Note: Ce texte paraît dans le numéro actuellement en kiosque de la revue québécoise Argument (printemps-été 2009), comme je l'ai annoncé il y a deux semaine. Il reprend des arguments sur les causes de la crise financière que j'ai défendus dans des articles publiés sur le Blogue du QL l'automne dernier.
par Martin Masse
Karl Marx a fameusement émis l'hypothèse que le système capitaliste comporte des contradictions internes qui provoquent des crises économiques et qui mèneront inévitablement à son autodestruction. Alors que nous entrons dans une période de bouleversements économiques qui pourraient rivaliser avec ceux de la Grande Dépression, cette thèse revient à la mode et s'exprime de diverses façons. Même la plupart de ceux qui ne souhaitent pas renverser le capitalisme en acceptent la prémisse, celle de l'instabilité chronique de ce système. Une instabilité que l'État aurait la responsabilité de tempérer en intervenant pour sauver le capitalisme de ses contradictions.
Pratiquement tous les gouvernements du monde sont intervenus d'une façon ou d'une autre en 2008 pour imposer de nouvelles couches de réglementation et «injecter» des centaines de milliards de dollars de fonds publics ou de crédit créé par les banques centrales pour relancer une économie en panne. On ne se surprendra évidemment pas de voir des gouvernements de gauche profiter de cette crise pour instaurer de nouvelles mesures étatistes. Mais même des gouvernements perçus comme étant plus favorables aux principes de marché ont emboîté le pas. Aux États-Unis, le président George W. Bush et son secrétaire au Trésor Henry Paulson ont ainsi présidé à la plus gigantesque intervention étatique dans l'économie de l'histoire du monde dans le but de sauver les marchés financiers de la déroute. Le président français Nicolas Sarkozy parle quant à lui de «refonder» le capitalisme.
Il s'est aussi trouvé beaucoup de défenseurs traditionnels du libre marché pour appuyer les interventions des gouvernements. De nombreux économistes partisans des théories de Milton Friedman ont plaidé pour des injections monétaires dans le système financier. Mark Mullins, le patron de l'Institut Fraser de Vancouver, le plus important think tank canadien défendant des politiques s'appuyant sur le libéralisme économique, a écrit dans le National Post que «(t)he capitalist system that has created the greatest prosperity and quality of life in history is inherently cyclical and emotional (...) (1)» et s'est dit en faveur de certaines formes d'interventions.
Il semble qu'il n'y ait plus personne qui doute que le système capitaliste n'a rien de naturel et que son existence est tout sauf une fatalité. La seule alternative qui s'offre à nous est soit de le laisser s'effondrer (ce que seule une minorité d'anticapitalistes radicaux souhaite), soit de le renflouer en ayant recours à l'intervention de l'État.
Je voudrais toutefois proposer un point de vue tout à fait à l'opposé: la crise actuelle, comme toutes les précédentes, n'a rien à voir avec le capitalisme mais a été provoquée et est alimentée par l'intervention de l'État dans l'économie. Le capitalisme, loin d'être un système instable et sujet à des crises cycliques, se définit au contraire par un ensemble de mécanismes autorégulateurs qui assurent sa stabilité. Et si on ne peut affirmer que le monde s'en va fatalement vers plus de capitalisme, un retour à ses principes est inévitable si nous souhaitons que l'avancement de la prospérité et de la civilisation que nous avons connue ces derniers siècles se poursuive.
J'utilise ici le terme «capitalisme» de manière interchangeable avec «économie de marché» ou «libéralisme économique», c'est-à-dire un système caractérisé par la propriété privée, la liberté d'entreprendre et de commercer, et une intervention minimale de l'État dans l'économie. Ma perspective est celle de l'école d'économie autrichienne, qui regroupe les penseurs les plus radicalement opposés à l'étatisme et en faveur de l'économie de marché. Ses principaux penseurs sont Friedrich Hayek, Ludwig von Mises et Murray Rothbard.
