par Martin Masse
Ah que c'est beau à voir! C'est la panique au sein du lobby des parasites culturels. On ne comprend plus ce qui se passe. Les manifs, les vidéos sur Internet, le déchirage de chemises en public, les pubs anti-Harper, le venin lancé par les vedettes lors des soirées de gala à la télé, l'appui unanime de la clique de parlotteux médiatiques: rien n'y fait, la campagne contre les coupures (très modestes) du gouvernement conservateur dans des programmes de subventions à la culture ne lève pas. La plèbe ne suit pas les consignes de ses élites. Elle semble ne pas croire à ses annonces de fin du monde et se contrefoutre du sort de la faune du Plateau Mont-Royal. Pire, elle s'apprête à donner un appui majoritaire aux conservateurs.
Dans la feuille de chou nationalo-étatiste, Michel Fréchette, communicateur-conseil et écrivain, et lui-même partisan de la «juste cause» des parasites culturels, reconnaît l'échec de la campagne: «les artistes se révèlent de mauvais stratèges dans leur démarche de sensibilisation et de mobilisation, comme le démontre la réaction du public face aux envolées émotives souvent excessives de ceux et celles qui volent au secours de la culture. La démarche n'obtient pas le soutien espéré de la population et elle peut même potentiellement nuire à la cause de la culture (…)».
La bataille n'est pas terminée pour autant, et dans La Presse, on assiste ce matin à une offensive tous azimuts des chroniqueurs Nathalie Petrowski, Marc Cassivi et Patrick Lagacé pour défendre leurs tinamis poètes, chanteurs ou acteurs. Le message des deux premiers? Mais comment des mécréants incultes osent-ils avoir leur propre opinion et contester la nôtre, nous l'élite cultivée, comme si nous étions encore durant la Grande Noirceur?!!!
La Petrowski se demande «si on n'est pas en train de revenir aux années 50. Vous savez, ces années noires et mesquines (…)». Le même vieil argument que nous servent depuis un demi-siècle les avant-gardes culturelle, intellectuelle, social-démocrate, bureaucratique, syndicale, etc.: si vous n'êtes pas d'accord de subventionner nos privilèges, c'est que vous souhaitez retourner dans le soi-disant obscurantisme duplessiste!
Cassivi dénonce de son côté ces blogues (helloooo Marc!), pages d'opinion des journaux et tribunes téléphoniques (tous des endroits où la plèbe a malheureusement la possibilité d'exprimer ses vues rétrogrades), où l'on entend «ce discours simpliste, convenu et sans nuance» des gens qui ne veulent pas que leurs impôts servent à faire vivre les artistes. Quelle petitesse d'esprit ma chèèèère! Ces malotrus veulent pouvoir dépenser eux-mêmes l'argent qu'ils ont gagné uniquement sur ce qui intéresse leurs petites personnes, et pas sur ce qui nous intéresse, nous. Mais c'est l'équivalent de la censure pour nos grands âââârtistes, on ne peut pas laisser faire cela!
Il faut toutefois lire Patrick Lagacé dans sa dénonciation des «barbares», des «tatas du gros bon sens» que nous sommes. «C'est comme écouter des ivrognes roter. Ça suinte le mépris de l'Autre, de la différence, du petit.» On se rappellera que c'est le même personnage qui souhaitait récemment l'arrivée d'un Führer autoritaire à la tête de l'État pour imposer à nous tous les décisions que lui, le chroniqueur éclairé, considère valables. C'est pas un «mépris de l'Autre, de la différence», ça? Il me semble que ça suinte autrement plus de cochonneries idéologiques nauséabondes que le désir exprimé par beaucoup de gens de ne pas être forcés de payer pour des œuvres et des activités qui ne les intéressent pas ou qu'ils désapprouvent.
Contrairement aux deux autres qui ont des prétentions culturelles, Lagacé admet se ficher de la danse moderne, de la sculpture et du théâtre de Wajdi Mouawad. Pour lui, la principale justification pour les programmes de subventions à la culture, c'est que «c'est dans l'ordre des choses. Tout, dans ce pays, est subventionné.» Bombardier, les premières nations, les usines de coton, les pétrolières, tout le monde reçoit des subventions, on n'a donc aucune raison de chialer uniquement contre les artistes.
Remarquez la profondeur du raisonnement. Lagacé ne dénonce pas le fait que tout soit subventionné dans ce pays, une absurdité économique manifeste quand on sait que les subventions ne créent aucune richesse nouvelle mais ne font que redistribuer des ressources, en gaspillant de surcroît une portion de celles-ci en cours de route dans le processus bureaucratico-politique et en bousillant les mécanismes d'offre et de demande. Lagacé n'a pas d'opinion là-dessus. Non, il dénonce seulement le fait que l'on s'attaque aux artistes. «À peu près tout, au Canada, économie mixte, reçoit une piasse ou deux de l'État (…) Est-ce juste? Est-ce souhaitable? Je ne sais pas. Mais pourquoi c'est le derrière des artistes qui sert de tapis à ce débat?»
Essayons de lui donner quelques réponses. Peut-être est-ce parce que contrairement à la plupart des autres activités subventionnées, qui créent quelque chose pour lequel il y a une demande réelle, une bonne partie de la production culturelle n'intéresse pratiquement personne et ne sert qu'à entretenir de véritables parasites. Toutes ces bananes volantes qui ne décollent d'ailleurs même pas, ces «installations» composées d'amas de détritus, ces symphonies qui nous font entendre des cris et des bruits abrutissants, ces poèmes totalement illisibles qui n'expriment qu'un non-sens postmoderne, ces innombrables romans ou films mettant en scène des drogués et autres paumés qui songent à se suicider, ces téléromans d'une insignifiance sans nom, etc.
J'ai souvent dénoncé les parasites du monde des affaires dans ces pages (un débat dont Lagacé n'a évidemment jamais entendu parler), mais à leur décharge, il faut dire que la plupart d'entre eux continueraient d'exister même sans subvention. Lagacé capote par exemple parce que l'industrie pétrolière paie présumément 17% d'impôt seulement. Mais s'il y avait une logique économique dans la façon dont ce pays est gouverné, les entreprises ne paieraient aucun impôt. Les entreprises ne sont qu'un processus de création de richesse, ce sont les individus qui paient des impôts. C'est donc 17% de trop. Les subventions aux entreprises, malgré leurs nombreux effets pervers, servent au moins à réduire le fardeau fiscal que l'État leur impose.
Au contraire, de nombreux artistes ne produiraient rien du tout si l'État ne leur transférait pas des centaines de millions de dollars pour les faire vivre et créer une demande artificielle pour leurs produits. Il n'y a tout simplement aucune logique économique à leurs activités. Ce sont des parasites purs. Ceux qui ne le sont pas survivraient à l'élimination des subventions, soit parce qu'il y a un véritable marché pour leurs produits, soit parce qu'ils trouveraient un mécène privé prêt à appuyer leur art impopulaire, soit parce qu'ils s'organiseraient pour pratiquer leur art à leurs frais, après s'être trouvé un véritable emploi pour payer leur loyer.
Peut-être aussi s'en prend-on particulièrement aux artistes parce que si les porte-parole de tous ces autres secteurs économiques subventionnés utilisent les mêmes arguments économiques bidon pour défendre leurs intérêts (les fameuses «retombées économiques»), ils ne le font pas avec la même arrogance que les artistes. Ils ne descendent pas dans la rue pour crier leur mépris envers tous les ploucs qui n'adhèrent pas à leur cause. Ils ne nous écœurent pas à longueur d'année depuis des lustres avec leur suffisance de personne moralement supérieure qui ne s'abaissent pas à chercher à faire du profit et à qui l'ont doit conséquemment un revenu confortable garanti; leur appui opportuniste à des causes politiquement correctes; leur idéologie nationalo-étatiste affichée comme une preuve d'originalité et de «subversion», alors qu'il n'y a rien de plus facile et de banal que d'appuyer un système qui nous fait vivre.
Peut-être est-ce enfin pour réagir à l'unanimisme qu'on perçoit dans les médias. Les gens d'affaires sont constamment critiqués pour toutes sortes de raisons. On dénonce à tort et à travers leur «cupidité» et leur «rapacité», même lorsque c'est l'intervention de l'État qui est responsable des crises. C'est de bon ton, aucun commentateur ne se fera regarder de travers après avoir cassé du sucre sur le dos des «capitalistes sauvages». Mais critiquer les subventions à la culture? Critiquer les artistes parasites? Ça ne se fait pas. Il y a un consensus là-dessus au sein de toute l'élite médiatique. Parce que les artistes font partie du «milieu», des mêmes cliques, des mêmes réseaux sociaux que les parlotteux médiatiques. On ne frappe pas sur ses collègues et amis.
C'est le communicateur-conseil Fréchette qui a raison: toute cette hystérie pourrait bien se retourner contre le milieu culturel. Plus les artistes et leurs alliés médiatiques crient fort et expriment leur mépris pour cette populace qui refuse de les faire vivre, plus on se rend compte à quel point ils sont déconnectés. Et plus il y a de chance qu'un gouvernement décide de véritablement couper, un jour, dans les subventions à la culture, parce que c'est devenu clairement politiquement rentable de le faire. Lâchez pas les amis, vous aidez à promouvoir nos idées.
