilleux et des crottés que nous sommes.
Rédigé par : Anne Archet | 27 août 2008 à 07h45
@Anne Archet,
"Ses concurrents, qui ont exactement le même objectif. Dans un marché parfaitement libre où l’information est parfaite, aucun vendeur ne peut réussir à réaliser un profit substantiel puisque chaque acheteur peut passer de vendeur en vendeur en cherchant le prix le plus bas, jusqu’à ce qu’il trouve celui qui accepte de vendre pour le prix de production plus une grosse cenne noire."
L'affaire, c'est que personne n'a exactement les mêmes coûts de production. C'est un peu pour ça que tout est fait et acheté en Chine parce que ça s'adonne que c'est eux qui vendent à plus bas coûts des produits de qualité douteuse mais qui fait en sorte que ce sont les revendeurs qui s'en mettent plein les poches.
Rédigé par : Tym Machine | 27 août 2008 à 12h25
@anne archet
si vous remplaciez le mot capitalisme de votre billet par corporatisme, on aurait l'impression que vous savez de quoi vous parlez.
Rédigé par : sebastien fortin | 27 août 2008 à 12h33
Vous êtes rough avec elle, c'est un excellent commentaire sauf qu'elle confond capitalisme avec corporatisme. L'idée que tous les marchés sont saturé est ridicule par contre, comme le dit Tym, personne n'a les même coûts de production ni les mêmes intérêts. Dans ce cas, les entrepreneurs se font compétition et les moins bons changent de vocation pour aller dans un secteur plus facile. De cette façon, les ressources sont utilisées au maximum dans les secteurs qui sont en demande, au lieu d'être aloué arbitrairement par des bureaucrates. Ça fait beauoup plus de richesse pour la population en général. Il faut dire aussi qu'un acheteur cherche un prix mais aussi une qualité, une constance, une reponsabilité et une confiance.
La situation que vous décrivez ressemble à l'imprimerie en ce moment : il y a 30 ans, il était coûteux et risqué de faire de l'imprimerie mais aujourd'hui avec des équipements à prix ridicule (ctp-presse-imageuse-ordinateur), tout le monde s'y est lancé et la gigantesque compétition a rendu les prix et les exigences des clients ridicule. Anyway les plus mauvais disparaîssent et ça se rééquilibre tranquilement.
Rédigé par : Kevin | 27 août 2008 à 18h28