Alors qu'il semble y avoir unanimité sur les défaillances du capitalisme lorsqu'on écoute les discours des politiciens et les analyses des journalistes et des experts conventionnels, les positions très minoritaires des économistes autrichiens ont tout de même suscité un regain d'intérêt depuis le début de la crise. Pour une raison bien particulière: ils ont été parmi les rares économistes à la voir venir au cours des dernières années, tout comme leurs prédécesseurs Hayek et Mises avaient annoncé la fin inévitable de l'euphorie des «années folles» et la récession à venir à la fin des années 1920. Depuis des décennies déjà, les économistes de l'école autrichienne nous mettent en garde contre les conséquences néfastes d'avoir un système monétaire contrôlé par une banque centrale et fondé sur une monnaie fiduciaire, c'est-à-dire une monnaie qui ne s'appuie sur aucune contrepartie métallique comme l'or et qui peut facilement être manipulée. En plus de ses désavantages évidents (hausses constantes des prix, dépréciation de la monnaie, etc.), ce système a tendance à favoriser un crédit facile et des taux d'intérêt maintenus artificiellement bas, ce qui envoie des signaux de marché faussés aux consommateurs et aux investisseurs et exacerbe les cycles économiques.
Non seulement la banque centrale crée-t-elle constamment de l'argent à partir de rien pour accroître la masse monétaire, mais le système de réserves fractionnaires permet aux institutions financières d'augmenter encore plus la quantité de crédit qui circule dans l'économie. Lorsque la création monétaire est soutenue, une bulle financière émerge qui se nourrit d'elle-même, des prix plus élevés permettant aux propriétaires de titres gonflés de dépenser et d'emprunter davantage, ce qui amène une création additionnelle de crédit, ce qui fait grimper encore plus les prix, et ainsi de suite.
Les économistes de l'école autrichienne sont les seuls à avoir développé une théorie cohérente expliquant l'effet de l'inflation monétaire sur les cycles économiques. Ils notent qu'à mesure que les prix deviennent de plus en plus faussés, des malinvestissements, soit des investissements qui n'auraient pas été faits dans les conditions normales du marché, finissent par s'accumuler. La surabondance de crédit fait en sorte que des décisions de plus en plus risquées sont prises dans le but d'accroître les rendements, et l'effet de levier atteint des niveaux dangereusement élevés. Nous avons connu de telles périodes de boom durant les années 1990, puis au cours des années 2000 à la suite de l'effondrement des secteurs des nouvelles technologies.
Ce sont les politiques monétaires expansionnistes de la Fed sous Alan Greenspan (copiées à divers degrés ailleurs dans le monde) qui expliquent ces phases de boom et de krach, et non «l'instabilité inhérente au système capitaliste». Ce sont elles aussi qui ont entraîné en bonne partie le taux d'endettement énorme des Américains, autant au niveau des ménages que du pays; leur taux d'épargne nul; une consommation excessive, notamment de biens importés, qui ne pouvait se poursuivre indéfiniment; un déficit systématique des comptes courants; et une spéculation effrénée dans les secteurs immobilier et financier en particulier, où la présente crise a éclaté.
Durant cette phase de spéculation exacerbée, tout le monde semble croire que le boom se poursuivra indéfiniment. Les seuls qui prédisent que cela finira mal sont les Autrichiens.
Les booms inflationnistes de ce type font partie du paysage économique depuis que les gouvernements interviennent dans le domaine monétaire, c'est-à-dire depuis des centaines d'années, mais de façon plus marquée encore depuis la création des banques centrales et l'abandon de l'étalon-or, qui imposait des limites à la capacité de créer de la monnaie et du crédit à partir de rien.
Que devrait-on faire lorsque ce château de cartes commence à s'effondrer, soit à cause d'une série de faillites ou parce que la banque centrale craint de perdre le contrôle de l'inflation et met un frein à la croissance monétaire? Il est évident que le crédit artificiellement gonflé va s'amenuiser, puisque tout le monde voudra se retirer des projets trop risqués, demandera le remboursement des prêts ou placera ses fonds dans des endroits plus sécuritaires. On n'en sort pas: les malinvestissements doivent être liquidés; les prix doivent retomber à des niveaux plus réalistes; et les ressources engagées dans des projets improductifs doivent être libérées et transférées à des secteurs où il existe une demande réelle. Ce n'est qu'à ce moment que les capitaux redeviendront de nouveau disponibles pour des investissements profitables.
