par Gilles Guénette
Quelque 120 000 personnes ont pris d'assaut la trentaine de musées de la métropole qui ont ouvert leurs portes «gratuitement» dimanche dernier à l'occasion de la 23ième édition de la Journée des musées montréalais. C'est un peu moins que les 135 000 personnes qui s'étaient déplacées l'an dernier - sans doute pleuvait-il… La Journée des musées montréalais est une présentation de Quebecor (bravo!) en collaboration avec de nombreux partenaires, dont la Société de transport de Montréal, transporteur public officiel depuis 1987, qui bénéficie de l'appui des divers paliers de gouvernement, notamment du soutien financier de l'Entente sur le développement culturel de Montréal, intervenue entre la Ville de Montréal et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec. Bref, rien de bien gratuit.
Je ne comprend toujours pas l'engouement d'un tel événement. Je ne comprend pas qu'on veuille passer une journée dans des files d'attentes pour entrevoir (à travers les têtes) des expositions dans des établissements bondés. Comment expliquer que les personnes qui y participent ne soient pas prêtes à débourser quelques dollars en temps normal pour voir les mêmes expositions dans des conditions cent fois meilleures? On ne parle pas de montants faramineux. Ce que cette Journée démontre année après année, c'est que la culture n'a aucune valeur pour ces personnes. Si l'expression «nouveaux riches», apparue en France pendant l'entre-deux-guerres, était utilisée pour qualifier les personnes qui s'étaient enrichies rapidement et qui dépensaient leur argent de manière ostentatoire, il est temps de parler de «nouveaux chiches» pour qualifier ces personnes, souvent les mêmes, qui font payer leurs sorties culturelles par la collectivité.
D'autant plus absurde que ces "largesses" gouvernementales financées avec nos sous contribuent en fin de compte à faire grimper le prix d'admission pour les visiteurs payant, ceux qui s'intéressent suffisamment à l'art et aux diverses exposition pour envisager de dépenser un dizaine de piasses afin d'admirer leurs oeuvres préférées en toute tranquillité. Les études de marketing sur ce genre de dépenses montrent clairement qu'en dessous d'un certain prix d'admission (que ce soit huit ou douze dollars), la demande est 'inélastique', c'est à dire qu'admettre le client gratuitement ne fera pas augmenter la demande régulière. D'autre part, ce pourquoi on ne paie pas, ça n'a pas de 'valeur' évidemment. La seule explication à ces absurdités est que les gouvernement ont trop d'argent et cherchent donc tous les moyens de le jeter par les fenêtres (quoi qu'avec GM cette année, on aura fait fort!).
Rédigé par : Pierre-Yves | 02 juin 2009 à 11h14
Encore plus absurde, je ne connais pas beaucoup de groupes communautaires qui militent pour la gratuité des musées. C'est une mesure 100 % étatiste qui ne répond à aucune demande du public, ridicule.
Rédigé par : Pierre-Etienne Fiset | 02 juin 2009 à 11h44
Je n'aime pas vraiment les musée, je trouve que les arts ont pris un drôle de chemin. Je me demande si l'étatisation des domaines culturels n'a pas une incidence sur l'accessibilité des types d'art. J'ai l'impression que c'est devenu plus un élitisme où les artistes travaillent pour une clique fermée.
Je me répète mais le secteurs des arts corporels totalement indépendant a explosé durant ces dernières années et plusieurs artistes avec un talent exceptionnel on pris beaucoup de place :
Shawn Barber : Un américain qui fais beaucoup de portraits, dans la plupart des conventions il fait des séminaires sur la peinture. Son talent est vraiment très impressionnant, ses peintures sont vivantes!! J'ai chez moi une reproduction 18"x24" de la peinture de Kat Von D que vous pouvez trouver sur internet, c'est magnifique!! Il est tellement en demande qu'il ne peut accepter de participer à des événement avant 2010 parce qu'il est déjà complet!
