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09 septembre 2009

Commentaires

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Pierre-Yves

Martin Masse:

Toujours revigorant de vous lire Martin. En effet une des surprises des évènements de ces derniers mois (sur le plan économique) aura été de voir des partisans traditionnels du non-inverventionisme et de la liberté des marchés se ranger toute honte bue derrière les politiques keynésienne les plus aberrantes (je pense par exemple à Diane Francis du NP, dont le 180 degré aura été aussi rapide que déconcertant).

Thème général de cette capitulation sans condition? "Oui mais... [remplir le blanc]". "Oui mais... cette banque / compagnie / secteur est "too big to fail"", "Oui mais... le problème n'est pas que les gouvernements jettent l'argent par les fenêtres en temps de crise, mais qu'ils n'épargnent pas quand les choses vont bien", "Oui mais... il faut ré-amorcer le crédit", etc.

Point commun de toutes ces rationalisations, elle sont non seulement fausse mais idiotes: si une organisation est "too big to fail", alors qu'arrivera t'il quand de toutes façons elle se pètera la yeule avec une dette deux fois plus grosse? Si les dépenses des gouvernements quand les choses vont bien n'empêchent pas les crises et créent des malinvestissements, comment ces dépense peuvent elles améliorer la situation en temps de crise? Si le crédit est étranglé par une dette excessive, comment peut on le rétablir en créant encore plus de dette?

Il n'y a donc pas besoin d'un PhD pour "spotter" en deux minutes l'absurdité de ces raisonnements tordus qui contiennent leur propre réfutation - le mystère, c'est pourquoi la supposée élite économique et financière de nos institutions s'est transformée en quelques mois en un troupeau de moutons bêlant des idioties a qui mieux mieux. Peut être la peur, tout simplement.

Le Minarchiste

Très bon texte Martin.
Il faut définitivement éclaircir la confusion.

Les gauchistes mettent les libertariens, monétaristes et keynesiens tous dans le même panier néo-libéraliste. Ça leur facilite tellement la tâche quand vient le temps de déblatérer leurs sotises!

Les universités sont aussi au coeur du problème. On forme des économistes à penser de cette façon; à prendre l'existence d'une banque centrale comme étant une chose immuable et nécessaire.

Et lorsque les faits nous donneront raison, ils trouveront une autre façon de mêler les cartes pour leur permettre de blâmer le capitalisme.

Martin Masse

Tiens, le Huffington Post, un webzine influent de gauche, vient justement de publier une enquête surprenante (un peu confuse sur le plan de l'analyse évidemment, mais les faits sont intéressants) sur comment la Fed garde les économistes dans sa poche et décourage toute critique radicale de son existence et de ses politiques:

The Federal Reserve's Board of Governors employs 220 PhD economists and a host of researchers and support staff, according to a Fed spokeswoman. The 12 regional banks employ scores more. (HuffPost placed calls to them but was unable to get exact numbers.) The Fed also doles out millions of dollars in contracts to economists for consulting assignments, papers, presentations, workshops, and that plum gig known as a "visiting scholarship." A Fed spokeswoman says that exact figures for the number of economists contracted with weren't available. But, she says, the Federal Reserve spent $389.2 million in 2008 on "monetary and economic policy," money spent on analysis, research, data gathering, and studies on market structure; $433 million is budgeted for 2009.

That's a lot of money for a relatively small number of economists. According to the American Economic Association, a total of only 487 economists list "monetary policy, central banking, and the supply of money and credit," as either their primary or secondary specialty; 310 list "money and interest rates"; and 244 list "macroeconomic policy formation [and] aspects of public finance and general policy." The National Association of Business Economists tells HuffPost that 611 of its roughly 2,400 members are part of their "Financial Roundtable," the closest way they can approximate a focus on monetary policy and central banking.

(...)
The Fed keeps many of the influential editors of prominent academic journals on its payroll. It is common for a journal editor to review submissions dealing with Fed policy while also taking the bank's money. A HuffPost review of seven top journals found that 84 of the 190 editorial board members were affiliated with the Federal Reserve in one way or another.

