par Martin Masse
Bon, c'est maintenant officiel: il n'y a plus que des partis socialistes, corporatistes, dirigistes (utilisez votre terme favori) au Canada, c'est-à-dire des partis qui considèrent que l'État doit planifier le développement économique et contrôler les décisions économiques des individus et des entreprises.
Le budget présenté hier par le ministre Flaherty vient d'ajouter une nouvelle couche de dirigisme et de distribuer des dizaines de milliards de dollars à gauche et à droite pour politiser les décisions politiques. Parmi les principales mesures qui vont dans ce sens:
-50 milliards $ de plus pour acheter des hypothèques et subventionner ainsi indirectement les prêts hypothécaires (en réduisant les risques et les coûts des institutions financières);
-des milliards pour le logement social;
-des milliards pour inciter les gens à rénover leur maison;
-7 milliards $ à la Banque de développement du Canada et à Exportation et développement Canada pour financer les entreprises;
-600 millions en subventions aux industries agricole, navale, forestière et spatiale;
-1 milliard $ pour la création d'une nouvelle agence de développement régional dans le sud de l'Ontario;
-de nouvelles réglementations de l'industrie du crédit; etc., etc.
Ce gouvernement n'a plus aucune crédibilité. Stephen Harper, qui a déjà cru dans la liberté individuelle et le libre marché, vient de démontrer qu'il est prêt à faire n'importe quoi, y compris abandonner les quelques principes qui lui restent, pour s'accrocher au pouvoir. Lui qui était décrit comme un stratège de génie par ses sycophantes il n'y a pas longtemps, se révèle aujourd'hui être un simple politicien opportuniste et sans aucune vision à long terme. Quel personnage pathétique.
Ce que cela démontre encore une fois, c'est qu'on ne fait rien avancer en optant toujours pour «la moins pire» des solutions, en taisant ses principes, en faisant constamment des compromis, en s'entourant d'opportunistes qui ne partagent pas nos convictions mais sont utiles pour atteindre et garder le pouvoir.
Les conservateurs auraient dû, dans une situation aussi cruciale, continuer à défendre des principes de libre marché et présenter un budget non interventionniste, au risque de perdre le pouvoir. Il aurait été préférable de laisser un nouveau gouvernement de coalition de gauche adopter les mesures qui correspondent à leur idéologie; expliquer aux Canadiens pourquoi elles sont mauvaises et vont échouer; miser sur le fait que plus de 40% des Canadiens, selon des sondages parus récemment, ne croient pas à l'efficacité des déficits et des mesures pour soutenir l'économie; entretenir cette vision alternative et attendre que le contexte politique soit favorable pour la mettre en oeuvre; et modérer ainsi les tendances interventionniste du gouvernement en le tirant vers le centre.
Au lieu de cela, les conservateurs se sont peinturés dans un coin. Ils entreront dans l'histoire comme le gouvernement qui a enclenché la nouvelle phase de croissance de l'État durant la crise du début du 21e siècle. Ils sont maintenant engagés à faire exactement le contraire de ce que ceux parmi eux qui ont quelques principes souhaitaient réaliser. Ils seront blâmés lorsque la situation économique continuera d'empirer. Ils n'auront aucune crédibilité s'ils essaient de changer de direction. Comme ils font face à une opposition qui réclame toujours plus d'interventionnisme, tout pousse dans cette direction, il n'y a plus de centre. Ils seront forcés de faire comme les autres gouvernements du monde, soit s'enfoncer toujours plus dans l'interventionnisme, puisque c'est maintenant la seule option politique sur la table.
Le seul espoir politique qui reste d'éviter de s'enfoncer toujours plus dans ce bourbier, c'est celui d'une révolte au sein du Parti conservateur venant de ses membres qui s'opposent à la direction qui vient d'être prise. Qui sortira le couteau le premier? Stephen Harper, qui faisait partie des rebelles qui ont délaissé le PC et fondé le Parti réformiste à la fin des années 1980, vient de mettre en place les conditions idéales pour susciter une rébellion similaire. Les conservateurs retrouveront-ils quelques principes et une sensibilité stratégique à plus long terme lorsque les sondages montreront que le Parti libéral est en avance, qu'ils perdront bientôt le pouvoir de toute façon, et que leur transformation en parti socialiste n'aura finalement rien donné?
@Sebas,
"Le PC n'a JAMAIS été un parti "proche" des idéaux libertariens. Ni de proche ni de loin."
Je vous l'accorde, le PC est un parti étatiste qui subventionne les grosses compagnies pétrolières et la grosse industrie et qui intervient dans la "moralité" sexuelle et reproductive, qui est très dur sur la prohibition des drogues douces etc.
Bref, le PC est un gros parti étatiste comme tous les partis politiques au Canada.
Par contre, il a baissé la TPS, il a baissé l'impôt sur le revenu, il a augmenté l'exemption de base etc.
Ce n'est pas grand chose, c'est une goutte d'eau dans l'océan mais c'est une précieuse goutte d'eau et tous les libertariens se sont garrochés pour voter pour le PC car même de très très très très loin comme vous dites, il représente quand même plus les libertariens que le PQ, le NPD, le Bloc etc.
Au moins, malgré le fait que le PC soit un parti étatiste et interventionniste, il est moins pire que les autres, taxe moins, dépense moins.
