Une vie humaine est une suite de vécus privés (auxquels chacun a seul accès). Et cette suite est un choix constant entre plusieurs vécus futurs possibles, mais mutuellement exclusifs, ou concurrents.
Un stock est rare lorsque ses unités sont en nombre insuffisant pour permettre tous les emplois que l'on aimerait en faire. Une vie humaine est un choix constant parce que le temps est une ressource rare.
Choisir un vécu futur parmi plusieurs possibles révèle une préférence pour le premier par rapport à chacun des autres et une spéculation sur leur valeur expérientielle relative. Chacun s'évertue donc constamment à vivre, en termes d'expérience vécue, la vie la plus riche possible.
Parce qu'un homme emploie son temps en allouant ses unités successives à diverses expériences, il prend en compte les valeurs marginales de ces dernières, lesquelles sont décroissantes puisqu'il y accède par ordre d'importance.
Consommation et production sont des types de vécu. Un vécu relève de la consommation si un individu désire y accéder pour lui-même, simplement pour être en train de le vivre actuellement. Un vécu relève de la production si un individu désire y accéder uniquement en vue de se rapprocher d'une consommation plus éloignée dans le temps.
Un vécu ne pouvant l'être qu'au présent, désirer accéder à un vécu futur signifie désirer y accéder aussitôt que possible. Dès lors, plus un vécu futur est éloigné dans le temps, moins il a présentement de valeur pour un individu. La préférence, toutes choses égales par ailleurs, pour le présent, est un phénomène universel ; mais chacun dévalue à un taux propre ses expériences futures en fonction de leur éloignement dans le temps.
Toute production implique l'emploi de ressources qui n'ont pas été détruites par la consommation présente, mais ont été épargnées en vue d'une consommation future et investies dans la production. Le maintien d'un niveau de consommation donné implique une épargne suffisant au maintien de la capacité de production correspondante.
La production étant le moyen de se rapprocher d'une consommation future, elle est structurée en étapes successives menant au produit final. Toute augmentation de la capacité de production implique un allongement de la structure de production, donc une augmentation de l'épargne (épargne nette), ou bien l'amélioration de son investissement.
La division du travail étant une division de l'emploi des capitaux (moyens de production), elle est entièrement conditionnée par la quantité de l'épargne et la nature de son investissement. La coopération fondamentale est donc celle entre les capitalistes et les entrepreneurs, d'une part, et les entrepreneurs et les salariés, d'autre part. Un capitaliste est n'importe quel individu qui crée du capital, c'est-à-dire qui épargne. Un entrepreneur est n'importe quel individu qui investit du capital à ses risques et profits. Un salarié est n'importe quel individu qui vend ses services à un entrepreneur à des conditions connues d'avance. Les seules différences entre capitalistes, entrepreneurs, et salariés sont leurs préférences relatives pour le présent et la sécurité.
Un marché est un échange réciproquement consenti de droits de propriété, qui n'a donc lieu que s'il est réciproquement profitable, c'est-à-dire préférable à toute alternative. Le Marché est l'ensemble des marchés ayant lieu entre les membres d'une société.
Toutes les coopérations possibles entre les membres d'une société n'étant pas compatibles, certaines sont concurrentes. La libre concurrence n'est rien d'autre que le droit de chacun de coopérer ou non avec tout autre, et ainsi choisir les coopérations qu'il préfère et lui sont le plus profitables. Libre concurrence et coopération sont synonymes, et opposées à la coercition (obligation / interdiction de coopérer).
La valeur d'une propriété est celle, pour un individu, des vécus futurs auxquels elle lui permet d'accéder. Son prix est sa valeur, relativement à toutes les autres, pour tous les membres de la société - la quantité de monnaie contre laquelle elle tend à d'échanger, sur le Marché. Ce prix est entièrement déterminé par la libre concurrence entre les consommateurs.