Excellent édito Martin, tu as le don de rendre simples les concepts compliqués.
Cette semaine j'ai fait à la blague un petit vidéo édito sur youtube avec sensiblement les mêmes arguments que Martin (mais de facon beaucoup plus légère) en réponse a la série de vidéos bidons que nos ayatollahs du Plateau nous ont servi.
Pour mettre une longue histoire courte, je raconte une série de faits, je ne met pas tous les artistes et producteurs dans le même panier car tous ne sont pas accrochés aux mamelles de l'État mais force est d'admettre que c'est maintenant devenu un modus operandi.
J'attire votre attention sur le genre de réponses que cela apporte, allez voir. Ce que dit Martin dans son texte par rapport à la "supériorité morale" de nos gauchistes est encore trop gentil par rapport a la réalité. Je n'arrive pas a croire que des gens qui vivent de leur intellect soient aussi incapables d'être challengés.
Depuis que le monde est monde, lorsqu'on confie le droit de vie ou de mort sur une forme d'art à un petit groupe de fonctionnaires, de politiciens ou de n'importe quelle clique, c'est la meilleure facon de tuer cet art.
C'est exactement ce qui arrive ici. Si vous désirez faire un film, vous êtes mieux de plaire à Téléfilm ou la Sodec sinon too bad, une poignée de fonctionnaires auront ruiné vos élans et nous aurons peut-être raté le chef-d'oeuvre à venir de votre cousin Léon.
Vous ne me croyez pas? Ok 2 exemples:
Vous vous souvenez de Pierre Falardeau, quand il voulait faire son film sur les patriotes? Réfusé plein de fois par le guichet unique du soviet suprême, il ne pouvait pas faire son film, il a fallu qu'il utilise tous ses contacts politiques pour finalement faire cracher le fric (le strict minimum) au guichet unique du financement. Est ce normal?
Un cinéaste québécois pas pire connu gagne un Oscar a Hollywood pour le meilleur film étranger. Un Oscar, vous en conviendrez, c'est pas rien. Pourtant Denise Robert, son épouse, vient brailler dans les journaux qu'elle n'arrive pas à trouver le financement nécéssaire à la prochaine oeuvre de l'oscarisé Denis Arcand. Est-ce normal?
On s'entend que partout dans le monde un cinéaste oscarisé du meilleur film n'a généralement pas trop de problèmes à se trouver des investisseurs pour se faire financer. Mais pourquoi un investisseur privé financerait un film alors que l'État prend le risque pour lui? Alors le privé ne finance pas.
Qu'est ce que ca veut dire? Que t'es mieux de plaire à l'État si tu veux que ton film se fasse. Que ce soit des péquistes qui placent leur monde à la Sodec, des libéraux provinciaux qui ont nommé un de leurs organisateurs que je connais très bien à la tête de cet organisme... Au fait vous trouvez ça normal que le seul guichet de financement du cinéma au Québec soit donné à un organisateur libéral? Helloooooo! Même équation à Téléfilm pour le fédéral.
N'aimeriez-vous pas que l'on facilite plutot l'investissement privé? comme ça les gens de gauche, de droite, du millieu, les bleus, les jaunes, les verts, les zébrés et les autres auront chacun la liberté de supporter les artistes de leur choix.
Ce que les protestataires nous disent, c'est qu'il faut continuer avec ce guichet unique d'influences politiques. Quand c'est le PQ c'est bien, mais quand c'est Harper et la vilaine droite c'est mal et c'est de la censure... allons donc, un peu de sérieux, personne n'a empêché quelque cinéaste que ce soit de faire le film qu'il veut, même qu'il paraîtrait que l'industrie québécoise du film porno se porte très bien, pourtant les vilains rednecks religieux ne doivent pas aimer ça!
Ce qui achale dans le discours de nos geignards du Plateau c'est qu'ils sont tellement aveuglés par le discours gaugauche antikapitaliste qu'il se retrouvent à cautionner l'omniprésence de l'État et de la politique dans toute forme d'art, ce qui est completement l'antithèse de la liberté si nécéssaire à la création.
Si vous désirez voir le petit film dont je vous parlais plus haut, c'est ici: http://www.youtube.com/watch?v=5tE2BcUK27s . Et surtout, lisez le genre de réactions que ça provoque et la qualité des interventions. Je vous laisse juger par vous-même.
Rédigé par : Jeff Plante | 20 septembre 2008 à 23h47
Monsieur Masse! En tant qu'artiste, je vous approuve totalement!!!
Eh oui! J'avoue être un peu marginal... Voici une lettre que j'ai composé cette semaine et que je voudrais publier je ne sais où encore. Malgré ma prise de position, j'ai surtout voulu éviter tout sarcasme, insulte ou grossièreté. J'aimerais savoir savoir ce que vous en pensez:
"Chers collègues artistes,
Depuis le temps que j’observe votre mobilisation contre les coupures de Stephen Harper, j’aimerais, si vous le permettez, exprimer un point de vue différent du vôtre…
Je travaille présentement comme emballeur dans une épicerie et je me consacre à divers projets artistiques en-dehors de mes heures de travail. Je suis conteur, écrivain, metteur en scène, cinéaste et comédien. Toujours amateur jusqu'à présent, l’art est pour moi un travail à temps partiel et j'espère faire du temps plein un jour. Ce peut être dans cinq ans, dix ans ou même quinze ans : je ne suis pas pressé. J'aime les arts et la culture, je savais dès le départ que je n'aurais pas la vie facile et je l'assume entièrement. J'ai choisi un chemin qui est long mais pour être artiste, il faut beaucoup de patience.
Je suis un Beauceron nouvellement établi à Montréal et j'ai fait le choix de ne pas faire appel aux subventions par défi personnel et par fierté. Je me suis toujours dit que si je réussissais par mes propres efforts, le mérite récolté n'en sera que plus grand. De plus, un artiste ne peut pas plaire à tout le monde, c'est impossible. C'est pourquoi je refuse de faire payer ceux et celles qui ne s'intéressent pas à ce que je fais, simplement par respect. Il faut laisser aux gens la liberté de choisir quels artistes et quelle culture ils souhaitent encourager. Il n’est pas juste de leur imposer, par l’intermédiaire de l’État, ce qu’ils doivent considérer comme de la culture, comme s’ils étaient incapables de faire le jugement par eux-mêmes.
Vous dites qu'une société ne peut vivre sans culture? Vous avez parfaitement raison. La culture est un processus naturel dans une société : l’une ne va pas sans l’autre. Mais c'est le peuple qui crée la culture, pas le gouvernement. Peu importe quel parti est au pouvoir, l'État ne fait qu'imposer des standards, des conditions, des obligations et des limites… Soit tout ce qui va à l’encontre des artistes ! Croyez-vous que l’État vous donne de l’argent sans rien demander en retour ? Sans aucune condition ? Il me semble que la liberté… la liberté d’expression et la liberté tout court, devrait être les valeurs fondamentales de tout artiste. Les arts et la culture ont toujours existés et existeront toujours, même sans aide gouvernementale. Je tiens le pari n’importe quand! Il existe pourtant bon nombre d’artistes très connus dans le monde qui vivent très bien sans subventions.
Militez contre les coupures et le Parti Conservateur si vous voulez. Vous avez parfaitement le droit de le faire et je respecte votre opinion. Toutefois, n’allez surtout pas prétendre que vous parlez au nom de tous les artistes. Rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de voter pour Stephen Harper ni pour aucun autre candidat d’ailleurs : l’annulation sera mon choix le 14 octobre. Qu’un premier ministre décide d’éliminer toute aide aux artistes ou qu’un autre veuille y consacrer la moitié de son budget me laisse totalement indifférent. Aucune de ces situations ne se réalisera dans un avenir prochain de toute façon...
Je me dissocie de votre mouvement car je suis un artiste libre qui n’a nul besoin de subventions.
Respectueusement vôtre,
Steve Pruneau
Rédigé par : Steve Pruneau | 21 septembre 2008 à 00h34
@ Steve,
Merci beaucoup d'avoir partagé ce texte avec nous. Tu devrais essayer de l'envoyer à La Presse, on ne sait jamais.
Je ne peux que te féliciter pour ton indépendance d'esprit, ton attitude entrepreneuriale et ta volonté d'investir et de construire la carrière que tu veux **à moyen et long terme** au lieu de succomber à la facilité des subventions à court terme. C'est plus risqué, mais les gains en sont potentiellement beaucoup plus élevés. Si tu réussis à créer quelque chose de solide et à t'imposer graduellement comme artiste dans les années qui viennent, tu en seras énormément plus fier et plus comblé (quel que soit ton revenu) que si tu vivotes d'un projet subventionné à un autre en blâmant le système de ne pas t'offrir plus d'opportunités, comme le font beaucoup d'artistes.
