par Gilles Guénette
Aux Jeux olympiques d'Atlanta (en 1996), les Canadiens avaient remporté 22 médailles. En 2000, aux Jeux de Sydney, le Canada en avait remporté 14. Quatre ans plus tard, à Athènes, il s'était contenté de 12. Le manque de financement des athlètes a souvent été évoqué (par Denis Coderre, notamment) pour justifier – en partie – cette dégringolade. C’est pour ça qu’après chacune de ces olympiades, politiciens et intervenants ont fait des pieds et des mains pour que des fonds publics soient débloqués. Si l’on se fie à ce qu’on pouvait lire ce matin dans La Presse, leurs efforts ont été récompensés.
Québec et Ottawa ont mis sur pied différents programmes au cours des dernières années afin de venir en aide aux athlètes et faire en sorte qu’ils récoltent plus de médailles olympiques. L'aide financière versée par Sports Canada – le brevet d'athlète – s'élève cette année à 1500$ par mois. En plus du brevet, les athlètes québécois reçoivent un soutien annuel de 10 000$ grâce au programme Équipe Québec. Ils bénéficient également d'un crédit d'impôt provincial de 4 000$ (la Belle Province serait la plus généreuse du pays!).
De plus, pour la première fois de l'histoire des Jeux olympiques, les médaillés canadiens vont être récompensés financièrement s’ils remportent des médailles à Pékin. Ainsi, un médaillé d'or touchera une prime de 20 000$, tandis qu'une médaille d'argent et de bronze vaudront respectivement 15 000$ et 10 000$.
Nos athlètes vont-ils décrocher plus de médailles? Seul le temps le dira. Mais pour mettre toutes les chances de son côté, le Comité olympique canadien a aussi mis sur pied en 2006 le programme «Vers l'excellence» afin d'apporter une aide financière aux fédérations sportives et ainsi espérer obtenir plus de médailles. On nous dit que son impact ne se fera probablement pas sentir à Pékin, mais à Londres, en 2012. Cela nous donne quatre longues années pour se préparer. D'ici là, le financement du programme sera continu: huit millions de dollars cette année, 16 millions l'an prochain et 24 millions pour les deux années suivantes.
Certains, comme le kayakiste trifluvien Richard Dober, qui participera aux Jeux de Pékin, apprécient les récents efforts consentis pour alléger le fardeau financier des sportifs de haut niveau: «Pour me préparer aux Jeux, je mets ma vie à pause pendant deux ans. Je sacrifie ma carrière de chiropraticien pour le sport», affirme-t-il. D’autres apprécient moins. Pour eux, les efforts demeurent insuffisants. Le kayakiste Thomas Hall de Pointe-Claire envisage d'ailleurs sa retraite avec un brin d'angoisse. «Je vis de façon confortable, mais mettre de l'argent de côté, c'est impossible.»
Pourquoi faut-il que des contribuables, pour qui «mettre de l'argent de côté, c'est impossible», payent pour que des athlètes qui vivent «de façon confortable» puissent mettre leur vie «à pause pendant deux ans»? Est-ce que les athlètes gagnent plus de médailles si le pays qu’ils représentent débloque plus de fonds publics? Qu’est-ce qui justifie que des athlètes reçoivent un crédit d'impôt alors que nous n'en recevons pas?
Mais Gilles! C'est pour qu'ils puissent "faire rayonner le pays partout dans le monde"! C'est pour qu'il expriment notre fierté nationale! C'est pour qu'ils mettent le Canada sur la map!
Trève de bullshit, c'est effectivement hilarant que je donne une partie (même ridicule) de mon salaire (tout aussi ridicule... entk) pour financer l'entraînement d'un sportif qui me représente parce qu'il partage le même morceau de terre délimité par des frontières arbitraires. As far as I know, il y a des levées de fond et plein de choses du genre pour les aider, pourquoi est-ce que ça ne suffit pas? Parce que les gens ne sont pas prêts à payer suffisamment pour encourager un athlète? Parce que ça ne les intéresse pas? Good alors prenons l'argent par la petite porte d'en arrière, par le financement public!
Même chose pour l'hôte des olympiques : Richard Martineau avait fait le parallèle entre notre stade et les installations à athènes qui sont devenues terriblement cher à conserver mais complètement inutilisées. Si c'était un évènement rentable et qui attire les foules... le privé ne devrait pas vouloir investir à fond? (et je ne parle pas des quelques commanditaires, je parle d'organiser). Par exemple, en septembre il y aura une convention de tatouage organisée par le studio Tattoo mania de Montréal (un excellent studio près de la station papineau). Le financement est totalement privé et pourtant il n'est pas en déficit. Beaucoup d'entreprises d'aftercare et de produits (crème, encre, machine, flashbook, émission de télévision) sont prêt à payer cher pour avoir de la visibilité auprès d'une clientèle très intéressée par les arts corporels. Il y a des centaines de convention par année dans toutes les grandes villes du monde et même dans certaines régions!
Les olympiques ne m'intéressent pas vraiment et le tatouage ne vous intéresse pas vraiment. Pourtant, l'un paye les intérêts de l'autre... pourquoi?
