Notre collaborateur Jérémie T. A. Rostan, qui enseigne actuellement la philosophie aux États-Unis, vient de publier un bouquin disponible en libre accès sur le Web intitulé Le capitalisme et sa philosophie. Dans cet ouvrage, M. Rostan montre:
-comment le capitalisme s'enracine dans la logique même de la vie humaine;
-que l'impossibilité du calcul du prix des biens en régime socialiste vaut tout aussi pour le prix des maux, ce qui rend a priori impossible toute administration publique de la justice;
-que la concurrence est essentiellement un phénomène intra-individuel, et non comparatif;
-qu'il existe une distinction entre éthique et morale sapant les arguments anti-capitaliste;
-que l'idée de justice sociale ne tient pas la route;
-que la démocratie peut avoir deux sens, l'un équivalent au marché libre, et l'autre au totalitarisme;
-et quelques autres choses encore.
@Martin Masse,
Pourquoi dites-vous qu'il est impossible de "calculer" les prix dans un régime socialiste ? N'avez-vous jamais songé que c'est justement pour DICTER les prix sans d'abord les "calculer" que le socialisme existe ?
Le prix "calculé" par les socialistes sera le prix qui leur rapportera la plus grande rentabilité politique, pas le prix le plus efficace économiquement parlant, ça ils s'en fichent.
Les socialistes veulent contrôler les prix, ils veulent décider ce que sera le prix, ils ne veulent pas se soumettre aux prix les plus efficaces.
Si les socialistes pouvaient et voulaient calculer les prix de façon efficace, ce ne serait plus du socialisme, car alors ce serait le marché et les données mathématiques qui décideraient du prix et ces "socialistes" devraient se soumettre aux résultats du calcul, ils ne seraient plus en contrôle et ne décideraient plus les prix.
C'est justement pour déroger aux règles du marché et imposer arbitrairement les prix que le socialisme a été créé. Cela n'a jamais été l'intention du socialisme de calculer les prix, encore moins de le faire efficacement.
Tout comme cela n'a jamais été l'intention du capitalisme d'enrichir tout le monde et de redistribuer également toute la richesse.
Ceux qui disent que le capitalisme est un échec car il y a encore de la pauvreté se trompent royalement. Le capitalisme n'existe pas pour répartir la richesse et éliminer la pauvreté.
Le capitalisme existe pour faciliter l'échange de la richesse entre parties consentantes et pour faciliter l'accumulation de la richesse par ceux qui la créent. Le capitalisme permet d'accumuler la richesse que l'on crée et permet de l'échange contre la richesse accumulée par les autres.
Le capitalisme ne crée pas la richesse à notre place, ce sont les travailleurs et les entrepreneurs qui créent la richesse. Tout ce que fait le capitalisme c'est de permettre aux acteurs économiques de l'échanger et de l'accumuler.
Le capitalisme ne va pas vous enrichir à votre place. C'est pour cela que le capitalisme est un succès malgré le fait qu'il y a des inégalités.
Rédigé par : Justin Bertrand | 01 mai 2009 à 14h06
Si les pays socialistes sont si pauvres c'est justement parce que le socialisme empêche les travailleurs et les entrepreneurs de créer et d'échanger leur richesse en contrôlant les prix et non pas en les calculant.
D'ailleurs il y a une vieille rumeur à l'effet que l'union Soviétique copiait les prix dans les catalogues SEARS. Cela prouve l'hypocrisie de la doctrine communiste.
Rédigé par : Justin Bertrand | 01 mai 2009 à 14h17
@Justin Bertrand
Bonnes remarques, mais n'oubliez pas que de concevoir un système qui serait capable de rassembler et de traiter en temps réel l'information permettant de 'calculer' des prix est absolument utopique... parce qu'il faudrait que ce système puisse lire en temps réel à l'intérieur de la tête des acteurs du marché et de leur système de valeurs. En fait l'utopie socialiste de fixation des prix repose sur une conception philosophique erronnée de ce qui constitue la valeur pour l'être humain. Alors, c'est irrémédiable.
Rédigé par : Pierre-Yves | 01 mai 2009 à 16h41
@Pierre-Yves,
Si quelqu'un arrivait à lire dans la tête de tout le monde et de toutes choses et d'arriver avec la formule parfaite, et bien ce ne serait plus du socialisme car alors il devrait se soumettre aux résultats de ses calculs.
Le socialisme se fiche de calculer, il veut dicter les prix qui lui sont plus favorables politiquement. Il ne veut pas abdiquer du pouvoir en se soumettant à des calculs rationnels.
Rédigé par : Justin Bertrand | 03 mai 2009 à 01h26
Il semble qu'il y ait une confusion dans certains commentaires. Un régime socialiste devrait décréter les prix des biens de consommation et des facteurs qui entrent dans leur production. Le problème est que, sans moyen de calculer, il n'est pas possible d'atteindre les objectifs fixés dans ces deux domaines, même si ceux-ci ne dépendent pas de la demande économique, mais politique.
Rédigé par : Jérémie T. A. Rostan | 03 mai 2009 à 13h57
@Jeremie T.A. Rostan
"Un régime socialiste devrait décréter les prix des biens de consommation et des facteurs qui entrent dans leur production. Le problème est que, sans moyen de calculer, il n'est pas possible d'atteindre les objectifs fixés dans ces deux domaines"
Même si cela était possible on aurait rien résolu, puisque le prix 'optimal' d'un bien ne peut être calculé de cette façon (coût des inputs + plus-value prédéterminée), qui ne prend pas en compte la valeur subjective de l'utilité marginale; cette utilité est elle même fonction du bénéfice que l'acheteur compte tirer de l'acquisition du bien, qui (et en particulier pour les facteurs de production) dépend essentiellement de son inventivité et de son habileté à en tirer l'utilisation la plus productive possible sur un horizon temporel envisagé - ce qu'aucun système ne pourra jamais 'calculer'. Le résultat est que, comme y fait allusion Justin Bertrand, les prix dans un système socaliste seront déterminé par le plus petit dénominateur commun, la pression politique. Par exemple, comme on sait qu'il y'aura toujours davantage d'acheteurs de clous, que de producteurs de clous, il y'a toute les chances pour que le prix des clous soit fixé trop bas.
Rédigé par : Pierre-Yves | 04 mai 2009 à 17h22
@Pierre-Yves
Je suis bien d'accord: le but d'un régime socialiste n'est pas de déterminer le 'vrai' prix des biens-ce qu'il ne pourrait pas faire, mais de servir des clientèles politiques.
Mais cela même il ne le peut pas, sans marché (notamment des facteurs de production) et moyens de calcul.
Rédigé par : Jérémie T. A. Rostan | 05 mai 2009 à 15h39
Débat intéressant. Une lecture essentielle sur le sujet :
http://mises.org/econcalc.asp
Et aussi :
http://mises.org/story/2401
Les implications de la démontration de Mises (point de vue repris par M.Rostan si je ne m'abuse) vont bien au-delà du cas d'école ou de l'analyse historique (cf. en particulier le postscript de JT Salerno.)
Rédigé par : Olivier Golinvaux | 06 mai 2009 à 11h58