par Gilles Guénette
C’est connu, les bureaucrates du ministère de l’Éducation du Québec font tout en leur pouvoir pour que les élèves de la province aient le moins possible besoin de se dépasser – il ne faut surtout pas que nos p’tits se sentent rejetés ou qu’ils aient une mauvaise estime de soi. Ainsi, on apprend que le zéro a été banni du bulletin provincial. À la commission scolaire de la Capitale par exemple, la plus basse note possible, qui correspond à la lettre E, est 24%. «Ça n'a pas de bon sens!, de dire la présidente du Syndicat de l'enseignement des Deux Rives, Mme Andrée Turbide. Les élèves disent aux profs: “Ça ne dérange pas, même si j'écris rien dans mon examen, je vais avoir 32%.”» Aberrant? Peut-être. Mais pensez aux p’tits: ils vont se sentir tellement mieux. Dans la capitale mondiale du festival qu’est le Québec, tout le monde «a le droit» de se sentir bien.
Nos élèves sont tellement dorlotés que lorsqu’ils se rapprochent de l’âge adulte – ou qu’ils l’atteignent –, ils sont persuadés que tout leur est dû. Ça donne des situations comme celle où un certain Marc-André Lacasse, étudiant à la maîtrise en mathématiques à l'Université de Montréal, se dit outré par les frais de rédaction que lui facture l’établissement. Ceux-ci ont grimpé à 337$ aux trimestres d'automne et d'hiver et à 349,50$ à l'été 2009. Une augmentation de 37,50$ en un an. Wow. Trente-sept dollars et cinquante cents de plus par année. Ce n’est même pas le prix d’un t-shirt et il proteste. Sans doute se plaint-il pour les autres, au nom des plus démunis. Comme disait l’autre, «les étudiants se payent des iPods, des iPhones, et tout le bataclan, et ils ne sont même pas foutus d’investir quelques cents par année dans leur éducation!» – c’est vrai qu’elle ne vaut plus grand-chose, mais bon…
Peut-être que si on les payait, les étudiants chialeraient moins! Hein? Eh oui, selon un sondage réalisé pour le compte de La Presse par la firme Angus Reid, «pour près de la moitié des Québécois qui ont des enfants dans le système scolaire ou qui fréquentent eux-mêmes des institutions scolaires, une bonne solution pour lutter contre le décrochage serait de rémunérer les élèves pour leur présence et leurs bons résultats. Les répondants qui n'ont pas de lien avec les institutions scolaires sont un peu moins enthousiastes envers cette initiative, qu'ils n'appuient qu'à 43%.» Imaginez. La prochaine étape est de payer les enfants pour qu’ils gardent la forme! Les «débordants de générosité» qui trouvent l’idée bonne devraient payer leurs enfants avec leur argent et nous laisser tranquilles. Mais, encore une fois, dans la capitale mondiale du festival, les dépenses doivent être réparties «équitablement», donc «collectivement».
Avec toutes ces idées brillantes, et malgré le fait que 490,2 millions $ aient été ajoutés au budget de l’éducation en 2009-2010 pour couvrir la hausse des coûts et poursuivre la lutte contre le décrochage scolaire, le Québec demeure l’une des provinces canadiennes où les jeunes décrochent le plus, avec un taux de 31%. Si la tendance se maintient, la Belle Province sera bientôt la pire province du pays. En tout cas, les do-gooders sociaux et les bureaucrates du ministère y travaillent fort!
Bon article et heureux de te relire Gilles. J'avais entendu parler de l'idée de payer les élèves à partir du secondaire 4 je crois. Ce qui m'a le plus outré était que Marcel Boyer, président de l'IEDM endossait cette idée...
Rédigé par : Steven | 01 juillet 2009 à 21h43
Si je me souviens bien, l'expérience de payer les étudiants pour qu'ils demeurent en classe a été tentée récemment aux USA et le décrochage scolaire à l'école où le test a été fait a été réduit considérablement: d'environ 90% ou quelque chose du genre. Je ne sais toutefois pas si les résultats de ces élèves à un examen ont été concluants ou ce qu'ils ont fait après avoir fini les dites études... Quoiqu'il en soit, il est du devoir des parents d'assumer ce genre de chose; qu'ils paient eux-mêmes. Les contribuables en ont suffisamment sur les bras!