Rédigé par : Kevin | 11 août 2008 à 21h48
Huit millions de dollars pour les sportifs, c'est, si le salaire moyen canadien est de 20 000 dollars, 8 000 000 / 20 000 = 400 chômeurs supplémentaires.
Soit près de 40 chômeurs par médailles.
Rédigé par : Stan | 11 août 2008 à 22h19
@Kevin,
"parce qu'il partage le même morceau de terre délimité par des frontières arbitraires"
Que j'aime cette phrase que je suis moi-même servi à une certaine époque sur mon blogue face à ceux qui voient dans la solution de la partition pour régler le problème fédéraliste-séparatiste au Québec le diable en personne. Les lignes des pays ont été décidé de façon arbitraire, par les guerres, par les conquêtes, par le colonialisme et cela de tout bord, tout côté sans parti prix.
Alors les gens qui se disent "nationalistes", ça me fait rire, ça veut dire quoi au juste, qu'on vénère les lignes qui nous définissent de façon arbitraire?
En ce qui concerne le financement des athlètes, c'est comme tous les autres financements de toute façon. Au Canada, il faut financer tout le monde, les pauvres, les chômeurs, les artistes, les compagnies, les athlètes, les vieux, les handicapés, etc.
Finalement, il ne reste pas grand monde qui n'est pas financé par le gouvernemaman...et ce n'est pas les petites coupes conservatrices de Stephen Harper qui vont changer de quoi à la philosophie du système.
Je lisais Martineau justement à cet égard qui critiquait Harper qui ne voulait plus financer des oeuvres controversées, dans les deux cas, Martineau et Harper, c'est hypocrite dans un cas et pathétique de l'autre.
Ce n'est pas la qualité de l'oeuvre qu'il faille juger mais bien la subvention rattachée à tout cela. Martineau n'a vraiment rien compris...pas plus qu'Harper d'ailleurs.
Rédigé par : Tym Machine | 11 août 2008 à 22h41
Gilles, que tu es un mauvais patriote. En ce moment, c'est corvée de JO pour tout le monde, et avec le sourire.
Rédigé par : Le Champ Libre | 12 août 2008 à 12h14
Toujours plus haut... Toujours plus loin... Toujours plus d'argent...Il me semble que c'est bien de nourrir, chez les jeunes et les moins jeunes, les flammes de la compétition sportive. C'est une question de santé globale. Par contre, il me semble que que beaucoup d'argent sont gaspillés dans divers programmes et infrastructures du Québec et du Canada. Il me semble que le sport "amateur-professionnel" devrait être aboli. Seul le privé devrait s'occuper du financement, car en fait, les athlètes et les événements deviendraient les porte-étandards de compagnies. À l'instar de plusieurs pays, les athlètes pourraient même faire partie de l'armée. Comme cela, ils seraient payés, logés et receveraient une solide éducation universitaire. En échange, ils devraient servir quelques années sous les drapeaux.
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Dans deux entrevues radiophoniques, si je ne m'abuse, deux points de vue se sont entrechoqués :
D'un côté, Jean-Guy Ouellette expliquait le départ lent de la caravane canadienne par la mauvaise gestion des programmes. Il affirmait ainsi que l'os ne résidait pas dans un manque d'argent.
Puis, dans une autre entrevue, Jean-Marie de Koninck, M.Sécurité routière, donnait comme raison qu'il fallait toujours plus d'argent...
Rédigé par : walt | 13 août 2008 à 17h14
Rien n'est parfait... Je reviens donc sur mon commentaire. Dimanche soir, j'ai pu regardé un peu les JO à la télévision et j'ai été étonné par les foudres en provenance de l'Olympe...
À ce moment, j'ai pu commencé à entrevoir l'utilité de la prestigieuse Institution pour le monde. Pour commencer, je dirais qu'à l'heure de la mondialisation, les JO sont les vents qui peuvent, à priori, sembler souffler sur les braises refroidissantes des nationalistes du monde, relégués au niveau de folklore. Plus encore, il me semble que les Olympiques sont aujourd'hui, ce que les pyramides ainsi que les systèmes d'irrigation furent pour les Égyptiens : Des projets mobilisateurs. Dans l'Antiquité, les pharaons ordonnaient et la hiérarchie se démenait. De nos jours, l'ONG ordonne, standardise et force les pays hôtes à se développer : Économiquenent,écologiquement, infrastructurellement, humainement... etc. Le tout, sous les yeux de l'Humanité. Plus encore,ce pays d'Asie, par exemple, a dû faire appel à de l'expertise "exochinoise" pour arriver à ses fins.
Je crois, par ailleurs, que les JO sont sources d'échanges économiques incroyablement plus avantageux que le simple fait de dépenser l'argent des taxes pour subvenir aux besoins des athlètes. Finalement, ma seule réserve est que je ne pense pas que les JO sont de puissants agents de paix : Contemplez la Yougoslavie postSarajevo...
Rédigé par : walt | 18 août 2008 à 08h56