Je l'ai déjà raconté un peu ailleurs (voir notamment http://www.leblogueduql.org/2008/02/les-universitai.html , http://www.leblogueduql.org/2008/04/comment-percer.html et http://www.quebecoislibre.org/021026-2.htm ), j'étais exactement dans cette situation il y a vingt ans lorsque je souhaitais devenir un "intellectuel public" sans passer par les réseaux universitaire et journalistique conventionnels. Pendant 10 ans (à partir du moment où j'ai abandonné une maîtrise inutile en science politique à l'Université de Montréal, en 1990, jusqu'à ce que je commence à travailler pour l'IEDM en 2000), j'ai travaillé à temps partiel et vécu avec des revenus annuels de moins de 20 000$. J'ai passé tout ce temps à lire énormément, à avancer sur des projets de livres, à publier des articles ici et là et, grâce à Internet, à fonder mon propre magazine en 1998. Sans aide de qui que ce soit, ni aucun compromis, alors que pratiquement toutes les publications bénéficient du soutien de l'État.
Dix ans plus tard, le QL, malgré son format modeste, est une institution qui a eu, et continuera d'avoir, un impact à long terme incalculable sur la propagation des idées libertariennes. J'ai un revenu acceptable, un réseau de contacts importants dans divers milieux, et je fais exactement ce que j'ai toujours voulu faire dans la vie. Et je n'ai aucun compte à rendre à personne. Ma réussite dépend entièrement de ce que j'ai construit et investi par mes propres efforts, et pas des montants que j'ai soutirés à divers programmes étatiques.
Les parasites qui exigent toujours plus sont des paumés qui font pitié, parce qu'ils n'ont aucun contrôle sur leur vie et leurs accomplissements et en conséquence n'ont qu'une faible estime d'eux-mêmes. Ils ne peuvent rien réaliser sans que "la société" leur vienne en aide (voir les première et troisième attitudes libertariennes à http://www.quebecoislibre.org/000108-2.htm ). Cette dépendance envers une entité abstraite qu'ils s'imaginent servir et qui leur "doit" en retour un revenu et une reconnaissance officielle est au coeur de leur identité.
C'est pourquoi ça les fait totalement freaker de voir comme en ce moment que "la société" (c'est-à-dire une partie des gens qui la composent) n'embarque pas dans leur mythologie et ne souhaite pas leur accorder les privilèges et le statut spécial qu'ils exigent. Ce n'est pas simplement un débat sur des politiques publiques, un débat sur des coupures de quelques dollars ici et là. C'est un débat sur l'identité et la valeur intrinsèque de "l'artiste au service de la nation" dans un modèle collectiviste qu'on cherche à nous imposer depuis des décennies.
Nous qui exprimons notre scepticisme et qui refusons de donner notre assentiment à ce système, nous brisons toutes leurs illusions unanimistes (puisqu'il doit y avoir un "consensus social" pour appuyer et maintenir ce modèle). Nous faisons éclater le mythe. Nous sommes donc des barbares, des tatas, des incultes, des obscurantistes, des gens qui s'excluent (ou qu'il faut exclure) de la communauté éclairée et civilisée dont ils font partie. C'est, à leurs yeux, tout simplement inconcevable qu'on rejette délibérément ce modèle. L'hystérie qu'on observe ces jours-ci découle de cette croyance et de ces attitudes qui sont tout le contraire des attitudes libertariennes.
Rédigé par : Martin Masse | 21 septembre 2008 à 11h12
Wow, de belles interventions ici :)
Je suis allé voir votre vidéo M. Plante, bon résumé rapide. J'ai lu les commentaires, la plupart son pitoyable. L'affaire c'est qu'ils seraient facile à planter dans une discussion plus longue, plus complète et avec des arguments précis commes les effets pervers que vous décrivez. L'affaire c'est que les bien-pensant font un dialogue de sourds. Vous avez raison pour le fait que le privé est moins enclin à prendre des risques parce que... l'autre se fait subventionner, c'est trop unfair. Ce qui est hallucinant, c'est que les artistes chialent au nom de la diversité de la culture mais comme vous dites, c'est le meilleur moyen de garder une culture fermée. Votre exemple de la musique électronique, tout comme n'importe quelle forme d'art légèrement underground (même si ce ne l'est plus vraiment), prend son expansion par la taille du marché. C'est ridicule de dire que le marché québécois (ou canadien) est restreint.... comme si ça suivait les frontières géopolitiques..
Dans mon cas je m'intéresse aux arts corporels, je l'ai déjà dit souvent. C'est hyper underground, les vrai amateurs de body art sont une fraction minuscule de la population (et je n'inclus pas la fille qui va se faire tatouer un playboy sur la hanche sur un coup de tête..). Pourtant, la communauté est GIGANTESQUE!! Il y a eu une superbe convention à Montréal il y a 2 semaines, zero subvention, organisé par un studio local qui est à mon avis le meilleur de Montréal. Les artistes de body art du monde entier se regroupent pour échanger leurs techniques, les nouvelles technologies, comparer les styles. Ça crée des événements comme le "http://artfusionexperiment.com/" qui a combiné plusieurs tatoueurs sur les mêmes pièces pour faire un amalgame de talents. Par la suite ils ont fait la même chose sur toile, avec encore des tatoueurs et ont été dans une énorme exposition à New York. On voyait beaucoup d'amateurs d'arts visuels venir admirer le travail et le nouveau type d'art qui émerge de l'expérience.
@Steve Pruneau - Great!! Un artiste qui se tient debout. Chaque fois que je vois un chialeux subventionné, je pense à l'armée de monde qui restent comme vous qui n'ont pas de subventions et subissent les effets pervers. Bonne chance pour diffuser votre art :)
Rédigé par : Kevin | 21 septembre 2008 à 11h49
Il y a vraiment juste ici que les vraies affaires sont dites telles qu'elles sont! Que j'aimerais entendre ces débats dans les médias...
Je suis allé voir le dernier vidéo des artistes ( http://www.youtube.com/watch?v=UrATQeLLKX0 ) et franchement, à mon avis c'est tellement dégoulinant de démagogie que c'est à se demander comment on peut tomber dans le panneau d'une telle caricature!
Le "rating" du vidéo en question et la majorité des commentaires font peur à lire (dans le même genre que les réponses au vidéo de M. Plante, auxquelles j'ai répondu). Il faut du courage (manière de parler, ça reste internet) pour "oser" poster quelque chose allant à l'encontre du courant general.
Bien que je me désole souvent du manque de réaction de la population aux âneries des politiciens, cette fois-ci je suis bien content de voir le manque de réaction des citoyens.
Je n'ai pas de mots pour décrire la gratitude que j'éprouve pour l'existence du Québécois libre. J'ai bien hâte à la prochaine rencontre pour enfin voir tout le monde..
Mattiew
P.S. M. Plante, je tiens à vous dire que j'ai fortement apprécié votre intervention à TVA sur la "job de bras libérale". Ce n'est pas tout les jours qu'on voit la vérité sortir au grand jour au Québec, on a plus tendance à l'étouffer.
Rédigé par : Mattiew | 21 septembre 2008 à 12h51
Bravo à Steve Pruneau pour cette belle lettre et pour sa position rare. Je vous souhaite bonne chance !
Rédigé par : marianne | 21 septembre 2008 à 17h51
Bien des aristocrates européens des XVIIe et XVIIIe siècles eurent les mêmes réactions que nos artistes à leur époque.
La plèbe est trop bête pour décider par elle-même, ils suivent n'importe quel discours. Ce sont tous des barbares, des ignares, des colonisés, des cons-serviteurs (la nouvelle insulte des "purs et durs").
Comment peut-elle remettre en question une situation, un ordre établi depuis tant de décennies ?
Rédigé par : Mathieu Demers | 21 septembre 2008 à 21h56
Les subventionnés prétendent à un droit divin.
État, donne-moi l'argent de ta paysannerie! Moi, je suis artiste.
Rédigé par : Mathieu Demers | 21 septembre 2008 à 21h58
@Martin Masse
Vous avez parfaitement raison d’être aussi outré. En effet, les « artistes » se livrent à un chantage tout à fait obscène, chargé des sous-entendus les plus insultants : si vous n’êtes pas pétris d’admiration devant les « artistes », si vous n’appuyez pas sans réserve des investissements publics massifs en « culture », vous ne pouvez être qu’un fasciste ou un gros épais, votre aliénation est une véritable disgrâce, et vous ne devriez même pas avoir le droit de parole.
Incapables de séduire ou d’intéresser ceux-là même qu’ils prétendent vouloir « sensibiliser », les « artistes » leur crachent dessus, en toute bonne conscience, en les traitant d’ignares, d’incultes et d’ignorants. C’est tellement grossier qu’on en viendrait presque à souhaiter que Stephen Harper impose réellement des coupes sévères au « milieu culturel », qu’il aille même jusqu’à attaquer (comme le laisse sous-entendre ce pauvre Stéphane Dion pour faire peur au monde) l’icône nationale, le symbole ultime de « l’identité canadienne », la sacro-sainte Radio-Can/CBC…
Tout de même, cette fausse « crise » a au moins un aspect positif, celui de révéler le vrai visage de nos « artistes ». Ces personnages qui se disent si « ouverts », si « tolérants » (ils n’arrêtent pas de s’en vanter) sont en réalité des Tartuffe hargneux, des poseurs imbus d’eux-mêmes dont les prétentions de « subversion » se limitent à rabâcher la bien-pensance écolo-socialiste la plus convenue, la plus gnangnan… Qu’un individu aussi insignifiant, aussi bourgeois bohême que Michel Rivard joue les « résistants » a quelque chose d’absolument dérisoire…
Quant à exiger des « artistes » qu’ils démontrent un peu plus de décence et de modération, c’est évidemment peine perdue. Nos « artistes » sont en plein délire narcissique. Ils se la jouent « Berlin 1933 » en assimilant le gouvernement de Stephen Harper à un ramassis de dangereux fanatiques d’extrême-droite, motivés par les plus sombres desseins. Tout en se présentant eux-mêmes, cela va de soi, comme de courageux « résistants » trahis par une populace aussi veule qu’imbécile.