Rédigé par : François 1 | 02 juillet 2009 à 08h12
Il est temps de remettre en question cette vache sacrée qu'est l'instruction obligatoire!
Ceci dit, je ne suis pas d'accord avec les hausses de tarifs étatiques en éducation.
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 03 juillet 2009 à 14h07
@Anarcho-pragmatiste
Pourquoi es-tu en désaccord avec les hausses?
Rédigé par : Steven | 03 juillet 2009 à 14h22
Parce que l'argent va tomber dans les bourreaucrates de l'État, qui vont irrémédiablement la gaspiller à leurs propres fins. Ça prend une concurrence non-étatique en éducation, pas des hausses de tarifs pour financer des bourreaucrates!
Et encore là, l'école obligatoire et l'école étatique devraient être abolies!
Pour vous faire rire, lisez ce torchon produit l'économie de ce banquier corporateux de gouttière qu'est Jacques Ménarde:
http://education.cdeacf.ca/archives.php?quoi=actualite&actu=2589
Rédigé par : David Gendron | 03 juillet 2009 à 14h43
Correction: Pour vous faire rire, lisez ce torchon produit par l'équipe de ce banquier corporateux de gouttière qu'est Jacques Ménarde:
http://education.cdeacf.ca/archives.php?quoi=actualite&actu=2589
Rédigé par : Anarcho-pragmatiste | 03 juillet 2009 à 14h44
Mort de rire... j'avais également repéré l'affaire de l'étudiant en mathématiques et écrit à la journaliste (Marie Allard) à ce sujet en conseillant au godelureau 'get a life'. Ca fait du bien de vous relire...
Rédigé par : Pierre-Yves | 03 juillet 2009 à 17h32
Voici une portion de l'article de Foglia paru ce matin dans La Presse du bonbon:
"Il y des débats pas mal plus urgents que celui-là à mener pour le bien de la société. Par exemple celui-ci, qui nous a occupés toute la semaine: faut-il payer les décrocheurs pour qu'ils ne décrochent pas?
Quelle grande idée! Je dirais même, quelle suite logique d'une autre grande idée: le renouveau pédagogique.
Reprenons au début. Pour accommoder les futurs décrocheurs, on a changé, il y a une dizaine d'années, la mission première de l'école ; il ne s'agissait plus d'instruire les élèves mais de les former; il ne s'agissait plus de leur transmettre des savoirs, mais de les «transversaliser». En clair: tu ne veux pas étudier, mon petit bonhomme? Ben c'est pas grave; ferme ton livre, on va faire un projet.
Ça n'a pas suffi. Ils ont continué de décrocher.
Alors on a considérablement baissé les exigences sur les matières indispensables, parce qu'il fallait bien quand même apprendre à lire et à écrire. Ils méritaient 0? On leur mettait 6 sur 10, la note de passage. Et pour leur éviter l'horreur de l'échec, on ne les a plus fait redoubler.
Ça n'a pas suffi non plus.
Plus de 10 ans après la mise en place de la réforme, ils continuent de s'ennuyer à l'école, à trouver les profs plates, à trouver que tout cela est du temps perdu. Bref, à décrocher plus que jamais.
D'où cette formidable idée de les payer pour qu'ils restent à l'école.
Mais si ça ne marche pas non plus? Que vont-ils bien pouvoir faire de plus?
J'ai entendu dire qu'ils allaient les emmener aux putes."
Source: http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/pierre-foglia/200907/03/01-881184-les-grands-debats-de-societe.php
Rédigé par : François 1 | 04 juillet 2009 à 05h51
Foglia c'est comme les bons vins qui vieillissent biens ?...
Rédigé par : Sébas | 04 juillet 2009 à 11h06
"J'ai entendu dire qu'ils allaient les emmener aux putes."
Probablement celles que les flics leur auront recommandées ou celles que les bourreaucrates fréquentent avec les voitures de fonction payées par les cons-tribuables.
