par Martin Masse
Il y a quelques années, j'avais participé à un débat à l'émission Il va y avoir du sport sur le thème «Wal-Mart et la mondialisation», où les deux illettrés économiques en face de moi prétendaient que les Chinois s'appauvrissaient. Wal-Mart, le capitalisme, l'ouverture des marchés, tout ça faisait en sorte selon eux d'intensifier l'exploitation et d'empirer les conditions de vie de ces pauvres Chinois. Eh oui, dans les hautes sphères de l'intelligentsia québécoise, c'est le genre d'affirmation absurde qu'on peut faire pour avoir l'air branché, sans même risquer de perdre toute crédibilité!
Ma réaction incrédule avait été: «Non mais, vous ne lisez pas les journaux?!!»
Ces pauvres Chinois sont non seulement capables d'organiser des Jeux olympiques sans faille — ce que nous, à Montréal, n'avons pas pu faire, avec notre stade olympique même pas fini de construire — mais ils se développent et s'enrichissent à une vitesse fulgurante depuis qu'ils ont graduellement libéralisé leur économie au cours des 30 dernières années. Si les énergumènes de l'intelligentsia gauchistes lisaient leur feuille de choux officielle, ils se rendraient compte à quel point c'est vrai.
Ce matin, Le Devoir publiait en effet un article de l'AFP sur les dernières données de la Banque mondiale concernant l'évolution de la pauvreté dans le monde. L'institution utilise comme critère le fait de disposer d'au moins 1,25$US par jour (le montant de référence était auparavant 1$ mais a été augmenté pour refléter l'inflation). Inutile d'imaginer comment vous pourriez vivre à Montréal avec ce montant et de vous indigner de l'insignifiance de ce montant. La situation économique et le coût de la vie ici et dans un pays du tiers-monde ne se comparent pas. On parle évidemment de simple survivance, c'est un barème comme un autre, qui permet surtout de voir comment les choses évoluent.
L'article nous apprend notamment que le nombre de pauvres a diminué de 1,9 milliard qu'il était en 1981 à 1,4 milliard en 2005. Évidemment, pendant ces 24 années, la population mondiale a continué d'augmenter, et la diminution est encore plus impressionnante en proportion de la population. Ainsi, dans les pays en développement, «le pourcentage de la population sous les 1,25$US par jour a été divisé par deux, chutant de 52% à 26% entre 1981 et 2005». La Banque mondiale ajoute que «le déclin tendanciel du taux global de pauvreté a été d'un point par an».
Et dire que pendant toutes ces années, on entendait les pleureuses de la gauche nous annoncer régulièrement que le monde s'en allait vers sa perte à cause de la mondialisation et du «néolibéralisme triomphant à l'échelle planétaire»! En fait, la mondialisation et l'établissement de mécanismes de base de marché dans des pays auparavant communistes, socialistes ou contrôlés par des oligarchies corrompues a permis à des millions de personnes chaque année de se sortir de la misère. Sauf évidemment en Afrique subsaharienne, la seule région au monde qui reste comme par hasard presque totalement à l'écart des marchés mondiaux et des courants de libéralisation économique, et où le nombre de pauvres continue d'augmenter.
Et les Chinois dans tout ca? La Banque mondiale nous apprend qu'en Chine, le pourcentage de pauvres a chuté de 84 à 16%, et leur nombre de 835 à 208 millions, de 1981 à 2005. Rien que ça. Deux tiers de milliards d'êtres humains qui vivent mieux qu'il y a 25 ans, grâce au capitalisme. Et dire qu'il y a encore des fous pour prétendre que c'était bien mieux dans le temps de Mao, quand des millions de Chinois mouraient dans les famines et les camps de rééducation…
Bon article !
Cependant, personne n'en parlera demain dans les médias.
Une vérité factuelle que personne ne veut entendre... :(
Rédigé par : Mathieu Demers | 27 août 2008 à 23h02
Correction: Personne n'en reparlera demain.