Sauf quand il est menacé par une coallition de gauche, alors là il renie ses idéaux et fais ce que les gauchistes demandent.
Voilà pourquoi je ne voterai plus pour le PC et que dorénavant je resterai chez moi et que je ne voterai plus du tout pour qui que ce soit.
Mon vote c'est NONE OF THE ABOVE !
Rédigé par : Jean Gosselin | 02 février 2009 à 09h38
@Sebas,
Rien ne vous empêche d'acheter des métaux précieux et des commodités pour vous désaffilier de la monnaie fiduciaire et ainsi vivre votre liberté individuelle.
C'est d'ailleurs ce que je prévois de faire.
Rédigé par : Jean Gosselin | 02 février 2009 à 09h41
@Jean Gosselin,
"Si il y a une province qui risque vraiment de se séparer du Canada c'est l'Alberta. Cette province là a une économie solide basée sur la liberté et la propriété privée et elle est écoeurée de payer pour les stupidités et les extravagances gauchistes du Québec et du Canada."
C'est vrai qu'ils ont fait un gros ménage et privatisé la majeure partie de leur fonction publique au niveau provincial. De plus, ils bénéficient de la manne du pétrole. Un peu moins rentable ces temps-ci mais ça ne peut que remonter à moyen terme et cet été, nous repayerons le gaz 1,55$ le litre quand l'heure de nos "vacances" de la construction aura sonnée.
Cependant, il y a à se demander qu'est-ce que serait l'Alberta en tant que pays, un gros trou de fromage gruyère au milieu du Canada. Il est évident qu'ils sauveraient un paquet d'argent en n'envoyant pas leur argent directement à Ottawa sous forme d'impôt sauf que le Canada socialiste profiterait de la situation géographique de l'Alberta pour lui imposer des barrières tarifaires et la seule vraie façon pour l'Alberta de s'en sortir serait de s'annexer avec son voisin des États-Unis ce qui de facto est déjà fait au niveau du pétrole qui doit obligatoirement être vendu en parti aux USA avant même que l'Est du Canada puisse en recevoir.
Ce que je crois plus plausible alors, c'est une séparation de l'Ouest canadien (Manitoba, Saskatchewan, Alberta et BC). Ils sont d'ailleurs en train de faciliter leurs échanges commerciaux pendant que le Québec, l'Ontario et les maritimes se chicanent sur les pécadilles de la péréquation.
En ce qui a trait à la partition, c'est un peu ridicule peut-être mais il faudra peut-être un jour en venir à cette solution. La question est toujours bon an mal an à son plus haut niveau à du 45% et sa seule vraie chance, c'est de laisser l'Ouest de Montréal et la région de l'Outaouais rester dans le Canada pour avoir une chance de l'emporter un jour. L'autre choix, c'est de faire une réingénierie sociale de type loi 101 renforcée qui réussira peut-être à faire partir un autre 500 000 anglos de ceux encore assez brave pour rester.
Rédigé par : Tym Machine | 02 février 2009 à 09h46
@Tym Machine
En tout cas, le brasse-camarade de négociations qui suivraient nécessairement une sécession du Québec serait une excellente occasion pour Montréal de faire valoir ses intérêts, pour une fois. Pourquoi pas une zone franche? Et qui sait? Voyant l'opportunité, l'Est de l'ile embarquerait peut-être. Parce que anglo ou franco, on est avant tout montréalais et tanné de se faire sucer la moëlle par Québec city et ses parasites.
Rédigé par : Pierre-Yves | 02 février 2009 à 13h56
Je suis également personnellement très...TRÈS...déçu par les néo-vire-capots conservateurs.
Ils représentaient pour moi ce qui se rapprochait le plus de ma philosohpie et les voilà qui ressemblent aux insipides libéraux. Bref, n'importe quoi pour conserver le pouvoir. Ça m'horripile! C'est désolant pour la démocratie...
Rédigé par : François 1 | 05 février 2009 à 05h23
Lu dans la section "Idées du Devoir de ce matin (http://www.ledevoir.com/2009/02/05/231626.html):
"Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a du culot, c'est le moins que l'on puisse dire ou écrire! Le budget présenté par le ministre Flaherty la semaine dernière s'inspire sans l'ombre d'un doute du sacro-saint credo néolibéral qui, malgré la crise financière qui sévit et ses impacts sur l'«économie réelle», demeure en vigueur. Cette vision, fondée sur l'accumulation des profits à court terme, où le marché est tout-puissant et l'État s'efface pour ne jouer qu'un rôle de régulateur des éléments risquant de remettre en question ce modèle de société fondé sur la performance, nous rappelle que l'État canadien est dirigé par des conservateurs. Plus particulièrement, deux éléments doivent, à mon avis, retenir notre attention puisqu'ils illustrent à ravir la manière dont l'idéologie néolibérale se traduit actuellement dans le contexte politique canadien."
Incroyable! Il faut manifestement être déconnecté de l'économie et de la politique pour écrire quelque chose du genre, alors que le budget de la semaine dernière était tout sauf "néolibéral"...
Rédigé par : Patrick Lemieux | 05 février 2009 à 09h19
Pourquoi, il y a eu investissement massif dans la santé et l'éducation?
Rédigé par : Simon Laflamme | 09 février 2009 à 16h21