Par Martin Masse
Il n'y a pas qu'à Québec que les politiciens ne comprennent pas l'idée des niches politiques à exploiter et préfèrent adopter le discours socialiste des parlotteux bien-pensants au lieu de tenter de vendre un autre point de vue plus responsable qui plairait à une partie substantielle de la population.
Un sondage La Presse canadienne-Harris Decima dévoilé hier nous apprend en effet qu'une majorité de Canadiens, soit 54%, s'opposent à la perspective de voir le gouvernement fédéral retomber dans les déficits budgétaire au profit d'un plan de relance économique. À l'opposé, seulement 39% des personnes interrogées ont soutenu qu'Ottawa devrait stimuler l'activité économique en augmentant les dépenses pour les infrastructures et d'autres projets, même si cela entraînait un déficit.
La situation politique risque donc encore une fois de prendre des allures surréalistes. D'une part, le gouvernement conservateur, sous la pression des commentateurs illettrés économiques et des partis d'opposition qui menacent de le faire tomber, s'apprête à engouffrer des milliards de dollars dans des projets d'inspiration keynésienne qui ne se fondent sur aucune logique économique autre que la pensée magique. D'un point de vue politique, les quatre partis à la Chambre des communes vont donc se partager, sur cette question, l'appui de 39% de la population.
D'autre part, la majorité de la population, que l'on va évidemment forcer à financer ce gaspillage monumental, se retrouve sans voix et sans représentation politique. Le Parti conservateur, qui avait, jusqu'à la Mise à jour économique du ministre Flaherty qui a déclenché la récente crise politique, plutôt mis l'accent sur les baisses d'impôt et eu recours de façon plutôt modérée aux plans de relance dépensiers, se range du côté de la minorité. On sait qu'il s'apprête maintenant à déposer un budget qui contiendra un déficit important, de l'ordre de 20 à 30 milliards de dollars, sans compter les années suivantes. Ces déficits vont donc rapidement défaire le travail de réduction de la dette de 37 milliards de dollars que ce gouvernement avait entrepris depuis son élection.
Pire encore, les conservateurs, au lieu de défendre des solutions «conservatrices» à la crise (appelons-les comme on veut: des solutions qui visent à réduire le fardeau de l'État au lieu de l'augmenter), même au prix d'une défaite en Chambre, vont maintenant mettre en oeuvre le programme politique de l'opposition. Ils vont ainsi s'aliéner leurs supporters et déplaire à la majorité de la population qui désapprouve ces mesures.
Et quand celles-ci s'avéreront un échec et qu'on constatera qu'elles n'ont rien fait pour réduire l'ampleur de la crise en plus de creuser davantage le trou de la dette, c'est sur les conservateurs (s'ils restent au pouvoir) que le blâme retombera. Les illettrés économiques accuseront alors le gouvernement de n'en avoir pas fait assez et c'est le «néolibéralisme» qui sera pointé du doigt plutôt que l'interventionnisme.
Que feraient de véritables «conservateurs» ou partisans du libre marché? Ils défendraient leurs principes et tenteraient de rallier cette majorité de la population, en passant par-dessus la tête des parlotteux médiatiques et des groupes de pression de gauche qui dominent ce débat. Ils seraient prêts à abandonner le pouvoir et à laisser l'opposition mettre en place des mesures qui vont empirer la situation au lieu de le faire eux-mêmes dans le seul but d'éviter une défaite parlementaire à court terme. Ils se présenteraient comme les défenseurs du gros bon sens économique et des intérêts des contribuables. Et ils chercheraient à revenir au pouvoir avec un véritable mandat majoritaire pour réduire la taille de l'État au lieu de se comporter comme des opportunistes sans principe.
Ah, la magie du temps des Fêtes, le temps de rêver et de souhaiter un monde meilleur. Revenons sur terre! Espérer tout cela de politiciens, c'est sans doute aussi réaliste que d'attendre la venue du Père Noël la semaine prochaine.
J'ai l'impression que les Conservateurs vont faire la même erreur que l'ADQ. Tant pis pour eux.
Rédigé par : Pierre-Yves | 19 décembre 2008 à 15h37
"Et quand celles-ci s'avéreront un échec et qu'on constatera qu'elles n'ont rien fait pour réduire l'ampleur de la crise en plus de creuser davantage le trou de la dette, c'est sur les conservateurs (s'ils restent au pouvoir) que le blâme retombera. Les illettrés économiques accuseront alors le gouvernement de n'en avoir pas fait assez et c'est le " néolibéralisme " qui sera pointé du doigt plutôt que l'interventionnisme."