Devant cet invraisemblable accès de délire communautaire, il n’y a pas grand-chose à faire. On attend que ça passe, tout simplement, en regardant le football ou en écoutant le dernier disque de Metallica. C’est toujours plus intéressant qu’une manifestation « d’artistes » ou un discours de Pierre Curzi…
Rédigé par : Anarcho-lapin | 21 septembre 2008 à 22h03
Avez vous lu l'article de je-ne-sais-plus-qui dans La Presse (le gars aux lunettes aux tendances socialistes et adepte de la démagogie). Son article raconte que le gouvernement conservateur méprise la culture et n'en a aucune, par le sarcasme, il dit que Harper est un inculte, idiot et straight pour mourir....
Whatever.... ça vaut même pas une critique...
Rédigé par : Kevin | 21 septembre 2008 à 22h41
Faites-vous parties des 305,055 personnes qui ont vu le clip «Culture en péril» sur Youtube? Avez-vous ri à gorge déployée? La clique médiatico-culturelle, oui. Et elle est unanime: le clip de Michel Rivard & Cie est drôle à mourir. Génial. Point. On a pu entendre et voir des extraits du clip en boucle tout le weekend à la radio et à la télé de Radio-Canada (ainsi qu'à RDI). Pas le moindre commentaire négatif.
À part sur ce blogue, le premier bémol est venu, à ma connaissance, d'un monsieur de St-Étienne-de-Lauzon (sans doute un barbare, un tata, un inculte) qui donne son appréciation de l'«oeuvre» ce matin dans le Courrier des lecteurs de La Presse. Parlant du style de la vidéo, il dit qu'il est «carrément raciste. Les séparatistes seraient sans doute montés aux barricades si un groupe d'anglophones avaient parodiés de la même façon des instances québécoises. C'est de mauvais goût et cela renforcera sans doute la perception qu'un bon nombre de Québécois méprisent tout ce qui n'est pas de souche.»
C'est vrai. Imaginez si un groupe de comédiens anglophones avaient fait la même chose (dépeindre un comité de fonctionnaires ploucs unilingues francophones) pour faire valoir leur point, le chef du Bloc québécois aurait grimpé dans les rideaux et aurait mené sa campagne au complet là-dessus. Il aurait parlé de mépris et de racisme.
Rédigé par : Gilles Guénette | 22 septembre 2008 à 09h34
@Gilles Guénette
Très bon point que tu mentionnes s'il y avait un vidéo du même genre fait par la communauté anglophone. Il y a de quoi souhaiter que quelqu'un fasse une parodie du clip de Michel Rivard où c'est un anglophone qui présente son idée de festival/disque/etc devant un groupe de fonctionnaires francophones et le poste sur Youtube,Dailymotion,etc.... ;-)
Rédigé par : Stéphane Dumas | 22 septembre 2008 à 10h33
Le pire dans ce vidéo ridicule est qu'il ne se rend même pas compte de l'obsession du gouvernement fédéral pour le bilinguisme. Insinuer qu'il est plus difficile pour un francophone de faire sa place au Canada que pour un anglophone de faire sa place au Québec est franchement dérisoire.
Juste de même, Harper parle pas mal mieux français que Pauline parle anglais. Ca en dit long.
Rédigé par : Francis St-Pierre | 22 septembre 2008 à 11h04
Vous avez des points intéressant, mais je voulais vous mettre en garde contre le vidéo de "cultureenperil" sur YouTube, les commentaires qui sont en désaccord avec l'idée générale du vidéo son systématiquement éffacé, au profit des commentaires les plus injurieux et hystérique. Celà renforce encore l'idée selon laquelle le "consensus social" est biaisé ...
Rédigé par : Bobjack | 22 septembre 2008 à 12h39
P/R vidéo culture en péril
Quand même, faut admettre que c'est bien joué. Brière est excellent.
Si l'ennemi marque un point, il faut le reconnaître.
Comme l'a dit Jonh McCain à propos de Obama le soir de son investiture ; «Job well done»
Rédigé par : Philippe texier | 22 septembre 2008 à 20h05
Bonjour Martin. Excellent billet. Ça permet de brasser les idées et de se faire une idée sans sauter dans les conclusions simples et hâtives. Personnellement, je crois qu'il y a une place et une pertinence pour les subventions culturelles. Cependant, elles devraient être présentées dans deux formats distincts: des bourses, pour permettre à des artistes émergents de faire connaître leur art et leur permettre de tenter leur chance. Le deuxième volet serait présenté sous forme de prêt remboursable. Par exemple, toute production de disque, publication de livre, présentation de spectacle, etc, devrait obligatoirement rembourser ce prêt à l'organisme gouvernemental. Le succès du Cirque du Soleil est le meilleur exemple. L'idée était originale avec un potentiel extraordinaire, ce ne sont pas les gens d'affaires québécois qui ont cru en Laliberté mais c'est le gouvernement Lévesque qui a décelé la bonne affaire. D'après ce que je comprend, M. Laliberté a accepté un prêt du gouvernement du Québec qu'il a par la suite remboursé.
À mon avis donc, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Je comprend que vous et vos lecteurs rejetez toute forme d'intervention étatique et je respecte vos positions. Cependant, je crois qu'il faut reconnaître l'apport des subventions opur permettre à notre culture de s'épanouir, voire de survivre. Les grandes entreprises qui acceptent de financer la culture investissent pricipalement dans les arts classiques et les grands festivals. Si l'état ne participe pas aux formes d'art plus modestes, on risque d'y perdre quelque chose. Je ne sais pas exactement comment, mais il faudrait trouver le juste équilibre. Le débat est lancé...
Rédigé par : lutopium | 23 septembre 2008 à 06h22
@ lutopium
En fin de semaine, Nathalie Petrowski aussi, dans une chronique visant à dénoncer les conservateurs et les coupures en culture, a parlé du Cirque du Soleil comme étant «un miracle artistique et économique qui n'aurait jamais vu le jour sans l'aide de l'État». Question: croyez-vous vraiment que sans l’aide de l’État, Guy Laliberté se serait dit «Ben coudonc, ils ne veulent pas me donner de subventions, ça doit être parce que ce que je fais n’est pas bon. Je vais me mettre sur l’assistance sociale»? Je suis persuadé qu’il aurait tout de même lancé son cirque et qu’il connaîtrait aujourd’hui le même succès qu’il connaît.
Pour ce qui est de l’idée de prêts remboursables, la première question qui me vient en tête est: pourquoi les artistes et pas nous! Je crois que si l’État n’était pas la banque des artistes, le marché flairerait la bonne affaire et offrirait des produits adaptés à cette clientèle. C’est déjà le cas, à petite échelle. Par exemple, la Fédération des caisses Desjardins du Québec a crée la Caisse de la Culture en 1994 pour répondre spécifiquement aux besoins des artistes, artisans, créateurs et entreprises issus des milieux de la culture et du savoir. En voilà des prêts remboursables! Après tout, comme il est mentionné à la fin de la vidéo en question, «Chaque dollar investi dans l’industrie culturelle rapporte 11 fois plus en bénéfices directs et indirects.» En ces temps de tourmente financière, c’est un bien meilleur rendement que bien des produits financiers disponibles ;-)
Rédigé par : Gilles Guénette | 23 septembre 2008 à 07h26
Dans une autre réalité, où le gouvernement n'interviendrait pas dans le financement de la culture, je suis persuadé qu'il existerait d'autres sources de financement pour aider les artistes. Je suppose que tous ceux qui s'indignent aujourd'hui des coupures du gouvernement n'auraient aucune hésitation à contribuer au budget d'un organisme d'aide aux artistes, si le gouvernement laissait dans leurs poches les sommes qu'il extirpe au nom de la culture.
S'ils tiennent à ce point à ce que des artistes émergent de l'anonymat, «just put your money where you're mouth is». Il semble y avoir tant de gens qui accordent de la valeur à une culture nationale et rayonnante. Assemblez-vous, organisez-vous et cultivez-vous.
Les libertariens ne s'opposent pas aux subventions accordés aux artistes. Ils s'opposent au fait que le gouvernement distribue des subventions selon des critères que je ne contrôle pas, avec de l'argent qui m'a été pris de force.