Un profit, est un retour résiduel et éphémère sur un investissement. Il est ce qui reste, ou non, à un entrepreneur après qu'il ait payé ses gouvernants, salariés, fournisseurs, et créanciers. La réalisation d'un profit montre qu'un entrepreneur a fait un emploi plus productif des moyens de production disponibles que ses concurrents, par exemple en anticipant mieux la demande future des consommateurs.
Profits et pertes aiguillonnent la production et l'orientent dans la bonne direction : la satisfaction des consommateurs. À travers eux, les consommateurs indiquent aux entrepreneurs ce qui doit être produit, en quelles quantités, et comment. Un système de libre entreprise est donc intrinsèquement régulé. Il l'est aussi, formellement, par la défense de la propriété privée.
Par leur recherche concurrentielle de profit, les entrepreneurs répartissent les prix des biens de consommation entre les facteurs de leur production, dont les salaires, et cela à raison de leur contribution.
Le taux d'intérêt est celui auquel les marchandises présentes tendent à s'échanger contre les marchandises futures sur le Marché. Il est la valeur négative que les membres d'une société donnent à l'attente - leur taux agrégé de préférence pour le présent. Le taux d'intérêt est notamment le revenu de l'acte d'épargner, donc celui des capitalistes.
Une monnaie est n'importe quelle marchandise généralement acceptée en échange. Son unique fonction est d'être un moyen d'échange. Son pouvoir d'achat est le système des prix (de toutes les marchandises), et dépend de façon critique du montant qui en circule.
L'inflation d'une monnaie est une augmentation du montant qui en circule non justifiée par une augmentation de la demande d'encaisses. Elle implique la diminution de son pouvoir d'achat. L'inflation du crédit est une augmentation des fonds prêtables non justifiée par une augmentation de l'épargne. Elle a pour conséquence, du fait de la baisse artificielle du taux d'intérêt, le gonflement, puis l'éclatement, de «bulles».
L'inflation de la monnaie et du crédit est nécessairement liée à l'étatisation de la monnaie. Une monnaie inflationniste est une monnaie de mauvaise qualité, qui ne pourrait soutenir la concurrence de monnaies stables. Inversement, un monopole est dans l'incapacité de connaître les demandes d'encaisses et de dettes qu'il prétend satisfaire, et donc de produire une bonne monnaie.
Toute intervention gouvernementale dans l'économie implique un transfert forcé de richesses et désorganise le système d'incitations qui coordonne la production à la satisfaction des consommateurs. Elle ne peut donc que privilégier des intérêts particuliers aux dépens de l'équité et de l'intérêt général.
Wow.... pas grand chose d'autre a dire.
C'est clair, net et précis.
Rédigé par : Dave Thompson | 20 mai 2009 à 16h40
Très bien écrit.
Félicitations.
Rédigé par : Yan | 20 mai 2009 à 23h19
J'aurais préféré comme titre "Les fondements du marché en 1000 mots". L'utilisation du terme "capitalisme" peut semer la confusion.
Tout de même intéressant, mais je vais relire plusieurs fois avant de commenter.
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 21 mai 2009 à 14h21
Après relecture, je suis en majeure partie d'accord avec l'auteur, sauf surtout pour sa défense de la "propriété" (et encore là, il y a des trucs qui sont pertinents, même pour un tenant de la possession mutuelliste comme moi)
Mais ce sont des désaccords mineurs, selon moi.
Et la fin concernant la monnaie est superbe!
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 21 mai 2009 à 14h34
@Anarcho-pragmatiste,
Comment pouvez-vous vous réclamer d'être "anarcho" alors que la seule et unique façon d'empêcher la propriété privée et d'imposer la propriété mutuelliste (communisme) est par une autorité centrale forte ?
Si la propriété n'est pas privée, c'est qu'elle est publique et si elle est publique c'est qu'il faut un puissant chef pour déposséder les individus et se réclammer le maître de toute propriété au nom du collectif.
Il n'y a absolument rien d'"anarcho" dans votre idéologie.
