(Note: Ce texte de mon ami Terry Corcoran, rédacteur en chef du Financial Post, est paru ce matin en première page de la section principale du National Post. J'en ai traduit environ les trois quarts. Il expose de façon simple et lumineuse l'une des raisons centrales expliquant pourquoi la folie interventionniste qui s'est emparée des politiciens ne fait qu'empirer la situation économique et conduire à un écroulement toujours plus marqué des marchés boursiers internationaux. MM)
Les sauveteurs font couler le marché, qui se noie dans trop de plans de relance
Terence Corcoran
National Post
13 novembre 2008
La volte-face d'Henry Paulson hier concernant le plan de renflouement de 700 milliards $ des marchés financiers concocté à Washington devrait être la goutte qui fait déborder le vase. Il est maintenant grand temps que les gouvernements du G20, incluant ceux de Washington et d'Ottawa, appellent à un moratoire sur les plans de renflouement et de relance, les injections de liquidités et l'accès accru aux capitaux, les plans de sauvetage et les garanties hypothécaires, les augmentations de limite des dépôts bancaires assurés et les subventions au crédit.
Pour dire les choses crument: ces mesures — du surprenant changement de position de M. Paulson au programme bidon de relance de la Chine en passant par les annonces qu'on peut déjà anticiper lors de la rencontre du G20 cette fin de semaine — sont toutes en train de compromettre le rétablissement des marchés financiers mondiaux. Pour compliquer davantage les choses, le monde est aujourd'hui confronté à l'arrivée prochaine d'un gouvernement Obama déterminé à lancer de nouvelles initiatives, y compris un plan de renflouement de l'industrie automobile et des programme de plus en plus ambitieux visant à «stimuler» une économie qui est en train de se noyer dans trop de plans de relance.
La raison pour laquelle cette suite interminable d'interventions, la plus radicale et massive de toute l'histoire financière, ne fonctionne pas et empire au contraire la situation, est assez simple. Elles sont conçues pour subvertir les réalités du marché et ce faisant, elles font en sorte de nous empêcher de prendre des décisions rationnelles par rapport à ce marché — des décisions concernant notre argent, nos emplois, nos investissements, nos dépenses.
Ces mesures sont confuses, incohérentes, opaques, mystérieuses, extrêmes, sans point de repère et de toute évidence irréfléchies. Toutes ces raisons sont bonnes pour chercher la porte de sortie, ce qui est exactement ce que font les investisseurs sur les marchés boursiers.
Chaque fois qu'un secrétaire américain au Trésor, un ministre canadien des Finances, un dirigeant britannique d'une banque centrale ou un responsable communiste chinois annonce une quelconque nouvelle initiative, ou modifie un plan déjà annoncé, ou déclare que d'autres mesures devront être prises dans un proche avenir, les gens qui prennent des décisions économiques concrètes s'enfoncent encore un peu plus profondément dans l'inconnu.
Les consommateurs ne savent pas s'ils doivent acheter ou non une nouvelle voiture, les prêteurs ne savent pas s'ils doivent allonger les fonds aux acheteurs de voiture, les fabricants de voitures ne savent pas s'ils doivent en construire de nouvelles, et les investisseurs évitent de placer leur argent dans le secteur de l'automobile. Le lien de confiance entre tous ces acteurs a été brisé.
Les marchés ont cessé de fonctionner à cause de la peur et de l'incertitude que suscite cette absence d'information. Les banques centrales, y compris la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine, ont prêté des milliards de dollars à des institutions dont elles refusent de dévoiler l'identité. Des régulateurs qui prétendent que le manque de transparence a été à l'origine de la crise dissimulent maintenant leurs propres activités derrière un épais rideau. Une tentative de l'agence de nouvelle Broomberg de briser cette règle du secret par un recours juridique pourrait apporter un peu de lumière.
Quelles sont les institutions financières américaines qui battent de l'aile? Personne ne le sait. Les saisies de propriétés aux États-Unis ont-elles atteint des niveaux catastrophiques? Personne ne le dit en des termes qui peuvent être compris des investisseurs et des banquiers. Si les investisseurs pouvaient cependant savoir quelles sont les institutions en difficulté, les efforts d'ajustement se concentreraient sur celles-ci. Tenus dans l'ignorance, ils ne peuvent que se retirer de tout le marché. (…)
Il est déjà difficile de suivre chaque jour toutes les initiatives prises à l'échelle nationale et internationale. Essayer de les comprendre est un défi encore plus insurmontable, notamment parce que les gouvernements génèrent des programmes et des idées qui découlent de préoccupations politiques et bureaucratiques au lieu de s'ancrer dans des principes de marché.
Lorsque de futurs historiens se pencheront sur cette crise, il est probable qu'ils expliqueront comment des difficultés financières initialement graves mais tout de même gérables auront été amplifiées par les pires gaffes de politiques publiques de l'histoire économique.
Il a plutôt fort à parier que l'histoire va encore une maudite fois blâmer le marché, le capitalisme, les banques, les financiers et les individus pour cette crise.
Il y a fort à parier qu'Obama sera vu comme le brillant FDR qui a su ramener le pays vers la prospérité après des années de misère.
L'histoire nous apprend une chose, c'est que l'être humain est idiot et n'apprend pas de l'histoire.
On répète les mêmes erreurs interventionnistes du passé et les résultats sont les mêmes, le désastre.
Confrontés à cette évidence que les gauchistes ne veulent pas admettre, ils blâme les gens honnêtes et le libre marché.
Cette crise financière servira d'exemple futur pour expliquer que le marché c'est mal et que le gouvernement c'est le bien.
L'histoire n'apprend rien.
