par Martin Masse
Franklin D. Roosevelt est presque universellement décrit par les historiens conventionnels (= étatistes et illettrés économiques) comme l'un des plus grands présidents américains. Ces jours-ci, alors que se prépare dans la ferveur religieuse et l'hystérie médiatique le couronnement du nouveau demi-dieu à Washington, les médias nous abreuvent de comparaisons et de parallèles entre 1933 et 2009. Obama va manipuler les leviers de l'État, redonner confiance au peuple et sortir l'Amérique et le monde de la crise, tout comme Roosevelt l'a fait durant la Grande Dépression.
Petit problème ici: Roosevelt a effectivement manipulé à peu près tous les leviers étatiques sur lesquels il a pu mettre la main, mais la Dépression s'est prolongée jusqu'après la guerre, justement parce qu'il a pratiquement détruit l'économie avec ses folies interventionnistes. Loin de sauver les États-Unis, le gouvernement Roosevelt a simplement été le pendant américain du mouvement fasciste qui montait au même moment en Europe et a contribué à faire de cette décennie le désastre historique qu'elle a été.
On peut tout de même trouver quelques livres sur Roosevelt qui ne sont pas simplement des hagiographies naïves. L'excellent essai de Jim Powell, FDR's Folly. How Roosevelt and His New Deal Prolonged the Great Depression (2003, 352 pages) est de ceux-là. M. Powell passe en revue les nombreux secteurs de l'économie qui ont été la cible des assauts des politiciens: nouvelles réglementations financières, hausse faramineuse des dépenses et des impôts, cartellisation de différentes industries, harcèlement juridique d'entreprises sur la base des lois antitrust, création de la désastreuse Tennessee Valley Authority, confiscation de l'or, nouvelles législations du travail pro-syndicales, etc. Plusieurs de ces mesures continuent encore de nos jours à entraver l'économie américaine.
Chaque chapitre explique très bien l'effet néfaste des mesures adoptées, en plus de décrire les personnages les plus influents du fameux «brain trust» rooseveltien et de montrer les penchants autoritaires du président, en croisade contre les hommes d'affaires qu'il appelait les «royalistes économiques». Le terme est particulièrement ironique quand on constate à quel point il se comportait lui-même comme un monarque prenant des décisions complètement arbitraires au mépris de la Constitution (voir notamment la fameuse histoire de «court packing», où il a tenté de prendre le contrôle de la Cour suprême qui venait de déclarer plusieurs des mesures du New Deal inconstitutionnelles).
Je n'ai qu'une seule critique majeure à apporter: sur les questions monétaires, l'auteur adopte la thèse friedmanienne selon laquelle la Fed est à blâmer pour avoir laissé s'effondrer la masse monétaire entre 1929 et 1932. Comme je l'ai expliqué ailleurs, c'est cette fausse thèse, que contestent les économistes autrichiens, qui fait que les monétaristes appuient aujourd'hui encore une injection massive de faux argent dans l'économie par les banques centrales, alors que les politiques inflationnistes sont justement la cause des cycles économiques.
Si l'on fait abstraction des quelques passages où sont discutées les politique de la Fed, le livre est cependant d'une limpidité et d'une pertinence exemplaires d'un point de vue économiquement rationnel. À l'heure où l'on entend partout les mêmes sophismes que durant les années 1930 et où l'on s'apprête à faire l'expérience des folies d'Obama, ce livre remet les choses en perspective. Malheureusement, tant que cette perspective sera ultra minoritaire chez les historiens et les économistes, on pourra s'attendre à ce que nos gouvernements continuent de répéter les mêmes erreurs.
Idée: organiser une compétition annuelle du 'Prix citron de l'illetrisme économique'. Les prix seraient décernés aux chroniqueurs, journalistes, écrivains ou politiciens ayant proférés le plus de crétineries, et les plus absurdes, au cours de l'année écoulée, dans leurs interventions publiques, ou leurs écrits.