On ne peut pas créer de la richesse si on n'applique pas le principe de propriété privée. Il faut que la richesse appartienne à celui qui la crée sinon il n'y a pas de création de capital et il n'y a pas de croissance économique.
Quand la propriété est mutuelliste, tout le monde cherche à profiter de la propriété des autres sans jamais produire de richesse lui-même. Il n'y a aucun incitatif à produire de la richesse si on sait que tout le monde va nous la prendre.
De plus, il n'y a aucun incitatif à produire de la richesse si on peut la voler aux autres.
Tout système de propriété "mutuelliste" cause la décroissance économique et l'appauvrissement d'un peuple et la création d'une autorité centrale forte pour administrer d'une main de fer le peu qu'il reste.
Comment donc pouvez-vous affirmer sincèrement que vous êtes "anarcho" ?
Pour un marché libre mais anti-capitaliste...
C'est pas fort votre affaire. Un marché ne peut pas être à la fois libre et anti-capitaliste. C'est soit l'un soit l'autre.
Un capitaliste c'est aussi un ouvrier de la construction qui épargne son salaire.
Un libre marché, c'est aussi un ouvrier qui achète ce qu'il veut à l'épicerie au prix du marché.
Si vous êtes anti-capitaliste, comment allez-vous garantir un libre marché?
Capitalisme est synonyme de libre marché. Si vous êtes anti-capitaliste, c'est que vous voulez taxer les revenus des travailleurs et/ou des compagnies pour ensuite les redistribuer où bon vous semble, c'est tout le contraire du libre marché.
Pour que le marché soit libre, ça prend d'abord le droit à la propriété privée. Il faut que les gens puissent faire ce qu'ils veulent avec ce qu'ils possèdent et ça on appelle cela du capitalisme.
Moi je suis anti-socialiste, anti-étatiste, je suis libertarien. Je suis contre les taxes, contre l'intervention du gouvernement dans l'économie et dans les libertés civiles. Je suis pour la liberté et la propriété privée.
Je vous paraît peut-être "extrémiste" mais c'est après longue et mûre réflexion que je suis parvenu à cette idéologie. Et à toutes les fois que je me remets en question, j'arrive toujours au constat qu'il est mal de voler la propriété d'autrui même au nom de la collectivité.
La seule manière qu'on va faire croître l'économie c'est si chacun bâtit sa richesse plutôt que de piller celle des autres comme vous semblez le préconiser.
Le droit à la propriété privée est le pré-requis du capitalisme, pas de propriété privée = pas de capitalisme = pas de libre marché.
Rédigé par : Jean Louis | 22 mai 2009 à 23h44
"Comment pouvez-vous vous réclamer d'être "anarcho" alors que la seule et unique façon d'empêcher la propriété privée et d'imposer la propriété mutuelliste (communisme) est par une autorité centrale forte ?
Si la propriété n'est pas privée, c'est qu'elle est publique et si elle est publique c'est qu'il faut un puissant chef pour déposséder les individus et se réclammer le maître de toute propriété au nom du collectif.
Il n'y a absolument rien d'"anarcho" dans votre idéologie."
Il semble que vous n'ayez pas beaucoup lu sur le mutuellisme pour dire ça. On peut très bien parler de possession privée sans recourir à la violence étatique.
"On ne peut pas créer de la richesse si on n'applique pas le principe de propriété privée. Il faut que la richesse appartienne à celui qui la crée sinon il n'y a pas de création de capital et il n'y a pas de croissance économique."
Ça c'est VOTRE prémisse! Pas celle des mutuellistes et d'aucun anarchiste cohérent. J'admets que nous sommes en désaccord sur ce point. Nous préférons être moins riches et libres que riches et non-libres. De plus, dans le système capitaliste, ce n'est pas toujours vrai que "la richesse appartienne à celui qui la crée".