"Try to publish an article critical of the Fed with an editor who works for the Fed," says Galbraith. And the journals, in turn, determine which economists get tenure and what ideas are considered respectable.
The pharmaceutical industry has similarly worked to control key medical journals, but that involves several companies. In the field of economics, it's just the Fed.

Being on the Fed payroll isn't just about the money, either. A relationship with the Fed carries prestige; invitations to Fed conferences and offers of visiting scholarships with the bank signal a rising star or an economist who has arrived.

http://www.huffingtonpost.com/2009/09/07/priceless-how-the-federal_n_278805.html

Jeff Tucker de Mises.org rappelle qu'un bien meilleur article sur le même sujet a été publié par un économiste autrichien, Lawrence White, en 2005: http://www.aier.org/ejw/archive/doc_view/3647-ejw-200508?tmpl=component&format=raw . Tout de même, c'est rafraichissant de voir une publication de gauche critiquer l'emprise de la Fed sur les consciences de cette façon.

Ça complète bien ce que j'écrivais sur la dynamique de "professionalisation" des économistes au cours du dernier siècle, c'est-à-dire leur transformation en caste de jargonneux au service de l'étatisme ( http://www.leblogueduql.org/2008/09/la-totale-inuti.html ).

Martin Masse

Les banques centrales ont décidément perdu leur aura d'invincibilité. Même les apparatchiks des Nations unies remettent maintenant en question les politiques de création monétaire. Voir cette dépêche de l'AFP dans la feuille de chou nationalo-étatiste de ce matin:


La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) a mis en garde hier contre l'émergence de nouvelles bulles financières qui risquent d'altérer la reprise économique.

«Nous devons prévenir l'émergence de nouvelles bulles spéculatives» dans le secteur financier, a estimé le secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi, lors d'un petit-déjeuner de presse. «Si on regarde la situation des finances publiques des principales économies, Asie comprise, on peut voir que [ces pays] luttent actuellement contre la maladie avec les mêmes moyens que ceux qui l'ont provoqué», a-t-il expliqué.

«Nous luttons contre [les problèmes] d'accès aux liquidités en pompant plus de liquidités, c'est la raison pour laquelle on peut voir toutes ces bulles qui se développent sur les marchés boursiers de la planète», a ajouté le responsable thaïlandais.

M. Supachai a ainsi plaidé pour une réforme réelle du secteur financier alors que la tendance actuelle est le retour «au business as usual», la situation d'avant crise. Un excès d'activités financières au détriment de l'économie réelle a été «la cause de la crise», a-t-il insisté.

http://www.ledevoir.com/2009/09/09/266134.html


Malheureusement, et sans surprise, la solution de la CNUCED est d'imposer de nouveaux contrôles sur les mouvements de capitaux et une nouvelle couche de planification bureaucratique interntionale sur le secteur financier:
http://www.unctad.org/Templates/webflyer.asp?docid=11875&intItemID=1634&lang=1

Là non plus on ne semble pas comprendre qu'avec une monnaie stable ancrée dans l'or, on ne subirait plus ces "excès d'activités financières au détriment de l'économie réelle". Il faut s'attaquer à la source du problème, pas conserver la source et s'attaquer aux conséquences prévisibles.

Pierre-Yves

Martin Masse:

"Il faut s'attaquer à la source du problème, pas conserver la source et s'attaquer aux conséquences prévisibles."

Et c'est alors qu'on se casse le nez de façon désespérante sur l'irrationnalité de nombreux acteurs socio-économiques qui sont persuadés que ce système qui ne PEUT PAS fonctionner... fonctionnerait tout-de-même pour peu qu'on lui rajoute suffisamment de couches de bureaucrates et d'apôtres mystiques (et généralement malhonnêtes) du bien commun.

On retrouve donc encore cette idée utopique que l'État peut "faire le bien", casus belli de nos discussion avec l'ami Bertrand - et assertion que je ne dénonce pas au nom d'un rejet ontologique de la notion d'État, mais plutôt dans le sens ou toute entité qui disposerait des moyens dont disposent les états, sans être soumise à des restrictions draconiennes sur les mandats dont elle est légitimement responsable, ne peut que faire... le mal.