Selon les économistes autrichiens, il est inutile de tenter d'empêcher ce réajustement de la production. Les entreprises autant que les individus et les gouvernements doivent cesser de dépenser de l'argent qu'ils n'ont pas, arrêter de s'endetter et rembourser leurs dettes, recommencer à épargner et investir dans des processus de production qui correspondent à une demande réelle et non à une demande artificielle gonflée par le crédit facile.
Les dogmes keynésiens et monétaristes favorables à l'inflationnisme sont toutefois presque universellement acceptés aujourd'hui et au lieu de laisser cette purge se poursuivre, les gouvernements et la majorité des économistes considèrent qu'il faut à tout prix empêcher une contraction du crédit et de la demande.
La justification pour intervenir semble toujours s'appuyer sur la peur de revivre la Grande Dépression. Si nous laissons trop d'institutions s'effondrer pour cause d'insolvabilité, nous dit-on, il y a risque d'un effondrement généralisé des marchés financiers, ce qui entraînerait un assèchement complet des flux de crédit et des effets catastrophiques sur tous les secteurs de la production. Cette opinion, que partagent Ben Bernanke, Henry Paulson, et une bonne partie de l'establishment politique et économique de droite, se fonde sur la thèse de Milton Friedman selon laquelle la Réserve fédérale aurait provoqué la Dépression en n'injectant pas suffisamment d'argent dans le système financier suite au krach de 1929.
Même si l'analyse des causes n'est pas exactement la même, les solutions proposées par les monétaristes sont très semblables à celles des keynésiens. Dans une telle situation de crise, les deux principales écoles de pensée économique de la «gauche» et de la «droite» s'entendent pour appuyer des interventions des gouvernements dans le but de «soutenir la demande» - un objectif totalement absurde du point de vue autrichien, selon lequel il est inutile de soutenir artificiellement la demande si les processus de production existants ne correspondent pas à une demande réelle et ne sont pas rentables. Pourquoi devrait-on par exemple soutenir la demande pour des maisons dont les prix ont gonflé à des niveaux astronomiques et dont les acheteurs non solvables ont été subventionnés? Les prix doivent au contraire redescendre à des niveaux normaux et les contribuables n'ont pas à payer pour ceux qui ont pris des décisions trop risquées, individus ou institutions financières.
Depuis le déclenchement de la crise, les gouvernements ont toutefois suivi les recommandations interventionnistes de la presque totalité des économistes, qu'ils soient de gauche ou de droite. Ils procèdent donc à des injections de «liquidités» dans le secteur bancaire et lancent divers plans de sauvetage des banques en difficulté et du secteur financier en général, dont le rôle crucial dans la transmission et l'allocation du crédit ne doit pas être compromis. Maintenant qu'il s'est avéré que ces mesures sont insuffisantes pour empêcher la contraction du crédit, parce que les investisseurs échaudés se retirent du marché et que les institutions financières refusent de s'exposer davantage et accumulent des réserves au lieu de faire des prêts risqués dans un contexte d'incertitude, les gouvernements cherchent à intervenir plus directement.
À l'automne 2008, pour faire suite au plan Paulson voté par le Congrès de 700 milliards de dollars de soutien au secteur financier et à de nombreux plans de sauvetage ciblés comme celui de Bear Sterns et Citigroup, le gouvernement américain et la Fed ont ainsi annoncé un autre plan de 800 milliards de dollars, celui-là pour soutenir directement le crédit à la consommation. La Fed ne joue plus simplement le rôle traditionnel d'un prêteur de dernier recours pour les banques; elle achète maintenant directement des obligations adossées à des hypothèques et d'autres types de dettes de divers prêteurs institutionnels pour leur permettre de se débarrasser de ces prêts et d'obtenir en échange des fonds qu'ils pourront prêter de nouveau.
