L'une des choses que j'apprécie le plus de l'Ontario est la qualité des émissions d'affaires publiques de TVO et TFO. Sur TFO, l'équipe de Panorama dispose de peu de moyens, mais réussit quand même à générer des débats intéressants - et m'invite même de temps à autre! TVO avait, dans le passé, une émission au format relativement similaire (Studio 2), mais a opté depuis quelques temps pour un format beaucoup plus universitaire avec The Agenda.
Quoiqu'il en soit, l'animateur et les recherchistes de The Agenda font habituellement un boulot remarquable pour s'assurer que tous les points de vue y sont représentés. L'émission d'hier, consacrée en partie au New Deal, était particulièrement exemplaire à cet égard.
Les téléspectateurs ontariens ont ainsi eu la chance d'entendre les points de vue extrêmement critiques sur le sujet de Lee Ohanian (un économiste de UCLA qui a observé que le New Deal n'a eu aucun impact positif notable sur la réduction du taux de chômage américain et a prolongé la récession des années trente d'au moins six ans), Russ Roberts (un économiste de George Mason University qui a notamment fait mention des travaux de Bob Higgs sur l'un des principaux effets pervers du New Deal, l'incertitude créée par l'improvisation continuelle de l'adminstration Roosevelt, a qualifié la sécurité sociale de "Ponzi scheme" et n'a pu retenir une grimace lorsque le nom de Paul Krugman est mentionné à la 32e minute) et mon collègue historien Joseph Martin (un fan de Calvin Coolidge, l'un des présidents les moins interventionnistes de l'histoire américaine).
Un épisode qui vaut la peine d'être vu pour ceux que les discussions universitaires ne rebutent pas.
Il est en effet intéressant d'entendre tous ces commentaires "révisionnistes" sur le New Deal et ses échecs, alors que la plupart des historiens, politicologues et économistes répètent depuis des décennies le lieu commun selon lequel les interventions de Roosevelt ont permis de sortir de la Dépression (une preuve parmi bien d'autres de la médiocrité intellectuelle qui règne dans les universités).
Un point qui m'énerve par contre (outre la présence d'Eric Lascelles de TD, un de ces talking heads insignifiants qui ne comprend rien à l'économie même s'il est constamment cité dans les nouvelles financières), c'est lorsque Russ Roberts répète l'argument friedmanien selon lequel la Fed a provoqué une contraction importante de la masse monétaire au début de la décennie puis en 1937. Au contraire, la Fed a mené une politique inflationniste mais n'a pas réussi à empêcher cette contraction de la masse monétaire pour diverses raisons hors de son contrôle.
Pour avoir le point de vue autrichien sur ce point crucial (qui explique pourquoi la plupart des supporters habituels du libre marché qui n'adhèrent pas à l'école autrichienne appuient aujourd'hui les interventions massives des banques centrales), voir par exemple ce texte de Joe Salerno: http://www.fee.org/publications/the-freeman/article.asp?aid=4942 .
Rédigé par : Martin Masse | 11 décembre 2008 à 21h36
Martin Masse:
Puis-je avoir une/des source/s qui explique/ent ça, en détail:
"Au contraire, la Fed a mené une politique inflationniste mais n'a pas réussi à empêcher cette contraction de la masse monétaire pour diverses raisons hors de son contrôle."
En passant, merci pour cette bonne "discussion universitaire" de "The Agenda ".
Rédigé par : Sébastien Tremblay | 12 décembre 2008 à 01h18
@ Sébastien,
En plus de l'article de Salerno dont je donne l'adresse ci-haut, il y a bien sûr le livre de Rothbard (America's Great Depression) sur lequel s'appuie son analyse (voir des extraits pertinents ici: http://blog.mises.org/archives/007530.asp ) et ce petit article qui critique l'approche de Friedman: http://mises.org/story/2442 . Bill Anderson explique également ( http://mises.org/story/2929 ) pourquoi Friedman aurait dû attaquer la loi Smoot-Hawley plutôt que l'inaction de la Fed comme étant responsable de la faillite de nombreuses banques en 1932-33.
Rédigé par : Martin Masse | 12 décembre 2008 à 09h56
Je comprends parfaitement comment le New Deal et toutes les politiques ne de l'état n'ont pas contribué(et ont même empiré la situation à sauver les USA et le monde entier de la Dépression ). Par contre, je n'ai lu nul part comment le monde s'était véritablement sortit du marasme. Quelqu'un pourrait-il éclairer ma lanterne? Merci.
Rédigé par : Nicolas | 12 décembre 2008 à 18h38
@ Nicolas
La guerre a résolu le problème du chômage, surtout par la conscription. Mais contrairement à la croyance populaire, la guerre n'a pas relancé l'économie, mais à la fin de la guerre, une grande partie des programmes du New Deal n'existaient plus et Truman a relaxé la fiscalité oppressive qui primait sous FDR. Truman était également moins hostile au monde des affaires, ce qui a graduellement restauré un climat de confiance dans l'après-guerre. C'est, grosso-modo, ce qui a stimulé la reprise.
Rédigé par : Philippe David | 12 décembre 2008 à 19h47