"Quand la propriété est mutuelliste, tout le monde cherche à profiter de la propriété des autres sans jamais produire de richesse lui-même. Il n'y a aucun incitatif à produire de la richesse si on sait que tout le monde va nous la prendre.
De plus, il n'y a aucun incitatif à produire de la richesse si on peut la voler aux autres.
Tout système de propriété "mutuelliste" cause la décroissance économique et l'appauvrissement d'un peuple et la création d'une autorité centrale forte pour administrer d'une main de fer le peu qu'il reste."
Encore une fois, il semble que vous n'ayez pas beaucoup lu sur le mutuellisme pour dire ça. Et encore, vous appliquez votre prémisse plaçant la croissance économique au dessus de tout. Jamais les mutuellistes ne cautionnent ce genre de vol. Je ne suis pas un anarchiste anti-possession!
"Pour un marché libre mais anti-capitaliste...
C'est pas fort votre affaire. Un marché ne peut pas être à la fois libre et anti-capitaliste. C'est soit l'un soit l'autre.
Un capitaliste c'est aussi un ouvrier de la construction qui épargne son salaire.
Un libre marché, c'est aussi un ouvrier qui achète ce qu'il veut à l'épicerie au prix du marché.
Si vous êtes anti-capitaliste, comment allez-vous garantir un libre marché?
Capitalisme est synonyme de libre marché."
Ça dépend comment on définit le capitalisme. Nous n'avons pas la même définition de ce terme, je cite mon blogue ici:
"Le capitalisme, comme la quasi-totalité des gens le comprennent, est ce système économique étatiste que nous subissons actuellement dans la majeure partie du monde occidental, un système où il y a une synergie entre la classe dirigeante et les riches et puissantes entités corporatistes au sein d’une société, qui se prêtent assistance mutuelle les uns des autres autant qu’ils le peuvent, au détriment de la population en général."
http://anarchopragmatisme.wordpress.com/2009/01/07/capitalisme-marche/
Si vous continuez à entretenir une telle confusion sémantique en utilisant le terme "capitalisme", vous allez donner une crédibilité supplémentaire à vos dénigreurs. Ce n'est certainement pas ce que vous voulez!
"Si vous êtes anti-capitaliste, c'est que vous voulez taxer les revenus des travailleurs et/ou des compagnies pour ensuite les redistribuer où bon vous semble"
Vous devriez lire un peu mon blogue avant de dire ça.
"Il faut que les gens puissent faire ce qu'ils veulent avec ce qu'ils possèdent et ça on appelle cela du capitalisme."
Même s'ils ne les utilisent pas, ni ne les occupent?
"Moi je suis anti-socialiste, anti-étatiste, je suis libertarien. Je suis contre les taxes, contre l'intervention du gouvernement dans l'économie et dans les libertés civiles. Je suis pour la liberté"
On est d'accord là-dessus! Cherchez d'autres ennemis que moi!
"Je vous paraît peut-être "extrémiste" mais c'est après longue et mûre réflexion que je suis parvenu à cette idéologie. Et à toutes les fois que je me remets en question, j'arrive toujours au constat qu'il est mal de voler la propriété d'autrui même au nom de la collectivité."
On est d'accord et il n'y a rien de mal à être extrémiste!
"La seule manière qu'on va faire croître l'économie c'est si chacun bâtit sa richesse plutôt que de piller celle des autres comme vous semblez le préconiser."
Encore la prémisse de la sempiternelle "croissance économique"! Allez lire un peu mon blogue pour le reste, je suis contre ce genre de pillage!
Rédigé par : David Gendron | 25 mai 2009 à 16h19
À la suite d'une discussion sur ce sujet dans mon blogue, je ne suis pas aussi dithyrambique maintenant concernant ce billet, qui demeure quand même intéressant à mon avis:
http://anarchopragmatisme.wordpress.com/2009/05/21/a-propos-de-la-monnaie-etatisee/
Rédigé par : David Gendron | 25 mai 2009 à 16h21