Ce faisant, elle injecte encore des quantités gigantesques de faux crédit dans l'économie. Elle force les taux d'intérêt à se maintenir artificiellement bas, alors qu'ils devraient remontrer pour refléter la rareté relative du crédit depuis le début de la crise. Et elle ralentit le processus de normalisation des prix et de liquidation des malinvestissements qui est nécessaire pour que l'économie retrouve un certain équilibre.
Logiquement, le crédit des uns doit nécessairement être l'épargne - c'est-à-dire un report à plus tard de la consommation permettant de rendre des ressources disponibles - des autres. Et ce crédit doit être alloué à ceux qui ont une capacité de le rembourser, pas simplement pour soutenir une consommation irresponsable. Sinon, tout ce qu'on crée avec ce faux crédit, c'est de l'inflation monétaire.
Cette logique économique de base ne tient toutefois plus dans la situation actuelle d'hystérie politique. La source même du problème - le crédit surabondant - est fallacieusement considérée comme sa solution. Les gouvernements tiennent absolument à faire quelque chose, et ils ont décidé de tenter futilement de prolonger le boom artificiel des dernières années. Ils ne font ainsi que continuer de creuser plus profondément le trou dans lequel nous nous trouvons. Le réajustement nécessaire n'en sera que plus prolongé et dévastateur pour plus de gens, comme l'a été la Grande Dépression à cause d'interventions semblables du gouvernement Roosevelt.
Les partisans de Milton Friedman, qui sont généralement considérés comme des défenseurs radicaux du libre marché, sont en fait, d'un point de vue autrichien, des étatistes au même titre que les keynésiens lorsqu'il est question de monnaie et de cycles économiques. Contrairement aux Autrichiens, ils n'ont jamais développé de notion de malinvestissement. Ils ne soulèvent jamais de préoccupations pendant le boom - on les entend plutôt célébrer la grandeur du capitalisme à ce moment - et ne comprennent pas non plus pourquoi il mène inévitablement à un krach. Ils ne voient que l'assèchement du crédit et blâment la Fed de ne pas avoir suffisamment injecté de liquidités pour le prévenir.
Friedman - qui, contrairement à sa réputation, n'était pas un ennemi acharné de l'inflation monétaire, mais proposait simplement une façon de mieux la contrôler en temps normal - avait non seulement une compréhension déficiente des cycles économiques, mais il avait tort en affirmant que la Fed n'était pas suffisamment intervenue durant la Dépression. Elle a tenté à plusieurs reprises de gonfler la quantité de crédit, mais celle-ci a tout de même diminué pour différentes raisons. Il s'agit là d'une différence d'interprétation cruciale entre les écoles autrichienne et de Chicago.
Comme Friedrich Hayek l'a écrit en 1932, «au lieu d'encourager la liquidation inévitable des malinvestissements provoqués par le boom au cours des trois dernières années, tous les moyens concevables ont été utilisés pour empêcher que ce réajustement se fasse; et l'un de ces moyens, qui a été essayé à plusieurs reprises bien que sans succès, des premières jusqu'aux plus récentes phases de la dépression, est celui d'une politique délibérée d'expansion du crédit. (...) Tenter de combattre la dépression par une expansion forcée du crédit équivaut à tenter de résoudre le problème en ayant recours aux méthodes qui l'ont créé...(2)»
Les étatistes de gauche et de droite dominent presque totalement le débat sur les solutions à apporter à cette crise. Les seules différences ont trait à la vitesse avec laquelle les gouvernements doivent intervenir et l'ampleur des interventions: grosses, énormes ou gigantesques. Il revient donc aux seuls adhérents de l'école d'économie autrichienne aujourd'hui de défendre de manière cohérente le capitalisme et les vertus du libre marché.
À l'encontre de toutes les autres écoles, ils prétendent que ce n'est pas le capitalisme qui est instable, mais plutôt l'interventionnisme. Ils sont les seuls à pointer vers les banques centrales - dont on oublie qu'elles sont des organismes bureaucratiques de planification centralisée d'un secteur de l'économie, celui qui concerne la monnaie - comme source de cette instabilité. Et ils sont les seuls à dire que la solution aux crises provoquées par un gonflement artificiel du crédit n'est pas d'intervenir davantage pour maintenir le crédit gonflé et soutenir la demande, mais plutôt de permettre la liquidation des malinvestissements et de laisser les marchés se réajuster.