Comment se fait-il qu'aucun stratège conservateur ne soit capable de réaliser cela? La coalition ne défera pas le gouvernement, mais les socialistes ont quand même gagné. Je bouille de rage.
Rédigé par : D | 19 décembre 2008 à 15h40
"D'une part, le gouvernement conservateur, sous la pression des commentateurs illettrés économiques et des partis d'opposition qui menacent de le faire tomber, s'apprête à engouffrer des milliards de dollars dans des projets d'inspiration keynésienne"
Le problème se situe au niveau de la majorité silencieuse (la classe moyenne) versus la minorité bruyante (les médias, les syndicats, les lobbies, les groupes de pression, les zélites et tout le gratin de la go-gauche caviar)
Salutations hivernales et joyeux Noël à tous et toutes,
Tym Machine
Rédigé par : Tym Machine | 19 décembre 2008 à 17h39
C'est un exemple classique de lenteur politique. La classe politique est toujours bonne dernière dans les changements sociaux. Quand ils font quelque chose, c'est que ça fait déjà longtemps que c'est passé dans la tête des gens. Dans 10-15 ans on va nous annoncé une nouvelle ère de "liberté" par des politiciens tout fiers pensant avoir inventé quelque chose de tout nouveau.
Pratiquement aucune loi n'a causé de bouleversements qui n'étaient pas déjà fortement entamés ou en voie de se réalisé avec ou sans intervention. C'est pas une loi qui a répendu l'idée que les gais avaient des droits, ou que de laisser les gens libres de profiter de leurs gains était une bonne façon de les rendre productif, quand ça devient "officiel", c'est parce que ça fait des lunes que c'est officieux.
Rédigé par : Jean-François Grenier | 19 décembre 2008 à 22h40
@Tym Machine
J'ai un peu de mal à comprendre que la majorité silencieuse, c'est a dire des citoyens qui gagnent leur vie à la sueur de leur front et n'ont souvent même pas de plan de pension, doivent renflouer pour 4M de dollar le plan de pension des employés de GM. Si quelqu'un doutait que l'impot soit un vol qualifié, je pense qu'on a la démonstration.
Rédigé par : Pierre-Yves | 20 décembre 2008 à 12h33
Pour ceux et celles que ça peut intéresser voici un commentaire très pertinent sur votre article pas démagogue pour 5 cents, vous noterez l'argumentaire très convainquant de quelqu'un qui ne parle pas du tout à travers son chapeau, toujours intéressant de lire des gens qui savent de quoi ils parlent:
http://jesopinions.blogspot.com/2008/12/la-faillite-de-ltat.html
Rédigé par : Tym Machine | 20 décembre 2008 à 19h43
"Ils seraient prêts à abandonner le pouvoir et à laisser l'opposition mettre en place des mesures qui vont empirer la situation au lieu de le faire eux-mêmes dans le seul but d'éviter une défaite parlementaire à court terme. Ils se présenteraient comme les défenseurs du gros bon sens économique et des intérêts des contribuables. Et ils chercheraient à revenir au pouvoir avec un véritable mandat majoritaire pour réduire la taille de l'État au lieu de se comporter comme des opportunistes sans principe."
Vous avez tout à fait raison monsieur Massé, vive la politique du pire, worse is way better.
Il fallait laisser la coalition diriger le pays sur le champ pour qu'ils se plantent immédiatement. Au lieu de cela, Harper leur laisse du temps pour s'organiser, eux qui venait de créer leur "coalition" en improvisant totalement, ils auraient eu l'air d'une c*rist de gang de fous et Harper aurait pu passer la gratte dans moins d'un an aux prochaines élections.
Avec l'opportunisme des conservateurs, ils sont en train de très mal défendre les intérêts financiers des canadiens et jouer le jeu de l'opposition inteventionniste qui devait logiquement nous engoufrer une dizaine de pieds de plus dans la merde en faisant spinner leurs roues de l'interventionisme étatique, source de tous les maux de notre économie.