Chaque prix serait accompagné d'une notice explicative, pièces à conviction à l'appui, détaillant exactement la nature et l'ampleur des idioties alignées par l'heureux récipiendaire (dans un but pédagogique, évidemment)
Pour cette année je verrais bien Alain Dubuc, celui qui nous explique sans rire "qu'un dollar épargné n'est pas réinvesti dans l'économie" (pfuitt! Disparu...), et "qu'un crédit d'impot à la rénovation est plus moral qu'une baisse d'impot parce qu'on peut pas acheter un téléviseur coréen avec" (pour visionner des pornos probab', ça doit être là que le côté 'moral' intervient - sinon, je vois pas).
Mais je suis certain que la concurrence serait rude.
Rédigé par : Pierre-Yves | 18 janvier 2009 à 18h43
Le nombre de ces bouffons qui ont à un niveau quasi-olympique d'incompétence et de sottise est tel que je propose plutôt de tirer au sort pour attribuer la médaille d'or - ou le Prix citron. Dans tous les cas on est sûrs de faire mouche.
Rédigé par : marianne | 18 janvier 2009 à 19h42
Il faut dire que la sacralisation de l'intronisation du président Obama à laquelle on assiste en ce moment a quelque chose de démentiel. Toute cette projection positive de la part d'un monde égaré sur un type qui va craquer des milliards de milliards en fumée et appauvrir le monde occidental ! Sur RDI c'est quasiment en continu que l'on assiste à ce spectacle médiatique pourtant complètement insignifiant. Tout ce monde prend ses désirs - non, ses rêves - pour des réalités. C'est vraiment désolant. Dans la Bible il est dit "ils ont des yeux et ne voient point", en France on dit souvent "avoir de la peau de saucisson devant les yeux". Au choix selon délicatesse, mais ce sera le même résultat.
Rédigé par : marianne | 18 janvier 2009 à 19h52
@Marianne
Intéréssant également dans ce contexte surréaliste, de mettre en parallèle l'argument selon lequel 'les baisses d'impôts c'est pas efficace parce que les chômeurs n'en profiteront pas' (vous ferais remarquer que les allocation chômage sont imposables), et celui selon lequel 'le crédit d'impôt à la rénovation sera plus efficace que les baisses d'impôt' (sur certain mon homme, quand vous êtes au chômage c'est précisément le temps de dépenser 20,000 piasses pour rénover le patio pas vrai?).
Rédigé par : Pierre-Yves | 18 janvier 2009 à 20h28
un brin hors-sujet mais peut complémenter l'article, il y a un bon texte de Jacques Garello du site Libres.org titré "L'homme le plus puissant du monde"
http://www.libres.org/francais/editorial/011809_presidence_usa.htm
Rédigé par : Stéphane Dumas | 19 janvier 2009 à 08h36
Ralph Raico a pas mal écrit sur FDR lui aussi
http://www.lewrockwell.com/raico/raico-arch.html
http://www.fff.org/toc/raicofdr.asp
Rédigé par : Olivier Golinvaux | 19 janvier 2009 à 11h21
@Pierre-Yves
Ouff, boujour le travail herculéan, ca serait extremement difficile à departager au Quebec! C'est pas pour rien que l'on est parmis les derniers dans le ranking des états, provinces et territoires en Amerique du Nord en rappot au niveau de vie..
Y a pas a dire, si on devait dire qu'on "plante" tout le monde sur un sujet c'est bien sur la quantité démentiel d'illétrés economiques que l'on possède au Quebec.
Rédigé par : Mattiew | 19 janvier 2009 à 12h00
Au sujet de FDR et des progressistes américains en général, j'ai bien aimé Liberal Fascism, par Jonah Goldberg. Les chapîtres sur le New Deal et sur le mentor de FDR, Woodrow Wilson, sont particulièrement intéressants.
http://www.amazon.com/Liberal-Fascism-American-Mussolini-Politics/dp/0385511841
Par exemple, Mussolini et Stalin ont tous deux reçu des lettres élogieuses de la part de la présidence américaine et ont servi de sources d'inspiration ici et là, mais les historiens ne s'en "souviennent pas"...
Rédigé par : M. Tremblay | 19 janvier 2009 à 15h10