En tous cas, en France, le Sévice public d'Education socialiste envoit les élèves dans des hôpitaux spécialisés pour qu'on leur inculque le respect des autres et des différences, chose qui relève de la famille. Et les parents doivent en plus payer pour cela.
Finalement, l'étatisme et le socialisme génèrent les mêmes formes de cancers moraux, économiques et sociaux sur tous les continents.
Rédigé par : Théo2Toulouse | 04 juillet 2009 à 11h32
@Anarcho et David
Il est certain que moi aussi je suis pour l'élimination des subventions et la privatisation totale de l'éducation. Cependant, puisque ce n'est pas une réalité à nos portes, je crois qu'un dégel total des frais serait de mise. Pourquoi? Ça favoriserait quand même une certaine compétition au niveau qualité/prix et les universités qui chargeraient moins chers auraient p-ê un peu plus d'élèves...
Rédigé par : Steven | 04 juillet 2009 à 11h39
@Sebas
"Foglia c'est comme les bons vins qui vieillissent biens ?..."
??? Un vieux c..., oui.
Rédigé par : Pierre-Yves | 04 juillet 2009 à 16h23
@ P-Y:
Mais aussi un c.... de bon gars... en vieillissant.
Il devient un tantinet libertarien et il ne le sait même pas...
(pour l'instant...)
;-)
Rédigé par : Sébas | 05 juillet 2009 à 01h27
@Sebas
Je vois ce que vous voulez dire, mais je trouve surtout qu'il est de plus en plus confus, a force de vouloir concilier ses principes communistes avec le bon sens.
Rédigé par : Pierre-Yves | 06 juillet 2009 à 07h21
Échec total du programme de décrochage scolaire: on s'approche des putes!
Bonne lecture: http://www.ledevoir.com/2009/07/09/258382.html
Rédigé par : François 1 | 09 juillet 2009 à 05h02
Autre petite remarque: je demeure à Montréal et mon compte de taxes scolaires m'a récemment été envoyé et guess what? Il a augmenté!!! Et ce, même si le nombre d'élèves a systématiquement diminué à Montréal depuis longtemps.
Quelqu'un à la CSDM a-t-il réussi le tour de force de facturer PLUS tout en donnant MOINS de service?
Quelqu'un peut m'expliquer cette énigme?
Rédigé par : François 1 | 16 juillet 2009 à 08h23
@ François
Peut-être est-ce relié à ça: http://www.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2009/07/20090715-060901.html
«Des milliers de propriétaires de l'île de Montréal auront la mauvaise surprise de voir leur compte de taxe scolaire augmenter cette année. Mais cet argent n'améliorera pas le sort des élèves défavorisés, bien au contraire: il manquera encore 6 M$ pour leur fournir des repas gratuits et des berlingots de lait l'an prochain, a appris le Journal.
«Le Comité de gestion de la taxe scolaire, qui expédie les comptes à tous les propriétaires de l'île de Montréal, prévoit piger 8 millions de dollars additionnels dans les poches de contribuables en 2009-2010.
«L'organisme estime que la taxe scolaire lui rapportera 414,4 M$, cette année, comparativement à 406,1 M$, en 2008-2009. Cela signifie que le compte de taxe devrait augmenter de 2%, en moyenne.»
Bien heureux d'avoir quitté Montréal! Je sympathise avec vous ;-)
Rédigé par : Gilles Guénette | 16 juillet 2009 à 09h13
@François,
Je crois que l'Anarcho-Pragmatiste a raison ici, les hausses de taxes servent à financer les dépenses somptueuses des gros bonnets des commissions scolaires élus grâce à leur famille et leurs amis qui daignent aller se déplacer aux élections scolaires pour voter, quelle démocratie de pacotille et que si on leur en donne plus (de force évidemment), ils vont se graisser la patte encore plus sur le dos des CONtribuables.
Cela étant dit, je crois au principe de l'utilisateur payeur en prenant pour acquis que l'argent va réellement à la bonne place et sert à payer le dit service en question avec le moins de bureaucrates et de bandits en cravate entre les deux qui prennent NOTRE argent des CONtribuables pour RIRE de NOUS.
Rédigé par : Tym Machine | 16 juillet 2009 à 15h21