N'oublions pas la leçon des libéraux qui ont voulu imiter le NPD, les gens préfèrent toujours la version originale à la pâle copie ce qui a résulté au pire score historique des libéraux et au meilleur du NPD surtout dans l'Ouest canadien. Si les conservateurs veulent jouer les socialistes interventionnistes, les gens se rallieront à la version originale, celle de la coalition, s'ils proposent une véritable alternative à la coalition, les canadiens seront sûrement plus réceptifs à leur message.
Rédigé par : Tym Machine | 20 décembre 2008 à 19h59
C'est plate à dire, mais je penses que vous avez entièrement raison M. Masse et c'est exactement ce qui va se produire, suivi d'un beau gouvernement libéral Ignatieff inutile.
Rédigé par : M.T. | 21 décembre 2008 à 12h39
Et j'ajouterais à cela, que personne ne va rien y faire, tous et chacun et les médias en premier vont en réclamer d'avantage (d'interventionnisme). Mais pourquoi au juste ? Qu'est-ce qu'il en gagnent eux? Je me frustre (d'ailleurs je sais pas pourquoi je les regarde encore) à chaque fois lorsque le lecteur/lectrice de nouvelles (c'est pas son/sa job ca) commente d'un petit "et on en a grandement besoin" ou "espérons que ça passe" chaque nouvelle sur les "plans de sauvetage" américains ou des folies de prêts à GM, Chrysler et Ford ou "LE PLAN DE RELANCE (lire n'importe quoi)". Les conservateurs n'osent même plus défendre eux-meme leurs idées économiques, alors plus personne ne le fait.
Ça donne toujours l'impression que c'est de la croyance commune, que c'est universel, élémentaire, cela va de soi. Il faut que le gouvernement fasse quelque chose, ce doit être un mauvais rêve et quand on se réveillera le gouvernement aura dépensé 100 milliards et nous pourrons nous rendormir.
On dirait qu'ils nous regardent en voulant dire "Je sais que nous, collectivité québécoise, sommes tous en faveur de maintes interventions étatique dans l'économie, et pour une obscure et probablement maléfique raison, nos politiciens de l'extrême droite que personne n'a élu et qui ont usurpé le pouvoir avec de l'argent venu de George Bush et de Satan lui-même n'agissent pas immédiatement avec leurs carnets de chèques en blanc magiques pour injecter de la poussière de fée économique dans notre système malade, mais souhaitons que le bien l'emporte sur le mal et que Barack Obama, Pauline Marois, Gilles Duceppe et Michael Ignatieff nous sauvent, avec l'aide de deux ou trois anges tant qu'a y être".
Et par "extrême droite" il faut lire "Jean Charest et le parti libéral" et pour dire "Mario Dumont et Stephen Harper" il faudrait inventer un autre terme encore plus à droite que "extrême" mais je sais pas quoi.
Bien sûr, le Parti québécois et le NPD sont "de centre" alors que québec solidaire est "la gauche".
Sauf à quelques occasion lorsque Martin Masse est invité à la télé, il n'y a jamais personne qui diffuse d'autres points de vue (sauf si l'on est assez dupes pour penser que tous les partis politique diffusent des points de vue différents en économie).
Au moins aux États-Unis ils sont plus que 1, et ils ont plus de temps d'antenne.
C'est déprimant.
Rédigé par : M.T. | 21 décembre 2008 à 13h02
Si les partis gauchistes sont si certains d'être en train de sauver le peuple et de représenter la majorité de la population, pourquoi ne font-ils pas un référendum ou quelque chose du genre afin de le prouver?
Rédigé par : Steven | 21 décembre 2008 à 14h30
Si les « socialistes » (« artistes », étudiants prolongés, syndicats, groupes communautaires, ligues de vertu écologistes) finissent toujours par imposer, au moins partiellement, leur point de vue au gouvernement, c'est parce qu'ils ont l'oreille bienveillante des médias. On l'a très bien vu, cet automne, quand les « artistes » se sont manifestés, avec beaucoup d'efficacité, pour confondre le gouvernement Harper. Personne, dans les médias, n'osaient questionner le bien-fondé de leurs « revendications ».
Et puis, faut-il rappeler que les plus chauds partisans du socialisme ont généralement en abondance une ressource qui manque cruellement à la majorité de la population : du temps. Par définition, un « artiste » subventionné, un étudiant prolongé, un spécialiste des sciences molles ou un militant de groupe écolo-socialiste (style FRAPRU) ont toujours des « horaires » plus flexibles qu'un comptable, un garagiste ou un informaticien...