Le pouvoir corrompt - Lord Acton peut il être considéré comme un libertarien?

Le Minarchiste

Je me suis amusé à écrire un petit billet éducatif ce matin:

http://minarchiste.wordpress.com/2009/09/10/comment-les-banques-creent-de-largent/

Sébas

Martin Masse:

Excellent texte !

Une chance qu'internet -et le Financial Post- sont là. Car sinon, comment analyser/comprendre la réalité, si presque tous les économistes sont 'achetés' par les étatistes monétaristes/keynésiens...

Steven

Très bon article Martin!

Ces monétaristes qui croient que l'on doit toujours créer du nouvel argent afin de préserver la prospérité n'ont qu'à aller voir bien des industries qui ont vu leurs prix diminuer mais sont toujours autant sinon plus prospères. On a qu'à prendre l'industrie de l'informatique. Il en coûte bien moins cher d'acheter un ordinateur maintenant qu'il y a 20 ans ou encore plus 30 ans. À cause de cette baisse de prix, la plupart des ménages possèdent un ordinateur et c'est probablement pour cette raison que la technologie informatique a avancé aussi rapidement. Je ne crois pas que nous serions rendus avec des ordinateurs aussi puissants s'ils avaient été si dispendieux que seuls les riches et les grosses entreprises auraient pu se les payer.

Normand Gallant

j'aurais une question, une connaissance me disait que l'une des causes de la crise économique était la crédit d'impôt sur les intérêt des prêts hypotécaire... qu'en pensez-vous?

Durand

Ce qui est bon pour les uns ne l'est pas nécessairement pour les autres, vouloir tout formater sous un seul modèle, capitaliste, libertarien, communiste, et cetera conduit inévitablement à l'échec, la preuve, le communiste est tombé, le capitalisme est en train de se casser la figure et éventuellement si on l'adopte le libertarianisme tombera un jour.
Faire coopérer plusieurs systèmes en même temps seraient bien plus intéressant.

Pierre-Yves

@Durand

"Faire coopérer plusieurs systèmes en même temps seraient bien plus intéressant."

Ce qui est une des prémisses du Libertarianisme justement, un "sytème" qui postule 1) qu'un groupe d'invidivu doit être investi de la liberté d'adopter le "système" qui convient le mieux à ses membres, 2) qu'un individu est libre d'adhérer au groupe qui reflète le mieux ses préférences sociétales et philosophiques, sans se voir imposer des contraintes artificielles telles la territorialité administrative et fiscale, ou le protectionisme professionel.

Pis en passant, le capitalisme "en train de tomber", voila une hypothèse audacieuse pour le moins. Je vois rien tomber pantoute moi.

Mathieu

"Ce qui est bon pour les uns ne l'est pas nécessairement pour les autres, vouloir tout formater sous un seul modèle, capitaliste, libertarien, communiste, et cetera conduit inévitablement à l'échec, la preuve, le communiste est tombé, le capitalisme est en train de se casser la figure et éventuellement si on l'adopte le libertarianisme tombera un jour.
Faire coopérer plusieurs systèmes en même temps seraient bien plus intéressant."

C'est justement que ce que les libertariens disent au fond: tu as le choix de ta vie. Tu es libre de vivre comme tu l'entends et de choisir ton système.

Tu peux décider de tout mettre en commun avec tes amis socialistes, libertaires ou communistes mais cela ne doit pas obliger les autres qui ne désirent pas adhérer à tes valeurs ou à ton modèle de vivre de façon collectiviste.

Acquiert des terres puis vis comme tu le veux - de façon individualiste ou collectiviste, avec le droit aussi de déterminer si tu veux ou pas de services municipaux - et donc, le droit de ne pas payer pour les autres si tu ne les utilises pas.

Le capitalisme libéral n'est que plus souhaitable à cet époque de fortes réglementations, de fortes contraintes pour favoriser certains lobbys sans qu'on nous le demande personnellement.

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Citations

  • « L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »

    – Frédéric Bastiat, 1848

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