Don Design : Plus près de nous, Don a deux studio autour de Montréal. Il fait beaucoup de peinture et il est possible de voir ses oeuvres sur son site internet, dans sa section personnelle. Il aime aussi beaucoup les portraits mais a un style plus réaliste et détaillé que Shawn, plus sombre aussi.
Atelier Légend'art : Un studio qui était à Greenfield Park et qui déménage sur la promenade St-Hubert. Ils sont spécialisé pour mélanger les arts corporels et visuels. Il y a régulièrement des vernissages d'artistes plus ou moin proche des arts corporels, Don y expose ses toile aussi.
Art fusion experiment : Démarré en 2001 par Paul Booth (Last rites studio à New-York) et Filip Leu (de la légendaire famille Leu en Suisse), le art fusion experiment était d'abord un projet de tatouage de plusieurs artistes sur la même pièce, ils ont approché plusieurs autres tatoueurs américains pour transposer le projet sur toile et faire plusieurs expositions. Le projet a développé un nouveau mouvement dans le domaine des arts corporels et plusieurs artistes font des collaboration pour mélanger les styles.
Tout studio de qualité mélange art visuels et corporels, la compétition et l'absence de réglementation ou d'ordre professionnel fait en sorte que la diversité règne, l'émergence de nouveaux projets et concepts prouve que l'étatisation de la culture ne fait que l'appauvrir.
J'ai perdu tout intérêt envers les musée et autre arts "officiels", je fais quelquefois des invitations ou des affiche pour des galeries d'art et c'est à chaque fois ridicule.... quand on pense qu'ils nous font payer indirectement en plus pour ça!!
Rédigé par : Kevin | 02 juin 2009 à 13h39
@Kevin
"J'ai l'impression que c'est devenu plus un élitisme où les artistes travaillent pour une clique fermée."
Vous vous intéressez manifestement à l'art et j'en déduis donc que ce n'est pas pour vous qu'une impression: c'est une certitude. Ce qui caractérise cet art 'élitiste' (et subventionné)la glorification du signifiant et l'évacuation du signifié. C'est tout à fait dans la logique d'un système ou toute philosophie s'attachant à donner un sens (métaphysique, éthique, moral) et une valeur aux choses et aux actes est férocement découragée, voire combattue.
Rédigé par : Pierre-Yves | 03 juin 2009 à 15h43
Je pense que Kevin et Pierre-Yves parlent de l'art contemporain qui n'est qu'une escroquerie intellectuelle, et bien sûr financière, mais pas de l'art. Je propose un test mental très simple que j'ai souvent utilisé. Quant l'art a besoin d'un discours d'accompagnement, ce n'est pas de l'art, ce ne sont que des idées, c-à-d en général de l'idéologie. Enlevez la bande son (ou le pompeux commentaire du journaliste ou des gens de la galerie ou du musée) et il ne reste rien qu'un truc plat.
Dans cet esprit, je conseille la nouvelle installation sur l'esplanade de la Place de Arts à Montréal : quelques barils peinturlurés de couleurs criardes disposés en arche sur un petit bassin d'eau noire et frappés par les jets d'eau. Point-barre. Emotion : zéro ; force : zéro ; beauté : zéro. En revanche, si vous lisez le communiqué de presse,"le bruit créé par le contact de l'eau sur la tôle rappelle le monde industriel, sa cadence et son efficacité mais l'utilisation des barils, sur une mer noire, évoque notre dépendance aux combustibles fossiles et les désastres environnementaux qui en résultent". Je passe les commentaires sur la société de consommation ... Evidemment, comme vous l'imaginez, c'est le contribuable qui en l'occurence paie ce chef d'œuvre.
Rédigé par : Marianne | 03 juin 2009 à 18h30
à Marianne :
En effet, l'art dit « contemporain » est, plus souvent qu'autrement, une véritable escroquerie. Moi, ce qui me frappe chez les « artistes », c'est qu'ils ont toujours la prétention de « provoquer » pour, évidemment, faire « réfléchir » les cochons de bourgeois conservateurs que nous sommes... L'ennui, c'est que la seule chose à laquelle peut faire « réfléchir » l'art contemporain, c'est à la médiocrité effarante de ceux qui se disent « artistes », et plus encore à leur écoeurant conformisme idéologique. Ou, si vous préférez, au nihilisme et à la faillite complète de ce qui ose encore prétentieusement s'appeler de « l'art »...