Rédigé par : Yannick Leduc | 23 septembre 2008 à 10h36
Difficile de savoir ce qui serait arrivé aux ambitions de M. Laliberté sans un prêt gouvernemental. Toute hypothèse est louable. Tout comme certaines entreprises de pointe (technologie, phamaceutique, autres) ont accès à des aides gouvernementales (et ne venez pas me parler de venture capital canadien, ça n'existe pratiquement pas) pour démarrer des initiatives de R&D qui pourraient amener des produits intéressants (et lucratifs à long terme), je ne vois rien de malsain à donner un coup de pouce à des artistes qui démontrent un potentiel... Certain qu'il y a et qu'il y aura toujours des abus: lorsqu'on voit un homme on découvre souvent de l'hommerie... Évidemment, on peut remettre en question le financement public des boîtes de productions profitables (Julie Snyder, Denise Robert, Philippe Lapointe, etc...) et des maisons d'édition qui semblent bien se tirer d'affaires (Éditions La Presse, entres autres...) mais j'ai de la difficulté à tout faire disparaître sous le seul principe de désengagement de l'état...
Rédigé par : lutopium | 23 septembre 2008 à 13h40
@Lutopium
Il y a maintenant un certain temps que les gouvernements du Québec et du Canada investissent dans la culture. Il est donc rendu "normal" que les artistes cherchant à percer se tournent vers eux afin de les financer. Puisque le gouvernement prend le "risque" de financer les artistes, avec l'argent des contribuables, les autres institutions, entreprises et organismes sont beaucoup moins solicités et ne se "garochent" pas non plus dans l'aventure de la subvention. Je dis "risque" car la plupart des artistes ne réussiront pas à percer avec l'argent reçu.
Si les gouvernements n'avaient jamais distribué aucune subvention, il y a longtemps que les artistes se seraient trouvés d'autres sources de financement ou se seraient organisés entre eux afin de financer des projets aux allures prometteuses. Par exemple, ils auraient pû faire comme les juifs et exiger que chacun des membres de l'Union des Artistes donnent 5% de leurs revenus provenant de leur art afin d'aider d'autres artistes à se démarrer qui, eux aussi, à leur tour donneraient 5%.
Vous savez Lutopium, les gens qui veulent vraiment quelque chose s'organisent généralement pour l'avoir coûte que coûte. Le fait que les contribuables prennent le "risque" de financer n'importe quoi chez les artistes est injuste. Qu'ils prennent les risques de se subventionner entre eux et qu'un panel formé d'artistes décide de ce qui est "subventionnable" ou pas. S'ils n'ont pas assez d'argent, ils ne pourront que blâmer leur organisation au lieu de blâmer le public.
Il y a toujours des façons de se débrouiller sans l'argent des contribuables. L'argent facile comme ça crée de la dépendance et un sentiment de "j'ai droit à". Tentez l'expérience en donnant de l'argent sans attache à un de vos enfants pendant un bout de temps. Vous verrez que si vous arrêtez, on ne vous dira pas: "merci pour ce cadeau sans attache que tu m'as fait durant xx période de temps". On vous dira plutôt: "Comment ça t'arrêtes de me donner MON argent? J'étais habitué d'avoir ça! Je me suis habitué à vivre avec! Tu peux pas arrêter de me donner MON argent, j'en ai besoin pour faire xxxx". Grâce à ça, votre enfant n'aura pas développé son sens de la débrouillardise afin de se trouver de l'argent et de plus, il sentira qu'il est normal qu'on lui garnisse les poches sans rien attendre en retour. La banane volante n'a jamais volé et les contribuables n'ont jamais retrouvé leur argent.
Rédigé par : Steven | 23 septembre 2008 à 14h46
@ Lutopium
«je ne vois rien de malsain à donner un coup de pouce à des artistes qui démontrent un potentiel... »
La vraie question est, pourquoi serait-ce le rôle de l'État? Pourquoi est-ce toujour à l'État de donner un "coup de pouce" (aux entreprises autant qu'aux artistes)?
Rédigé par : Philippe David | 23 septembre 2008 à 14h49
Pourquoi devrait-on penser qu'un individu va arrêter de peindre parce que l'État ne lui donne pas d'argent, qu'un autre individu arrêterait de chanter, ou un autre arrêterait d'écrire des histoires....de dessiner....de filmer...???? À ce compte, pourquoi moi je n'arrêterais pas de faire les choses qui me plaisent puisque l'État ne me rembourse pas mes frais reliés à ces plaisirs vertueux.
L'activité culturelle et la créativité font partie intégrante de la nature humaine. Après des centaines de milliers d'années d'évolution on serait rendu au point ou l'intervention de l'État serait nécessaire ? C'est insensé, pourquoi s'arrêterait-on aujourd'hui ?
Une seule chose motive une chanteuse ou chanteur, c'est la reconnaissance sociale.....aimez-moi je vous en pris....désirez-moi....ce n'est certainement pas le désir de propager la culture.
Rédigé par : MartinD | 23 septembre 2008 à 20h30
Steven, je comprend ce que vous me dites. Il y a toutefois des nuances importantes. Je n'endosse pas automatiquement la légitimité de toutes les demandes de financement (bourse ou prêt remboursable) mais je persiste à croire que nous, les citoyens - à travers l'appareil gouvernemental qui nous appartient après tout, pouvons donner un coup de pouce aux activités culturelles et artistiques tout en permettant à ses acteurs d'en tirer une contribution financière, si minime soit-elle. Encore une fois, je ne parle pas ici du financement "automatique" qui est donné aux grosses boîtes de production qui pourraient continuer à être profitable même sans les subventions et crédits d'impôts normalement disponibles. Je parle du petit, sans moyens, perdu dans les méandres de la production artistique qui, sans un appui public quelconque, ne pourrait jamais tenter le coup.
Un parti politique peut prôner l'arrêt du gaspillage. Mais, selon moi (éternel gauchiste "étatique"), une infime partie des impôts perçus devrait être canalisée vers le milieu culturel. Autrement, les performances artistiques seraient continuellement associées à des marques de commerce, ce qui peut devenir un irritant. On a le Centre Bell, aurait-on le Cirque du Soleil Telus?
Merci à tous pour les commentaires, ça contribue toujours à se faire une meilleure opinion. Salut!
Rédigé par : lutopium | 24 septembre 2008 à 07h22
Bien sur, c'est pour ca que tous les artistes aux USA ont des marques accolées à leurs côtés... Ou avais-je la tête!
C'est ça le fameux lien secret entre Andy Warhol et Campbell's :-)
Rédigé par : Jeff Plante | 24 septembre 2008 à 09h10
@Lutopium
Merci de votre commentaire. Voici ce que j'ai à répondre:
1- J'ai bel et bien compris qu'on est en accord qu'il y a du gaspillage dans ce domaine. Cependant, je prone pour un arrêt complet des subventions alors que vous pronez pour un "nettoyage" afin de ne plus financer des projets comme la banane volante. Ce que je crois être la faiblesse dans la réduction du financement est "qui va décider ce qui peut être financé ou pas?" De plus, les artistes vous fustigeraient de sabrer dans leur budget même si vous ne couperiez pas les vivres au complet. Vous auriez beau leur expliquer que vous ne voulez que dépenser l'argent plus sagement, il est rare que des indidividus regroupés entendent raison. Eux ne voient que les $$$ en moins et se fouent royalement des contribuables. Finalement, ce que vous me dites ressemble étrangement à ce que Harper veut faire: censurer (choisir qui va et ne va pas recevoir de subvention équivaut à censurer) et couper.
2- Je vois que vous n'aimez pas que les productions et performance artistiques soient associées à une marque de commerce. Je peux comprendre ça aussi. Il est vrai que que le logo ne "match" pas souvent avec le décor et qu'il ressort un peu plus et qu'au Québec, on (surtout la gauche) trouve ça un peu sale d'associer le privé aux productions artistiques. On a l'impression que ça déshumanise et que ça enlève une partie de la pureté émotive associé à l'art en question. L'image du l'homme d'affaire affichant un sourire hypocrite nous vient à l'esprit. On doit cependant se rappeler que ceci n'est pas fondé. Il s'agit d'une impression émotive qu'on a à force de se faire dire que les compagnies privées sont sales et corrompues. À force de toujours se le faire dire, on n'aime pas voir une production s'associée avec une cette image! Généralement, lorsque le gouvernement canadien ou québécois subventionne des performances ou des productions artistiques, on voit le drapeau affiché dans une zone bien visible. Les artistes mentionne également (oralement ou par écrit) quel niveau de gouvernement a contribué financièrement à la production. Tout ça est en qques sortes de la publicité pour le gouvernement. Ceci revient à dire que vous préférez voir des remerciements pour le gouvernement du Québec et/ou du Canada au lieu de Telus par exemple dans le pamphlet publicitaire de la production et que vous préférez voir une grosse feuille d'érable ou une fleur de lys au lieu du logo de Bell.
En passant, en ce qui concerne la publicité de gouvernement ou de compagnies corrompues, on ne parlera pas du scandale des commandites. Si l'appareil étatique vous appartenait réellement, auriez-vous permis ce scandale? Quand je considère que qqchose m'appartient, ça implique que j'ai le contrôle sur cet objet. Cependant, je considère que je n'ai aucun contrôle sur l'appareil étatique. Ce sont les politiciens, les lobbys et les groupes de pressions qui la contrôle. Généralement, lorsque qqchose m'appartenant ne me satisfait pas, je peux m'en débarrasser. Je ne peux pas faire ceci avec le gouvernement...