L'évolution de notre civilisation vers le capitalisme n'est certainement pas une fatalité. Au contraire, l'interventionnisme semble se nourrir de sa propre instabilité. Les crises qu'il provoque sont autant de justifications pour les gouvernements d'intervenir davantage. Il est clair que la crise actuelle, comme celle des années 1930, ajoutera à nos vies une nouvelle couche de structures bureaucratiques et de restrictions de toutes sortes qui demanderont peut-être des décennies à déconstruire. Mais si nous voulons sortir de ce cercle vicieux et retrouver une prospérité stable et durable, seul le capitalisme pourra nous y mener.
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1. Mark Mullins, «The worst is over», The National Post, 18 nov. 2008.
2. Friedrich A. Hayek, Prices and Production and Other Works, Auburn, Alabama, Ludwig von Mises Institute, 2008, p. 6. Je traduis. (Première parution dans la préface de Monetary Theory and the Trade Cycle, Londres, Jonathan Cape, 1933.)
C'est sûrement l'article le plus cohérent que j'ai pu lire, malheureusement si je le montres a quelqu'un d'autre on va me mettre au coin pour paranoïa ou pour folie qui croit les préceptes d'un illuminé.
Bon j'essaie de faire réfléchir les gens autour, mais même si Dieu en personne débarquait contredire les dogmes habituels, ça ne suffirait pas.
La raison, c'est être masochiste, pas surprenant que la plupart flanche si rapidement.
Rédigé par : Bobjack | 23 avril 2009 à 20h21
Excellent texte. Il me semble que cette explication est tellement logique et sensée: comment des gens intelligents peuvent-ils ne pas y adhérer ? Probablement que l'idéologie et les intérêts particuliers faussent le jugement.
Rédigé par : Humain51 | 23 avril 2009 à 22h00
Et oui, c'est l'évidence même. Infatiguable le Martin Masse.
Rédigé par : Pierre-Yves | 23 avril 2009 à 22h14
Excellent article!
Par contre, ne faudrait-il pas également expliquer pourquoi les flux de (fausse) monnaie et de (faux) crédit ont été dirigé vers les secteurs de l'immobilier et de la finance?
Rapidement, car les lecteurs de ton blog doivent bien connaître tout ça: bulle immobilière due à la restriction artificielle de l'offre par les pouvoirs publics (lois de zonage ou autre) ne pouvant donc plus s'adapter à la demande (due à la croissance, au crédit artificiellement bon marché etc.), incitation forte faites aux banques de prêter à des personnes insolvables (CRA, Freddy Mac et Fannie Mae sous la tutelle du HUD etc.) modèle américain du crédit (éclaté et où personne n'est responsable), réglementations financières donnant l'illusion de faire disparaître le risque etc. etc.
Rédigé par : Mateo | 24 avril 2009 à 05h47
"ajoutera à nos vies une nouvelle couche de structures bureaucratiques et de restrictions de toutes sortes qui demanderont peut-être des décennies à déconstruire."
Hmm, je ne sais pas si c'est de l'optimisme debridé mais j'ai tendance à penser qu'on est en train d'atteindre l'apogée de l'interventionisme étatique avant son effondrement.
Ca me fait dire qu'il est bien possible que l'on voit les gouvernements s'effondrer sous le poids de leur propre bêtise, ce qui aurait pour conséquence possible de voir ceux-ci incapable d'imposer leur volonté par manque de moyens et de ressources.
Quand ce n'est pas de la possibilité de rebellion de la part de la population (pour de bonnes ou mauvaises raisons), après tout, le gouvernement américain avait une peur bleu de voir une revolution avec plus de 20% de la population au chomage!
J'ai tort ou raison :) ?
Rédigé par : Mattiew | 24 avril 2009 à 07h42
On ne peut pas "refonder" le capitalisme tout comme on ne peut pas "refonder" la loi de la gravitation ou les principes mathématiques.