On pourrait faire un peu le même constat pour le théâtre d'avant-garde. En ce moment se tient à Québec un très prétentieux événement appelé « Le carrefour international de théâtre »... Un autre de ces événements « rassembleurs » qui n'intéressent, en réalité, que deux ou trois cents personnes. On y présentait la semaine dernière une pièce « engagée » intitulée « Vu d'ici ». Bien entendu, cette oeuvre grandiose entendait dénoncer la « société de consommation » et « l'indifférence » aux enjeux de société, à travers le discours d'un personnage « aliéné » par sa vie de banlieusard... Encore...
Je vous citerai ici un extrait de la critique dithyrambique (et complaisante) qu'en a faite le très convenable critique du journal Le Soleil, Jean St-Hilaire :
« Sous le pilonnage de sa logorrhée, on encaisse des mots violemment drôles, pleins de révolte de d'impuissance, mais non sans vérité sur la mollesse culturelle et de conscience, sur l'indifférence aux enjeux de la vie citoyenne, sur l'asservissement de l'« être » à l' « avoir » et aux sirènes de la consommation et de la culture de masse ».
(Le Soleil, samedi 6 juin, page 10)
Vous voyez un peu le genre de prêchi-prêcha. C'est convenu, rabâchée, pompier, mais les critiques adorent, comme il se doit !
En filigrane, le « message » est toujours le même : en dehors du « milieu culturel », des « groupes militants » et de la vie « citoyenne », la société n'est qu'un ramassis de banlieusards égoïstes, de consommateurs hébétés, incultes et abrutis, qui entretiennent leur obésité devant la télé-réalité... Les « artistes » seraient vraiment insultants s'ils n'étaient pas si dérisoires, si impuissants. Devant leurs petites « révoltes » à deux sous, je me pose toujours la même question : « Mais pour qui se prennent-ils, vraiment, pour qui se prennent-ils ? »
Rédigé par : B. Vallée | 09 juin 2009 à 19h44
@ B. Vallée
«…ce qui me frappe chez les «artistes», c'est qu'ils ont toujours la prétention de «provoquer» pour, évidemment, faire «réfléchir» les cochons de bourgeois conservateurs que nous sommes...»
Mais le pire, c’est qu’ils prêchent à des convertis. Les quelques centaines de personnes qui vont voir leur spectacle ou leurs «installations» pensent déjà comme eux. Tout se beau monde se réconfortent mutuellement dans leurs croyances anti-bourgeoises d’adolescents. Ils ne convainquent donc personne avec leur prêchi-prêcha de pacotille.
Et quand ils n’on rien à dénoncer vraiment, ils se contentent de déstabiliser. Pas besoin de contenu dans ces cas-là, seulement d’un concept. Ainsi, en opposant deux trucs qui n’ont pas rapport (par exemple, un christ crucifié sur l’arche dorée d’un restaurant McDonald), tout ce qu’ils réussissent à faire, c’est de déstabiliser le spectateur. Lui soutirer un sourire au plus. L’image qu’ils proposent ne veut rien dire en soi. Elle ne sert qu’à provoquer une émotion primaire. Un sourire en coin.
Les «artistes» se demandent après pourquoi ils ont besoin d’être soutenus financièrement par la collectivité! Sans nous pour défrayer constamment la note, ils n’auraient autre choix que de se trouver un vrai boulot.
Rédigé par : Gilles Guénette | 10 juin 2009 à 07h56
@Gilles Guénette.
Le but de l'art est toujours de provoquer une émotion, mais pas n'importe quelle émotion, et pas une émotion primaire qui ne fait aucunement avancer celui qui la ressent. Comparons l'effet du Christ sur une arche de McDonald, avec celui d'un aria de Turandot par exemple...
Rédigé par : Pierre-Yves | 10 juin 2009 à 20h08