Rédigé par : Steven | 24 septembre 2008 à 09h26
@ lutopium,
Nous divergeons évidemment d'opinion sur plusieurs points, et j'aimerais résumer ici brièvement les trois principaux.
(1) Vous croyez que "nous, les citoyens - à travers l'appareil gouvernemental qui nous appartient après tout, pouvons donner un coup de pouce aux activités culturelles". Les libertariens pensent au contraire que non seulement l'appareil gouvernemental a sa propre dynamique et ne représente que très superficiellement la "volonté populaire", mais que d'un point de vue plus fondamental, même si une majorité de citoyens étaient d'accord avec vous, ça ne justifie pas qu'un appareil coercitif force les autres à travailler et à se départir du fruit de leur travail pour financer quelque chose qu'ils n'approuvent pas.
(2) Vous croyez que sans cet aide, "le petit, sans moyens, perdu dans les méandres de la production artistique, sans un appui public quelconque, ne pourrait jamais tenter le coup". Nous sommes plus optimistes et pensons que dans un marché libre et une économie conséquemment plus dynamique (où les "méandres" seraient bien moins difficiles à contourner), tout le monde peut s'organiser d'une façon ou d'une autre pour percer s'il a un produit qui est en demande.
Par ailleurs, même pour nous qui ne jurons supposément que par les loi de l'offre et de la demande, la demande n'est pas du tout le seul critère de la valeur d'une oeuvre. Un génie avant-gardiste peut très bien créer des chefs-d'oeuvre qui ne seront reconnus comme tels que cent ans plus tard. Cette règle ne permet que d'évaluer *la valeur économique d'une oeuvre à un moment donné*. Et personne ne peut s'ériger en être omniscient, extérieur à ce marché, et venir décider que malgré une demande nulle, un artiste mérite que "la société" lui fournisse des ressources pour produire. Cet artiste a toutefois d'autres options qui lui permettraient tout de même, dans une société libre, de produire: trouver un mécène avec des goûts très minoritaires qui le financera, ou investir lui-même dans ses propres oeuvres, s'il est vraiment le seul à y croire, en gagnant son pain autrement.
(3) Enfin, vous êtes d'accord qu'il y a beaucoup de gaspillage et de financement des gros joueurs qui n'en ont pas vraiment besoin, et vous proposez que seule "une infime partie des impôts perçus devrait être canalisée vers le milieu culturel". Si j'étais conseiller d'un ministre de la Culture et que nous arrivions à faire adopter un tel principe, et conséquemment à réduire le budget de la culture de 75%, je considérerais cela comme une grande victoire, et nous serions pas mal sur la même longueur d'onde, moi le libertarien et vous l'éternel gauchiste étatiste! Ce serait une avancée politique dans la bonne direction.
Sauf que d'un point de vue libertarien, cela n'est tout de même pas suffisant, et je devrais ensuite me battre pour abolir les 25% restant, pas uniquement pour les deux premières raisons, mais aussi pour une troisième: la dynamique politique va faire en sorte que ce petit budget mieux ciblé ne restera pas longtemps petit. Un petit programme crée des incitations, chez ceux qui en profitent, à en demander plus. Il crée des incitations, chez ceux qui n'en profitent pas, à élaborer des arguments et faire pression pour l'élargir et être inclus dans le programme. Enfin, la logique démocratique et des choix publics incite les politiciens et bureaucrates qui distribuent l'argent à accroître leurs appuis, leur influence et leur pouvoir en cherchant à faire grossir ce même programme.
Tout petit programme a tendance à devenir plus gros. Tout petit État a tendance à gonfler. Le petit État libertarien issu de la Révolution américaine est devenu - encore plus depuis une semaine - un monstre gigantesque aux mille tentacules, qui a littéralement le pouvoir aujourd'hui de faire **n'importe quoi**. C'est cette réalité qui me fait croire qu'à long terme, on ne peut pas simplement se contenter de réduire la taille de l'État mais qu'il faut changer de paradigme. Même si on réussit à réduire ces programmes, tout sera à refaire dans 10, 50 ou 100 ans.
Voilà pourquoi je pense qu'il faut abolir carrément toute aide aux articles (et à tous les autres groupes qui profitent de transferts, évidemment). Je comprends que vous ayez "de la difficulté à tout faire disparaître sous le seul principe de désengagement de l'état". Mais ce "seul principe", ce n'est pas un dogme arbitraire, il découle d'une observation de ce qui s'est passé dans le monde au cours des derniers siècles, de la logique qui sous-tend la croissance de l'État, et d'une volonté de ne pas avoir à recommencer (nous-mêmes ou nos descendants) les mêmes combats comme Sisyphe qui remonte son rocher.
Rédigé par : Martin Masse | 24 septembre 2008 à 10h14
@ Lutopium
Votre première erreur, qui corrompt votre jugement, c'est de considérer que les 2-3 variables que vous additionnnez dans votre tête pour dessiner la société idéale sont suffisantes. Vous ignorez totalement les effets à long terme et les incitations. Il faut d'abord s'intéresser à la sociologie et comprendre les règles de comportements qui régissent l'interaction entre les humains.
Jeff Plante dans son vidéo dit que le meilleur moyen de tuer une culture c'est de la subventionner. Pourquoi? parce que ça amène l'artiste à quêter au lieu d'explorer et de se développer. Vous savez pourquoi il faut éviter de nourrir les animaux de manière régulilère dans une forêt? Parce que la facilité les incitera à délaisser leurs habitudes alimentaires et en bout de ligne ils ne seront absolument plus autonomes.
De toute manière, vous avez peur de Harper comme c'est pas possible mais vous continuez de soutenir que l'état devrait s'occuper de la culture et de beaucoup d'autres choses. Pourtant vous n'êtes en faveur de l'état que lorsque le parti au pouvoir représente vos idées. Allez vous vraiment toujours attendre que la majorité soit de votre côté pour avoir ce que vous voulez? Et si les subventions ou les programmes sociaux que vous valorisez tant finissent par être méprisé par la population et qu'on subventionne des oeuvres que vous trouvez répugnantes, qu'on encourage des parasites ou simplement que ça ne vous représente pas? Aurez-vous le courage d'appliquer ce que vous préconisez? : La soumission de la minorité aux diktats de la majorité?
Rédigé par : Kevin | 24 septembre 2008 à 10h38
Comble du ridicule dans son programme politique la formation Québec solidaire souhaite mettre sur pied un filet de sécurité sociale pour les artistes.
Alors non seulement le contribuable va financer une culture qu'il ne souhaite pas consommer, mais en plus il devra payer davantage pour financer des artistes qui ne réussissent pas à percer le marché. Wow.
Non mais je me lève le matin pour aller travailler, je dois courir a la garderie pour aller chercher les enfants, je m'investi dans différentes projets et personne ne me subventionne.
Évidemment on nous dira que c'est de l'art et personne ne comprend. Alors coucher l'argent sur la table sans dire un mot.
Guylaine 41 ans
Rédigé par : Guylaine | 24 septembre 2008 à 12h32
Merci encore pour vos réactions. J'apprécie votre point de vue et j'en prend bonne note. Chose certaine, vous faites preuve d'une constance exemplaire dans votre approche. Même si nous ne sommes pas souvent d'accord, je tenais à vous dire encore une fois que j'apprécie le temps que vous investissez pour nous expliquer votre point de vue. Ça permet à un gauchiste de se questionner sur ses convictions et de les raffiner si nécessaire.
Rédigé par : lutopium | 24 septembre 2008 à 13h30
Les revendications des « artistes » tournent au boulevard, à la comédie. Personne ne les prend au sérieux sauf, évidemment, les salariés du spectacle (Patrick Lagacé, la terrifiante Petrowski...) et quelques politiciens intéressés.
Le « milieu culturel » peut bien paniquer : même les insultes (« tatas », « ignares », « simplistes ») des « créateurs » envers tous ceux qui les ignorent tombent dans le vide. Les individus sensés (c'est-à-dire la majorité de la population) ne s'arrêtent même plus pour répondre aux injures et aux sous-entendus insultants : ils passent outre, tout simplement. Comme si les « artistes » étaient de grands enfants, des adolescents un peu irresponsables à qui il faut bien pardonner leurs frasques, leurs excès de langage et leur chantage à l'argent de poche. De grands enfants : c'est peut-être ce qu'ils sont devenus, au fond...
Rédigé par : L'indifférent | 24 septembre 2008 à 13h43
@ Lutopium "Chose certaine, vous faites preuve d'une constance exemplaire dans votre approche."
Changer d'opinion pour un oui ou un non ça s'appelle être girouette. Une girouette n'a pas de crédibilité en argumentation parce qu'elle n'en a pas justement. Un raisonnement doit être appuyé de principe et sa véracité est prouvé par l'expérimentation. Les incitations sont facilement observables et les effets pervers aussi. Sachant comment les humains réagissent, lorsqu'on analyse une intervention, il faut regarder toutes les variables possibles. C'est tout à fait normal qu'il y ait une constance dans nos positions puisque les principes qui régissent le raisonnement ne changent pas et que les variables sont toujours les mêmes.
@L'indifférent
Seulement ne pas mélanger artiste et parasite, je connais beaucoup d'artistes autonomes et responsable.