Le capitalisme est une loi économique naturelle et n'a rien à voir avec la politique. Chacun pour soi cherche le meilleur profit, le meilleur rendement et la seule façon pour que le capitalisme soit le plus efficace possible c'est qu'on le laisse tranquille sans taxes ni règlements ni interventions.
Toute intervention doit nécessairement puiser ses ressources à même le capitalisme et donc ne peut pas lui redonner la totalité des ressources puisées et en plus ces ressources seront toujours moins bien dirigées que si elles avaient été laissées au capitalisme.
Ce sont les gouvernements qui faussent les résultats et causent des instabilités.
Il faudrait trouver un système pour protéger le capitalisme contre les gouvernements et les groupes de pression.
Rédigé par : Justin Bertrand | 24 avril 2009 à 08h35
Les injections monétaires n'injectent que du papier, elles n'injectes ni biens ni services.
On ne sera pas plus riches après toutes ces injections, la même quantité de biens et de service sera en circulation. Tout ce que cela va faire c'est de l'inflation et cela appauvrira plus de monde encore.
Il faudrait plutôt faire une destruction d'argent.
Rédigé par : Justin Bertrand | 24 avril 2009 à 08h37
"Le capitalisme, loin d'être un système instable et sujet à des crises cycliques, se définit au contraire par un ensemble de mécanismes autorégulateurs qui assurent sa stabilité. "
Mais il manque cruellement au capitalisme un système de défense contre le parasitisme et le dirigisme de l'état et des groupe sociaux.
On devrait mettre au point un système de défense qui protège les transactions contre les taxes et les règlements et qui parle au nom du capitalisme et du libre marché pour en faire la promotion comme étant le seul système qui crée la richesse.
Un peu comme ebay mais encrypté et le gouvernement ne pourrait pas savoir ni contrôler ce qui s'y passe.
Rédigé par : Justin Bertrand | 24 avril 2009 à 08h39
@Martin Masse,
Je commence à penser qu'avec les nouvelles restrictions qui s'en viennent et les hausses de taxes qui s'en viennent, la seule façon qu'on aura de faire le capitalisme sera de se tourner vers l'économie clandestine.
La seule manière de protéger le capitalisme serait de le clandestiniser avec des moyens technologiques qui font qu'il est impossible de suivre, de mesurer et de contrôler toutes les transactions. Il faut contourner le gouvernement avec des moyens sophistiqués et à la portée de tous.
La prohibition de l'alcool et de la drogue n'ont pas fonctionné et bien maintenant c'est toute l'économie capitaliste qui devient prohibée. Les ampoules normales par exemple seront interdites. C'est le capitalisme même qui sera prohibé et bien cela ouvre la porte à des systèmes technologiques de contournement des lois et règlements et des systèmes d'évasion fiscale.
Il faut qu'on résiste.
" Mais si nous voulons sortir de ce cercle vicieux et retrouver une prospérité stable et durable, seul le capitalisme pourra nous y mener. "
Rédigé par : Justin Bertrand | 24 avril 2009 à 08h51
@Martin Masse
Très bonne synthèse Martin. La grande majorité des gens non-économistes seraient en mesure d'au moins comprendre les grandes lignes même si presque personne ne connaît le système fractionnaire. As-tu pensé publié ce texte ailleurs? Dans un magazine avec un plus haut taux de tirage qu'Argument? Je dois t'avouer que je n'avais jamais entendu parler de ce magazine.
Rédigé par : Steven | 24 avril 2009 à 10h35
Excellent texte, monsieur Masse!
Pourquoi est-ce que dans nos cours d'économie, on ne nous parle jamais de l'École autrichienne. On nous dit toujours que Keynes a réinventé l'économie et que Friedman était un dangereux démagogue de droite, parce qu'il voulait libéraliser à grandeur et détruire l'économie, alors que ces deux-là sont deux étatistes, l'un plus à droite que l'autre, mais sans plus.
Monsieur Masse, c'est vous qui devriez prendre la place de Gérald Fillion à Radio-Poubelle-Cadenas.