Rédigé par : Jérôme Kerviel | 13 novembre 2008 à 16h09
Sauf erreur de ma part, on a guère commenté la volte-face de Paulson dans les grands médias. On est pourtant rendu dans l'inflationisme pur. L'annonce de cette décision m'a cloué sur place. Je me demande combien de temps ça va prendre pour que les citoyens en aient marre et demandent DU SANG? Si seulement 10% comprennent réellement ce qui se passe, cela devrait être suffisant pour déclencher une quasi-révolte.
Rédigé par : Pierre-Yves | 13 novembre 2008 à 17h07
Jean Charest n'était pas supposé aller en Chine avant de décider déclencher des élections? Il n'a pas eu besoin de dépenser notre argent pour copier les mauvaises idées de la Chine.
Québec: http://www.plq.org/fr/comm_13_11_2008_03.php
Chine: http://online.wsj.com/article/SB122635482375915243.html
Rédigé par : Jonathan | 13 novembre 2008 à 18h25
@Jérôme
Effectivement, personne ne veut apprendre parmi les interventionnistes. La peur du choc, de la douloureuse remise en question. Chez les politiciens, on persévère aussi dans l'erreur pour ne pas être blâmés. Ils peuvent dire qu'ils tentèrent d'autres supermesures anti-crises si on les accuse.
On répète donc les mêmes erreurs. Parfois, on fait même pire pour la société en voulant corriger des politiques gouvernementales désastreuses.
En France, l'UMP (Sarkozy/Fillon) veulent que les banques "prennent plus de risques", qu'elles cessent d'être prudentes et qu'elles ouvrent les vannes au crédit facile.
La prochaine étape, si elles décident de demeurer responsables et de se consacrer à se restructurer, sera que l'État français les forcera à prêter à tout le monde.
On recommencerait ainsi les mêmes erreurs à l'origine de la crise actuelle, avec le Community Reinvestment Act américain.
Au Québec, nos éditorialistes du très vénérable journal Le Devoir poussent dans le même sens.
Rédigé par : Mathieu Demers | 13 novembre 2008 à 23h49
Je pense que de lire l'Allégorie de la Caverne ou de revoir le film "La Matrice" vous permettra de mieux comprendre où nos sociétés en sont rendues (ou où elles stagnèrent depuis la Grèce antique...).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythe_de_la_caverne#R.C3.A9sum.C3.A9
D'un côté, il y a ceux qui ne lisent des ouvrages de droite ou de gauche, il y a ceux qui adulent journalistes et politiciens comme des surhommes et comme les détenteurs de la Vérité.
De l'autre, il y a ceux qui dépassèrent, non sans douleur et sans remise en doute de leurs valeurs les plus profondes, le monde du visible.
Rédigé par : Mathieu Demers | 13 novembre 2008 à 23h57
Chaque fois que l'on laisse à l'Etat le soin de s'occuper d'économie, on est à peu près sûr que "l'affaire" coule rapidement: voyez les finances publiques!
Si l'on prend l'Etat pour une béquille, c'est la démotivation des troupes assurées: en dernier ressort, "Il" ne peut pas nous laisser tomber!
En tant que régulateur social, ça peut aller.
Mais quand Il attaque le monde des "requins" du haut de sa superbe et de son ignorance, Il va dans le mur !!!
Faites-vous expliquer par un trésorier de banque centrale quels sont les tenants et aboutissants des produits dérivés: vous verrez rapidement qu'il en perd le peu de latin qu'il possède.
En clair, il faut des "sous" pour éviter que le système ne bascule, alors on renfloue, d'abord les petits copains (je ne cite pas de noms, mais suivez mon regard!)et puis éventuellement les autres. Pour le reste, la monnaie ne vaut plus rien, mais on la soutient quand même...
Rédigé par : Jean-Claude Küng Suisse | 14 novembre 2008 à 13h28
Lu ce soir l'annonce d'un plan de 'relance' conjoint Canada-US pour General Motors, avec Dalton McGuinty en avant scène... pas certain si je dois me rouler par terre de rire, ou pleurer de rage. GM sucks. Quelqu'un aurait il une évaluation du nombre de nouveaux emplois qui ne pourront être créés, du nombre de ventures qui ne pourront être financés, ou même du nombre de patients qui ne pourront être soignés, à cause de ce 'cop-out' électoraliste? On serons-nous vraiment obligés de financer cette manufacture de chars à marde jusqu'à la fin de nos jours?
Rédigé par : Pierre-Yves | 14 novembre 2008 à 22h02
@ Pierre-Yves
Malheureusement je suis à peu près certain que oui, on va être obligé de financer cette manufacture de chars à marde jusqu'à la fin de nos jours....et en plus de ça regarde bien venir les nouvelles règles de protectionnisme pour empêcher les nouveaux venus sur le marché. Je pense ici aux nouvelles manufactures qui vont émerger de l'Inde ou d'ailleurs.
Est-ce que ça peut exister des pilules qui me ferai devenir gauchiste et ainsi me faire jouir de ces pluies de nouvelles interventions au lieu d'être très pessimiste? Après tout, tout ce que je veux c'est être heureux, peut importe la façon d'y parvenir.
Rédigé par : MartinD | 15 novembre 2008 à 11h18
"Est-ce que ça peut exister des pilules qui me ferai devenir gauchiste et ainsi me faire jouir..."
Oui, les psychiatres les appellent "médicaments" et les "prescrivent" généralement contre votre gré et pour votre bien.
Rédigé par : Jérôme Kerviel | 17 novembre 2008 à 14h46
A jerome kerviel,
Si les historiens du futur analysent les dicours du gouvernement français actuel, il y a bien des chances que l'Histoire retienne ce que tu crains...
Les Français d'aujourd'hui sont déjà persuadé d'avoir élu un gouvernement de droite!...
Rédigé par : Gaulois en Bretagne | 20 novembre 2008 à 03h28