Rédigé par : Kevin | 24 septembre 2008 à 17h53
À Kevin
Justement, je ne parle pas des « artistes autonomes et responsables ». Je parle de ceux qu'on voit (et qu'on entend !) se plaindre actuellement, parce que l'état n'en ferait pas assez pour eux.
Rédigé par : L'indifférent | 24 septembre 2008 à 20h18
@Kevin: contrairement à toi, je n'ai pas une position précise sur tous les sujets qui se présentent devant moi. J'envie ta vie en noir et blanc. Chez moi, il y a encore beaucoup de gris. Je suis ignorant sur tellement de sujets, mais je me soigne.
Rédigé par : lutopium | 24 septembre 2008 à 21h50
Lutopium, je t'invite fortement à lire le texte suivant de Ayn Rand sur le culte de la moralité gradée de gris.
http://freedomkeys.com/ar-moralgrayness.htm
Rédigé par : Yan Grenier | 25 septembre 2008 à 09h25
Les artistes ont beau déchirer leur chemise sur la place publique, 45 millions $, ça reste des peanuts! Comme le souligne François Colbert, professeur titulaire à la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC-Montréal, dans une lettre d'opinion publiée ce matin dans Le Devoir:
«Selon Statistique Canada, le total des dépenses directes en culture de l'ensemble des administrations publiques au Canada se chiffre à 7,7 milliards de dollars par année, dont plus d'un milliard pour les bibliothèques publiques, un autre pour les musée et les parcs historiques, plus d'un milliard pour Radio-Canada, Télé-Québec, TV-Ontario, etc.
«À ce montant, il faut ajouter les dépenses indirectes, dont le service de la dette, les divers crédits d'impôt et le manque à gagner des gouvernements pour les dons au secteur des arts faits par les entreprises et les individus.
«Au Québec, uniquement pour les mesures fiscales (reçus pour fins d'impôt), il s'agit de 165 millions de dollars (chiffres de 2003-2004); pour l'ensemble du Canada, on peut donc estimer qu'il est de l'ordre du milliard de dollars. Si on ajoute le service de la dette, c'est-à-dire les dépenses liées à la construction ou à la rénovation de salles de spectacle et de musées pour lesquelles les gouvernements ont contracté des emprunts, on ajoute facilement un autre milliard. Le total dépensé de façon directe et indirecte par les gouvernements pour la culture est donc de 9,7 milliards.
«À cela, il faudrait encore additionner les dépenses des autres ministères, notamment pour la formation artistique, tant aux niveaux primaire et secondaire que collégial et universitaire; c'est donc largement au-delà de 10 milliards de dollars qui sont dépensés au Canada par les trois ordres de gouvernement au poste «culture», soit environ 1300 $ par famille.»
http://www.ledevoir.com/2008/09/25/207300.html
Imaginez maintenant qu'on remette un peu plus de 10 milliards $ par année aux Canadiens pour qu'ils le dépensent comme ils l'entendent dans des produits culturels. Ça changerait drôlement la donne. Les artistes n'auraient pas le temps de se plaindre. Ils seraient trop occupés à faire face à la concurrence...
Rédigé par : Gilles Guénette | 25 septembre 2008 à 10h26
Non Lutopium, ça ne veut pas dire que j'ai une opinion précise sur tout, ça veut dire que mon opinion est guidée par un ensemble de valeurs précises qui dans mon cas, correspondent aux libertariens : liberté individuelle, propriété privée, principe de non-agression. De ce fait on analyse chaque politique interventionniste et il se trouve que les subventions aux artistes ne s'appuient sur aucun argument cohérent : ça ne crée pas de richesse additionnelle (donc les gens se privent de biens culturels au moins équivalents aux subventions), ça crée des effets pervers (artistes tentés de quêter au lieu de chercher et se développer, artistes qui développent un art qui ne plaît à personne, qui n'a absolument aucun public) et est doublement nuisible pour ceux qui n'obtiennent pas de subventions (forme d'élitisme).
Rédigé par : Kevin | 25 septembre 2008 à 10h27
"Les artistes n'auraient pas le temps de se plaindre. Ils seraient trop occupés à faire face à la concurrence..."
Gilles, tu rêves en couleur et en noir et blanc. La vaste majorité des artistes sont socialistes et ne carburent pas à la saine compétition mais bien à la so-so-solidarité et au front commun où tout le monde est bon, tout le monde est beau et tout le monde est fin.
Cela va contre leur idéologie. Tu leur dirais que certains feraient beaucoup plus d'argent dans un vrai système de saine compétitivité où le public serait incité à identifier les meilleurs que la très vaste majorité vont se mobiliser contre pour manifester encore de plus belle.
C'est plus que le petit 40 millions qui leur importe, cette provocation de Harper a soulevé un fait intéressant pour eux: le socialisme bienveillant qui affronte le capitalisme sauvage. Et pour cela, certains sont prêts à aller assez loin pour se faire entendre à tout prix.
Rédigé par : Tym Machine | 25 septembre 2008 à 16h20
"C'est plus que le petit 40 millions qui leur importe, cette provocation de Harper a soulevé un fait intéressant pour eux: le socialisme bienveillant qui affronte le capitalisme sauvage. Et pour cela, certains sont prêts à aller assez loin pour se faire entendre à tout prix."
C'est vrai Tym. J'aime voir ces gens qui pour la grande majorité n'ont pas fait de recherches et ne sont pas éduqués dans le domaine se prononcer et se faire entendre car ils ont les médias derrière eux. C'est un peu comme si j'avais les médias derrières moi et que je tentais d'aller discréditer des théories portant sur la biologie (je n'ai pas fait d'études ni aucunes recherches poussées dans le domaine) parce que je n'aime pas ce que telle ou telle d'entres-elles dit sur la nature de mon corps.
Ça me fait presque regreter l'URSS de la fin des années 80. Au moins les occidentaux pouvaient voir comment ça allaient mal à l'époque et que les Russes avaient fait une révolution pour se débarasser du socialisme qui était en faillite. Maintenant que c'est passé depuis un bout de temps, la population oublie... À l'époque, bcp d'artistes américains chantaient pour vanter la liberté. Maitenant, ils ne chantent que pour spolier une plus grande part de la population au profit d'une autre.
Rédigé par : Steven | 26 septembre 2008 à 06h54
On a certes droit à son opinion et il est sain de débattre. Cela dit, pour quelqu'un qui tente d'apporter un éclairage intelligent, ce n'est pas très subtil.
- Préjugés à gogo : ''...sort de la faune du Plateau Mont-Royal'' ''même vieil argument que nous servent depuis un demi-siècle''
- Des déviations de pensées : ''La Petrowski se demande «si on n'est pas en train de revenir aux années 50. Vous savez, ces années noires et mesquines (…)». Le même vieil argument que nous servent depuis un demi-siècle..''
Euh... est-ce donc les femmes au foyer qui ont fait avancer les Québec lors de la révolution tranquille? Ou ne serait-ce pas les artistes, de leur tribunes, qui ont fait progresser les moeurs?
- Argumentation mal étoffée : "subventions ne créent aucune richesse nouvelle mais ne font que redistribuer des ressources" : vos sources chèr(e) rédacteur?
- Fausseté inadmissible : ''s'abaissent pas à chercher à faire du profit et à qui l'ont doit conséquemment un revenu confortable garanti''
Vous avez vu jouer ça ou??? La plupart des artistes que je connais travaillent en plus à des postes payés au lance-pierre!!! Et les suventions? 2 000$ pour faire des recherches et composer? C'est un revenu garanti??? Les subventions ne s'attribuent pas comme ça, je suis moi-même administrateur dans le milieu culturel et mon équipe se tape des 50hrs semaine pour un salaire que le québécois moyen n'accepterait jamais et sans avantages sociaux. C'est plutôt ça, la réalité des artistes en général. On ne parle pas des vedettes que notre société de consommation hypnotisée par les pros du marketing. Les subventions font rarement 'vivre' les artistes, c'est une hérésie! Elles les aident à monter un projet. Qui peut créer en travaillant 45hres semaine à côté. Il faut se réveiller quand même. La question est : éduque-t-on assez les québécois pour les sensibiliser à l'art? Je ne pense pas que la population soit vraiment responsable de son ignorance (car elle existe, désolé pour ceux que ça chose). Cela dit, il existe en Amérique du Nord une étonnante popularité du moindre effort intellectuel : on ne le valorise pas, on en rit. Ce n'est pas normal et c'est pourquoi les artistes peuvent parfois paraitrent hautains, même élitiste. Mais cette impression est souvent causée par le fait que la personne ne 'sait pas' et qu'au lieu de tenter de comprendre, elle rejette. C'est de la psychologie toute simple. Quand allons-nous reconnaitre au Québec que certaines personnes en savent plus que d'autres et qu'il serait sage de les écouter? Soyons un peuple raisonnable.
- Manque de connaissances historiques de la culture et de son financement : De toutes les époques il y a eu des mécènes, sinon nous n'entendrions ni Mozart, ni Bach. Même le milieu des affaire, en tête Isabelle Hudon de la Chambre de Commerce du Grand Montréal, reconnaissent l'importance de la culture à plusieurs points de vus. Il est certain qu'il y a de l'argent qui se perds à des manifestations pas toujours bien gérées, mais il faut tout de même rester objectif.