Rédigé par : Jean-Luc Proulx | 24 avril 2009 à 12h59
@ Jean-Luc Proulx
N'exagérons rien, hormis sur les questions monétaires, Friedman était assez libéral et assez peu étatiste.
Rédigé par : Mateo | 24 avril 2009 à 17h19
@ Steven,
"As-tu pensé publié ce texte ailleurs? Dans un magazine avec un plus haut taux de tirage qu'Argument?"
En fait ce n'était pas mon idée de publier dans Argument, ce sont eux qui m'ont contacté pour me demander de produire un texte sur ce thème auquel ils voulaient consacrer un numéro. Pour une rare fois qu'une équipe éditoriale (d'un magazine qui n'a tout de même aucune affiliation avec le mouvement libertarien) a suffisamment d'ouverture d'esprit pour souhaiter inclure une position comme la mienne, j'ai été très heureux de leur fournir un texte, qu'ils aient ou non un grand tirage. Ça rejoint un groupe de lecteurs qui n'a sans doute pas l'habitude de nous lire.
Pour ce qui est de publier ailleurs, non, je n'y ai pas vraiment pensé. Il y a très peu de magazines, sinon aucun au Québec, qui accepteraient de publier ce genre de texte, et d'une telle longueur en plus. Et je ne perds plus mon temps à essayer de percer le mur d'ignorance et de rejet des médias conventionnels. Quand ils viennent me solliciter, tant mieux, sinon je préfère me consacrer à rendre le QL incontournable.
Rédigé par : Martin Masse | 24 avril 2009 à 22h06
@ Mateo.
Quelqu'un qui ne veut pas libéraliser la monnaie, tout en voulant moins d'État, n'est pas libertarien pour moi, mais plutôt étatiste de droite.
Rédigé par : Jean-Luc Proulx | 25 avril 2009 à 00h39
Le capitalisme n'est pas, à proprement parler, un « système ». C'est une forme d’organisation sociale qui, par sa relative souplesse, est la plus apte à maintenir l’équilibre des forces résultant d'un niveau avancé de développement économique et technique, ainsi que d'une urbanisation très poussée. C’est aussi la plus favorable au progrès sous toutes ses formes, et aux libertés individuelles. Les sociétés planifiées sont toujours, d’une façon ou d’une autre, régressives. Les soi-disant « avancées sociales » y sont imposées d'en haut, donc artificielles. Autrement dit, le capitalisme, au vrai sens du terme, est impossible dans une société agraire. C'est sans doute pour cela, d'ailleurs, que les altermondialistes ont une telle dévotion pour la « simplicité volontaire », le dénuement et les petites communautés proches de la terre. N’en déplaise aux belles âmes socialistes, qui y voient une « monstruosité inhumaine » (j’aimerais parfois qu’elles définissent plus clairement ce qu’elles entendent par « humain »), le capitalisme représente sans doute l'état de développement historique le plus favorable pour les humains.
Ce que j'apprécie du capitalisme, c'est qu'il n'a pas la prétention de créer une « meilleure » humanité, une « meilleure » société. Autrement dit, il ne véhicule pas les lourdes prétentions de réingénierie sociale et culturelle des sociétés communistes. Dans une société capitaliste, au vrai sens du terme, la politique ne sert qu'à protéger le droit de propriété et les libertés individuelles. J'irais même jusqu'à dire qu'il n'y a de vie privée que dans une société capitaliste…
Le capitalisme est-il une fatalité ? Malheureusement, non. Mais les « alternatives » au capitalisme sont toujours régressives, répressives et, surtout, contraires aux intérêts individuels qu'elles considèrent négligeables, leur préférant, comme il se doit, le soi-disant « intérêt collectif »...
Rédigé par : B. Vallée | 26 avril 2009 à 15h31
Excellent texte Martin (encore une fois!)
3 pousses en l'air! ("3 thumbs up!")
J'aime bien cette précision:
"J'utilise ici le terme «capitalisme» de manière interchangeable avec «économie de marché» ou «libéralisme économique», c'est-à-dire un système caractérisé par la propriété privée, la liberté d'entreprendre et de commercer, et une intervention minimale de l'État dans l'économie."