Rédigé par : B. Vallée | 21 décembre 2008 à 20h02
@M.T.
"suivi d'un beau gouvernement libéral Ignatieff inutile."
Suivi de hausses de taxes, hausses d'impôts, hausses de tarifs en plus d'adopter la fameuse maudite taxe sur le carbone.
Résultat, nous serons tous plus pauvres et moins libres.
Bienvenu en enfer libéralo-socialiste !
Rédigé par : Foutaises | 22 décembre 2008 à 08h45
B.Valée,
Je ne comprends pas votre raisonnement. Moi je regarde combien d'argent je gagne brut et combien d'argent je paie en taxes et en impôts et en retenues à la source etc.
Je vote toujours pour le gouvernement qui promet de m'en laisser le plus possible, en l'occurence le gouvernement conservateur.
Il n'y a aucun média qui va me faire haïr Harper, il n'y a aucun média qui va me faire aimer les socialistes. Il n'y a aucun média qui va me faire aimer cela payer des impôts.
Je ne comprends pas pourquoi les gens sont des lavettes et qu'ils se laissent guider par les médias.
J'ai déjà fait mon choix, je vote en fonction de mon portefeuille et de mes épargnes.
Je me fiche royalement de tout ce que les médias peuvent me dire.
Alors je ne comprends pas pourquoi les gens votent en fonction des médias et des tartistes !
Les gens de droite pourraient très bien nommer un porte parole qui aurait tout le temps nécessaire pour débattre en onde et faire avancer les idées de liberté économique.
Rédigé par : Foutaises | 22 décembre 2008 à 08h49
Steven,
"Si les partis gauchistes sont si certains d'être en train de sauver le peuple et de représenter la majorité de la population, pourquoi ne font-ils pas un référendum ou quelque chose du genre afin de le prouver?"
C'est parce qu'ils savent qu'ils ne représentent que leurs propres intérêts parasitaires et qu'ils savent qu'ils ne représentent pas la majorité du peuple qui travaille et paie des impôts.
Ils savent que la classe moyenne en a plein son casque de payer et de fermer sa gueule.
Alors, ils n'osent pas être démocratiques de peur de perdre le pouvoir.
Rédigé par : Foutaises | 22 décembre 2008 à 08h54
à Foutaises (quel curieux surnom !)
Ce que je voulais simplement dire, c'est que les « socialistes » ont de l'influence là où ça compte et quand ça compte ! C'est d'ailleurs sa totale incapacité à contrer cette influence qui a entraîné la récente déroute de l'ADQ. Là-dessus, Stephen Harper a également eu sa leçon... Que vous le vouliez ou non, Radio-Canada, le Devoir, la Presse ou même TVA ont infiniment plus d'influence, auprès de ceux qui gouvernent, que le blogue du QL. David Suzuki, Hubert Reeves ou l'impayable Richard Desjardins n'ont, comme tel, aucun pouvoir, mais on les écoute, partout, et on discute leurs « idées » jusque dans les polyvalentes ! À travers la culture dite « populaire », les idées collectivistes au sens large (incluant l'hystérie écologiste) disposent également d'un vaste pouvoir de diffusion. Dois-je donner des noms, ici ? De Claude Charron à l'impayable François Avard, ce n'est pas ça qui manque !
Autrement dit : tant que l'individualisme (bien compris) aura aussi mauvaise presse, tant que la propriété privée sera, pour la majorité des « jeunes », synonyme d'égoïsme et d'inconscience, les socialistes continueront de marquer des points. Et vos émois démagogiques ne changeront rien à cela.
Je ne propose pas de solution. Je fais simpement un constat : au plan de qu'il faut bien appeler le « pouvoir idéologique » (écoles, médias de masse, culture populaire, groupes « citoyens »), les socialistes ont encore le haut du pavé... Et tant que la « game » se jouera sur le terrain politique, c'est-à-dire collectif, les individus seront perdants. La seule façon de redonner aux individus un peu plus de pouvoir sur leur destinée, ce serait justement de « dépolitiser » la vie. Vous voyez un peu, j'espère, l'ampleur du courant idéologique à inverser.
Rédigé par : B. Vallée | 22 décembre 2008 à 14h47