(Heureux de constater que Le Devoir a publié cet article de l'AFP)
Rédigé par : Mathieu Demers | 27 août 2008 à 23h32
En espérant tout de même que les chiffres de la Banque Mondiale soient fiables. Il serait pertinent de se poser des questions s'il faudrait que La BM prennent les chiffres officiels du gouvernement chinois.
Rédigé par : Jean-Reno C. | 28 août 2008 à 01h03
Toutefois, je suis d'avis que l'économie de marché présente dans le sud-est asiatique soit la cause première de l'enrichissment des individus.
Rédigé par : Jean-Reno C. | 28 août 2008 à 01h05
Il serait difficile pour les Chinois de devenir encore plus pauvre qu'à l'époque maoïste, franchement...
Le slogan "Les pauvres deviennent plus pauvres et les riches plus riches!" ne fait aucun sens.
Ca revient à dire "le verre A se déverse dans le verre B". OK, c'était quoi la quantité dans le verre A, quand le verre B sera-t-il plein ? À quelle vitesse le transfert se fait-il ? La typique gauche n'est jamais capable de mettre des chiffres là-dessus, ce qui montre que c'est un vieux slogan inventé dans le temps de Marx.
Pis pourquoi les riches s'acharneraient sur les pauvres s'ils n'ont rien anyway ?!? Complètement ridicule.
Les riches s'acharnent sur d'autres riches pour leur part de marché, c'est ça la réalité pis ça arrange bien les pauvres!
Rédigé par : FrancisD | 28 août 2008 à 07h17
Ah oui, la Chine se développe effectivement, mais les chiffres sont gonflés par le gouvernement chinois pour attirer des investisseurs, je suppose. Ça reste des politiciens menteurs, comme ici et partout.
Par nul autre que Mises.org: "China and the Development Myth"
http://mises.org/story/2960
Le "développement fulgurant" de la Chine est aussi utilisé par NOS gouvernements pour vous expliquer le pic récent du prix du pétrole alors que la Chine se développe depuis 30 ans... Ça les arranges de vous expliquer ça de cette manière, parce qu'ils n'ont pas à remettre en question le rôle des banques centrales et de la guerre concernant le prix du pétrole...
Rédigé par : FrancisD | 28 août 2008 à 07h25
@Martin Masse,
"où les deux illettrés économiques en face de moi prétendaient que les Chinois s'appauvrissaient. Wal-Mart, le capitalisme, l'ouverture des marchés, tout ça faisait en sorte selon eux d'intensifier l'exploitation et d'empirer les conditions de vie de ces pauvres Chinois. Eh oui, dans les hautes sphères de l'intelligentsia québécoise, c'est le genre d'affirmation absurde qu'on peut faire pour avoir l'air branché, sans même risquer de perdre toute crédibilité!"
En fait, souvent ce qui arrive ce n'est pas tellement que les gens "de l'autre bord" soient des illettrés économiques quoi que ce soit souvent le cas, c'est plutôt qu'ils ont tout intérêt de par leur poste et leur idéologie de prôner une certaine position interventionniste et que ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas raisonner économiquement parlant mais qu'ils ne veulent pas le faire.
C'est un peu comme pour ce qui est de la culture, ce sont toujours les mêmes discours qui sont mis de l'avant. S'il n'y a pas de subventions, la culture est non viable, nous sommes dans un marché petit, la culture est essentielle à notre survie (alors qu'en générale elle s'adresse à une petite élite gauchiste qui méprise la culture "fast food" de masse) et que si le gouvernement ne la subventionne pas, nous allons mourrir à petit feu (certains doivent même attribuer une connotation qui va au delà du figuré à ce commentaire), qu'à 1,25$ par contribuable, c'est peu cher payé, etc. etc.