ET DEPUIS QUAND EST-IL QUASI CRIMINEL D'ÊTRE DE GAUCHE??? CE N'EST PAS UNE VISION PASSÉISTE ET RÉTROGRADE, C'EST UN POINT DE VU DIFFÉRENT! UNE CONCEPTION DE LA GESTION DE LA SOCIÉTÉ QUI A DROIT À TOUTE SA PLACE!
Continuons le débat, il est utile et nous sommes en démocratie!
Rédigé par : Libexal | 26 septembre 2008 à 18h36
Désolé Libexal, mais je ne trouve pas votre éclairage plus pertinent.
"De toutes les époques il y a eu des mécènes."
Un mécène est une personne riche qui accepte de donner volontairement de son argent pour financer un projet. Alors que l'État utilise la force de la violence pour prendre de l'argent aux citoyens et financer une culture qu'il ne souhaite pas consommer. Votre exemple est donc boiteux et dénature complètement le sens exact du mot "mécène".
"Je suis moi-même administrateur dans le milieu culturel et mon équipe se tape des 50hrs semaine pour un salaire que le québécois moyen n'accepterait jamais et sans avantages sociaux "
Il faut verser une larme, je présume? Si votre profession n'est pas avantageuse, il suffit simplement de l'abandonner pour faire autre chose. Le domaine artistique est un secteur précaire et ceux qui décident de le joindre le font de manière volontaire. Votre équipe n'est pas la seule au pays à travailler difficilement et à se lever le matin. Alors, il est inutile de pleurnicher.
"La question est : éduque-t-on assez les Québécois pour les sensibiliser à l'art? "
Encore de l'élitiste. Du genre : si le Québécois moyen était sensibilisé a l'art, il accepterait de la subventionner davantage. Foutaise. Selon une récente étude de Hill Stratégies Recherche, une société canadienne spécialisée dans le domaine des arts, les Québécois ont dépensé 4,8 milliards de dollars pour des produits et services culturels en 2003.
"c'est pourquoi les artistes peuvent parfois paraitre hautains, même élitiste. Mais cette impression est souvent causée par le fait que la personne ne 'sait pas' et qu'au lieu de tenter de comprendre, elle rejette."
Ce discours, je m'excuse, est pathétique. Encore de l'élitisme à son meilleur. Pour la clique artistique le citoyen est un inculte incapable de penser, de réfléchir et de faire des choix par lui-même. Mais le jour ou l'artiste permettra à tous les citoyens de voir la lumière, alors ces derniers accepteront sans dire un mot de se faire fouiller davantage les poches. Après tout l'artiste est une pauvre victime incomprise qu'il faut absolument écouter. Ce discours je le rejette.
Rédigé par : Pierre | 26 septembre 2008 à 23h13
À Libexal,
Pour ce qui est des déclarations de Martin Masse, je ne peux répondre à sa place mais je souhaite, en tant qu'artiste, m'exprimer sur certaines de vos propres questions et affirmations...
Moi je peux créer en travaillant 45 heures à côté! Ce n'est pas si difficile. La création est aussi affaire de réflexion. Pendant que j'emballe les achats des clients à l'épicierie, je peux aisément réfléchir à plein d'histoires que je peux écrire ou à tout autre projet.
Être artiste est un choix de vie qui n'est pas toujours évident. Peu d'artistes assument les conséquences de ce choix et beaucoup entretiennent cette idée que la société doit absolument leur venir en aide, peu importe le montant de la subvention. Ayant moi-même étudié et évolué dans le milieu artistique, je suis bien placé pour affirmer que la majorité de ceux et celles que j'ai côtoyés (et ils sont nombreux) appuient sans conteste ce mouvement anti-Harper/conservateur/coupures ainsi que leurs porte-parole qui parlent de génocide social, de censure, de retour en arrière et autres hyperboles. En tant qu'artiste libre, je refuse d'être associé à ces pathétiques individus et comme je l'ai mentionné dans mon premier commentaire, beaucoup plus haut, je refuse également de faire payer ceux et celles qui ne s'intéressent pas à ce que je fais. C'est une simple question de respect.
Éduque-t-on assez les Québécois pour les sensibiliser à l'art? Je connais plein de gens qui n'ont aucune imagination et c'est une simple constatation que je fais, pas un reproche. D'ailleurs, plusieurs le disent eux-mêmes! S'ils ne veulent rien savoir de mes projets artistiques, pourquoi perdrais-je mon temps à essayer de les convaincre? Chaque individu a son propre vécu et ses propres intérêts, il est donc tout à fait naturel que tous n'aient pas les mêmes attraits pour l'art. Moi, je n'ai aucun intérêt pour le sport. Il n'y a rien qui m'ennuie plus que de regarder un match de hockey, de baseball ou de football. Est-ce parce que je ne suis pas assez éduqué pour m'y sensibliser?
La beauté d'une société libre, c'est la diversité. Il y a de tout et pour tous les goûts. Si le théâtre expérimental existe (une forme d'art que j'adore), c'est qu'il y a des gens qui s'y intéressent. S'il y a des gros blockbusters bourrés d'action et d'effets spéciaux au cinéma (une autre forme d'art que j'adore également), c'est qu'il y a aussi une demande pour ça.
Lorsque l'on tente d'imposer une manière de penser ou de faire en utilisant le pouvoir de l'État, même pour "le bien de tous", il s'en suit inévitablement de la frustration et du mécontentement. Ce sont ces sentiments qui animent les "chiâleux", parce qu'ils ont l'impression de se faire prendre pour des imbéciles et ils savent que leur contribution en taxes et en impôts sert à financer des projets pour lesquels ils n'ont aucun intérêt.
Personne ne contredit le fait qu'il y ait eu de nombreux mécènes dans l'histoire. Jeff Plante a cité un bon exemple : René Angélil qui a tout fait, par ses propres moyens et non en demandant l'aide de l'État, pour pousser Céline Dion vers la gloire... À moins que ce ne soit pour vous "qu'une vedette de notre société de consommation hypnotisée par les pros du marketing."
D'ailleurs, qu'y a-t-il de mal à vouloir le succès et la richesse? N'est-ce pas le but de la majorité des artistes de se faire connaître et de vivre de leur art? Est-ce qu'un vrai artiste devrait toujours vivre dans la misère en blâmant continuellement le système de ne pas l'encourager comme il le mérite?
Être artiste est un choix.
Tout artiste a la liberté de pratiquer l'art qu'il souhaite, de la manière qu'il souhaite.
Toute personne a la liberté d'encourager les artistes qu'il souhaite.
L'art est synonyme de liberté.
Rédigé par : Steve Pruneau | 26 septembre 2008 à 23h25
À lire: Paul Daniel Muller, «Coupes en culture - Une vérité économique travestie»
http://www.ledevoir.com/2008/09/27/207788.html
Rédigé par : François 1 | 29 septembre 2008 à 04h55
@François 1
merci pour ce texte :)
Aussi, hier à Dieu créa Laflaque, ils ont montré une parodie du clip de Michel Rivard avec Stephen Harper qui passe devant des fonctionnaires québécois, quelqu'un a-il mis cet parodie sur Youtube ou Dailymotion?
Rédigé par : Stéphane Dumas | 29 septembre 2008 à 09h46
Ouais je l'avais vu dans La Presse de ce dimanche, jamais je n'aurais cru que Le Devoir le publierais. Ça me fais penser au chapitre des retombées économiques du livre de Nathalie Elgrably "La face cachée des politiques publiques", une excellente vulgarisation de l'économie.
Rédigé par : Kevin | 29 septembre 2008 à 10h23
@Steve Pruneau
J'ai bien aimé ta réplique Steve. Je crois que c'était très clair et facile à comprendre. La grande majorité des métiers / professions / occupassions ont leur utilité dans la société. Il est clair que les artistes ont un rôle dans la société. Cependant, on pourrait sortir d'autres jobs pas très payantes ou difficile d'accès et dire que l'on devrait les subventionner car elles sont indispensables au bon fonctionnement de la société. Il est évident qu'après avoir donné des subventions à plus de types d'emplois, les emplois qui étaient autrefois très légèrement plus payants réclameraient, au nom de l'équité, des subventions aussi. Ce cirque n'arrêterait jamais...
Moi ce que je vois est bcp d'artistes dire: "Dans la vie, j'ai fais le choix d'être artiste. En vertue de ceci, la société (tout les contribuables) me doivent de l'argent à cause de mon choix". Si vous refusez, c'est que vous ne comprenez pas l'utilité de l'artiste pour la société. Voyons...On le comprend tous, tout comme nous comprenons ce que le caissier a d'utile pour la société aussi. Pourquoi ce dernier ne mériterait-il pas des subventions aussi?
Rédigé par : steven | 29 septembre 2008 à 11h40
j'ai trouvé par hasard une vidéo qui réplique à la vidéo de Michel Rivard http://www.youtube.com/watch?v=xs5lSpJS0CQ
Rédigé par : Stéphane Dumas | 29 septembre 2008 à 14h02
Nos victimes : Les artistes donnent des leçons aux Canadiens.
http://unissonsnosvoix.ca/
Rédigé par : Sylvie | 30 septembre 2008 à 18h04