Ce qui m'amène à (re)poser cette question à tous:
Ok, un capitalisme qui n'est pas basé sur une monnaie étatique/banque centrale, est-ce que cela a déjà existé/peut exister ?
D'AUTRES QUESTIONS:
Et quelle serait le rythme de croissance sans cette monnaie fictive dans notre système capitaliste moderne ??
Est-ce que notre monde serait pareil, ou -encore- avec de la 'techno' du 19e siècle?
Est-ce que la culture du HEMP serait légalisé et exploité en occident et ce, pour remplacer -à meilleurs coûts- une flopée de produits chimiques et l'éthanol à base de blé d'inde (pour ne nommer que ces 2 utilisations)?
Peut-on penser que les groupes écologistes auraient peu ou prou de raisons de 'chialer'... car la compétition serait 10 x plus intense... et plus "écologique' (voir 2 exemples en haut) ?
Serions-nous encore dépendants du CARTEL du pétrole, ou bedon les oligopoles -qui ont supprimé les technologies alternatives- existeraient encore sous leur forme actuelle ?
(pour ceux qui connaissent l'histoire des actions des cartels/lobbys anti énergie alternative ou anti hemp, ils sauront que je ne parle pas d'une conspiration non-prouvée, mais bel et bien de faits historiques).
MA THÉORIE:
Ma théorie est que sans CE capitalisme à base d'argent 'débile' (tout en ayant tous les autres attributs mentionnés par Martin), les monopoles/oligopoles/cartels n'existeraient pas ou prou, car aucune banque (qui invente de l'argent à partir de rien)pourrait favoriser quelques amis et ce, au détriment de tous les 'ptits' qui se font une réelle compétition, dans un véritable libre marché... à base d'argent RÉEL.
p.s.
Désolé de revenir constamment la-dessus, mais ce sujet est une passion dans mon cas. Quelqu'un connait un traitement pour que je cesse de voir, que la plupart de nos problèmes économiques proviennent de l'objet de mes passions?
A part une douche froide bien sûr. ;-)
Rédigé par : Sébas | 27 avril 2009 à 22h06
p.s.
et dans cette phrase, j'ose rajouter le bout entre ( ) :
"Quelqu'un connait un traitement pour que je cesse de voir, que la plupart de nos problèmes économiques (ET ÉCOLOGIQUES) proviennent de l'objet de mes passions?"
Imaginez-vous si nous pouvions PROUVER aux 'verts' de ce monde, qu'un monde libertarien serait 100X moins polluer...
Je sais, je sais, ils sont des étatistes/marxistes en puissance qui utilisent la cause environnementale pour nous imposer des gouvernements de plus en plus socialistes//interventionnistes...
Mais sait-on jamais...
Si quelques 'verts' intelligents finissent pas comprendre... les autres suivront peut-être?
Rédigé par : Sébas | 27 avril 2009 à 22h12
@ Sébas
Je dirais plutôt que c'est de permettre (ou non) à chaque INDIVIDU de défendre sa propriété privée (à commencer par l'intérieur de ses propres poumons) contre la pollution qui détermine le degré de pollution, bien plus que l'avancement technologique ou le système monétaire.
Du point de vue théorique autrichien, un cartel volontaire du pétrole est acceptable car il permet de mieux gérer la ressource à long terme. On ne peut pas affirmer à la fois que le pétrole est trop cher (théorie du cartel néfaste) et pas assez cher (théorie du complot pour écraser les alternatives).
Sur la base, vous avez par contre bien raison, sans les monopoles de la monnaie, des brevets etc. la société aurait eu le temps de bien mieux avancer au 20e siècle, et nous n'aurions pas les mêmes problèmes qu'aujourd'hui.
Par contre, éliminer la banque centrale sans éliminer l'état tentaculaire n'avancerait pas grand-chose. Si les monopolistes ne peuvent plus demander l'aide de leurs amis banquiers pour survivre, ils n'auront qu'à demander l'aide de leurs amis politiciens.
Rédigé par : Bastiat79 | 28 avril 2009 à 09h35