En gros, notre culture doit éternellement être subventionnée par les gouvernements car elle s'adresse à un petit marché tandis que les restaurants et les dépanneurs qui s'adressent aux petits marchés ne doivent pas l'être eux.
Rédigé par : Tym Machine | 28 août 2008 à 11h21
@Martin Masse
Je ne vois pas ce que la go-gauche vient faire là.....
Si votre conclusion n'a pas été diffusée dans les médias, c'est peut-être qu'elle est très simpliste!!!
En passant, faudrait pas oublier que la Chine s'enrichit rapidement avec un gouvernement d'extrême gauche.
Elle me fait rire la petite-clique de droite qui proviennent de papa bien placés ou de ti-counes avec des secondaires 5 jaloux de tout ce qui gagnent plus que le salaires minimum. À moins que vous écoutiez trop les André Arthur de ce monde???
Moi, j'ai comme réflexe de regarder les pays "socialistes" scandinaves où leurs richesses profitent à toutes la société et où leurs qualités de vie est un exemple pour la planète.
Regarder la Norvège, ils ont reçu en redevence pour leur pétrole près de 300 G$. Ils l'ont "placé" et il atteindra près de 1000 G$ prochainement.
Ce n'est pas au Canada qu'on ferait ça....C'est mieux que certains opportunistes s'en mettent plein les poches avec les ressources qui appartiennent à la population.
Si vous êtes pas content de votre pays et de ses acquis sociaux, déménagez donc à 150 km au sud de Montréal.
Allez, soyez riche et heureux!!!
Rédigé par : François Deschênes | 28 août 2008 à 13h22
Le commentaire de François Deschènes est totalement insignifiant. Remarquer bien l'absence d'arguments. Dans sa tête, parler de richesse est automatiquement le réflexe d'une bande d'une personnes dont le père est riche. M.Deschênes je suis sans mot devant vos lumières (sic). L'humour est peut-être dans vos cordes qui sais?
Rédigé par : Robert | 28 août 2008 à 13h45
Eh bien moi, je peux vous dire que les pays scandinaves et leur fameuse "flexicurité" ne me font pas du tout envie. Après des décennies passées dans un modèle socialo-communiste étatique qui a découragé trois générations (fuite des entrepreneurs, des cerveaux, des capitaux, prévalence de l'alcoolisme et des suicides très supérieure au reste de l'Europe de l'ouest), ils ont mis un peu d'eau dans le rouge de leur vin mais restent hyperfiscalisés et totalement démotivants pour qui n'est ni paresseux, ni invalide, ni laxiste. Les placements financiers judicieux que la Norvège fait de ses revenus pétroliers n'y changent rien.
Quant à dire que le régime politique de la Chine est d'extrême gauche (entre parenthèse une option chimérique qui n'aboutirait qu'à la misère générale), c'est une plaisanterie : c'est un régime totalitaire mixant à sa façon, c'est-à-dire avec opportunisme, dictature d'un parti qu'il appellent "communiste" et recettes capitalistes les plus basiques, sans oublier la résultante de ces deux facteurs : la corruption. Si ça c'est d'extrême gauche, je suis bonne sœur ...
Rédigé par : marianne | 28 août 2008 à 19h50
Ce qui n'est pas souvent mentionné, c'est que la Norvège avec ses profits pétroliers, a investi beaucoup dans nul autre que *roulement de tambour* LES SUBPRIMES, ALT-A ET ARM AMÉRICAINS! Oui oui. Ils ont crû sage d'acheter de la dette.
Devinez quoi ? L'argent ne rentrera pas!
Imaginez-vous un gouvernement dans la même posture que Freddie Mac ou Fannie Mae et bien c'est ce que le gouvernement norvégien aura l'air de d'ici peu.
Rédigé par : FrancisD | 28 août 2008 à 22h05
I thought Norvegian leftists knew better.
Ils ont acheté du vent finalement.
Rédigé par : Tym Machine | 28 août 2008 à 22h52
La Chine, c'est un pays dont les dirigeants ne tolèrent pas la dissention politique et n'ont aucune conception de ce qu'est la libre expression.
Cependant, ils ne sontpas fâchés d'encaisser les gros profits de la croissance économique engendrée par l'exploitation de leur main d'oeuvre bon marché sur la promesse au bon peuple qu'ils verront les retombées socialistes de cette prise de position. Sinon, ce sera les coups de bâton et la prison et ce sera business as usual au royaume du Tibet bashing.
Rédigé par : Tym Machine | 28 août 2008 à 22h56
Franchement, il n'y a pas une quantité limitée de richesse dans le monde. Le capitalisme fait multiplier la richesse pour tout l emonde. La vérité c'est que les riches s'enrichissent et les pauvres aussi.
Rédigé par : R. David | 29 août 2008 à 04h40
Je sors de mon mutisme pour vous dire que la plupart des réalistes de ce monde ne contestent pas les gains économiques absolus d'une population donnée sous un régime économique néolibéral. Par contre, ils mettent l'accent sur les gains économiques relatifs entre les différents agents économiques d'une même population pour critiquer la théorie néolibérale.
À propos M. Masse, j'ai cherché au sujet du terme « néolibéral ». C'est utilisé, entre autres, aux presses des huit prestigieuses universités de l'Ivy League par différents auteurs (étudiants, enseignants, etc.). Sur la scène internationale, à titre d'exemple additionnel, le terme « néolibéral » est utilisé par un auteur comme Gérard Kébabdjian, Professeur de sciences économiques à l'université de Paris VIII et directeur de recherches à l'ISMEA, lui qui élabore très longuement sur le néolibéralisme ainsi que la théorie néolibérale en ÉPI. Ce serait de la grosse foutaise selon vous? Bien humblement, j'en doute et j'ai du mal à comprendre votre point cher M. Masse.
Sans prétendre que vous ayez tort pour autant de ne pas reconnaître l'école de pensée néolibérale en tant que telle monsieur, vous me semblez faire bande à part vous et les vôtres à ce sujet. Vous pourriez m'éclairer là-dessus s.v.p?
Salutations distinguées,
Welsh
M.H.
2008
PS: J'ai lu encore et encore tous les liens que vous m'ayez suggérés à propos de la non-existence du néolibéralisme...
Rédigé par : M. Mathieu Hubert | 08 septembre 2008 à 14h20
@ Mathieu Hubert,
C'est quoi un "régime économique néolibéral" et en quoi c'est distinct d'un "régime économique libéral"?
Ou bien on parle de la tradition libérale classique, et il n'y a rien de "néo" là-dedans, ou bien on parle de libertarianisme, une version récente du libéralisme généralement considérée comme plus radicale, même si ce nouveau terme sert aussi à se distinguer d'un concept ("libéral") qui veut aujourd'hui dire le contraire de son sens originel en Amérique du Nord (= de gauche aux É-U et de centre-gauche au Canada).
Vous ne m'apportez aucun argument spécifique pour me démontrer que le néolibéralisme existe, à part me référer à des auteurs qui mentionnent le terme. Vous vous laissez impressionner facilement. La majorité des professeurs des "prestigieuses universités de l'Ivy League" sont des crétins socialistes illettrés économiques. Le fait que des dizaines d'entre eux déblatèrent sur le sujet ne signifie aucunement que le concept a une pertinence théorique, plutôt la preuve du contraire.
Je l'ai déjà écrit et je le répète: néolibéralisme est simplement un terme fourre-tout péjoratif utilisé par les gauchistes pour désigner tout ce qui ne correspond pas à leur perspective, ce qui inclut autant les politiques étatistes de droite comme celles de Bush que la philosophie libertarienne, en passant par la social-démocratie modérée du gouvernement Charest. Bref, c'est n'importe quoi.
Rédigé par : Martin Masse | 08 septembre 2008 à 14h49